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anticlinale de l'Ardenne dont la lisière méridionale est chevauchée par l'Anticlinal de Givonne, le Bassin de Dinant est complètement encerclé par des nappes charriées; peut-on raisonnablement le considérer comme en place?

Si l'on tient compte de la direction des poussées, qui toutes se sont exercées dans le même sens et, à peu de chose près, dans la même direction, la réponse à cettǝ question ne fait aucun doute le Bassin de Dinant est déraciné et charrié dans son entier. Il ne peut être luimême qu'une nappe, ou, plus vraisemblablement, qu'un paquet de nappes.

Cette conclusion peut être illustrée par une comparaison fort simple. Avec une locomotive, placée en tête d'un train d'une certaine longueur, on peut réaliser un démarrage assez lent et assez doux pour que le premier wagon parcoure un certain trajet, proportionnel à la capacité d'allongement des liaisons, sans que le fourgon de queue soit entraîné. Mais avec une locomotive placée en queue, pour déplacer le premier wagon il faut faire avancer le train tout entier.

Poussé par l'arrière, le Bassin de Dinant a été superposé à l'avant, et, sur au moins dix kilomètres de largeur, au Bassin de Namur. Il a donc été tout entier charrié vers le Nord, il est sans racines.

Comme, d'autre part, la bande houillère HaineSambre-Meuse, erronément appelée Synclinal de Namur, n'est autre chose qu'une pile d'écailles, que la bande Silurienne du Condroz est une zone failleuse et qu'un important charriage existe dans l'extrême Sud de la région paléozoïque, le tronçon de l'ancienne chaîne hercynienne qui forme l'Ardenne des géologues nous apparaît comme un pays de nappes.

Il importe de se souvenir que la Géologie, étant une science d'observation, n'admet pas sans méfiance les

solutions purement théoriques; il convient donc de rechercher, dans le domaine des faits observés, des confirmations objectives.

On a fait récemment aux géologues un reproche bien grave.... La manière dont les observations sont rapportées, en géologie, semble de plus en plus dépendre de la théorie à l'ordre du jour... Et, cependant, combien de fois ne peut-on pas constater que les anciens observateurs avaient bien vu alors qu'aucune deformation théorique n'intervenait pour les inciter dans un sens ou dans l'autre (1).

Il est certain, je pense, que parmi les anciens observateurs, il en est beaucoup dont le coup d'œil et la haute probité scientifique sont dignes de toute admiration. Mais il ne faut pas perdre de vue que s'ils n'ont ete en aucune manière affectés par les déformations theoriques modernes, ils en subissaient d'autres. C'ea est une, par exemple, que de s'arrêter systematiquement aux solutions les plus simples. Et l'on peut être assuré que s'il est arrivé à plus d'un tectonicien d'exagérer le rôle des charriages, on a méconnu plus d'un trait essentiel de structure, à vouloir tout expliquer par les plis.

Les charriages de nos terrains primaires ont été tout d'abord rapportés au type des plis-fullles. On a constate par la suite que celles de nos nappes qui sont suffisamment connues appartiennent toutes incontestablement au second genre de M. P. Termier.

La bande houillère de Haine-Sambre-Meuse, dans sa partie centrale et surtout dans sa bordure meridionale, nous en offre vingt exemples.

Que nous ont-clles done appris ?

Produites par un cisaillement impitoyable, elles sont Imitees inferieurement et superieurement par des surfaces de faille qui en regle tres generale, se rejoignent

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périphériquement en délimitant une écaille qui finit de toutes parts en biseau. Ainsi en est-il notamment dans les belles coupes de Briart, et dans les nombreuses coupes plus récentes qui ont déjà été citées (1).

Si le Bassin de Dinant est une écaille, nous en connaissons le tranchant septentrional, nous le voyons, nous l'avons touché et percé de multiples sondages. Mais les autres? Ne nous faut-il pas, pour limiter inférieurement l'écaille, une surface de faille à plongement Nord, qui puisse aller rejoindre souterrainement l'une de celles. qu'au Nord nous voyons s'enfoncer sous le Massif du Midi? Et n'est-il pas de règle que les failles qui découpent nos terrains anciens soient presque sans exception inclinées au Sud ?

Sans doute ! Mais avouons qu'en plus d'un endroit, chacun d'entre nous a constaté l'existence de plongements Nord, dans lesquels on a cru, peut-être trop facilement, voir d'importunes anomalies locales.

Parmi ces failles à plongement suspect, l'une d'elles m'avait inquiété depuis longtemps. C'est la fracture que Gosselet a décrite sous le nom de Faille de Charlemont. Elle met en contact Givétien sur Givétien, du moins à Givet, et l'illustre auteur de l'« Ardenne », induit en erreur par l'allure apparemment symétrique des couches qui en forment les lèvres, l'a considérée comme un simple pli brisé.

