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Cependant on procède à la nomination du sénat: Sieyès, Roger-Ducos, consuls sortants, se réunissent à Cambacérès et à Lebrun, et tous ensemble nomment vingt-neuf citoyens qui, avec eux, forment le premier noyau de ce premier corps de l'état. Cependant en deux jours soixante-deux sont appelés. Voici leurs

noms.

Première nomination du 24 décembre (3 nivôse an VIII):

Napoléon Bonaparte, Cambacérès, Lebrun, Sieyès, Roger-Ducos, Pléville-Le-Pelley, ministre de la marine; Kellermann, depuis maréchal d'empire et duc de Valmy; Lespinasse, Rousseau, Hatry, général, Vimar, Le Couteulx-Canteleux, Monge, Berthollet, Garat, Garran-Coulon, Laplace, astronome; Cornet, Porcher, Resnier, depuis grand-juge, etc.; Dubois-Dubay, Lambrecht, Destutt de Tracy, Lenoir La Roche, Lacépède, naturaliste; Lemercier, Fargues, Cabanis, médecin; Volney, littérateur; Crassous, Levavasseur, Beaupuy, Cousin, Creusé-Latouche.

Seconde nomination du 25 décembre ( 4 nivôse an VIII):

Vien, peintre; Bougainville, marin; Vernier, Lagrange, mathématicien ; Casa-Bianca, Lejean, Dizez, Morard-de-Galles, Serrurier, maréchal d'empire, etc.; Perregaux, banquier; Journu - Aubert, Chasset, Depère, Laville-Leroux, Peré, Sers, Chollet, Davous, Clément de Ris, François de Neufchâteau, littérateur; Villetard, Herwyn, Jacqueminot, ChoiseulPraslin, Cornudet, Bailly, Lagrange. Plus tard, et dans l'an 1800, par nominations successives, entrèrent au sénat Barthélemy, l'ancien directeur; Lanjuinais, l'un des sages de la révolution; Lefèvre, maréchal d'em

pire et duc; Vaubois, général; de Delay-d'Agier, Rampon, généraux; La Martillière, général; Colaud, Tronchet, défenseur de Louis XVI, Harville, général; Pérignon, maréchal; Grégoire, évêque constitutionnel et schismatique; Desmeunier, homme de lettres; Joseph Bonaparte, Lucien Bonaparte, Abrial, de Belloy, archevêque de Paris et cardinal; Aboville, général d'artillerie; Fouché, ministre de la police, duc d'Otrante, etc.; Ræderer. M. Cauchy fut créé garde des archives et du sceau, rédacteur des procès-verbaux des séances. Alphonse Gary fut adjoint aux mêmes fonctions.

Delille et Ducis refusèrent leur nomination au sénat, l'un par royalisme, l'autre par principe républicain. Ce corps renfermait les sommités dans les sciences, les arts, et ce qu'alors on appelait la nation. La sévérité du choix ne fut pas égale dans le Corps législatif ni dans le Tribunat ; ici on n'a retenu que les noms de Chauvelin, de Benjamin-Constant, de Camille Jourdan, de Berrenger, de Gallois, de Ganilh, de Savoie-Rolin, de Carnot, de Fabre de l'Aude, de Carion-Nisas. Dans la législature, les choix sont encore moins saillants on n'y distinguait que le naturaliste Ramond, Clary, Fontanes, Gaudin, Vaublanc, et un petit nombre d'autres.

A peine nommé, Bonaparte, voulant faire acte de possession, écrivit en qualité de premier consul à Georges III, roi d'Angleterre, une lettre en date du 28 décembre, et ainsi conçue :

« Sire,

« Appelé par la nation française à occuper la pre«mière magistrature de la République, je crois con« venable, en entrant en charge, d'en faire part direc

