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du pragmatisme anglo-saxon. Nous dirions plutôt que la solution qu'il propose n'est point poussée à fond. Ne le déclare-t-il pas lui-même ? « La difficulté principale (en épistémologie) réside sans doute dans l'obligation de concilier ces deux vérités : a) la connaissance est une œuvre humaine, comportant une réelle nouveauté; b) la connaissance a pour objet de nous faire atteindre une réalité à certains égards indépendante. Le pragmatisme a manifestement mis en relief la première de ces thèses. Contient-il, plus que nous ne l'avons montré, le moyen de l'accorder avec la seconde? Nous inclinons à croire que le problème mériterait un examen plus approfondi, et c'est à notre grand regret que nous renonçons momentanément à nous expliquer sur ce point >> (p. 326).

L'ouvrage est accompagné d'une importante et vraiment précieuse bibliographie raisonnée du pragmatisme (pp. 326 à 420).

J. MARÉCHAL, S. J.

XXIII. — ESQUISSE D'UNE HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE INDIENNE, par PAUL MASSON-OURSEL, agrégé de l'Université, chargé de cours à la Faculté des Lettres et à l'École des Hautes Études religieuses. Un vol. in-8° de 314 pages. Paris, Geuthner, 1923. 40 fr.

Avouons franchement que nous n'avons pas abordé sans prévention cet ouvrage de M. Masson-Oursel. Nous venions de parcourir sa « Philosophie comparée », esquisse intelligente mais démesurée, où des points de vue, souvent vrais et intéressants, sont éclairés d'une lumière fausse, et même où certaines parties techniques (par ex. les bibliographies générales d'une métaphysique comparée et d'une psychologie comparée), non seulement sont bien sommaires c'était inévitable mais sont bien arbitraires - ce qui peut paraître plus fâcheux. Il y aurait mauvaise grâce à trop regretter les lacunes d'un livre qui, après tout, n'était qu'un manifeste, ou, si l'on veut, un programme, destiné à attirer l'attention un peu routinière des philosophes occidentaux sur la nécessité d'élargir vers l'Orient le champ de l'histoire comparée des doctrines: bien que nous n'espérions pas de cette comparaison les mêmes résultats que M. Masson

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Oursel, nous ne saurions désapprouver son appel. Toutefois, comment nous défendre d'une impression de défiance, comme on en éprouve devant une gageure renouvelée, lorsque, peu après, nous tînmes, pour ainsi dire, au creux de la main toute l'Histoire de la philosophie indienne, condensée en 257 pages? D'autant plus que ces pages, lorsque nous les feuilletions, nous renvoyaient çà et là des assertions bien vastes sur un ton sereinement catégorique. Faisons à M. Masson-Oursel l'amende honorable la plus flatteuse qu'un lecteur puisse faire à un auteur; l'expérience a tranché pour lui : son volume, depuis les quelques mois que nous le possédons, nous a rendu plusieurs fois d'excellents services, soit comme aide-mémoire, soit comme instrument d'orientation rapide. Car ce « résumé » (qu'on n'en juge point par la Conclusion générale, qui nous semble inférieure à la moyenne des chapitres) est vraiment très riche, et, malgré quelques menues défaillances d'expression, beaucoup plus précis et nuancé qu'on ne pourrait le supposer de prime abord. Sans être original dans toutes ses parties - Dieu soit loué! - il offre bien mieux qu'une compilation; on serait même tenté de le trouver trop personnel là où l'auteur ne fournit pas de raison décisive de ses choix ou de ses appréciations synthétiques. Mais pourquoi lui mesurerait-on trop étroitement la liberté d'opiner, puisque l'on se sert couramment d'ouvrages généraux inspirés par des vues très personnelles, que la plupart des lecteurs ne partagent pas ou ne partagent plus Deussen, par exemple? Du reste, M. Masson-Oursel, dans sa Préface — qu'il faudra, décidément, ne point sauter nous avertit de ses intentions, de ses ambitions, et par même de l'emploi utile que nous pourrons faire de son Précis : « Prétendre écrire, au sens exact du terme, une histoire de la philosophie indienne, attesterait, quant à présent, une ambition téméraire... Peut-être toutefois l'état actuel de nos connaissances permet-il une vue d'ensemble sur l'évolution de la pensée indienne, un aperçu qui situerait à leur place, et dans leur signification approximative, des faits qui, pour être d'ordre intellectuel ou spirituel, ne comportent pas moins une étude positive. Notre prétention n'ira pas au delà » (p. 5). « Cet ouvrage doit être lisible, par delà le cercle des indianistes, pour quiconque s'intéresse à l'histoire

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des diverses civilisations et, en particulier, à l'histoire de la philosophie. Tel est le motif qui nous a persuadé de composer cette esquisse en partie double : le texte devant être intelligible aux profanes, il nous a paru nécessaire de rejeter dans les annotations les références critiques et maints détails qui eussent surchargé l'exposé ou intercepté les grandes perspectives du sujet » (p. 6). Les annotations dont parle l'auteur se trouvent rassemblées à la fin du volume, où elles occupent une trentaine de pages, et témoignent, autant que le texte, d'une érudition spéciale très étendue et très avertie.

J. M.

XXIV. — LE DRAME ORIENTAL ET LE RÔLE DE LA FRANCE, par PIERRE LYAUTEY.- Un vol. de VIII-262 pages (25×17), avec 6 cartes dont deux en couleurs. Paris, Société d'éditions géographiques maritimes et coloniales, 1923. -14 fr.

