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ment que sa conduite personnelle sembloit dé-
mentir les maximes qu'il venoit d'établir, et de
consacrer si solennellement. «< *Il exposa ingénu-
>>ment les raisons qui le portoient à présumer
» qu'il étoit dans le cas d'une légitime dispense;
» qu'il se trouvoit chargé par une disposition
» marquée de la providence, de l'instruction d'un
grand nombre de Protestans, qui s'adressoient
» à lui non-seulement en France, mais de toutes
» les parties de l'Europe; que dans ce grand nom-
» bre, il se trouvoit beaucoup de ministres ; qu'il
» étoit non-seulement obligé de les recevoir chez
» lui
pour leur donner une retraite,
mais encore
» de leur donner des secours, sans lesquels ils
» seroient exposés à des regrets ou à des séduc
» tions, dont la charité vouloit qu'on les garantît;
» qu'il falloit aider des fugitifs, qui demandoient
» à revenir dans le royaume, et à qui tous les
>> moyens manquoient, parce qu'ils avoient perdu
» leurs biens en abandonnant leur patrie, et
» qu'ils renonçoient aux avantages qu'ils trou-
» voient et qu'ils pouvoient espérer dans les pays
étrangers; que c'étoient quelquefois des familles
>> entières, dont il falloit faciliter le retour, et
» qu'il étoit nécessaire encore de faire subsister,
» jusqu'à ce qu'ils pussent, ou rentrer dans leurs
» biens, ou obtenir des bienfaits du Roi; que les

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Ibid.

X.

torales.

» revenus de son évêché, ne le mettant point en » état de subvenir à tant de nécessités, il avoit >> cru pouvoir profiter de la ressource que lui met» toient en main des bénéfices, dont il consacroit » les revenus à l'usage le plus utile à l'Eglise, et à » l'œuvre de charité la plus pressante ».

Bossuet n'avoit assurément pas besoin d'une pareille apologie. Sa conduite publique et privée le justifioit assez aux yeux de toute l'Eglise. Personne n'ignoroit en France, et même dans toute l'Europe, que Germigny étoit un asile toujours ouvert, et presque toujours rempli de ministres, ou de Protestans distingués, qui venoient puiser dans les lumières de ce grand homme la solution de leurs doutes, et dans sa générosité les secours que leur situation rendoit indispensables (1).

Bossuet a été peut-être celui de tous les Visites pas- évêques, qui, pendant tout son épiscopat, s'est montré le plus exact à visiter son diocèse, malgré les travaux de tous les genres, et les affaires importantes qui ont rempli sa vie.

Il croyoit ne devoir s'en rapporter qu'à luimême, pour acquérir toutes ces connoissances de détails, dont la variété est soumise à des circonstances locales, souvent même à des coutumes et à des dispositions singulières, qui exi

(1) Voyez les Pièces justificatives de ce livre (n.o 1).

gent un emploi sage et mesuré du zèle, de la charité et de l'autorité:

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C'est surtout dans les visites pastorales, que se déploient d'une manière plus sensible aux regards, et sous une forme plus touchanté la dignité et la charité du ministère épiscopal. Les honneurs, dont la piété ou la coutume se sont plu à environner les évêques dans ces occasions solennelles, les montrent aux yeux de la multitude sous un point de vue plus élevé, et impriment à leur autorité un caractère plus imposant. Lorsqu'on les voit ensuite descendre de leur chaire épiscopale pour entrer dans la cabane du pauvre; offrir ou préparer des secours au malheur et à l'indigence; se conformer à l'exemple de JésusChrist en élevant jusqu'à eux la foible et timide enfance, pour graver dans de jeunes cœurs les premiers élémens de la religion et les premières leçons de la vertu ; lorsqu'à la suite de ces soins religieux et paternels, on les voit exercer un ministère de paix, ramener l'union dans les familles, concilier les différends, calmer les haines, porter un regard attentif dans l'emploi des biens affectés au soulagement de toutes les infirmités humaines, le caractère épiscopal prend alors je ne sais quoi de touchant, d'auguste et de sacré, qui révèle sa divine institution. Combien de fois n'a-t-on pas

Oraison

funèbre du

Le Tellier.

vu des vieillards se plaire à conserver un long souvenir de ces pompes religieuses, et aimer à se rappeler l'époque où, jeunes encore, ils furent encouragés et distingués par leur évêque, et surtout par un évêque chargé d'années et de vertus. Bossuet a tracé lui-même une belle image du ministère épiscopal dans ses jours de force et de foiblesse, de triomphes et de contradictions.

>>

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*

L'Eglise est fille du Tout-puissant; mais chancelier » son père qui la soutient au dedans, l'abandonne » souvent au dehors; et, à l'exemple de Jésus» Christ, elle est obligée de crier dans son agonie : » Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous » délaissée?.... Semblable à une épouse désolée, l'Eglise ne fait que gémir : étrangère, et comme » errante sur la terre, où elle vient recueillir les » enfans de Dieu sous ses ailes; le monde qui » s'efforce de les lui ravir, ne cesse de traverser » son pélerinage. Mère affligée, elle a souvent à » se plaindre de ses enfans qui l'oppriment. On ne » cesse d'entreprendre sur ses droits sacrés. Sa » puissance céleste est affoiblie, pour ne pas dire, » tout-à-fait éteinte. On se venge sur elle de >> quelques-uns de ses ministres, trop hardis usur» pateurs des droits temporels. A son tour, la » puissance temporelle a semblé vouloir tenir » l'Eglise captive, et se récompenser de ses pertes

» sur

>>

» sur Jésus-Christ même. On ne songe pas au don
particulier qu'a reçu l'ordre apostolique..... Ce
>> don nous est-il seulement accordé pour annon-
>>cer la sainte parole, ou pour sanctifier les ames
» par
les sacremens? N'est-ce pas aussi pour po
>> licer les Eglises, pour y établir la discipline,
» pour appliquer les canons inspirés de Dieu à
>>> nos saints prédécesseurs, et accomplir tous les
>> devoirs du ministère ecclésiastique » ?

C'est aux évêques comme aux magistrats que Bossuet adresse ces belles paroles; « * Tout l'uni» vers a les yeux sur vous; affranchis des intérêts » et des passions, sans yeux, comme sans mains, » vous marchez sur la terre, semblables aux esprits célestes, ou plutôt, images de Dieu, vous » en imitez l'indépendance »>.

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* Ibid.

Bossuet ne se refusoit à aucun genre de fatigue et de travail dans le cours de ses visites pastorales. Il recevoit à la confirmation tous ceux * qui lui étoient présentés par les curés, et qu'ils Ledien. jugeoient suffisamment instruits pour recevoir ce

sacrement.

Il avoit l'attention, pour ne pas arracher le peuple à ses travaux, de placer toujours ses visites aux époques de l'année où il est le moins occupé, à Noël, à Pâques, à la Pentecôte. Il y trouvoit d'ailleurs l'avantage de le voir mieux disposé par BOSSUET. Tome 11.

18

* Mts. de

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