D'après la loi salique, la composition s'établissait comme suit le vol d'un étalon était coté 45 sous, celui de l'étalon avec douze juments, 62 /, sous; un troupeau complet de 25 porcs, 62, sous; 25 porcs dans un troupeau plus nombreux, 35 sous (1)...

La loi frisonne est aussi laconique qu'expressive : «< Furtum duplo componitur ». Il faut y ajouter le fredus, l'argent de la paix, qui allait au fisc (2).

Il est intéressant de retrouver la répercussion de ces antiques traditions chez les primitifs actuels.

Nous possédons un grand nombre de monographies ethnologiques sur les tribus des sauvages, mais malheureusement bien peu de ces mémoires mentionnent les coutumes judiciaires en vigueur chez ces peuplades.

Relatons ce que nous avons pu glaner.

Les Baya sont un groupement ethnique de l'Afrique équatoriale. Ils habitent le Congo français du 4o au 7e degré de latitude septentrionale, à l'ouest de la Kadeï. A. Poupon, administrateur des colonies, a fait de leurs mœurs une étude extrêmement fouillée.

Le vol ne se règle jamais par l'emprisonnement, mais par la restitution pure et simple de la marchandise volée ou de son prix fortement majoré. Toutefois, dans les cas les plus importants, lorsque le pécule reste impayé, on amène celui qui a été condamné, en esclavage (3).

Les Mossi et les Lobi occupent, dans la grande boucle du Niger, le deuxième territoire militaire entre le Dahomey français et la Côte d'Ivoire française. Ils ne possèdent pas

était à la fois un sacrifice religieux et une sanction judiciaire Cfr. G. Dottin, Manuel de l'antiquité celtique, Paris, 1915, p. 255.

(1) L. Vanderkindere, Introduction à l'histoire des Institutions de la Belgique au moyen âge, Bruxelles, 1890, p. 123. Le solidus équivalait à 40 deniers et le denier, qui valut d'abord 39 centimes, tomba à 33.

(2) Dr von Richthofen, Friesische Rechtsquellen, Berlin, 1840, p. XLII. Lex Frisionum, tit. IX, par. 1.

(3) A. Poupon, Étude ethnographique des Baya de la circonscription du M'Bimou. Dans l'ANTHROPOLOGIE, tome XXXI, année 1915, p. 119.

de code traditionnel. Tout larcin y entraîne la mort du coupable (1).

Les Mancagnes habitent au sud du Sénégal. Leur territoire fait partie des possessions portugaises et s'étend de Cachéo à Farim, entre le parallèle 12o40 et la côte. Leurs coutumes judiciaires sont curieuses à observer et rappellent les prescriptions du droit antique. Pour vol, l'inculpé est mis aux fers jusqu'à ce que l'amende imposée soit payée par lui ou par sa famille. L'amende consiste en mesures de riz, chèvres, sel ou marchandises semblables. Elle est évaluée au triple de la quantité volée. Les deux tiers de l'amende sont acquis à la victime du vol; le tiers comme frais de justice au chef qui a jugé (2).

Voici ce qu'un de nos amis, M. J. Deroo, fonctionnaire colonial dans le district de l'Ituri (Congo belge), nous a appris sur les coutumes judiciaires des indigènes de cette région :

Le chef condamne le voleur à quelques coups de fouet. Il peut aussi le condamner à la prison, à quelques jours ou à quelques semaines de travaux forcés. Le coupable doit arracher les mauvaises herbes, couper du bois ou porter de l'eau ; il doit restituer l'objet volé et peut être redevable aussi de dommages-intérêts consistant en poules, chèvres, vêtements, outils ou armes en fer.

Ce sont des détails de cette nature que les missionnaires et les fonctionnaires coloniaux peuvent observer tous les jours. Nous ne pouvons assez les engager à considérer et à consigner par écrit toutes les manifestations de la vie religieuse, de la vie économique et de la vie sociale des indigènes. Ils peuvent recueillir les pièces de l'outillage des nègres, qui présentent bien plus d'intérêt que les objets fabriqués pour la vente. Ils peuvent noter des particularités de la vie quotidienne des indigènes et, parfois, contribuer ainsi à retrouver un anneau de la longue chaîne des traditions qui relie entre eux les peuples les plus divers.

J. CLAERHOUT.

(1) Dr E. Ruelle, Notes sur quelques populations noires de l'Afrique occidentale française. Dans l'ANTHROPOLOGIE, tome XV, année 1904, p. 677.

(2) M. Leprince, Notes sur les Mancagnes ou Brames. Dans l'ANTHROPOLOGIE. Tome XVI, année 1905, p. 64.

REVUE

DES RECUEILS PÉRIODIQUES

ASTRONOMIE. 1924

SOMMAIRE (*)

LA TERRE. Rotation de la Terre expérience de Michelson; rotation de la Terre par rapport au milieu optique, de la même manière que par rapport à l'ensemble des étoiles. — Variation des latitudes : commission de la variation des latitudes des Unions internationales ; polhodie jusque fin 1922; critique du calcul des moyennes par dixièmes d'année. La raie verte de l'aurore boréale bombardement cathodique de l'azote atmosphérique en poussières cristallines;

controverses.

