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leur couverture tectonique par le jeu de l'érosion. Cette couverture tectonique est du type des nappes du second genre (1). Au cours de son transport, elle s'est divisée en plusieurs nappes, par la naissance de branches de failles qui vont probablement rejoindre, en profondeur, la faille principale. Les coupes de Briart (2) et celles du Chanoine de Dorlodot (3), pour la région occidentale, celle de M. P. Fourmarier pour la région orientale (4), sont parlantes à cet égard.

Le célèbre mémoire de Briart avait parfaitement mis en évidence le transport des lambeaux de poussée vers le Nord. Très peu de temps après sa publication, M. le Chanoine de Dorlodot montra que la longueur de cette translation était pour le moins de l'ordre du kilomètre. Il fit voir en outre, en analysant la structure tectonique du massif de Bouffioulx — que nous appellerions aujourd'hui nappe ou écaille - qu'un synclinal entièrement caché par les terrains plus anciens de la nappe du Midi, devait exister sous celle-ci.

D'autre part, à l'extrémité orientale de la grande bande houillère, l'énigmatique massif de Theux avait depuis longtemps attiré l'attention.

M. P. Fourmarier eut le très grand mérite d'y reconnaître une fenêtre tectonique, ouverte dans un massif charrié venu du Midi, et à travers laquelle apparaissent les terrains du substratum.

A la suite de ses travaux et sur ses indications, des industriels exécutèrent les mémorables sondages de Pépinster qui apportèrent une confirmation décisive à sa

( ) Cfr. P. Termier, loc. cit.

(2) Géologie des environs de Fontaine-l'Evêque et de Landelies, A.S.B.G., t. XXI, pl. 2, fig. 1 et 2.

(3) Genèse de la Crête du Condroz et de la Grande Faille, A.S.G.B., t. XXII, pl. 2, fig. 1 et 4.

(4) La tectonique de l'Ardenne, A.S.G.B., t. XXXIV, pl. VI, fig. 1 et 2; et La Géologie au Pays de Liége, Liége, Thone, 1924, fig. 9 à 11.

thèse. Plus tard, dans les quelques années qui précédèrent la grande guerre, une campagne de recherches fut entreprise dans le Hainaut et montra que la partie méridionale du terrain houiller ne se termine pas par les dressants qui avaient paru en marquer la limite, mais que ceux-ci ne tardent pas à se reployer en voûte anticlinale pour reprendre l'allure de plateur.

Plus heureux que les promoteurs des sondages de Pépinster qui n'avaient pas recoupé de couches exploitables, les chercheurs qui percèrent d'outre en outre le massif du Midi rencontrèrent d'importantes couches de houille, à profondeur accessible, et en allure de plateur.

De la position des sondages les plus méridionaux qui aient recoupé le terrain houiller, on peut conclure que l'amplitude du charriage atteint pour le moins dix kilomètres et conjecturer qu'elle doit être beaucoup plus grande.

Après le succès de ces travaux de recherche, on pouvait donc résumer comme je vais le faire, l'état des connaissances acquises sur la structure tectonique de nos terrains paléozoïques.

La bande houillère de Haine-Sambre-Meuse, à laquelle on donnait jusqu'en ces tout derniers temps le nom de synclinal de Namur, et dont on représentait schématiquement la structure de façon par trop simpliste (1), est en réalité formée d'un empilement de lames charriées, dont les plus méridionales s'enfoncent sous une nappe plus épaisse, appelée Massif du Midi. Cette nappe, dans sa partie reconnue, comprend principalement les assises du dévonien inférieur de la bordure Nord du Bassin de Dinant, avec, dans certaines de ses parties, leur substratum silurien.

(1) Cfr. A. de Lapparent, Traité de Géologie, IVe éd., Paris, 1906, p. 156, fig. 337.

De plus en plus, la bande silurienne de Sambre et Meuse apparaît comme une zone failleuse assurant la liaison entre la Faille du Midi et la Faille Eifélienne, et sa structure se montre d'une extrême complication (1). Le bassin de Dinant, dans sa partie occidentale, qui recouvre les gisements nouveaux du Midi du Hainaut, dans sa bordure septentrionale, qui forme la lèvre Sud de la Grande Faille, et dans sa partie orientale, éclairée par la magnifique fenêtre de Theux, est un massif déraciné, charrié vers le Nord.

Les beaux travaux de M. Four marier ont très largement contribué à faire admettre ces idées, dont il s'est fait l'ardent promoteur. Dans un travail très remarqué publié en 1923, M. Fourmarier a cherché à fixer l'extension minima du massif déraciné. Il en a tracé la limite méridionale en menant à partir de la bordure Sud de la Fenêtre de Theux, telle qu'il la comprenait à cette époque, une ligne à peu près parallèle à la direction générale des couches, jusqu'à la Vallée de la Meuse, qui est ainsi franchie aux environs de Givet (2).

Depuis lors, M. Fourmarier a été amené à modifier son tracé de la Fenêtre de Theux, dont la limite méri-dionale est encore imprécise (3).

