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qu'elle avait établie entre les parties si diverses de l'œuvre créée par sa toute-puissance!

Si la pensée de Bossuet est vraie, comment admettre que les progrès de la science, auxquels nous sommes redevables de connaître tant de faits qui lient entre elles les parties du monde extérieur, sont en dehors de la voie ou Bossuet était entré? Si quelques esprits, en marchant dans une voie différente, ont conclu autrement que Bossuet, c'est que leur attention, exclusivement fixée sur des points particuliers, avait perdu la vue de l'ensemble; si d'autres esprits, envisageant l'étude de la nature vivante d'un point de vue différent, ont cependant conclu comme ceux-ci, c'est qu'ils ont cru connaître les êtres vivants en les envisageant uniquement, non dans l'organisation de chacun d'eux en particulier, mais en examinant successivement un organe en particulier considéré comme identique ou analogue dans les séries diverses où le naturaliste a distribué les diverses espèces de plantes et d'animaux. Ils se sont exposés à l'erreur en se croyant suffisamment autorisés à tirer immédiatement de cette étude incomplète une conclusion finale: car, si nous considérons l'étude comparative des organes et des fonctions comme utile et absolument nécessaire à la connaissance de la nature vivante, c'est à la condition qu'avant d'en tirer une conclusion finale on profitera de ses lumières pour se livrer ultérieurement à l'étude particulière des espèces vivantes prises dans des individus qui les représentent respectivement, car c'est par elle exclusivement que le savant peut acquérir la certitude de savoir si, à une époque donnée, il possède les faits suffisants pour comprendre nettement ce qu'il cherche à connaître de l'ensemble des phénomènes vitaux, en envisageant les organes, siéges de ces phénomènes, dans leur structure, leurs connexions et leurs fonctions. C'est cette étude qui donnera la conviction que l'on connaît l'harmonie des parties, de laquelle dépendent et la conservation des individus représentant l'espèce et la transmission de la forme de celle-ci dans une succession de temps. Nous serions bien trompé si l'étude de la nature vivante, faite à ce point de vue, ne conduisait pas ceux qui s'y livreraient précisément dans la voie où Bossuet s'est si heureusement engagé pour la connaissance de la vérité!

Nous demandons si ce n'est pas à cette même voie que conduit la connaissance récente des faits concernant les sens du goût, de l'odorat, de l'audition et de la vue surtout, connaissance que nous devons à l'étude dirigée par l'esprit exclusivement scientifique, et qui fait raison de ce qu'on a enseigné si longtemps sur les prétendues erreurs des sens ; nous disons prétendues, parce que les erreurs qu'on voulait relever

ne témoignaient que de l'ignorance où l'on était de l'analyse des phénomènes essentiels que chacun des sens présente en particulier. Comment ne pas croire aujourd'hui, avec ce que nous savons de l'instinct des animaux étudié par l'esprit scientifique le plus précis et conformément à la méthode la plus rigoureuse dans l'interprétation des phénomènes observés, que les conclusions auxquelles la science a conduit sont les arguments les plus forts à l'appui de la thèse que nous soutenons?

La mécanique, en inventant la montre, il y a quelques siècles, n'a pas seulement servi la société par l'instrument précieux qu'elle lui a donné pour mesurer le temps; mais son œuvre a fourni à la philosophie religieuse un moyen de faire saisir à toutes les intelligences le rapport existant entre l'effet et sa cause. Aussi en a-t-elle usé toutes les fois qu'elle a voulu montrer que le monde n'est point le fruit du hasard, mais le produit de la puissance créatrice de Dieu, de même, a-t-elle ajouté, que la montre est le produit de l'intelligence de l'horloger. Mais le concours de la mécanique avec la physique et la chimie, auquel nous devons la locomotive, ne donne-t-il pas un exemple plus frappant encore que la montre, de la différence existant entre la matière brute et l'intelligence de l'homme, qui semble, quand elle le veut, animer cette matière.

