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contraire, on y trouve de nombreuses contradictions, quand même ce ne serait que sur des points secondaires, si l'on n'y voit que désordre et incohérence, on reconnaît là à coup sûr les signes de la faiblesse humaine, et l'on doit nier l'autorité divine de ces livres qui malheureusement ne peuvent, même considérés comme œuvre humaine, offrir de témoignages satisfaisants.

Pour apprécier les témoignages, on doit considérer en eux-mêmes les faits qu'ils ont pour objet d'établir. Ici, nous trouvons des événements invraisemblables et contraires à l'ordre naturel, tel du moins que le connaît l'humanité depuis qu'elle existe. On ne doit donc accueillir de semblables récits qu'avec une très-grande défiance. Qu'un certain nombre de témoins vienne nous attester des faits vraisemblables, conformes à ce qui se passe habituellement sous nos yeux, s'il ne s'élève aucun soupçon contre les témoins, nous admettrons sans difficulté leurs déclarations. Mais s'il s'agit d'un fait prodigieux, en dehors de tout ce que nous connaissons, d'un fait que nous devons regarder comme impossible dans l'état actuel de la science, il est certain que l'admission en sera beaucoup plus difficile, que ce fait sera extrêmement suspect; et même on n'hésitera pas à le rejeter si ceux qui l'attestent sont des gens ignorants, crédules, qui ne paraissent même pas se douter des précautions à prendre pour bien observer, pour n'être pas trompé par les apparences. Sans doute, si un grand nombre d'hommes éclairés et judicieux, après s'être entourés de toutes les précautions que peut fournir la science, venaient faire, sur des faits comme ceux dont nous venons de parler, un rapport parfaitement circonstancié, énonçant toutes les mesures prises pour que les observateurs ne fussent pas dupes d'une illusion ou d'une jonglerie; alors nous serions bien obligés d'admettre le fait, dùt-il contredire les idées préconçues sur les limites du possible. Mais pour en venir là, il nous faudra plus que les témoignages discordants de deux hommes aussi crédules et aussi peu sagaces que Matthieu et Jean qui acceptent tout les yeux fermés, et qui auraient regardé comme un sacrilége de contrôler les miracles qu'ils racontent.

On doit se demander lequel est le plus probable, ou que pendant un laps de trois à quatre ans, les lois constantes de la nature

aient été à chaque instant bouleversées, ou que les deux hommes qui rapportent ces événements prodigieux aient dit le contraire de la vérité. Dans cette alternative, aucun homme de bon sens n'hésitera à reconnaître que la seconde hypothèse est de beaucoup la plus admissible. S'il se présentait devant un apologiste du christianisme, deux fervents musulmans, venant attester que leur maître, un ma rabout du centre de l'Afrique, a fait sous leurs yeux une foule de miracles, a ressuscité des morts et a fini par s'élever au ciel, certes, quand même ces deux témoins jouiraient d'une réputation irréprochable, notre théologien ne leur ferait pas l'honneur de discuter s'ils sont trompés ou trompeurs, et ne prendrait pas même leurs relations au sérieux.

§ 3. Si les apôtres ont pu être trompés ou trompeurs.

Est-il vrai que les apôtres n'aient pu être trompés ni trompeurs?... Avec leur préoccupation qui les portait à voir partout des miracles, ils ont dû être facilement trompés; et il est certain qu'une grande partie des miracles rapportés dans les évangiles, peut s'expliquer ou par d'adroites combinaisons ou par des rencontres fortuites. Par exemple, que des pêcheurs qui n'ont rien pris pendant une nuit, lèvent leurs filets et les trouvent abondamment remplis de poissons, que cet heureux coup de fortune ait lieu lors de l'arrivée d'une certaine personne (Luc, v); c'est ce qui peut arriver tous les jours; seulement, des gens sensés ne rattacheront pas ces deux faits ensemble et ne feront pas de l'un la cause de l'autre ; tandis que l'homme superstitieux attribuera le succès de la pêche au pouvoir magique du nouvel arrivant et dira: Post hoc, ergo propter hoc. Jusque-là, il n'y a pas d'illusion sur le fait lui-même, mais erreur sur les conséquences qu'on en tire; puis, plus tard, le récit se teindra d'une couleur merveilleuse et s'embellira d'accessoires où la vérité sera altérée, sans que l'auteur du récit s'aperçoive des additions qu'il aura faites ou laissé faire à une aventure qui dès l'origine avait pour lui un caractère surnaturel. - Voici encore comment un fait très-ordinaire a pu prendre les proportions d'un miracle. Jésus et ses disciples naviguent dans une barque, une tempête survient, les

