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de comparer seulement les dépenses en carburant, mais il faut encore introduire dans les bilans tous les frais de graissage, d'entretien, d'intérêt, d'amortissement et autres, sans omettre la numération des heures de marche. Une comptabilité précise et complète conduira souven à des surprises inattendues. Ainsi il ressort d'une enquête officielle, faite aux États-Unis, que le prix net de revient du travail des tracteurs agricoles, rapporté à l'hectare, était à peu près le même avec le pétrole lampant ou à l'essence, bien que le prix de celle-ci fùt bien supérieur. Le moteur à essence effectuait en deux heures la besogne que le moteur à pétrole n'accomplissait qu'en 3 heures 25 minutes, par suite des pannes qu'il subissait.

Il nous faut prendre parti entre les deux opinions dont nous venons de présenter les principaux arguments.

Elles ne sont pas si nettement opposées qu'elles ne le paraissent, mais elles correspondent à des tendances très différentes; la première, trop optimiste peut-être, prend confiance dans les succès d'un passé au cours duquel ont été résolus des problèmes plus difficiles; l'autre sacrifie à un sentiment, qu'i serait injuste de qualifier de défaitiste, mais qui est l'écho d'une note découragée dont il faut se méfier, car elle pourrait conduire à abandonner la lutte. Or, il faut au contraire redoubler d'efforts avec l'espoir de réussir. Praticiens et théoriciens doivent se coaliser et se prêter un mutuel appui. La pratique, a-t-on dit, est la science des petits moyens, la théorie la science de tous les moyens pour nous, les constructeurs d'appareils et les constructeurs de raisonnements doivent s'éclairer les uns les autres. Les moyens des uns et des autres sont équivalents, si on les emploie avec constance et avec intelligence et si l'on n'en néglige aucun de parti-pris.

Quoi que l'on pense des méthodes à adopter, la car

buration, qui est plutôt œuvre de praticien, ne bénéficiera pas moins des lumières des hommes de science, que sont les physiciens et les chimistes. Il ne peut être question que de substituer le lampant aux essences: le lampant est un produit spécifiquement défini, qui demande à être traité d'une certaine façon; aux théoriciens de l'indiquer. Aux gens de métier de découvrir quelque ingénieux dispositif satisfaisant aux conditions. d'un bon fonctionnement à tout régime de marche. Nous ne sommes du reste pas si éloignés du résultat à obtenir, et, pour n'en citer qu'un (mais il en existe d'autres), le carburateur Le Grain,basé sur la formation d'une émulsion et sur sa diffusion, est déjà en bonne voie. Le carburateur-dissociateur Claudel est conçu dans une autre idée, qui ne paraît pas moins féconde (1).

Mais c'est du moteur que l'on escompte à bon droit l'influence la plus efficace : l'exemple de MM. Bellem et Brégeras est encourageant à cet égard; le moteur Peugeot-Tartrais (si tant est qu'il puisse être rangé dans la catégorie des machines à explosion) légitime aussi de grands espoirs. On imaginera d'autres systèmes qui profiteront de l'expérience acquise pour obtenir mieux.

Les moteurs peuvent être adaptés au pétrole lampant par la manière dont on les fait fonctionner. Le crackage, auquel contribuent le réchauffage de carburation et les hautes compressions, paraît à quelques-uns le principal écueil à éviter; M. Lumet estime qu'on y réussira en marchant au moteur en allure froide, c'est-à dire en abaissant la température des parois par une circulation d'eau plus accélérée ce qu'on perdra en rendement thermique sera compensé par ce qu'on gagnera en rendement organique. Le même raisonnement inciterait

(1) Certains produits plus riches en hydrocarbures aromatiques ou cycliques (CnH2-6), abondants dans les huiles légères extraites du goudron de houille, sont moins riches en hydrogène et leur emploi serait à recommander à tous égards.

à diminuer la compression. On peut aussi donner de l'avance à l'échappement par un calage convenable des soupapes.

Il est un autre procédé d'adaptation qui me paraît plus élastique et non moins efficace je veux parler de la compression variable par modification de la course. de compression, dont j'ai démontré dès le début de mes travaux les avantages théoriques et pratiques (1). En effet, dans un moteur à course de compression réduite, comprimant à 5 kil., le rendement thermique atteint 0,41, alors que celui du cycle à course d'admission de même longueur que la course de détente (laquelle est tronquée) ne dépasse pas 0,31, toutes choses égales d'ailleurs. Ce type de moteurs conviendrait bien à une adaptation systématique de la machine à l'utilisation du lampant, soit par un dispositif commandé, soit même à l'aide d'un organe de réglage automatique : il serait aisé d'en imaginer différents modèles, dont les effets seraient certainement heureux.

