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XIX. THEORIE COLLOÏDALE DE LA VIE ET DE LA MALADIE, par AUGUSTE LUMIÈRE, correspondant national de l'Académie de Médecine. Une brochure de 47 pages (19×13), avec 4 fig. Lyon, Sézanne, 1925.

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Cet opuscule est un résumé des conceptions de l'auteur relatives au rapport de l'état colloïdal avec la vie et les processus morbides. Après un aperçu rapide sur les propriétés physiques des solutions colloïdales, en choisissant comme exemple un colloïde synthétique créé au moyen de substances minérales, l'auteur analyse l'état de suspension des granules dû à la couche périgranulaire et capable d'être détruit par une quantité très faible de réactif; ce phénomène serait à rapprocher de l'action thérapeutique ou toxique produite sur le vivant par les quantités infinitésimales de matière.

Le mûrissement et la floculation des colloïdes expliqueraient aussi la croissance et la sénilité des cellules vivantes; de même que les granules colloïdaux grossissent progressivement jusqu'à une certaine limite pour s'agglomérer et se rassembler en flocons, la matière vivante s'accroît ; ses échanges nutritifs ont une intensité qui varie avec la surface de ses granules colloïdaux et cette activité diminue avec le grossissement de ceux-ci, l'animation décroît avec l'âge.

Les colloïdes des cellules nobles mûrissent plus vite que ceux du tissu conjonctif qui continuerait à se développer et étoufferait les premiers.

La théorie colloïdale est aussi applicable aux faits pathologiques. Lumière choisit trois états morbides présentant les mêmes symptômes et la même durée d'incubation : une maladie infectueuse, la scarlatine, une intoxication par l'arsénobenzol chez un prédisposé, enfin la maladie du sérum; bien que les agents producteurs soient différents dans ces trois états, les principaux symptômes sont comparables et seraient attribuables à une floculation du sérum qui précipite au contact de l'albumine introduite, de la toxine sécrétée ou du toxique injecté.

Ces particules solides précipitées seraient charriées par le sang et déclancheraient le déséquilibre des fonctions végétatives ou sympathiques. Les mêmes désordres sont

provoqués expérimentalement par l'injection intravasculaire de suspension de métaux finement divisés.

Les interprétations de ces phénomènes contenues dans cet opuscule inciteront le lecteur à prendre connaissance des ouvrages originaux dont il est le résumé et à entrer dans le détail des expériences et des faits biologiques étudiés par M. Lumière. G. BATTEZ.

XX. LA VIE DES ANIMAUX A LA SURFACE DES CON

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TINENTS, par L. GERMAIN. Un vol. de IV-260 pages (19×12). Paris, Alcan, 1924. 10 francs.

Ce volume de la Nouvelle Collection scientifique sera accueilli avec empressement par tous les lecteurs français qui suivent les progrès des sciences naturelles sans avoir le loisir de dépouiller les travaux particuliers trop spéciaux. Si l'on trouve des ouvrages généraux au courant pour la géographie botanique et pour la zoogéographie des animaux marins, il fallait pour les autres domaines de la zoogéographie recourir à des ouvrages anglais ou allemands qui ont besoin, eux aussi, d'être quelque peu rajeunis.

Grâce à M. Germain, cette lacune est aujourd'hui comblée. L'auteur était spécialement préparé par ses travaux antétieurs à cette tâche et il s'en est acquitté à merveille. En huit chapitres denses et clairs tout à la fois, toutes les grandes questions sont abordées, précisées par un très grand nombre de faits concrets sans cependant être noyées par une énumération fastidieuse. Aussi en fermant ce livre eston reconnaissant au savant qui a su présenter d'une façon si attrayante les difficiles problèmes de la répartition des êtres vivants et de leur spécialisation actuelle aux domaines qu'ils habitent. R. D.

XXI. SCIENCE ET INDUSTRIE, par HENRY LE CHATELIER, membre de l'Institut, professeur à la Faculté des Sciences. Un vol. de 283 pages (1922) de la Bibliothèque de Philosophie scientifique. Paris, Flammarion,

1925.7,50 fr.

Nombre de discours et d'articles de revue, depuis six années, ont préconisé l'alliance de la science et de l'industrie.

Mais, jusqu'à ce jour, toute cette littérature n'a donné, semble-t-il, que peu de résultats effectifs. M. Le Châtelier est un savant dont les travaux n'ont pas seulement contribué au développement de la science pure, mais aussi ont rendu à diverses industries des services inappréciables. Son livre, exempt de généralités banales, est rempli de faits réels, d'indications précises, de renseignements basés sur de nombreuses observations et expériences.

La première partie est consacrée à la science en général : définition, principes généraux, observations, mesures, erreurs, raisonnement, lois. Au sujet du raisonnement qui met les expériences en œuvre pour en déduire les lois, l'auteur a des pages vraiment intéressantes. Selon lui, la difficulté principale dans la détermination de la formule algébrique de la loi, but suprême vers lequel on tend, provient de ce que nos expériences sont ordinairement poursuivies dans un champ trop restreint de variables et de ce que chacune de ces expériences est inévitablement entachée d'erreurs expérimentales. En réalité, nos mesures ne définissent pas une courbe déterminée, mais une zone, une surface allongée, où l'on peut loger des segments d'une infinité de courbes différentes, représentant également bien les résultats de l'expérience. Au sujet des théories physiques, ou du moins de leur partie explicative qui cherche à saisir la réalité au-dessous des phénomènes, il faut tenir avec M. Duhem que la loi mathématique du phénomène a seule une existence réelle; le substratum à travers lequel nous tâchons de voir cette loi est un produit de notre imagination: aucune expérience ne peut en confirmer ni en infirmer l'existence. C'est là un point de vue que l'on oublie trop aujourd'hui dans les théories corpusculaires à la mode.