Mais dans le dernier en date des travaux qu'il a consa-crés à cette question, il exprime l'avis que « l'on est certainement en dessous de la vérité en estimant à une cinquantaine de kilomètres le refoulement dû au charriage

(1) X. Stainier, La bande Silurienne du Condroz et de la Faille du Midi, B.S.B.G., t. XXX, 1920, pp. 63-76 et principalement 68-76.

(2) P. Fourmarier, Les phénomènes de charriage dans le Bassin de Sambre-Meuse et le prolongement du terrain houiller sous la Faille du Midi, dans le Hainaut, A. S.G.B., t. XL, pl. III.

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(3) P. Fourmarier, L'extension méridionale de la Fenêtre de Theux, B. Ac. R. B., Cl. des Sc., 1923, pp. 340-345. Cfr. A. Renier, Quelques points remarquables du Massif de Theux sur la Planchette du Limbourg, B.S.B.G., t. XXXII, 1922, pp. 105-115.

de la région méridionale de la Belgique sur le Synclinal de Namur » (1).

Dans une publication toute récente, M. Émile Argand vient de donner un synthétique exposé des méthodes et des principaux résultats de la tectonique moderne. « Les volumes », dit-il, « les surfaces, les lignes, en un mot les structures qui composent un édifice tectonique ne sont pas tout il y a le mouvement qui anima, qui anime encore ces choses, car l'histoire continue et nous vivons, sans privilège d'aucune sorte, à un instant quelconque de cette grande affaire. Nous dirions volontiers qu'il y a une tectonique en arrêt et une tectonique en mouvement» (2).

En 1919, M. A. Renier avait déjà énoncé la même idée sous la forme plus rigoureuse que comporte le langage usuel des ingénieurs, et distingué l'une de l'autre la tectonique descriptive et la mécanique tectonique, considérée comme « un chapitre intéressant de la résistance des matériaux » (3).

« Le problème général de mécanique tectonique », écrivait M. Renier, « peut se libeller comme suit : déduire de l'état de déformation d'une partie de l'écorce terrestre par quel processus sa structure actuelle a pris naissance. Dans le cas qui nous occupe il s'agit de se représenter comment s'est déformée une portion de fuseau de l'écorce terrestre que l'on peut assimiler à une plaque sensiblement plane, constituée par l'empilement d'une série de

(1) P. Fourmarier, L'évaluation de l'importance des phénomènes de charriage en Belgique et dans les régions voisines. C. R. de la XIIIe Session du Congr. Géol. internat., Bruxelles, 1922, p. 516.

(2) E. Argan, La Tectonique de l'Asie. Conférence faite à Bruxelles, le 10 août 1922, devant le Congrès géologique international, XIIIe Session. C. R. de la XIIIe Session, Bruxelles, 1924, p. 172.

(3) A. Renier, Les relations géologiques du Bassin houiller du Nord de la France avec les gisements belges. BULL. DE L'ASS. DES INGÉNIEURS SORTIS DE L'ÉCOLE DE LIÉGE, t. 43, 1919, p. 26.

mises, de nature et d'épaisseur variées et même variables. >> (1)

Le souci de rechercher, en tectonique, des explications mécaniques satisfaisantes était d'ailleurs très apparent dans la mémorable note de F. L. Cornet et Briart, puis dans le mémoire célèbre de ce dernier sur la géologie des environs de Fontaine-l'Évêque et de Landelies. Il se manifeste pour ainsi dire à chaque page de l'œuvre de Marcel Bertrand (2). C'est lui qui a inspiré à BaileyWillis (3), à M. Max Lohest (4) et plus récemment au Commandant Gorceix (5) les plus remarquables de leurs expériences. Son apparition dans la science géologique remonte, comme on le voit, à une époque déjà ancienne, mais sa diffusion et son application courante aux problèmes de tectonique ne datent que d'hier (6).

« Quand j'ai réussi à construire, pour un phénomène, un modèle mécanique, je comprends ; quand je n'ai pas réussi, je ne comprends pas », a écrit Lord Kelvin.

La complexité des phénomènes tectoniques nous permet rarement de mettre en pratique cette très intéressante

(1) Loc. cit., p. 26.

(2) Cfr. Mémoire sur les refoulements qui ont plissé l'écorce terrestre et sur le rôle des déplacements horizontaux, MÉM. ACAD. SCIENCES, Paris, t. L, no 2.

(3) The Mechanics of the Appalachians structures, V. S. GEOLOG. SURV., vol. XIII, 1892,

(4) Introduction à l'Etude de la Géologie, Liége, 1924 contenant la reproduction de mémoires antérieurs de l'auteur.

(5) L'origine des grands reliefs terrestres, Paris, Le Chevalier,

1924.

(6) Parmi les travaux récents ayant trait à l'étude des déformations de nos terrains plissés, je me fais un devoir de signaler comme ayant ouvert la voie à la tectonique rationnelle, le mémoire, en cours de publication depuis 1913, que M. A. Renier consacre aux gisements houillers de la Belgique et que publient les ANNALES DES MINES. Un des derniers chapitres de ce travail contiendra un exposé complet des principes de la mécanique tectonique. Dès 1918, j'ai pu prendre connaissance d'une esquisse déjà très fouillée qu'en avait dressée M. Renier. J'ai grand plaisir à trouver ici l'occasion de lui exprimer mes plus vifs remercîments.

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