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tout, ne peut se désintéresser. L'Université a pour mission de préparer, pour le pays, une jeunesse d'élite. L'élite ne se forme pas seulement par les leçons du professeur. Il y faut une influence plus profonde, une influence qui dépasse celle d'un professeur sur des élèves, pour devenir celle d'un maître sur des disciples. Cette influence du maître, qui exige d'ailleurs de se greffer sur la valeur et le prestige du professeur, s'exerce, il est vrai, avant tout, par l'exemple; mais elle ne se complète que par l'action personnelle, dans ces entretiens privés où les élèves, — surtout ceux qui viennent d'aborder la vie universitaire, --non contents de demander au professeur la solution de leurs difficultés scientifiques, confient au Maître leurs craintes et leurs espoirs, leur idéal et les obstacles qui s'y opposent, leurs découragements et leurs enthousiasmes; entretiens intimes, où souvent une parole cordiale suffit pour orienter toute une carrière d'étudiant, toute une vie d'homme.

Enfin, si l'on veut que l'Université soit un foyer de haute culture, ne faut-il pas consentir à étendre son action au delà de son enceinte et la faire rayonner dans tous les milieux où elle peut devenir salutaire et bienfaisante? Et n'y a-t-il pas là un devoir spécial pour une Université qui, comme la nôtre, doit son existence et sa permanence aux générosités de tout un pays?

Telles sont les diverses activités qui se rattachent, en réalité, à l'enseignement et qui suffiraient à occuper tout le temps d'un professeur, soucieux d'autre part de garder le contact avec tous les progrès de la science. Et cependant la nécessité scientifique réclame impérieusement une large part de son temps. Elle la réclame d'abord parce que le progrès scientifique est l'une des grandes missions d'une Université; elle la réclame aussi parce que le travail de la recherche est la seule garantie pour maintenir l'enseignement lui-même au niveau élevé qu'il doit occuper.

Mais voici qu'à son tour l'organisation du travail scientifique suscite un conflit de préférence. Comment faire, du temps qu'on doit y consacrer, un partage équitable entre le soin des publications personnelles et la direction des travaux d'élèves ?

Il apparaît tout de suite que la création et le maintien d'une école scientifique est une œuvre primordiale. Ce sont les écoles plus que les personnalités isolées qui font la vie d'une Université. Créer, en effet, et maintenir une école, ce n'est pas simplement grouper autour de soi quelques chercheurs. C'est entretenir, dans un milieu, un esprit de labeur sérieux et approfondi, c'est attiser sans cesse la curiosité scientifique, c'est maintenir ardente, pour la transmettre à d'autres, la tradition de la recherche. Or, ce sont des traditions de ce genre qui font la vie, la force, l'influence d'une Université.

A se faire en commun, le travail de la recherche n'encourt d'ailleurs aucunement le risque d'une fécondité amoindrie. En effet, pour qu'une école mérite ce nom, il faut éviter que les travaux des élèves s'éparpillent sur des questions menues et disparates, sans connexion entre elles, comme sans grand intérêt. Il faut que les travaux se rattachent à quelques problèmes fondamentaux et difficiles sur lesquels, dirigés par la pensée du maître, ils font converger leurs efforts. Ainsi inspirés et dirigés, les travaux d'élèves projettent sur ces problèmes importants une lumière plus abondante que ne feraient les efforts d'un travailleur isolé.

Le maître retire enfin lui-même de ce travail en commun un profit très précieux : une critique sans cesse en éveil, la solution des difficultés que soumet l'élève, l'examen de celles qu'on lui suscite, rien ne vaut tout cela pour faire apparaître pleinement les obscurités qui enveloppent les questions étudiées. Que de fois l'on sort de ces entretiens quotidiens du laboratoire avec une idée plus précise du problème même qu'on a confié à un élève ! Quelle

lumière jaillit souvent des efforts qu'il faut faire lorsqu'une question qu'on a seulement jusque-là entrevue dans ses grandes lignes, doit être précisée dans le détail pour satisfaire aux interrogations de l'élève qui veut voir nettement où gît le noeud du problème !

A ces motifs scientifiques d'accorder une importance fondamentale à la direction du laboratoire, s'ajoutent des raisons morales. N'est-ce pas dans le travail personnel que s'éveille et grandit la personnalité du jeune homme ? Pour de nombreux élèves, je pourrais marquer le moment où ils ont compris ce qu'ils pouvaient faire et en ont déduit ce qu'ils avaient le devoir de faire. Quelle joie pour un professeur, pour un prêtre surtout encore une fois, de saisir ce moment béni où l'élève devient quelqu'un et se prépare à exercer de l'influence pour le bien !

