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recette de l'illustre mathématicien anglais. Mais il nous est loisible d'établir les règles fondamentales de la mécanique tectonique, ou, si l'on veut, de la tectonique rationnelle.

L'objectif proposé consiste à trouver une reconstitution mécaniquement admissible des phases essentielles de la résolution des efforts orogéniques qui ont affecté une région donnée. Ceux-ci se sont exercés d'ordinaire dans une même direction, dont la recherche peut se faire, ou dans des directions peu différentes l'une de l'autre, et ils ont été appliqués à des masses habituellement très hétérogènes, dont il est toutefois possible de conjecturer, avec assez d'exactitude, l'état originel.

Pour parvenir au but, il convient tout d'abord de poser en principe qu'un accident tectonique ne peut être considéré comme complètement connu que lorsqu'on en conçoit la genèse et qu'on en peut expliquer les caractéristiques d'une manière compatible avec nos connaissances relatives à la déformation mécanique des corps solides.

Il faut ensuite poser en fait que dans un ensemble tectonique ayant été soumis aux mêmes sollicitations, il existe, d'un élément à l'autre, des relations harmoniques qui peuvent être retrouvées, en dépit de l'hétérogénéité initiale des masses déformées. Chaque région disloquée a son style tectonique (1) relativement uniforme. Une interprétation qui conduit à une altération de style doit être considérée pour le moins comme suspecte et attentivement revisée.

Enfin, il faut se garder d'oublier que l'état sous lequel se présentent actuellement les dislocations importantes n'est que rarement leur premier état. Les masses qu'elles affectent ont été généralement soumises à des sollicitations réparties en phases plus ou moins nombreuses,

(1) Le mot est de M. Pierre Termier.

groupées dans le temps autour d'une phase principale qu'elles annoncent et prolongent.

Telles sont, semble-t-il, les règles fondamentales de la tectonique rationnelle.

Essayons de les appliquer à la revision de quelques coupes classiques, sans nous laisser impressionner par l'apparentes implicité de celles-ci, qui dans bien des cas s'est montrée décevante.

Relisons plutôt les conclusions par lesquelles M. P. Termier terminait en 1907, à Liége, une étincelante conférence sur la synthèse géologique des Alpes (1). Et souvenons-nous qu'Henri Poincaré a écrit : « ... Qui nous dit que ce que nous croyons simple ne recouvre pas une effroyable complexité ? » (2).

L'orientation des poussées orogéniques dont le jeu a déformé nos terrains primaires est manifeste. A lui seul le charriage du bord Nord du Bassin de Dinant par-dessus la bordure Sud du Bassin de Namur suffit à la faire reconnaître.

Enregistrons cette première donnée du problème. Dans l'ensemble les poussées ont été dirigées du Sud vers le Nord, à peu de chose près. D'autre part, les indications fournies tant par les sondages du Midi du Hainaut que par la fenêtre de Theux nous permettent de considérer que l'amplitude du charriage est de l'ordre de la dizaine de kilomètres. J'ai dit précédemment que M. Fourmarier considère le chiffre de 50 kilomètres comme un minimum. C'est là une seconde donnée d'importance fondamentale. Ajoutons que, parmi les innombrables coupes relevées dans le Bassin de Dinant ou dans l'Ardenne par les observateurs les plus divers, il est impossible d'en trouver une

(1) Deux conférences de Géologie alpine. Paris, Béranger, 1910. Voir aussi : A la gloire de la Terre, 2e édition, Paris, 1924.

(2) Science et Méthode, p. 10.

IV. SÉRIE. T. VII.

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seule qui se puisse accommoder de l'existence de failles d'étirement.

En possession de ces éléments nous pouvons aborder le problème tectonique dans toute son ampleur.

Du point de vue mécanique, il est évident que dans leur ensemble, le Bassin de Dinant et la zone anticlinale de l'Ardenne, y compris le synclinal de l'Eifel et l'anticlinal de Givonne, ont travaillé à la compression. Ils ont été enserrés entre une résistance située au Nord et une puissance représentée par de formidables poussées venant du Sud.

Le déversement des plis vers le Nord est d'une netteté idéale dans la Vallée de la Meuse entre Haybes et Charleville, ainsi qu'en font foi les photographies publiées par J. Gosselet en 1888. Les belles études de M. Ét. Asselberghs sur le Synclinal de l'Eifel ne laissent aucun doute à ce sujet, l'allure la plus caractéristique étant celle de plis isoclinaux à plongement Sud, et le déversement des autres plis étant tout à fait général.