En effet, comment n'être pas frappé d'étonnement à la vue d'une locomotive en mouvement! de cet appareil merveilleux et pourtant si simple, composé d'une machine à vapeur et de sa chaudière, toutes les deux portées par un train de roues que met en mouvement, sur deux rails de fer, une force aveugle, que développe à l'intérieur le concours du feu et de l'eau! Comment voir sans admiration cette force soumise absolument à la volonté de l'homme, soit que la locomotive, par la rapidité de sa course, semble dévorer l'espace et le temps en traînant encore avec elle une longue suite de wagons, soit que, sa rapidité venant à diminuer graduellement, elle rentre dans l'état de repos de la matière brute!

Ce spectacle ne porte-t-il pas l'homme qui le contemple à des réflexions bien plus saisissantes que celles qui peuvent lui être suggérées par le mécanisme de la montre? Car toute la locomotive se meut dans l'espace, entraînant encore des wagons à sa suite; elle semble un animal de trait, parce que sa force motrice est à l'intérieur; mais il y a cette différence: l'animal se compose d'organes formés chacun de tissus organisés, et les mouvements qu'il exécute dans l'espace sont spontanés, tandis que les organes de la locomotive se composent de pièces de matière

brute, et que la force qui les met en mouvement, sans cesse détruite et sans cesse renaissante, est dépourvue de toute spontanéité; elle n'est active et ne cesse de l'être que par la seule volonté de l'homme. Mais, quoi qu'il en soit, cette locomotive, composée exclusivement de matière brute, présente un exemple bien frappant de ce que peut l'homme dont l'intelligence est servie par la science.

Nous nous garderons de dire qu'après cette digression nous revenons à notre sujet, car, en parlant des merveilles de la locomotion à la vapeur, c'est rappeler les travaux d'Ebelmen qui s'y rattachent, et c'est l'occasion d'ajouter qu'une des dernières recherches qu'il entreprit avec le concours de son excellent ami, l'honorable M. Sauvage, concernait le meilleur emploi à faire du combustible dans le foyer de la loco

motive.

Nous parlerons encore de deux grands travaux d'Ebelmen: le premier est la reproduction, dans le laboratoire, de diverses espèces minérales qui, avant lui, n'étaient connues pour la plupart que comme des produits naturels; le second est l'altération des roches par l'eau et les agents atmosphériques.

Nous nous bornerons à rappeler un des. résultats les plus importants du premier travail, parce que nous en avons examiné déjà l'ensemble dans ce journal1. Le résultat auquel nous faisons allusion est que beaucoup de ces espèces minérales, reproduites si heureusement par Ebelmen, avec toutes leurs propriétés physiques et à l'état d'isolement complet de toute matière étrangère à leur constitution chimique, ne se rencontrent dans la nature qu'à l'état d'association avec d'autres espèces, soit qu'il n'y ait que simple mélange ou qu'il y ait combinaison indéfinie.

Dans les deux cas, la conséquence d'une telle association est que, malgré la forme cristalline de ces minéraux, les proportions indéfinies de leurs principes constituants les excluent, non-seulement de notre définition de l'espèce chimique, mais de celle encore que Dolomieu et Hauŷ ont donnée de l'espèce minéralogique. Or la synthèse qu'Ebelmen a faite des espèces associées a démontré rigoureusement que chacune d'elles est une espèce chimique parfaitement définie, et que le mélange indéfini et cristallisé qu'elles constituent dans la nature s'explique parfaitement d'après le principe de l'isomorphisme. Il n'y a donc plus de contradiction entre la cristallographie et l'analyse chimique, comme Hauy avait été conduit à l'admettre, malgré l'idée si bien arrêtée

Journal des Savants, année 1848, page 83.

dans son esprit que les éléments de l'espèce minéralogique devaient être assujettis à des proportions définies.

Passons au dernier travail d'Ebelmen dont nous devons rendre compte.

Nous avons exposé dans ce journal, au point de vue critique, les recherches de Priestley, de Scheele, de Ingenhousz, de Sennebier et de Th. de Saussure 1, relatives à la belle harmonie qui unit si étroitement le règne animal au règne végétal. Nous avons expliqué comment, s'il n'existait ni plantes, ni animaux, l'atmosphère, les eaux, ainsi que la couche superficielle de la partie solide du globe, qui est exposée à leur contact, n'éprouveraient, à chaque instant, que de très-faibles changements dans leur constitution chimique, par la raison que les corps constituant l'atmosphère, les eaux et la partie superficielle solide dont nous parlons, ont obéi aux affinités chimiques les plus énergiques qui les sollicitent aux températures où ces corps sont actuellement exposés. Les changements qu'ils subiraient, dans cette supposition, seraient, en grande partie, bornés à ceux que les vents, les pluies, les eaux en mouvement, sont capables de produire en agissant mécaniquement : quant aux changements chimiques, ils seraient excessivement lents.

