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fait des transformations très importantes. Afin de répondre à l'appel de l'État en 1920, la Société « Lemaître » s'était imposé un programme de constructions vraiment grandiose. Pour le réaliser, elle augmenta considérablement son capital; et contracta des emprunts pour plus de 50 millions de lei. Quelques grands établissements métallurgiques belges s'associèrent à la combinaison. Le travail avançait à grande pas. La Société avait déjà construit une fabrique spéciale de wagons, de vastes halls pour les locomotives, des ponts roulants, des lignes de raccordement et des garages sur une étendue considérable. Et quand tout fut terminé ; quand, après avoir dépensé des sommes formidables et mis plus de deux ans à l'exécution de son contrat, la Société n'attendait plus que l'occasion de montrer toute sa capacité de travail, l'État annula la convention signée, pour des motifs de forme... (1).

Revirement brusque et incompréhensible! Le pays s'en ressentit terriblement ; l'état très précaire des transports annihilait tous les projets et décourageait tout esprit d'initiative.

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Cette situation déplorable persiste encore de nos jours. Malgré la normalisation des voies ferrées en Bessarabie les lignes y étaient à voie large malgré le nombre appréciable de trains en circulation et de wagons en ordre de marche, le manque de moyens de transport se fait toujours sentir.

Au cours de notre enquête en Roumanie, nous avons vu dans certaines localités des quantités énormes de céréales et, à faible distance, d'autres localités où les habitants manquaient de pain, faute de wagons pour le transport du blé ou du maïs. On nous a raconté que dans une ville de Moldavie — région exclusivement agricole

(1) Le cas de la Société Lemaître n'est pas unique en Roumanie ; nous le citons ici comme exemple de la politique maladroite des cercles officiels roumains.

notamment à Vaslui, une société commerciale très importante demandait, dans les formes légales, 1.200 wagons indispensables au transport des céréales vers les ports. du Danube. La Direction des chemins de fer ne put mettre à sa disposition que 2 ou 3 wagons par jour ! Ceci au commencement de l'année 1924; donc, s'il s'agit de produits à destination d'Anvers, par exemple, il faudrait attendre jusqu'en 1927 pour les avoir dans ce port.

Et le Gouvernement ne voit-il pas le désastre qu'encourt le pays? A en juger d'après les comptes rendus de certaines séances du Conseil des ministres, il connaît bien la situation. Ainsi, au Conseil qui fut tenu le 15-4-24, le Ministre des communications fit un exposé de l'état des chemins de fer. Il dit notamment que les constructeurs qui s'occupaient habituellement de la réparation du matériel roulant avaient avisé le ministère qu'ils ne pourraient continuer l'exécution des commandes, tant que l'État n'aurait pas acquitté ses dettes pour les fournitures antérieures. Le Ministre ajouta que l'Administration des chemins de fer ne pouvait réparer le matériel exclusivement dans ses propres ateliers; il lui était donc impossible de faire face aux besoins même élémentaires du pays. En finissant, il demanda l'ouverture d'un crédit extraordinaire pour payer les dettes, sans quoi il ne pouvait plus assumer la responsabilité du département des chemins de fer (1).

Cependant, l'ouverture d'un crédit extraordinaire n'est pas encore une mesure propre à changer l'état des choses. Les quelques milliards de lei que le Gouvernement a mis à la disposition des chemins de fer depuis l'armistice, n'ont apporté aucune amélioration sérieuse. Les ponts croulent partout, le trafic s'arrête parfois pendant des

(1) Journal économique Argus, 17-4-24, Bucarest.

semaines et l'exploitation accuse des déficits qui se chiffrent chaque année par milliards (1).

Que signifie alors l'ouverture d'un crédit extraordinaire de quelques millions pour la reconstruction d'un pont ou de quelques kilomètres de voie ferrée ?

Ce sont des mesures palliatives qui ne servent qu'à l'enrichissement de quelques fonctionnaires indélicats et à l'accroissement de la désorganisation générale des transports (2).

(1) Le compte d'exploitation des chemins de fer se présente comme suit (d'après V. Badulesco, dans Les Finances de la Roumanie, Paris, 1924):

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A côté de cela il y a eu des crédits extraordinaires ouverts pour couvrir les postes déficitaires et dont le montant serait de 3 à 5 milliards. Le budget de 1924 prévoit :

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Étant en Roumanie, nous avons voulu nous rendre compte exactement des finances des chemins de fer, mais il nous a été impossible d'obtenir aucune donnée précise et claire. Le chaos qui règne dans les services, la comptabilité presque complètement délaissée rendent inutile

toute recherche.

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Si vous désirez connaître les crédits inscrits au 'budget ou le montant de nos recettes et les déficits qui en résultent, nous dit un fonctionnaire, nous sommes à votre disposition. Quant aux renseignements concernant notre situation financière réelle, impossible de vous les fournir. Nous-mêmes, nous ne savons rien de ce qui se passe chez nous, et quand je dis « nous », je pense surtout aux organes conducteurs et de contrôle qui n'ont aucune idée précise de nos dépenses d'il y a deux ou trois ans...(1).

BUDGETS ROUMAINS

Avant la guerre, quand la vie économique suivait normalement son cours, les budgets du Royaume Danubien reflétaient fidèlement l'état général du pays. Tous les besoins de la nation trouvaient leur satisfaction dans

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(D'après la Situation économique et financière de la Roumanie au début de l'année 1924, publié par le Ministère de l'Industrie et du Commerce, Bucarest).

(1) Les opérations financières de 1921 et de 1922 n'ont pas encore été comptabilisées en juin 1924.

les prévisions budgétaires établies d'une façon claire et facilement réalisable. L'exercice budgétaire 1913-1914 avait donné à l'État près de 100 millions de lei en plus sur les recettes prévues et les dépenses effectives de 512 millions.

La guerre, naturellement, produisit des perturbations trop considérables pour que le pays pût se maintenir dans le même ordre financier et dans la même aisance.

L'occupation de la capitale par les Allemands, la fuite du Gouvernement à Jassy et la désorganisation complète des services de l'État, avaient rendu impossible toute élaboration utile d'un budget quelconque. Aussi, la guerre fut-elle menée au milieu d'un chaos financier indescriptible.

Ce n'est qu'en 1919, que la Grande Roumanie a reçu son premier budget. Malheureusement, confectionné d'après les modèles d'avant-guerre, il ne correspondait ni aux besoins de la situation déséquilibrée de l'État, ni à l'accroissement considérable de la population et du territoire. Aussi les recettes réelles furent-elles, pendant des années, en dessous des prévisions, les dépenses dépassèrent de beaucoup les crédits accordés et les déficits s'élevèrent à des sommes très importantes (1).

En 1922, le pays a vu venir au pouvoir un nouveau Gouvernement. Celui-ci s'est rendu compte de l'importance du problème budgétaire dans l'appréciation de la situation économique d'un pays, et s'est décidé à lui donner la solution qui lui a paru la plus juste.

Cette solution, c'est l'équilibre du budget.
Que de gouvernements luttent de toutes leurs forces

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