Voici dans quels termes il en parle :

« La ville de Givet, qui a donné son nom à l'assise, est construite au pied d'un escarpement calcaire qui porte la citadelle de Charlemont et qui est divisé en deux parties par une faille remarquable: la partie septentrionale du rocher plonge de 45° au N. 20° E. et la partie Sud, où les bancs sont renversés, s'enfonce vers le S., 45o E. avec une inclinaison de 75°. Ces deux parties du rocher ont donc des directions perpendiculaires l'une sur l'autre.

(1) Voir plus haut, p. 8 et 9.

>>> La faille est à peu près dirigée Nord-Sud. Elle plonge obliquement vers l'Est avec une inclinaison de 50° à 60°, mais elle ne suit pas une ligne droite; elle décrit des escaliers, de sorte que dans certains points on voit les couches plongeant au N-E reposer sur les tranches des couches plongeant au S-E. On peut la suivre parfaitement depuis la porte de France, jusqu'au fossé d'enceinte de Charlemont; elle passe sous le rempart de la ville et va se terminer en face du fort Condé, au point où les ouvrages ajoutés par Louis XIV viennent se réunir aux fortifications espagnoles.

>> Cette faille n'est qu'un pli brisé; les roches situées au même niveau sur les deux bords appartiennent à la même zone. Ainsi à la porte de France, les deux bords de la faille sont formés par les couches à Spirifer mediotextus, tandis qu'au Nord vers le fort Condé, ils sont l'un et l'autre composés des bancs supérieurs de l'assise » (1).

Cependant, un simple coup d'œil sur la fig. 1 de la Pl. VIII de l'« Ardenne » montre que cet accident tectonique met en contact une série renversée appartenant au flanc Nord du pli, déversé au Nord, de Vireux, avec une série en superposition normale.

La première, à partir de la base du Givétien, montre successivement le Couvinien tout entier, l'Emsien supérieur et la partie la plus élevée de l'Emsien inférieur (grès de Vireux) en position renversée, plongeant au Sud.

L'autre, qui est en contact avec le Givétien par le sommet de l'étage, se compose de la succession normale du Frasnien, du Famennien, et du Dinantien. On voit que si le rocher de Charlemont n'était vraiment autre chose que le pli brisé dont il offre l'apparence, il faudrait admettre, de part et d'autre du Givétien, des raccordements dont l'impossibilité radicale ne peut faire aucun doute.

(1) J. Gosselet, L'Ardenne, Paris, 1888, pp. 425-426. Voir aussi, Pl. VIII, fig. 1.

Voici donc une surface de faille méconnue, plongeant au Nord (1), dont la grande importance est mise en évidence par la différence de composition et de position de ses deux lèvres, Givétien compris.

Il est vrai que les allures en escalier que lui donne Gosselet et qui sont réelles, paraissent à première vue une impossibilité mécanique.

Après les avoir revues, je pense qu'elles sont dues à ce que la cassure pince, entre ses lèvres, de minuscules lambeaux de poussée, montrant ainsi un des caractères habituels des surfaces de charriage.

En voilà plus qu'il n'en faut pour conclure que nous tenons à Charlemont un point où affleure une surface de glissement réalisant les conditions définies et fort capable de constituer la limite méridionale d'une écaille.

Mais ce n'est qu'un point isolé ? Cette faille se continue-t-elle au delà de la Vallée de la Meuse sur une longueur suffisante pour jouer ce rôle ? Plusieurs faits m’inclinent à le croire.

A l'Ouest de Givet, dans les environs de Nismes et de Couvin, que les patientes recherches de M. Maillieux nous ont fait connaître dans le détail, une faille dont l'importance a jusqu'ici passé aussi inaperçue que celle de la faille de Charlemont, met également en contact une série méridionale renversée avec une série en position normale. Mais cette fois c'est dans le Couvinien qu'elle affleure à la Carrière Ste Barbe (2).

Dans les environs de Nismes, au Sud du village, en contre-bas des célèbres Abannets, on peut voir une car

(1) Gosselet, dans le texte précité, lui attribue une inclinaison vers l'Est. Mais sa coupe de la Pl. VIII, fig. 1, indique un plongement Nord. De nouvelles observations sur le terrain me font croire que l'inclinaison réelle est N.-N.E. M. Fourmarier dans sa Tectonique de l'Ardenne lui donne un plongement Nord. Op. cit., p. 68. (2) Cfr. la coupe de M. E. Maillieux, in Traversée centrale de la Belgique. Livret-Guide pour la XIIIe Session du Congr. Géol. Intern. Excursion A, Bruxelles, 1922, p. 11, fig. 2.

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