La partie de l'Ardenne que les agents d'érosion ont libérée de sa couverture mésozoïque offre donc, jusqu'à sa lisière méridionale, tous les caractères d'une région déformée par de puissantes sollicitations dirigées vers le Nord. L'arrière-pays dont l'avancée a provoqué ces déformations doit donc, de toute nécessité, se trouver sous le bassin de Paris, où sa présence se trahit d'ailleurs par l'existence de plis posthumes.

D'autre part, la bande houillère de Haine-SambreMeuse n'a pu être affectée que par des efforts transmis, non sans perte, par son Hinterland ardennais. La constitution de celui ci nous interdit de le considérer comme une masse rigide et indéformable; tout nous indique qu'il a subi lui-même, du fait des poussées orogéniques qui l'affectaient, des déformations capables d'absorber de très grandes quantités d'énergie mécanique. Les sollicitations qui ont déterminé les dislocations si compliquées

de la bande Haine-Sambre-Meuse ne sont donc qu'une réplique atténuée de celles qui ont agi sur la région méridionale, c'est-à-dire sur l'Ardenne des géographes et le Bassin de Dinant.

De ces considérations si suggestives, rapprochons les résultats des sondages pratiqués dans le Midi du Hainaut. Ceux-ci ont montré que la Faille du Midi s'enfonce profondément vers le Sud, tout en offrant des allures plus ou moins harmoniques de celles des terrains qui la surmontent. Elle a tous les caractères d'une importante surface de charriage, plissée par des poussées orogéniques tardives (1) et jusqu'ici aucune évaluation de son rejet réel n'a pu être tentée.

De l'ensemble de ces faits on voit se dégager les deux branches d'un dilemme: ou bien l'ensemble de l'Ardenne est déraciné et a transmis les poussées à la manière des wagons d'un train mû par une locomotive placée en queue, ou bien il a fonctionné comme un accumulateur d'énergie mécanique, un ressort par exemple, capable de se détendre par décompression d'une seule de ses extrémités, l'autre demeurant immobile dans son encastrement.

La seconde de ces propositions, incompatible avec tout ce que nous apprennent les coupes régionales, semble parfaitement inadmissible. Il est assurément permis de faire appel à de semblables mouvements de détente, mais je ne pense pas que personne les ait jamais invoqués sérieusement pour expliquer un charriage ayant couvert des dizaines de kilomètres.

Le Bassin de Dinant, ni plus ni moins que la HauteArdenne, ne peut d'ailleurs être considéré comme un bloc d'un seul tenant. Il est extrêmement probable que l'un et l'autre sont traversés de bout en bout par d'importantes cassures longitudinales qui ne sont autre chose

(1) Cfr. A. Renier, Les gisements houillers de Belgique, chap. X, A.M.B., t. XX, 1919, p. 920 seq. et pl. V.

que des surfaces de charriage. Je tâcherai de l'établir pour le Bassin de Dinant dans la dernière partie de cet exposé. Pour le synclinal de l'Eifel, c'est chose faite. Les minutieux travaux de levé qu'a faits M. Ét. Asselberghs, l'ont conduit à reconnaître l'existence d'une importante zone failleuse cisaillant la bordure méridionale de cette cuvette ou, plus exactement, de cette bande de plis isoclinaux déversés vers le Nord. Cette ligne de dislocation a pu être suivie depuis les environs de Martelange, à la frontière grand-ducale du Luxembourg, jusqu'à la vallée de la Vrigne, à deux lieues de CharlevillePlus loin elle disparaît sous les terrains mésozoïques du Bassin de Paris. L'Anticlinal de Givonne qui borde au Sud le Synclinal de l'Eifel est charrié sur la bordure méridionale de celui-ci (1), et l'importance du rejet vers le Nord atteindrait, d'après M. Asselberghs, une valeur minimum de dix kilomètres.

A elle seule cette acquisition nouvelle suffit à nous faire renoncer à voir dans le Bassin de Dinant et dans l'Ardenne, un bloc massif d'un seul tenant elle porte par le fait même au maximum l'improbabilité d'une détente de l'ensemble par décompression. Brisé, un ressort à lames est hors de service.

Reste la seconde branche du dilemme le charriage de toute la masse de l'Ardenne vers le Bassin de Namur. A vrai dire, il n'est pas besoin d'un bien long plaidoyer pour la faire admettre. Il semble plutôt que ce soient les opinions adverses qui se trouvent pour le moment fort mal en point.

Limité au Nord par une surface de charriage à grand rejet, flanqué à l'Ouest d'une région sans racines, reconnue par sondages, déraciné aussi à l'Est comme le montre la fenêtre de Theux, bordé au Midi par la zone

(1) Et. Asselberghs, Sur l'existence d'une Faille de charriage en Ardenne française, C. R. Ac. Sc., Paris, t. 179, 1924, p. 279.

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