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MÉTHODE POUr déchiffrer et transcrire les noms saNSCRITS QUI SE RENCONTRENT DANS LES LIVRES CHINOIS, à l'aide de règles, d'exercices et d'un répertoire de onze cents caractères chinois idéographiques employés alphabétiquement, inventée et démontrée par M. Stanislas Julien, membre de l'Institut, etc. Paris, 1861, imprimé par autorisation de l'Empereur à l'Imprimerie impériale, in-8°, vi-231 pages. Avec cette épigraphe: Eüрnxa.

DEUXIÈME ET DERNIER ARTICLE 1.

L'ouvrage de M. Stanislas Julien se compose de quatre parties intitulées Exposition de la méthode, Règles de la transcription, Exercices de transcription, et enfin, Dictionnaire des signes chinois phonétiques. Après les détails qui ont été donnés dans notre précédent article, nous ne reviendrons pas sur la première partie, qui est plutôt l'histoire que l'exposition de la méthode; mais nous insisterons plus spécialement sur la seconde, qui est le nœud mêine de la question, et qui ne se compose que de trente pages. L'auteur croit devoir prendre le chinois pour point de départ, parce que c'est le chinois qu'il faut ramener à la forme sanscrite2.

La première règle qu'expose M. Stanislas Julien concerne les lettres parasites que la prononciation chinoise a introduites dans la transcription des mots indiens, et qui n'y doivent plus réellement figurer quand on essaye de rétablir l'orthographe originale. Il est une foule de mots où l'i pénultième ou antépénultième, dans des syllabes terminées en ia, ie, io, iu, iang et ien, doit disparaître, sous peine de fausser le mot sanscrit. Ainsi, dans les syllabes kia et khia, qui représentent ka ou kha, et ga et gha, c'est-à-dire les quatre premières gutturales, fortes et douces, simples et aspirées, il ne faut pas tenir compte de l'i, et on doit le négliger pour transcrire correctement le mot qui correspond dans la langue Fan3. Par exemple, dans le mot Seng-kia-ti-po, qui doit être lu

Voir, pour le premier article, le Journal des Savants, cahier de mai 1861, page 307. - M. Stanislas Julien, Méthode pour déchiffrer et transcrire les noms sanscrits, etc. pages 37 et suivantes. L'auteur a pris le soin, au moyen de numéros, de toujours renvoyer, des règles, à son dictionnaire, pour les exemples qu'il cite.Il y a des exceptions à cette règle: c'est quand l'i du chinois représente le ya sanscrit. Alors il faut, dans la transcription, conserver le son de l'i; car autrement la reproduction ne serait plus correcte. C'est que le ya ou y dévanagari, étant une semi

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en sanscrit Samghadéva, la syllabe chinoise kia représente la syllabe sanscrite gha, où le son de l'i ne subsiste plus. Il en est de même des syllabes hie, kie, lie et nie, qui deviennent ha, ka, le, ne ou na; des syllabes kiao, kio, hieou, kieou, lieou, etc. et des syllabes terminées en iang et en ien1. Mais ce n'est pas le son de l'i tout seul qui doit être négligé; c'est quelquefois aussi le son de l'i accouplé avec celui de l'e. Ainsi, dans les syllabes terminées en ieou, lesquelles sont fort nombreuses en chinois, l'i et l'e doivent tomber; et il ne reste plus que la diphthongue ou, qui peut elle-même recevoir diverses valeurs.

Cette caducité de l'i ne lui est pas spéciale, et d'autres lettres l'éprouvent comme celle-là. Ainsi l'e disparaît dans toutes les terminaisons en eou, et il ne reste plus que ou. Keou donne kou, meou donne mou, etc. Dans les syllabes en ouan, la diphthongue ou disparaît aussi tout entière, comme i et ie. Pour les terminaisons en choang et tchoang, ce sont les deux lettres h et o qu'il faut négliger, et la syllabe qui reste après cette suppression subit elle-même les changements exigés par les lettres qui suivent. La voyelle o, quand elle est à la fin des mots, n'est pas moins caduque que l'i, et il faut la supprimer entièrement. Ainsi ouo final se transforme en ou, kouo en kou, etc.

Parmi les consonnes, il en est quelques-unes qui sont sujettes à des variations tout aussi bien que les voyelles, et M. Stanislas Julien s'est spécialement arrêté aux variations qu'éprouve la nasale n, quand elle termine les syllabes. On sait qu'en sanscrit il n'y a pas moins de quatre espèces d'n, changeant avec les quatre premières classes de consonnes. Les gutturales ont leur nasale; les palatales, les cérébrales et les dentales ont aussi la leur, sans compter l'anousvâram, qui est bien encore une espèce de nasale, tout comme l'm lui-même, qu'on peut appeler la nasale des labiales2. Ceci indique que l'articulation de l'n, ou de la nasale en général, est très-flottante et très-indécise. C'était là une dif

