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PRÉDICATION

Les discours I, II et III paraissent pour la première fois. Un paléographe habile, M. GRIVEL, ancien archiviste de Genève, a bien voulu se charger d'en copier la plus grande partie sur les manuscrits de la Bibliothèque.

I

LE DEVOIR DU PRÉDICATEUR 1

Il me dict Filz de l'homme tiens toy sur tes pieds, et je parleray avecque toy. Lors l'esprit entra en moy et me meit sur mes pieds. J'ouys celluy qui parloit à moy et disait Filz de l'homme, Je t'envoye aulx enfans d'Israel, etc. EZECH., chap. 2.

Suyvant le propos que nous tinsmes hier, nous voyons quand Dieu commande aulx hommes de se disposer à l'ouyr, que ce n'est pas que cela soit en leur vertu, ne que d'eulx mesmes ils puissent accomplir ce qui leur est ordonné, mais il faut que Dieu besogne par sa grâce. Or il est notamment dict, Lève toy et te tiens comme debout, et maintenant le prophète ne peult bouger, sinon que Dieu par la vertu de son St. Esprit l'eslève.

Quand donc Dieu nous commande quelque chose, il ne faut point conclure de là que nous la puissions mettre en exécution, ni que nous soions suffisans pour luy obéir, mais il fault qu'il nous donne sa grace, afin que sa parole proficte en nous, ou aultrement elle sera inutile. Et quand il n'y auroit que ce passaige, c'est bien assez pour condamner la sot

1 Du vendredi 25o de décembre 1552.- Bibliothèque de Genève. Mss. 40 a.

tise et ignorance des papistes, quand ils veulent precher le franc arbitre de l'homme, parce qu'il leur semble que Dieu se mocqueroit en disant qu'il fault faire cecy et cela, n'estoit que nous eussions la force de nous en acquitter. Voylà donc l'argument que font les papistes: Dieu commande que nous l'aimyons de tout notre cueur. Il dict, Convertissezvous, faictes bien, aimez moy. Il s'ensuit donc que nous pouvons quelque chose, que nous avons notre franc arbitre pour nous tourner à bien ou à mal, pour faire une chose ou la laisser, car ne seroit-ce point une chose superflue, que Dieu commandast à l'homme ce qu'il ne pourroit point exécuter? Voylà comme les papistes argumentent. Or nous voyons le contraire en ce passage icy, et les petits enfans mesmes voyent comme Dieu commande au prophète qu'il se lève et touteffoys est-ce que le prophète ayt ceste vertu et ceste force de soy? Non, mais il adjouste, L'Esprit de Dieu est venu et m'a levé, après que j'ay ouy la voix. Ainsi donc nous voions que Dieu parle et commande, et puis son St. Esprit vient qui exécute.

:

Cependant touteffoys il nous fault notter que Dieu ne se joue point quand il commande aulx hommes de faire ce qu'ils ne peuvent point accomplir. Or il y a icy deux raysons qu'il nous fault notter. L'une est que Dieu parle à tous en général, afin de redarguer ceulx qui sont débiles d'eux mesmes, et ne se cognoissent point tels, qu'il les veult tenir convaincus affin qu'ils puissent cheminer en crainte et en humilité devant luy, et qu'ils ne présument plus d'eulx par une folle arrogance, cuidant valoir quelque chose. Nous sçavons comme chacun est aveuglé de l'amour de soy mesme, et combien nous sommes addonnez à nous priser et à imaginer que nous pouvons cecy et cela, combien que nous ne valions du tout rien. Or si Dieu nous laissoit sans nous presser, nous

serions tant plus endurcis en ceste arrogance là, qu'il nous sembleroit que ce seroit merveiles que de notre vertu : mais quand Dieu vient avec sa loy, et qu'il nous monstre quel est notre office, et que nous sentons l'infirmité qui est en nous, laquelle nous estoit auparavant incogneue, alors nous sommes tout effroiez, pour dire, Qu'est cecy? Je pensoys estre si robuste que merveiles, et je cognois maintenant qu'il n'y a que foiblesse et impuissance en moy. Nous sommes donc bien hardis, quand Dieu ne nous monstre pas qu'il nous veuile enquiere de nos forces, mais quand il les examine, qu'il les ameine comme à la touche, nous sommes confus, nous cognoissons bien que nous sommes si pauvres que rien plus, et avons honte de notre débilité, là où auparavant chacun se faisoit à croire qu'il estoit vertueux jusques au bout. Ainsi donc voylà comme Dieu redargue tout le genre humain, quant il nous montre ce que nous debvons faire, et nous ne pouvons maintenant.

Or, c'est ung grand profict de cognoistre cela. Si on dit à quel propos est-ce que Dieu commande aulx hommes ce qu'il sçait bien qu'ils ne peuvent exécuter? A quel propos? Ne fault-il pas que nous soions chatiez de nostre orgueil? Quand les hommes présument et pensent d'eulx faire merveiles ne voilà point la gloire de Dien obscurcie? Et quant ils sont desveloppez et destituez de ceste vaine confiance, et de la témérité si grande et si grossière qui est en eulx? N'est-ce pas beaucoup faict? Ainsi donc cognoissons que ce n'est pas sans cause que Dieu demande des hommes plus qu'ils ne peuvent accomplir.

Or pour le second poinct. Il nous fault notter que Dieu s'adresse à ceulx ausquels il veult besogner par sa grâce et par son St. Esprit, ou bien à ceulx lesquels il veult laisser en leur mal. Si Dieu besogne en nous par la grâce de son St.

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