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seur de la physiologie expérimentale, puis au Moyen Age et à la Renaissance.

Mais ce n'est, en fait, que dans la troisième période, embrassant les XVIIe et XVIIIe siècles, que commencent à prendre figure de sciences les diverses branches de nos connaissances, dont l'ensemble constitue aujourd'hui le vaste domaine de la biologie. Une découverte capitale, faite hors de France, marque le début de cette période, celle de la circulation du sang, à laquelle est consacré tout le chapitre III, d'abord entrevue par Michel Servet, en tant que localisée dans la région pulmonaire, puis établie dans sa pleine généralité d'une façon véritablement géniale par William Harvey, dont le mémoire, auquel M. Caullery reconna ́t une allure toute moderne, « a eu l'inestimable mérite de séparer complètement le domaine invérifiable des données expérimentales » et, par là, « marque une ère nouvelle de la pensée scientifique ».

Dans le chapitre IV, l'auteur raconte la genèse de deux institutions qui devaient, en France, exercer une influence capitale sur les progrès des sciences naturelles le Jardin du Roi et l'Académie des Sciences, dont la création est due respectivement aux louables initiatives de Richelieu et de Colbert.

Les ressources créées par ces institutions permirent, dès le xvIIe siècle, un sensible avancement dans la connaissance des plantes et des animaux, relaté aux chapitres V et VI, et auquel restent attachés, entre autres, les noms de Tournefort, des Jussieu, de Réaumur, de Peyssonel, auteur de vues profondes sur l'animalité du corail, de Mariotte, célèbre avant tout comme physicien, mais en qui M. Caullery voit « dans l'Académie du xvIIe siècle, l'homme qui a laissé en physiologie végétale l'œuvre la plus profonde », de même que Duhamel du Monceau au

XVIIIe.

Avec ses collaborateurs, dont le principal fut Daubenton, Buffon occupe tout le chapitre VII; mais, il faut bien le dire, aux yeux de l'auteur, Buffon apparaît bien moins comme un naturaliste que comme « un philosophe au sens que ce mot avait de son temps », et, bien plutôt encore, comme un écrivain, et, « en fait, l'observation, qui est

l'essence de l'activité du naturaliste, n'avait guère de place dans sa vie ». Mais avec quel art vraiment génial a-t-il su ordonner et exposer le résultat des observations d'autrui ! Aussi a-t-il donné « aux sciences naturelles une impulsion très vive, sans avoir été un naturaliste et sans avoir fait de découverte proprement dite. Ses conceptions générales ont eu sur la marche des idées une influence considérable et au total bienfaisante.... ».

Le chapitre VIII nous fait assister aux débuts de la géologie positive en France dont les fondateurs furent Guettard, Desmarets et Dolomieu, auxquels — ce qui est moins connu - il convient de joindre Lavoisier qui, bien que de façon tout à fait accessoire, y a encore laissé la marque de son prodigieux génie.

Mais, c'est parce qu'il doit être salué comme celui du fondateur de la physiologie moderne que le nom de ce grand homme reste, dans le domaine de la biologie, tout auréolé de gloire ! C'est, en effet, de la découverte de la nature de la respiration, relatée au chapitre IX de la façon la plus frappante, que date l'essor des études d'où est sortie la physiologie moderne !

Et nous voici au seuil de la quatrième des périodes distinguées par M. Caullery, qui s'ouvre, au début du xixe siècle, par la fondation de la morphologie moderne, à laquelle restent attachés les grands noms de Lamarck, d'Étienne Geoffroy Saint-Hilaire et de Cuvier.

Quelque contestables que puissent être les manières de voir d'un novateur tel que Lamarck, cédant aux suggestions d'une imagination puissante, on ne saurait nier l'influence qu'il a pu exercer sur le mouvement des idées, ne fût-ce même que par les discussions qu'ont provoquées ses théories. A ce point de vue, le jugement de Sainte-Beuve, qui avait suivi l'enseignement du vieux maître au Muséum, est curieux à évoquer : « Cet enseignement, dit-il, dont je ne me dissimulais, d'ailleurs, ni les paradoxes hypothétiques, ni la contradiction avec d'autres systèmes plus positifs et plus avancés, avait pour moi un attrait puissant par les graves questions primordiales qu'il soulevait toujours, par le ton passionné et presque douloureux qui se mêlait à la science... Sa conception des choses avait beaucoup de simplicité, de

nudité et beaucoup de tristesse. Il construisait le monde avec le moins d'éléments, le moins de crises et le plus de durée possible... Une longue patience aveugle était son génie de l'univers.... Dans l'ordre organique, une fois admis ce pouvoir mystérieux de la vie, aussi petit et aussi rudimentaire que possible, il le supposait se développant luimême, se confectionnant peu à peu avec le temps; le besoin sourd, la seule habitude dans ces milieux divers, faisait naître à la longue les organes... J'étais loin assurément d'accueillir ces hypothèses par trop simplifiantes... mais les hardiesses de l'homme de génie me faisaient penser ».

Geoffroy Saint-Hilaire rejetait, pour sa part, l'idée du besoin créant l'organe, mais attribuait aux changements survenus dans le monde extérieur le pouvoir de provoquer certaines transformations organiques.

A l'opposé de ses émules, Cuvier voit dans le monde organique « l'expression de la pensée créatrice, et l'espèce est pour lui, comme pour Linné, une réalité absolue et fixe ». A ses yeux, « la science ne peut se proposer que de reconstituer l'ordre existant dans la nature, de s'élever à la contemplation de cette harmonie de la nature, irrésistiblement réglée par la Providence ».