SOLEIL. Pression à la surface du Soleil: la pression mesurée par l'étude du spectre; difficultés; méthodes diverses; conclusion d'une pression très faible. Constitution de l'atmosphère solaire : descriptions récentes de la chromosphère et de la couche renver

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(*) Abréviations bibliographiques.· R. A.: Cette Revue annuelle d'Astronomie. R.Q.S. REVUE DES QUESTIONS SCIENTIFIQUES (Louvain). C. R. COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS. - PR. R. S. PROCEEDINGS OF THE ROYAL SOCIETY, Series A, Mathematical and Physical Sciences (Londres). M. N. MONTHLY NOTICES OF THE ROYAL ASTRONOMICAL, SOCIETY (Londres). P. M. PHILOSOPHICAL MAGAZINE (Londres). OBS. THE OBSERVATORY (Londres). B. A. A. = JOURNAL OF THE BRITISH ASTRONOMICAL ASSOCIATION (Londres), APH. J. THE ASTROPHYSICAL JOURNAL (Chicago). - P. A. POPULAR ASTRONOMY (Northfield, Minn.). H.C.O. COLLEGE OBSERVATORY, Circulaires, Bulletins, Annales (Cambridge, Mass.). - A. N. ASTRONOMISCHE NACHRICHTEN (Kiel).

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HARVARD

sante; éléments constituants; circulation atmosphérique. Taches solaires: période d'activité du Soleil ; champ magnétique des taches; accouplement des taches; loi de leur polarité magnétique.

ÉTOILES.Températures et diamètres apparents; température efficace et température optique; résultats récents. Constitution et atmosphère des étoiles: analyse spectrale des atmosphères solaires ; spectres de bandes; les étoiles à zirconium; pressions stellaires.

STRUCTURE DE L'UNIVERS.

Les Nuées de Magellan

distances

et dimensions; éclat des étoiles; les étoiles les plus brillantes que l'on connaisse; les nébuleuses de la grande Nuée.

LA TERRE

Rotation de la Terre. Le principe de l'inertie, principe fondamental de la Mécanique, peut s'exprimer de la manière suivante : il existe des axes de repère et une façon de compter le temps tels que, par rapport à ces axes et à cette façon de compter le temps, le mouvement d'un corps est d'autant plus voisin d'être rectiligne et uniforme que ce corps est plus éloigné de tout autre. S'il est vrai qu'il existe un pareil système d'axes de repère, il en existe une infinité, à savoir tous ceux qui ne possèdent par rapport au premier qu'un mouvement de translation rectiligne et uniforme; s'il est vrai qu'il existe une pareille façon de compter le temps, une première pareille horloge, il en existe une infinité d'autres, à savoir toutes les horloges dont les lectures sont unies, à chaque instant, à la lecture sur la première au même instant, par une relation linéaire.

Les expériences dites « preuves mécaniques de la rotation de la Terre » démontrent que si l'on mesure le temps d'après une horloge réglée sur le mouvement des étoiles par rapport à la Terre, des axes fixés à celle-ci ne constituent pas un système de repère par rapport auquel se vérifie le principe de l'inertie; positivement, ces expériences démontrent qu'un pareil système de repère est constitué par l'ensemble des étoiles telles sont les expériences du pendule de Foucault et du barogyroscope de Gilbert. La Terre tourne par rapport aux étoiles, par rapport aux axes qui vérifient le principe de l'inertie; en abrégé : la Terre tourne.

Quant à la Physique, elle admet qu'il existe un milieu par rapport auquel la lumière se meut en ligne droite et avec la même vitesse dans toutes les directions; et la Physique non-relativiste ajoute : il n'en existe point d'autre. C'est le milieu optique, l'éther des physiciens (1). A l'approximation la plus satisfaisante que l'on puisse actuellement exiger, toutes les observations vérifient que ce milieu optique est l'un de ceux par rapport auxquels le principe de l'inertie est vrai, à savoir celui-là même par rapport auquel les étoiles sont, dans leur ensemble, immobiles. Cette vérification consiste en ce que les équations qui expriment les mouvements célestes les plus certains sont satisfaites lorsque les résultats des observations visuelles sont, avant d'y être introduits, corrigés de ces termes dits d'aberration, qui tiennent compte, précisément, du déplacement de l'observateur par rapport au milieu optique censé solidaire de l'ensemble des étoiles.

Or il existe une expérience capable de déceler un mouvement de rotation par rapport au milieu optique : c'est l'expérience de Sagnac (2). Un disque circulaire horizontal (de 0,50 m. de diamètre) est susceptible de prendre un mouvement de rotation autour d'un axe vertical (jusque deux tours par seconde). Sur le disque se trouvent une source lumineuse (monochromatique), des miroirs verticaux convenablement orientés, une lame sans tain et un objectif photographique avec plaque sensible. Un faisceau de rayons lumineux se partage sur la lame en deux pinceaux, l'un réfléchi, l'autre transmis. De miroir en miroir, les deux pinceaux font, dans des sens inverses, le tour du disque, et, traversant l'objectif, viennent impressionner la plaque photographique. Lorsque le disque est immobile, les chemins parcourus par les deux pinceaux (par rapport à l'éther) sont égaux, et ceux-ci, atteignant la plaque en concordance de phase, l'impressionnent de la même manière. Lorsque le disque est en mouvement, il y a inégalité des chemins

(1) Voir Astronomie et Relativité, R.Q.S., 4o série, t. 6 (1924, 2), P. 472.

(2) G. Sagnac, Un interféromètre en rotation uniforme, C. R., t. 157 (1913, 2), p. 708; pour une bibliographie plus détaillée, voir Astronomie et Relativité, loc. cit., note précédente, p. 479, fin note (1).