<< tement à votre majesté. La guerre qui depuis huit << ans ravage les quatre parties du monde doit-elle « être éternelle ? N'est-il donc aucun moyen de s'en<< tendre? Comment les deux rations les plus éclairées de l'Europe, puissantes et fortes plus que ne l'exigent << leur sûreté et leur indépendance, peuvent-elles sacri<< fier à de vaines idées de suprématie le bien du com« merce, la prospérité intérieure, le bonheur des << familles ? Comment ne sentent-elles pas que la paix << est le premier des besoins comme la première des « gloires? Ces sentiments ne peuvent être étrangers « au cœur de votre majesté, qui gouverne une na<< tion libre, et dont le seul but est de la rendre heu<< reuse. Votre majesté ne verra dans cette ouverture « que mon désir sincère de contribuer une seconde « fois à la pacification générale par une démarche prompte, toute de confiance, et dégagée de ces «< formes qui, nécessaircs peut-être pour déguiser la « dépendance des états faibles, 'ne décèlent dans les << états forts que le désir constant de tromper. La « France et l'Angleterre, par l'abus de leur force, « peuvent longtemps encore, pour le malheur de leurs peuples, en retarder l'accomplissement; mais, j'ose « le dire, le sort de toutes les nations civilisées est at«taché à la fin de cette guerre, etc.

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La diplomatie n'était pas accoutumée à ces formes franches, à ce style énergique. M. de Talleyran‹, ministre des relations extérieures, la transmit à lord Grenville, avec prière de la faire parvenir à S. M. Georges III. Mais avant de faire connaître la manière dont on y répondit, il est quelques faits qui se rat

tachent à cette fin d'année que je veux faire passer sous les yeux du lecteur.

La situation des armées était critique. Masséna, heureux d'avoir repoussé avec l'aide de tant de braves généraux les Austro-Russes, s'était arrêté; il devait désormais, s'il avançait, porter la guerre dans un pays ruiné, désert, et son armée manquait de vivres, de munitions, d'habits et d'argent. Cloué par la nécessité sur le champ de bataille, il laissait donc le Directoire se plaindre de son inaction, et il se contentait de conserver, ne pouvant encore conquérir.

Après la funeste bataille de Novi et la mort de Joubert, le commandement avait été dévolu d'abord pour quelques jours à Moreau, puis à Championnet. On manquait de troupes; par bonheur que les Autrichiens, délaissés des Russes, avaient une forte partie des leurs au siége d'Ancône, où le général français Monnier se défendait avec une bravoure incroyable.

L'empereur d'Autriche envoya tout ce qu'il avait de disponible au général Mélas, qui devait achever la conquête de la Haute-Italie; le général Klenau, sous ses ordres, serrait Gênes de près, et cette armée, dans son ensemble, comptait soixante mille hommes. Mélas marcha sur Coni pour nous interdire la descente dans le Piémont. Championnet, n'ayant que quarante-cinq mille hommes, en détacha dix-sept mille, qui, confiés au général Gouvion Saint-Cyr, défendirent Gênes et les Apennins. Ce général, par des manœuvres savantes ct en opposition avec les ordres du Directoire, battit les Autrichiens et les mit en déroute.

Championnet, fort de ce succès, crut pouvoir vaincre Mélas; il se présenta devant Coni avec vingt-huit mille hommes contre un ennemi fort de plus de quarante

mille. La bataille, livrée le 4 novembre, fut gagnée par les ennemis. Saint-Cyr répara cet échec, fit dixhuit cents prisonniers, et rejeta les Autrichiens sur Alexandrie.

Saint-Cyr rentré dans Gênes, Coni, assiégé, fut pris le 14 décembre; la tranchée était ouverte depuis le 27 novembre par les Autrichiens, qui occupèrent le Piémont, et même le duché de Bade.

Ce fut dans cette situation des affaires que le premier consul adressa à l'armée d'Italie sa première allocution:

« SOLDATS!

« Les circonstances qui me retiennent à la tête du << gouvernement m'empêchent de me trouver au mi« lieu de vous; vos besoins sont grands, toutes les << mesures sont prises pour y pourvoir.

« Les premières qualités des soldats sont la constance << et la discipline; la valeur n'est que la troisième. Plu«sieurs corps ont quitté leurs positions, ils ont été << sourds à la voix de leurs officiers; la dix-septième « légère est de ce nombre. Sont-ils donc tous morts «<les braves de Castiglione, de Rivoli, de Newmarck? << Ils eussent plutôt péri que quitté leurs drapeaux, << ils eussent ramené leurs jeunes camarades à l'hon<< neur et au devoir.

<< Soldats! vos distributions ne sont pas régulière<<ment faites. Qu'eussiez-vous fait si, comme la qua<< trième et la vingt-quatrième de ligne, vous vous << fussiez trouvés au milieu du désert, sans pain ni «<eau, mangeant du cheval et du mulet? La victoire << nous donnera du pain, disaient-elles, et vous, vous « quittez vos drapeaux'

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