A côté des doctrines sorties de ces puissants cerveaux, dont l'auteur fait nettement saisir les aspects généraux, la science leur a dû une foule de résultats particuliers qui n'ont pas moins contribué à son développement. Ainsi que le fait remarquer M. Caullery, « l'œuvre systématique de Lamarck a gardé une valeur fondamentale. L'anatomie comparée sortait des travaux de Cuvier et de Geoffroy Saint-Hilaire à la fois comme un corps imposant de faits précis et comme une doctrine, avec des lois qui allaient servir de guides pendant une longue période ».

L'auteur nous fait ensuite assister à tous les progrès réalisés en zoologie par ce qu'on peut appeler la descendance intellectuelle de Cuvier et de Geoffroy Saint-Hilaire, allant de Blainville, Duméril, Latreille, Savigny, Audouin, Serres, à Henri Milne-Edwards, Quatrefages et Lacaze-Duthiers. La théorie cellulaire, dont la morphologie s'est enrichie au XIXe siècle, et qui peut en être regardée comme une des

acquisitions les plus considérables, compte parmi ses initiateurs Mirbel, Dutrochet et Turpin.

Bichat, par ses remarquables recherches sur les tissus, préludait à la fondation de l'anatomie générale, et Dujardin découvrait le substratum élémentaire de la vie animale, par lui baptisé « sarcode », aujourd'hui désigné sous le nom de « protoplasma »; rien, au reste, ne s'est trouvé à changer au résultat de ses pénétrantes observations.

Par l'essor qu'ils avaient donné, au début du XIXe siècle, à la paléontologie, Cuvier et Lamarck se trouvaient avoir rattaché « d'une façon intime et définitive au groupe des sciences biologiques la science encore nouvelle et dans l'enfance qu'était la géologie ». Depuis lors, l'apport français aux progrès de cette science a été de premier ordre. C'est à Alexandre Brongniart et à d'Orbigny que la paléontologie stratigraphique a dû son organisation à titre de science autonome, et c'est, de même, Adolphe Brongniart, fils du précédent, qui doit être regardé comme le fondateur de la paléontologie végétale si remarquablement développée par les travaux de Grand'Eury, Renault, Bureau, Saporta, Bertrand, Zeiller, Lignier, Munier-Chalmas. Quant à la paléontologie humaine qui vise l'étude de l'homme quaternaire, sa création, due à Boucher de Perthes et à Lartet, a entraîné celle de la préhistoire, dont les progrès ont été surtout acquis sur le sol français.

La carte géologique de France, esquissée d'abord par d'Omalius d'Halloy, Belge de naissance, a été principalement l'œuvre de Dufrénoy et d'Élie de Beaumont. Enfin « le nom de Constant Prévot doit être retenu comme celui de l'un des fondateurs des doctrines saines et positives de la géologie à une époque où on concédait encore trop aux spéculations aventureuses ».

C'est, avons-nous déjà dit, le génie de Lavoisier qui, en découvrant la véritable nature de la respiration, a, de fait, jeté les fondements de la physiologie moderne. Mais il s'en faut que cette science ait rapidement progressé à partir de là pour acquérir l'ampleur que nous lui voyons aujourd'hui.

C'est d'ailleurs du côté des végétaux que la révolution physiologique de Lavoisier a tout d'abord fait sentir son

influence, particulièrement grâce à l'impulsion de Dutrochet, dont les vues se sont même trouvées sensiblement en avance sur son temps.

Parmi ceux qui, à la suite de Lavoisier, ont su placer définitivement la physiologie sur le terrain expérimental, une place d'honneur revient à Magendie qui, en créant, pour les recherches relatives à cette science, le laboratoire du Collège de France, illustré depuis lors par Claude Bernard, avait vu nettement que telle était « la voie par où la médecine pourrait sortir un jour de l'empirisme ». Flourens, dont le nom reste attaché à l'acquisition d'une série de données précises de haute valeur, n'a pas, toutefois, comme Magendie, eu la claire intuition du rôle primordial réservé à l'expérimentation dans les études de physiologie. C'est pour avoir révélé la puissance souveraine de cette méthode par ses découvertes capitales que Claude Bernard s'est acquis une gloire immortelle.

Suivant la très heureuse remarque de M. Caullery, «< la rigoureuse discipline expérimentale de Magendie a produit un résultat supérieur à l'œuvre de Magendie lui-même, celui d'avoir formé Claude Bernard ». Ce grand nom domine aujourd'hui toute la physiologie, non seulement en raison des découvertes capitales auxquelles il reste à tout jamais attaché (fonction glycogénique du foie; élucidation du problème de la chaleur animale par le rôle du sucre maintenu à un taux constant dans l'organisme; rôle des nerfs vasomoteurs; action spécifique des poisons; etc...), mais encore parce qu'il désigne le véritable législateur de la physiologie, celui dont J. B. Dumas a pu dire, sans hyperbole, qu'il était «< la physiologie elle-même », grâce à qui « au caprice, qui, au commencement du siècle, caractérisait les manifestations de la vie,par opposition à la stabilité des processus de la nature inanimée, est substitué définitivement le déterminisme rigoureux, qui permet la certitude et la prévision dans l'enchaînement des phénomènes vitaux ». Le résumé, fait en quelques pages, de ce qu'il y a d'essentiel à retenir de l'œuvre de Claude Bernard, offre, sous la plume de M. Caullery, un attrait de premier ordre.

Parmi les continuateurs de Claude Bernard, formés à son école, il convient de citer Marey, introducteur dans

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