disciples s'alarment et remarquent que Jésus dort tranquillement. On le réveille en disant: Maître, nous allons périr. Jésus a pu répondre que celui qui avait confiance en Dieu, ne craignait point la fureur des orages. Cependant, malgré la tempête, la barque arrive au port. Plus tard, les disciples se rappellent avec admiration le calme religieux du maître au milieu de la consternation générale; ils s'exagèrent à eux-mêmes le danger qu'ils couraient, ce qui fait ressortir d'autant plus le courage de Jésus. Ils se persuadent facilement qu'ils n'ont échappé à une mort inévitable qu'à cause de sa présence; dès lors il faut bien attribuer à celui-ci un pouvoir sur la nature. On le fera donc commander aux flots. On arrive ainsi au récit merveilleux qui se trouve dans les Évangiles (MAT., VIII).

Dans beaucoup de cas, l'erreur des témoins peut porter sur les faits ou sur certaines circonstances qui leur donnent un caractère surnaturel. Ainsi rien n'est plus facile que de produire des voix célestes, de faire paraître du vin à la place de l'eau, de machiner une transfiguration, etc. Ceux qui assistent à de pareils faits et qui ne jugent que sur les apparences, sans chercher à vérifier, peuvent de bonne foi composer des relations qui trompent le lecteur sur la nature de ce qui s'est passé. S'est-on bien assuré si ceux que Jésus guérissait étaient réellement malades ou infirmes, si ceux qu'il ressuscitait étaient bien morts ?... Ne sait-on pas que, dans bien des solennités, des truands sont chargés de jouer le rôle de boiteux ou de paralytiques, et jettent triomphalement leurs béquilles au moment du contact de la châsse miraculeuse ?... Dans le plus grand nombre des cas, et en supposant même que Jésus n'ait pas cherché à s'entourer du prestige d'un thaumaturge, ses disciples qui croyaient marcher sans cesse au milieu du merveilleux, ont pu s'abuser et voir des prodiges dans les choses les plus simples. Leur imagination frappée de l'impression produite par un homme supérieur a pu ensuite, même étant admise la bonne foi de part et d'autre, exagérer les faits ou les dénaturer par l'addition des circonstances merveilleuses.

Il est encore une circonstance très-défavorable et qui doit frapper de suspicion les relations des évangélistes, c'est le long temps écoulé depuis les événements jusqu'à la rédaction des évangiles. D'après

les auteurs.ecclésiastiques, Matthieu aurait écrit son évangile, soit en l'an 41, soit en 61 (1), et Jean n'aurait écrit le sien qu'en l'an 100, étant centenaire ou à peu près (2). Or, après d'aussi grands intervalles, il est impossible de pouvoir retracer les faits avec une exactitude parfaite, même quand il s'agit d'événements ordinaires. La difficulté s'accroîtra encore quand il s'agira d'aventures réputées miraculeuses dont le héros est réputé envoyé de Dieu alors le narrateur aura beau être sincère, il subira l'influence de ses préjugés et des événements survenus dans l'intervalle; il ajoutera au fait qu'il voudra retracer une foule de circonstances propres à l'embellir; les choses lui apparaîtront dans le lointain, environnées d'une auréole céleste et transfigurées; il sera infidèle sans le vouloir et même sans le savoir.