Concluons en rangeant la substitution du pétrole lampant à l'essence, dans les moteurs de ce type, parmi les choses possibles, sinon actuellement, du moins prochainement réalisables (2).

(1) Witz, Études sur les moteurs à gaz tonnants. Paris, GauthierVillars, 1883. Dans une note du 14 mars 1921, insérée aux COMPTESRENDUS, j'ai fait ressortir les avantages que procurera ce cycle pour élever le plafond des moteurs d'aviation, par variation commandée ou automatique.

(2) Nous eussions parlé du procédé de l'ingénieur russe Makhonine, consistant à transformer le mazout en un produit directement utilisable dans les moteurs à essence, si cette invention n'était restée enveloppée d'une mystérieuse imprécision, qui ne permet pas d'en apprécier la réelle valeur. Le brevet français, daté du 1er août 1924, spécifie que la caractéristique de cette nouvelle manière de faire consiste en ce que « le combustible est transformé en vapeurs par vaporisation, sous une pression égale ou supérieure à celle de l'atmosphère » : on a appris d'autre part que l'opération pourrait bien être un mode de crackage perfectionné ; elle ne ferait intervenir aucun agent catalytique. On a décrit un autoclave, dans

lequel on traite à chaud le mazout A de la marine française sous une pression « modérée ». Il en sort un liquide huileux, couleur caramel clair, de densité 0,800, peu volatil, brûlant à l'air lentement en flamme fuligineuse : 180 litres de mazout donnent 170 litres du nouveau carburant. Celui-ci reviendrait à un très bas prix, mais aurait le défaut d'être peu stable: il subirait avec le temps une polymérisation inverse, qui le ramène à l'état de mazout. Il faut donc l'employer frais au bout de vingt jours, il est vieux. On a encore annoncé que son emploi en moteurs s'est montré remarquable : sa détente progressive conduirait à une utilisation parfaite; il se prêterait aux hautes compressions, sans auto-allumage, sans cognage, sans encrassement de cylindre. Les expériences entreprises dans les laboratoires de la Marine et de la Guerre, à Toulon, et à Vincennes, ont témoigné, dit-on, de rendements comparables à ceux des moteurs Diesel; d'autre part, des essais sur route auraient démontré que le nouveau carburant se prête dans les meilleures conditions à l'alimentation des moteurs d'automobiles. Ces résultats ont besoin d'être confirmés, et nous ne pouvons les accueillir que sous bénéfice d'inventaire.

AIMÉ WITZ,

Corresp. de l'Institut de France.

(A suivre.)

L'énergétique de la matière vivante

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SOMMAIRE. La matière substratum et aliment de la vie. Étude qualitative de l'aliment. L'aliment source d'énergie. L'équation la plus générale de la bioénergétique. Le bilan énergétique d'un organisme déterminé. Le coefficient d'utilisation dans la série des êtres vivants. Les données thermochimiques : chaleurs de formation et de combustion; potentiel thermochimique de l'aliment et de la matière vivante. - Utilisation par l'organisme de l'énergie des combustions respiratoires. La chaleur de combustion des tissus et leur prix de revient. Le rendement énergétique chez les divers groupes d'êtres. Rendement apparent et rendement réel. Insuffisance des données thermochimiques. Aliment et chaleur interne. Aliment et travail musculaire. La bioénergétique et les manifestations supérieures de la vie. L'énergétique des états pathologiques. Singulier appareil que la machine vivante !

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La vie, à tous ses degrés, est tributaire de la matière ; rien n'en donne davantage l'impression que cet assujettissement de l'être vivant à puiser dans le milieu extérieur divers produits qu'il ingère, dont il se nourrit. Vivre, c'est tout d'abord s'approprier un certain contingent de matière dont l'organisme élabore sa propre substance et auquel il emprunte l'énergie indispensable, les forces, qui se dépensent en opérations multiples. L'aliment est donc à la vie tout à la fois ce que les pierres sont à l'édifice et ce que le charbon est au moteur.

Une des premières préoccupations des physiologistes a été de déterminer la nature des corps qui entrent dans l'alimentation des différents groupes d'êtres, en particulier de l'homme et des animaux supérieurs. Cet inventaire est d'ores et déjà poussé très loin; bien plus, on

IVe SERIE. T. VIII.

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