Et cependant, il faut que le maître réserve une partie de son temps pour des publications personnelles. C'est à lui qu'il appartient de concevoir et de rédiger les études synthétiques qui s'appuyent sur les recherches de tout le laboratoire et qui supposent des réflexions prolongées. Les travaux de ce genre, si même parfois ils comportent une large part d'hypothèses, sont aussi nécessaires que les recherches particulières. L'œuvre du professeur d'Université demeurerait incomplète s'il ne faisait à des travaux synthétiques la part qu'ils méritent. Vous me l'avez, cher ami, rappelé en des termes très délicats. Je vous donne l'assurance que les travaux que vous attendez de moi avanceront désormais rapidement.

En traçant ainsi devant vous le tableau des diverses activités qui se disputent le temps d'un professeur, mon intention était moins de calmer mes regrets pour le passé que de me remettre devant les yeux, en ce jour d'engagement solennel en même temps que de fête, le programme de l'avenir... »

D'invention récente, le Calendrier Perpétuel que nous allons présenter aux lecteurs de la REVUE, fait honneur par sa simplicité remarquable et par l'aisance et la rapidité de son maniement à l'esprit ingénieux et pratique de son auteur, le Professeur W. K. Nelson, de l'Université du Colorado, aux États-Unis (1). Le problème que ce Calendrier permet de résoudre, s'énonce en ces termes : Trouver le jour de la semaine qui correspond à une date donnée de l'ère chrétienne.

Par exemple, en quel jour de la semaine les Allemands, le 11 novembre 1918, signèrent-ils entre les mains de Foch l'armistice qui authentiquait leur déroute? Le 21 juillet 1930, la Belgique célébrera le glorieux centenaire de son indépendance nationale: quel sera, à cette date, le jour de la semaine ? A quel jour de la semaine correspondit la fameuse fête de Noël de l'an 800, qui vit le couronnement de Charlemagne par le pape Léon III ?

Le même Calendrier se prête à la résolution de certains problèmes inverses, tels que celui-ci : Sachant que la Bibliothèque de l'Université de Louvain fut livrée aux flammes dans la nuit qui suivit le dernier mardi du mois

(1) Article de THE AMERICAN MATHEMATICAL MONTHLY, octobre 1924, pp. 389-392 : Dominical Letter and Perpetual Calendars, by W. K. Nelson, University of Colorado. Nous remercions le savant Professeur Assistant du Department of Engineering Mathematics de l'Université du Colorado de l'amabilité avec laquelle il nous a autorisé à reproduire à notre gré son nomographe » ; nous y avons modifié de légers détails.

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d'août 1914, on veut retrouver la date de cette inoubliée première nuit du sac de Louvain ?

Les problèmes de ce genre se présentent fréquemment à quiconque se livre par profession aux recherches historiques, ou du moins a coutume d'y consacrer ses loisirs. Au surplus, qui d'entre nous, si étranger soit-il à l'étude de l'Histoire, ne rencontre parfois sur son chemin d'embarrassants points d'interrogation de l'espèce que nous avons définie ? Il existe, composés pour servir aux ouvriers professionnels des Sciences historiques, de vastes ouvrages qu'il leur suffit d'ouvrir pour y trouver la série des années de l'ère chrétienne, chacune munie de sa lettre dominicale, et cette lettre permet d'utiliser aussitôt le calendrier général. Mais le commun des mortels est peu soucieux de feuilleter ces volumineux recueils, et souvent ne connaît ni de vue ni même de nom les travaux monumentaux, tels que l'Art de vérifier les Dates, cette œuvre incomparable des Bénédictins du XVIIIe siècle → à leur tête, l'infatigable savant belge Dom Maur Dantine (1688-1746), de Gonrieux, ni le précieux et plus récent Trésor de Chronologie (1889) du Comte de Mas Latrie. En faveur de ce grand public et même pour le service des hommes spécialisés dans l'étude de l'Histoire, les chronologistes ont condensé en de petits tableaux synoptiques les éléments (siècles, années, dates du mois, jours de la semaine) à combiner pour obtenir la solution du problème que nous avons énoncé. Ces « calendriers perpétuels », à colonnes et à double entrée, analogues à certains « barêmes» des hommes d'affaires, sont assez commodes, bien qu'il faille combiner deux ou trois tableaux pour obtenir la réponse cherchée. Nos lecteurs en ont sans doute rencontré plus d'une fois en certains ouvrages usuels (1).

(1) Citons comme des plus commodes le « Calendrier Perpétuel » de G. D. Moret, que donne le Nouveau Larousse illustré, au mot

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