Les évangélistes ont-ils été trompeurs? C'est ce que nous ne prendrons pas sur nous de décider. Nous dirons seulement que la volonté de tromper peut s'expliquer chez eux, ou par le désir de devenir chef de secte et de jouer un rôle brillant, ou par l'intention de servir, même par des fraudes pieuses, ce qu'ils croyaient être la cause de Dieu. En supposant que la fraude ait eu lieu, ceux qui l'exécutaient pouvaient la croire sans danger. Les apôtres, en quittant la Judée, terre de l'intolérance, et en se dispersant dans les diverses parties de l'empire romain, devaient s'attendre à y trouver la liberté illimitée en matière de propagande religieuse. Et même, quand les dangers survinrent, les chefs de la nouvelle secte étaient trop avancés pour pouvoir reculer; une rétractation les eût couverts de honte aux yeux de leur parti, sans pouvoir les sauver. Il fallait donc persister dans la voie une fois prise. L'exemple de Matthieu qui, comme nous l'avons dit d'après les Pères de l'Église, échappa à tous les dangers et vécut tranquillement jusqu'à une grande vieillesse, prouve que le rôle d'évangéliste n'exigeait pas de sacrifice héroïque. Donc celui qui, en prenant la plume, eût voulu tromper, n'en aurait pas été nécessairement détourné par la perspective des dangers auxquels sa narration l'eût exposé. On peut donc admettre au moins comme possible la volonté de tromper.

(1) Bergier, vo Matthieu.

(2) Id., vo Jean.

L'imposture aurait-elle pu réussir?... Pour soutenir la négative, on a supposé les apôtres se présentant devant les habitants de Jérusalem et des autres villes qui avaient été le théâtre de la vie de Jésus, et venant leur alléguer comme accomplis sous leurs yeux, des faits imaginaires; et l'on n'a pas eu de peine à faire voir ce qu'une pareille tentative aurait eu d'insensé. Mais les choses ont pu se passer tout autrement. Puisque tous les livres du Nouveau Testament (sauf, comme nous l'avons dit, l'Évangile de Matthieu et l'Épître de Paul aux Hébreux), ont été composés en grec, nous devons en conclure qu'ils n'ont pas été destinés aux habitants de la Palestine, mais à ceux des parties orientales de l'empire romain où la lanque grecque était en usage. Ainsi, quant à ces ouvrages, la prétendue impossibilité disparaît, et l'on avait beau jeu, quand on racontait à Corinthe, à Alexandrie ou à Smyrne, ce qui s'était passé à Jérusalem, de mêler les fables à la vérité. Quant à l'Évangile de Matthieu, on ne sait ni à quelle époque précise il a été publié, ni à quelle population il a été adressé, ni quel genre de publicité il a reçu en commençant : par conséquent, on ne peut savoir si les premiers qui en ont eu connaissance étaient à même d'en vérifier l'exactitude. Il y avait beaucoup de Juifs répandus en dehors de la Palestine; ils ignoraient complétement tout ce qui concernait la vie de Jésus, et se trouvaient à cet égard dans la même position que les populations helléniques; par conséquent rien n'était plus facile que de leur en imposer sur le compte d'un homme dont la réputation, pendant sa vie, n'avait pas dépassé le cercle extrêmement étroit de la Galilée et de quelques villes juives. Si la publication de l'Évangile de Matthieu n'a eu lieu (comme c'est fort probable) qu'après la destruction de Jérusalem par Titus et la dispersion des Juifs, les moyens de tromper impunément se trouvaient encore accrus; et rien ne se conçoit mieux que la supposition de faits imaginaires remontant à une quarantaine d'années, quand les individus qui auraient dû en être témoins, étaient ou morts ou dispersés.

Remarquons, en outre, que, chez les Juifs de cette époque, l'apparition d'un livre rapportant comme vrais des faits miraculeux qui n'auraient pas eu lieu, n'a pas dû produire l'étonnement qu'une semblable tentative causerait chez les peuples modernes. On était

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