M. Pierre Lyautey, neveu du Maréchal, a connu de près les choses et les hommes dont il parle ; il travailla au Maroc auprès de son oncle, en Syrie aux côtés du Général Gouraud. Son livre, très riche de faits précis, suppose une information très abondante, une étude très approfondie; il renferme maintes observations de détail, suggestives, pénétrantes qui révèlent le contact direct avec le milieu décrit ; l'auteur analyse souvent finement les diversités des politiques française, anglaise, allemande en Orient.

Et cependant, nous avouons que cette lecture nous a déçu ; est-ce parce que les jugements de l'auteur, ses conclusions personnelles sur le passé et sur l'avenir apparaissent assez vagues, incertaines, plus précises dans le détail que dans l'ensemble ? Peut-être un peu ; mais l'auteur nous répondrait qu'il n'a pas eu la prétention de nous donner des solutions toutes faites, de « glacer l'avenir par des formules », mais seulement d'indiquer « l'esprit avec lequel les questions doivent être étudiées, le sens vers lequel les problèmes se dirigent » (p. 11). Et on ne peut lui contester le droit de limiter son sujet comme il l'entend, pourvu toutefois que cette limitation ne diminue pas, ne transforme pas les données du problème. Or, nous nous sommes demandé plus d'une fois,

en parcourant ces pages par ailleurs fortes et attachantes, si le problème était toujours posé dans toute son ampleur. L'auteur n'a guère vu dans le « drame oriental » que la lutte d'influence des grandes puissances européennes, qu'une partie à gagner par le plus fort, par le plus habile et dès lors il a marqué surtout ce qui là-bas divise la France, l'Angleterre et jusqu'en 1914 l'Allemagne ; a-t-il assez noté ce qui devrait les unir, a-t-il assez analysé ce réveil farouche des nationalismes orientaux, dirigé au fond contre l'Occident comme tel et qui impose à l'Europe une politique de solidarité, une union indéfectible en face d'un danger commun? Observant les choses de ce point de vue plus large, peut-être M. Lyautey aurait-il été amené à compléter certains jugements, par exemple à reconnaître que la France partage avec l'Angleterre la responsabilité des progrès du kémalisme. Peut-être aussi l'auteur aurait-il alors mieux marqué les ressources de développement économique et social qu'offraient en 1918 à leurs frères d'Orient les minorités chrétiennes indigènes, si elles avaient été soutenues et protégées davantage par l'Europe.

J. LEVIE, S. J.

XXV. I. THE DEDICATION OF THE WILLIAM L. CLEMENTS LIBRARY OF AMERICANA, AT THE UNIVERSITY OF MICHIGAN (Inauguration de la Bibliothèque W. L. Clements des Americana, à l'Université du Michigan).- Un vol. in-8° de 63 pages. Ann Arbor, University of Michigan, 1923.

II. THE WILLIAM L. CLEMENTS LIBRARY OF AMERICANA, AT THE UNIVERSITY OF MICHIGAN (La Bibliothèque W. L. Clements des Americana, à l'Université du Michigan), par WILLIAM L. CLEMENTS. Un vol. in-8° de XIV-228 pages. -Ann Arbor, Published by the University, 1923.

I. - Le 15 juin 1923, à Ann Arbor, en l'Université du Michigan, fut solennellement inaugurée, dans le spacieux et commode édifice, j'allais dire dans le palais, que le donateur venait de lui faire élever, la « Bibliothèque William L. Clements », consacrée aux Americana. Réservée aux livres, publications, manuscrits et documents relatifs à l'histoire de la portion de l'Amérique couverte aujourd'hui par les IV. SÉRIE. T. VII.

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États-Unis, cette Bibliothèque a été offerte en don par son fondateur, W. L. Clements, à l'Université du Michigan, ainsi que son superbe local « A Temple of American History», comme l'appelle le Bibliothécaire général de l'Université, W. W. Bishop. - De son côté, l'Université s'est engagée à contribuer pour un minimum de 25,000 dollars annuellement à son entretien et à ses accroissements, et à la faire administrer par un Comité ainsi composé : le Président de l'Université, le Bibliothécaire de l'Université, le donateur (sa vie durant), le Professeur titulaire de l'Histoire américaine, et deux autres membres étrangers à l'Université et résidant hors de Ann Arbor. Le volume commémoratif reproduit les discours prononcés soit en cette inauguration soit déjà lors de la pose de la première pierre de l'édifice (31 mars 1922), notamment (pp. 25-50) la conférence inaugurale sur Les Sources de l'Histoire américaine, par J. Franklin Jameson, Directeur du Département des Recherches historiques de la Carnegie Institution. Trois planches photographiques nous donnent, l'une, la vue générale de la Library et du pare qui l'entoure; les deux autres, la superbe Grande Salle, the Main Room, et la Salle des rariora, ou the Rare-Book Room.

II. Le volume The W. L. Clements Library, écrit par le libéral et très éclairé bienfaiteur de l'Université du Michigan, n'est nullement un catalogue de cette collection. Il n'a pas même les allures d'une Bibliographie de l'Histoire américaine. C'est un recueil d'Études infiniment intéressantes et très riches, sur les sources mêmes: il peut servir d'introduction aux recherches soit sur cette Histoire en son ensemble, soit sur l'un ou l'autre de ses chapitres particuliers. La Préface nous raconte comment s'est formée cette Collection d'Americana, depuis ses origines à Bay-City, qui remontent à l'achat, en 1893, d'un millier de remarquables sources-books, lors de la vente de la Bibliothèque du bibliophile Aaron J. Cooke, à Bay-City, jusqu'à la récente acquisition, en 1922, à Paris, de l'immense collection spéciale de feu Henry Vignaud. N'écrivant pas ici dans une Revue d'Histoir, mais dans une Revue de Questions scientifiques, nous n'avons pas à analyser ce livre, mais il convenait de le signaler. Il

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