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voyelle, participe également de la voyelle et de la consonne, et que le chinois n'a pas pu rendre cette nuance délicate, qui même ne se retrouve guère qu'en sanscrit, et qui a disparu dans presque toutes les autres branches de la famille. 1 Les consonnes qui restent dans ces sons subissent elles-mêmes diverses transformations selon les autres lettres dont elles sont suivies. La délicatesse de l'alphabet sanscrit est extrême, et le jeu des articulations est infini. Il n'est pas étonnant que la langue chinoise ait été impuissante à lutter. - C'est ainsi que, dans les langues dérivées du sanscrit ou ses sœurs, I'm remplace l'n devant certaines lettres en grec, euSalvew pour év-baivew; en latin, imprimere pour in-primere; en français, em-porter pour en-porter, etc. Les exemples sont aussi notoires qu'innombrables, et ils prouvent que le son de l'm est celui de l'n, simplement modifié la consonne par qui le suit.

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ficulté assez grande pour la langue chinoise, et les expédients qu'elle a dû employer sont remarquables. D'abord l'n final représente très-souvent I'm, et le Chinois écrit San-fo-to pour Sambouddha, Pin-pi-so-lo pour Bimbisâra, Tchen-pou pour Djambou. Parfois la finale n doit s'élider devant d'autres syllabes dont l'initiale est un m : par exemple, Lan-mo chinois représente Râma, Yen-meou-na représente Yamounâ, 'O-lan-mo représente Arâma, San-mo-ti représente Samâdhi, etc. etc. L'n s'élide également devant un autre n, à moins qu'il n'y ait deux n de suite dans le mot sanscrit; ainsi le mot chinois Hi-lan-na reproduit l'Hiranya sanscrit; Nie-lien-chen-na reproduit Nairandjanâ; mais Sanpan-na équivaut à Sampanna, où il y a deux n en sanscrit, de même que Kin-na-lo équivaut à Kinnara. L'n s'élide encore devant un I pris pour し représenter un r. Pan-la-mi-to chinois est le Pâramitâ sanscrit; Pan-lo-sami-po-t'o est Parasmaipada, Pan-lo-jo est Pradjnâ.

On peut observer, au contraire, que l'n se conserve devant les syllabes qui commencent par une dentale. Et cela se conçoit sans peine : c'est que, dans ces cas, l'n est en quelque sorte organique. Il est à sa place réelle, puisque l'n, dans sa simplicité, répond plus particulièrement à l'ordre des dentales, et que c'est par une sorte d'altération de cette nasale primitive qu'on a distingué des nasales dans les autres ordres de consonnes. Il est donc tout naturel que l'n chinois, qui ne représente exactement que cette seule nasale, subsiste devant les autres consonnes de son ordre. C'est ainsi que Na-lan-to représente presque sans changement Nalanda; Che-lan-t'o-lo, Djâlandhara, et An-to-li-tch'a-ti-po, Antârikshadéva. C'est là ce qui fait aussi que, quand l'n est suivi de toute autre consonne qu'une dentale, dans la syllabe qui vient après lui, il subit les changements qu'exige la classe de cette consonne. Il devient une nasale gutturale devant une consonne de l'ordre des gutturales, une nasale palatale devant une palatale, comme il devient un m devant une labiale.

A ces modifications que l'n subit quand il est seul, on peut rapporter aussi celles qu'il éprouve quand il est accompagné du g, ce qui est très-fréquent, parce qu'il y a dans les transcriptions chinoises une foule de syllabes qui se terminent en ang, ing, oang, eng, etc. L'ng représente le plus souvent la nasale des gutturales nga, quand la syllabe suivante commence elle-même par une gutturale. Mais, quand, au lieu d'une gutturale, c'est une labiale, alors l'influence de la labiale se fait sentir ici de même que l'n simple; le g s'élide, et l'n qui reste se change en m, comme s'il eût été seul. C'est ainsi que Loung-mi-ni donne Loumbinî, que Kiaochang-mi donne Kaouçambî, et Koung-p'an-tch'a, Koumbhâṇḍa. Devant

les sifflantes, le groupe ng subit un autre changement: le g tombe et I'n se tranforme en anousvâram. Ainsi 'O-po-ye-teng-se-tche-lo reproduit très-régulièrement Abhayadamtchtra avec l'anousvâram. Enfin, devant un n, le groupe entier ng s'élide, et il n'y pas à en conserver de trace dans la transcription sanscrite. C'est ainsi que Sou-la-sa-thang-na est Sourasthâna, et que Kia-liang-na est Kalyâna. Il semble alors que les deux lettres ng n'ont guère servi qu'à préparer le son qui doit venir après elles, et il y a là sans doute quelque phénomène d'articulation essentiellement physiologique 2.

On peut voir déjà par ce qui précède que la langue chinoise a la plus grande peine à se plier aux sons sanscrits, et qu'en les reproduisant de son mieux, elle bégaie plutôt qu'elle ne parle; elle indique plutôt qu'elle ne reproduit; elle dessine vaguement les contours des mots plutôt qu'elle ne les calque. Ce n'est ni l'application, ni l'intelligence qui ont manqué; c'est l'instrument seul qui est très-imparfait et ne répond pas assez fidèlement aux mains qui s'efforcent de l'employer. Mais poursuivons, en parcourant des difficultés de genres différents de celles que nous venons d'analyser.