M. Le Châtelier combat ensuite un préjugé, commun à beaucoup de savants, qui consiste à croire que la science pure doit rejeter loin d'elle toutes préoccupations pratiques. Méconnaître ainsi l'influence bienfaisante de ces dernières sur le développement scientifique, c'est nier l'histoire de la Science et porter préjudice à l'industrie elle-même. Sit la méthode consistant à mettre à l'étude des problèmes d'utilité pratique a été profitable à des savants comme Lavoisier, Sadi Carnot, Sainte-Claire Deville, Pasteur, comIV. SÉRIE. T. VIII.

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bien plus profitable encore doit-elle être aux plus modestes chercheurs !

Il reste que la science exerce une influence dominatrice sur les progrès de l'industrie. A chaque progrès scientifique se trouve lié un ensemble correspondant de progrès industriels. La métallurgie se développe brusquement aussitôt que l'analyse chimique a fait connaître la composition des minerais et celle des produits élaborés. Pour se perfectionner, la machine à vapeur a attendu l'étude expérimentale de la vapeur d'eau, des lois du frottement et des propriétés mécaniques des métaux. L'industrie électrique est sortie de toute pièce des laboratoires scientifiques. M. Le Châtelier admet que la science agit sur l'industrie par trois procédés différents les résultats antérieurement acquis de la science sont journellement utilisés dans les usines; ou bien, la recherche scientifique sert à résoudre une multitude de problèmes qui se posent constamment dans l'industrie; enfin, les méthodes scientifiques de travail améliorent les fabrications et en diminuent le prix de revient. En fait, ces trois procédés agissent de concert.

Introduire la science dans l'usine, tel doit être le constant souci de l'industriel. Devant lui se dressent deux obstacles: la formation scientifique insuffisante, ou plutôt mal orientée, du personnel technique des usines; d'autre part, la difficulté d'organiser la recherche scientifique de façon qu'elle paye, c'est-à-dire que son prix de revient soit inférieur aux bénéfices qu'elle aura permis de réaliser. Ces deux obstacles doivent être écartés. M. le Châtelier en indique la manière, donnant ici la mesure de sa profonde expérience et de l'intime connaissance qu'il possède des développements combinés de la science et de l'industrie, spécialement en France. Il insiste successivement sur le rôle de la science acquise, sur les méthodes scientifiques de travail à introduire dans les usines, sur l'utilité des laboratoires d'usines pour la recherche, sur le prix de revient.

A l'encontre d'idées fausses trop répandues, le savant auteur nie que le progrès de la science soit uniquement le résultat de découvertes scientifiques ou que tous les progrès industriels soient le fait des inventeurs. Il définit, à ce propos, le vrai rôle des savants qui sont tout autre chose

que des machines à faire des découvertes scientifiques et même des inventions pratiques. La recherche scientifique systématiquement organisée, voilà le domaine propre du savant superposer une infinité de petits progrès, accumuler des résultats partiels définitivement acquis et entraîner ainsi des avantages dont l'importance croît sans limite, tel est son rôle. M. Le Châtelier cite l'exemple des aciers rapides de Taylor, obtenus à la suite de recherches méthodiques, sans aucune intervention du hasard. Taylor a, de cette sorte, révolutionné toute la construction mécanique ; il ne s'était pas proposé de découvrir quoi que ce soit d'extraordinaire, mais seulement de faire de la saine recherche scientifique, de mesurer avec précision la qualité des aciers habituellement employés.

Il conviendrait de signaler en détail - mais ce serait nous étendre trop loin -- les pages extrêmement suggestives consacrées par M. le Châtelier à l'enseignement scientifique et, particulièrement, à ce qu'il appelle la formation générale. Celle-ci comporte d'abord le développement de certaines qualités intellectuelles: observation, raisonnement, imagination, trois choses dont la réunion constitue le fondement de l'esprit scientifique, et ensuite l'acquisition de certaines connaissances du monde extérieur : propriétés les plus importantes de la matière, phénomènes dont elle est le siège, relations essentielles existant entre ces phénomènes, c'est-à-dire les lois. Les deux chapitres du volume traitant cette question sont à lire en entier, avec grande attention. Pour ne rien laisser dans le vague, l'auteur donne un exemple concret et présente en détail un programme de l'enseignement d'une industrie déterminée, l'industrie céramique. Enfin, un des derniers chapitres expose le système Taylor, dont l'application générale permettrait avec la même dépense de travail une production bien plus considérable.

En résumé, le livre de M. Le Châtelier n'est qu'un plaidoyer en faveur du véritable esprit scientifique : tout ingénieur et tout industriel doit savoir que chaque phénomène dépend inéluctablement de certaines conditions antérieures, que par l'étude on peut connaître et mesurer ces conditions, et que, les connaissant, on peut les orienter méthodiquement

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