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clairer franchement. Mais vous sçavez combien il y a de destourbiers pour la reculer ou refroidir, et d'aultre costé elle a tousjours esté timide, tellement qu'il est à craindre que ceste bonne affection ne demeure là comme pendue au croc, sinon qu'on la sollicite. Or, Madame, j'estime qu'il n'y a créature en ce monde qui ait plus d'authorité envers elle que vous; pourquoy je vous voudrois bien prier au nom de Dieu de ne point espargner une bonne exhortation et vive, pour luy donner courage à la faire passer plus outre ; en quoy je me tiens asseuré que vous ferez tout debvoir, selon le zèle que vous avez que Dieu soit honoré et servi de plus en plus.

Madame, après m'estre très humblement recommandé à vostre bonne grâce, je supplieray le Père céleste vous avoir en sa protection, vous gouverner à tousjours par son Esprit et vous maintenir en bonne prospérité.

De Genève, ce 4 d'avril 1564.

1 Marguerite de France, sœur de Henri II, épouse d'EmmanuelPhilibert, duc de Savoie. Douée du caractère le plus aimable et le plus généreux, cette princesse inclinait en secret vers la Réforme. Elle mourut en 1574, laissant une mémoire vénérée dans les Eglises des vallées du Piémont dont elle plaida plusieurs fois la cause auprès d'Emmanuel-Philibert. Voir à ce sujet deux lettres de cette princesse aux seigneurs de Genève, écrites au mois de juin 1560. Arch. de Genève, no 1680.

EXÉGÈSE

I

JEHAN CALVIN

A M. SIMON GRINÉE,

HOMME DOUÉ DE graces excellentes, salut 1

Il me souvient qu'il y a trois ans, comme nous devisions privément entre nous quelle estoit la meilleure façon d'interpréter l'Escriture, que le moyen d'y procéder lequel vous approuviez le plus, fut aussi celuy qui me pleut plus que tous autres. Car nous estions tous deux de cest avis, que la principale vertu d'un expositeur consiste en une briefveté facile, et qui n'emporte point d'obscurité. Et de faict, comme ainsi soit que quasi tout son office est comprins en ce seul poinct, asçavoir de bien déclarer et descouvrir l'intention de l'autheur lequel il a entreprins d'exposer, d'autant qu'il mène les lecteurs hors d'icelle, d'autant aussi il s'eslongne de son but, ou pour le moins extravague aucunement hors de ses limites. Et pourtant, nous désirions que du nombre de ceux lesquels aujourd'huy s'addonnent à aider en cest endroit la Théologie, il s'en trouvast quelqu'un, lequel s'estudiast à

1 Dédicace du Commentaire sur l'Épître aux Romains.

:

estre facile et clair, et quant et quant meist peine de n'empescher point outre mesure par longs Commentaires les lecteurs et gens d'estude. Or combien que je sçache que ceste opinion n'est pas receue de tous, et que ceux qui ne la recoyvent, ont aussi quelques raisons qui les induisent à estre d'autre avis, toutesfois quant à moy on ne me peut destourner d'aimer ceste briefveté. Mais puis que la diversité qu'on voit estre de nature és esprits des hommes, porte cela, que les uns prenent plaisir à une façon, les autres à l'autre, laissons en cest endroit à chacun son jugement libre, moyennant que personne ne vueille astreindre tous les autres à son appétit, et à ce qu'il trouve bon. Cela fera que d'un costé, nous qui approuvons plus une briefveté, ne rejetterons point ou mespriserons les labeurs de ceux qui sont longs et copieux en l'interprétation des livres de la saincte Escriture et d'autre part aussi ceux-là nous supporteront mutuellement, encore qu'il leur semble que nous soyons par trop briefs et serrez. Quant à moy, certes, je n'ay peu me tenir d'essayer si mon labeur pourroit en cest endroit apporter quelque proufit à l'Église de Dieu. Je ne veux pas dire toutesfois, que je pense maintenant avoir atteint à ce moyen de procéder, lequel lors nous sembloit le meilleur de tous ou que commençant j'aye pensé y pouvoir atteindre mais j'ay pris peine de tellement modérer et compasser mon style, qu'on peut appercevoir que je me suis proposé ce moyen-là comme mon patron pour me régler dessus, et en approcher le plus près que je pourroye. Quant à sçavoir combien j'y ay avancé, pource que ce n'est pas à moy d'en juger, j'en laisse le jugement à vous, et à ceux qui vous ressemblent. Au reste, touchant ce que j'ay choisi sur toutes autres ceste Epistre de S. Paul pour faire l'essay de cela, je voy bien que mon entreprise sera sujette à la répréhension de beaucoup de gens. Car

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