Il y a beaucoup de mots sanscrits où la consonne simple est suivie de son aspirée, comme dans le mot de Bouddha par exemple. Ce redoublement n'est pas sans importance, et l'aspirée tient lieu, dans la plupart des cas, d'une terminaison qui influe gravement sur le sens du mot. Elle est donc à conserver; mais, d'un autre côté, la consonne simple ne mérite pas moins de ménagement, car elle tient au radical même, et elle ne peut disparaître sans le mutiler. Cependant les Chinois négligent toujours le d simple qui précède le dh aspiré, le tcha simple devant le tchha aspiré; ils écrivent avidha pour aviddha; Boudha pour Bouddha, etc. Cette altération n'est pas très-forte, et le mot ainsi reproduit reste encore avec sa physionomie propre. C'est par un procédé analogue que, quand la même consonne simple se répète, les Chinois la dédoublent, disant par exemple valabhí au lieu de vallabhî, pipala au

1 Il y a des cas cités par M. Stanislas Julien où les deux lettres ng disparaissent, sans qu'on puisse assigner une cause à cette élision, que n'exige pas la syllabe suivante. Ainsi Kiang-liang représente Kâla dans Kâlayaças; Thoung-loung-mo représente Drouma. Ces exemples, et surtout le premier, doivent paraître fort bizarres; mais il faut se rappeler, pour ces singularités inexplicables, qu'une large part était laissée à l'arbitraire des traducteurs officiels ; et, si l'on doit s'étonner d'une chose, c'est qu'avec l'insuffisance de la langue chinoise, ces fantaisies de transcription n'aient pas encore été plus fréquentes. 2 M. Stanislas Julien, Méthode pour déchiffrer et transcrire les noms sanscrits, p. 48.

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lieu de pippala. Cette modification est encore plus légère que l'autre; et M. Stanislas Julien remarque avec raison que la langue sanscrite l'autorisait, puisqu'elle permet indifféremment de redoubler ou de ne pas redoubler la consonne qui suit l'r, écrivant tout aussi bien Varti, Karma, etc. avec un seul t ou un seul m, que Vartti avec deux t, et Karmma avec deux m.

L'ordre des cérébrales (ța, tha, da, dha, na) forme, en sanscrit, une classe d'articulations très-particulières, qui ne se trouvent que dans cette langue, et qui sont un de ses caractères distinctifs. Nous avons nousmêmes de l'embarras à nous en rendre compte, et nous avons dû inventer un signe en dehors de notre alphabet pour les représenter tant bien que mal. On conçoit donc que les Chinois ont dû y échouer, et, malgré leurs efforts, ils n'ont pas pu trouver de moyens pour rendre ces sons bizarres, avec leur accent spécial 1. Ils se sont contentés, pour ta et dha, d'écrire tcha, qui leur a servi presque toujours pour ta et dha, employant parfois encore tsie, tse, et même to et chi. Quant à I'n cérébral, ils l'ont traité comme l'n ordinaire des dentales. Il est donc évident que, pour l'ordre entier des cérébrales, ils ont renoncé à les reproduire d'un peu près, et qu'ils se sont simplement bornés à des transcriptions très-éloignées du modèle, les seules qui leur fussent possibles.

La nasale palatale, jointe à une consonne de même ordre, n'a guère été plus heureuse; et l'on ne devinerait pas aisément que le groupe sanscrit djna est caché sous la syllabe chinoise jo, et que San-mo-jo, exprime Samadjna, Sa-po-jo, Savadjna. C'est probablement par l'extension de cet usage de la syllabe jo qu'elle a été employée également à figurer le son nya, soit avec un n cérébral nya, soit avec un n dental nya. Kie-jo-kio-che représente Kaniâkoubdja; 'O-lien-jo, Aranya, et Hilien jo, Hiranya 2.

J'ai eu déjà l'occasion d'indiquer que, quand un mot sanscrit commence par un r, les Chinois, pour qui ce son est d'une aspérité redoutable, sont obligés non-seulement de changer l'r en l, mais, en outre, de mettre devant ainsi substitué un autre son sur lequel celui-là puisse s'appuyer. Ce son prophétique est d'ordinaire un a, représenté par les

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Ceci résulte des détails mêmes dans lesquels est entré M. Stanislas Julien. (Méthode pour déchiffrer et transcrire les noms sanscrits, p. 50 et suiv.) - C'est qu'il y a dans la consonne j quelque chose de l'i; et dans l'i lui-même quelque chose qui se rapproche du son gn. C'est ainsi que notre mot Bretagne est fort peu changé dans le mot Britain, en anglais. Ces affinités secrètes expliquent comment le son jo peut représenter dina, nja et même na.

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