En effet, du moment où l'on reconnaît que, dans les circonstances actuelles, les affinités les plus puissantes auxquelles obéissent les corps simples sont celles des comburants pour les combustibles et les affinités des acides pour les bases salifiables, et que les éléments combustibles des eaux et de la partie solide superficielle du globe forment, avec l'oxygène, corps éminemment comburant, des composés parfaitement stables, eu égard au gaz oxygène existant à l'état libre dans l'atmosphère, il est évident qu'il n'y a pas de raison pour qu'à la température actuelle de l'atmosphère, des eaux et de la surface solide du globe, il y ait de grands changements chimiques dans les corps qui sont en présence. Les changements possibles seraient la formation d'un oxacide d'azote sous l'influence de l'électricité, la dissolution de certains corps dans l'eau, l'action de l'acide carbonique sur quelque base salifiable.

Mais ce calme chimique de la matière constituant la partie solide et liquide de notre globe en contact avec l'atmosphère va changer à l'apparition des plantes et des animaux. Les plantes, d'abord, s'assimileront une certaine quantité de matière appartenant à l'atmosphère, aux eaux et à la terre; sous l'influence de la lumière solaire, l'acide carbonique, qui a pénétré dans la plante avec l'eau et des matières du sol, se dé

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composera, du gaz oxygène se dégagera dans l'atmosphère, et la plante augmentera de poids en s'assimilant du carbone et de l'hydrogène dans des proportions plus fortes que celles qui constituent l'acide carbonique et l'eau. Les composés produits par la plante, que l'on appelle ses principes immédiats organiques, seront donc moins oxygénés, ou, comme on le dit, plus riches en matière combustible que les composés minéraux qui ont pénétré dans l'intérieur de cette plante sans perdre leur nature de matière inorganique.

Nous sommes loin de prétendre que tout est connu en fait d'assimilation de la matière inorganique aux plantes; mais, incontestablement, la décomposition de l'acide carbonique qu'elles opèrent sous l'influence du soleil, le carbone qu'elles s'assimilent en même temps que de l'eau ou ses éléments, le gaz oxygène qu'elles restituent à l'atmosphère pour en maintenir la proportion nécessaire à la vie des animaux, sont des faits précieux, que nous devons à l'esprit d'investigation de la science expérimentale.

Le règne animal est dépendant du monde végétal, en ce sens que les animaux, du moins ceux que nous connaissons, ne vivent exclusivement que de plantes ou d'animaux; la conséquence est donc que les plantes ont précédé les animaux sur la terre. Mais, une fois les animaux produits, en même temps qu'ils ont besoin des végétaux pour leurs aliments solides, ils ont un besoin incessant de l'oxygène atmosphérique, qu'ils transforment en acide carbonique et en eau; mais, d'après la faculté admirable dont les plantes sont douées, de décomposer l'acide carbonique sous l'influence du soleil, elles s'en assimilent le carbone en restituant à l'atmosphère du gaz oxygène incessamment nécessaire à la vie des animaux. Voilà une admirable harmonie, qui lie, en définitive, les trois règnes ensemble.

Dans cette circulation des éléments du règne animal au règne végétal, de celui-ci au règne animal, puis du règne animal au règne végétal, on ne s'était pas préoccupé, avant Ebelmen, de la question de savoir si le gaz acide carbonique, considéré avec raison comme un des aliments des végétaux, ne se trouve pas dans le cas d'être pris à l'atmosphère et aux eaux pour constituer des minéraux, de sorte qu'en rentrant ainsi dans le règne inorganique, il deviendrait, en s'y fixant, une cause de disette, d'abord à l'égard des plantes, ensuite à l'égard des animaux; car, le nombre des plantes diminuant, l'alimentation des animaux se trouverait dès lors compromise.

Il était naturel qu'Ebelmen élevât cette question, lorsque, envisageant l'action de l'atmosphère et des eaux sur les roches, il arrivait à con

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