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pourquoi il aurait parlé de villages; car pour juger du mérite d'une cure et pour apprécier si elle dépasse, ou non, le pouvoir de l'homme, il importe peu qu'elle ait lieu à la ville ou à la campagne. Si, dans ce passage, Julien concède la réalité des guérisons, il ne dit pas qu'elles aient été faites miraculeusement, et c'est là le point essentiel. On peut, par des moyens naturels, guérir (du moins en certains cas) des boiteux et des aveugles, et à plus forte raison, des gens qui se crolent démoniaques. Ces cures peuvent compter comme de grands exploits pour un médecin, mais non pour un Dieu. Voici le second des fragments de Julien, invoqués par les apologistes : « Quel bien Jésus a-t-il fait à ses parents? Car ils ne voulurent pas, dit-il, lui obéir. Et pourtant ce peuple au cœur dur et à la tête de pierre a bien obéi à Moïse. Mais, quoi! Jésus qui commandait aux Esprits, qui marchait sur la mer, qui chassait les démons, qui a fait le ciel et la terre, comme vous le prétendez (aucun de ses disciples n'a osé dire cèla de lui, si ce n'est le seul Jean, et encore on ne peut accorder qu'il l'ait dit clairement et explicitement), ce Jésus n'a pu changer les cœurs de ses proches et de ses amis pour leur salut (SAINT CYRILLE, loc. cit.)! » Il est clair que ce n'est pas là une reconnaissance de la réalité des miracles attribués à Jésus, et que les mots comme vous le prétendez régissent toute l'énumération qui précède. Cet argument est le même que celui d'une foule d'incrédules qui disent: Quoi! Jésus qui faisait tant de miracles ne pouvait convaincre les esprits de sa divinité !... Ce n'est pas admettre que les miracles aient eu lieu ; c'est une objection contre l'argument tiré des miracles et contre la stérilité de sa mission. Il reconnaît si peu la réalité des miracles, qu'il dit, dans un endroit de son ouvrage, que bientôt il va traiter des fraudes des évangiles; saint Cyrille, qui cite ce passage au commencement de son VIIe livre, ne nous a pas conservé ce que dit Julien des prodiges et des fraudes; c'est là qu'on eût pu voir ses véritables sentiments sur les faits apportés dans les évangiles.

Voilà quelles sont les concessions tant vantées des ennemis du christianisme. Ils ne pouvaient avoir, par eux-mêmes, aucune connaissance des miracles de Jésus, qui n'étaient appuyés que sur le témoignage des chrétiens; ils n'en savaient pas plus à ce sujet que

nous n'en savons nous-mêmes; et leurs aveux, eussent-ils été parfaitement explicites, n'auraient eu rien de probant. Mais tout ce que nous pouvons voir dans leurs jugements, c'est qu'au lieu de discuter les témoignages des chrétiens, ils préféraient discuter les conséquences que ceux-ci en tiraient.

Les miracles étaient alors une chose vulgaire on en attribuait à une foule de personnages, à Simon dit le Magicien, à Apollonius de Tyane, à l'empereur Vespasien, etc., sans que l'on se crût obligé d'ériger, pour cela, ces hommes en dieux ou même en envoyés des dieux. Les sectes ennemies se faisaient d'étranges concessions qui ne prouvaient pas plus d'un côté que de l'autre. Ainsi nous demanderons aux chrétiens si les aveux des Pères prouvent la réalité des miracles du paganisme. Par exemple, Tertullien qui regarde les dieux païens comme des démons, admet les miracles qui leur sont attribués et en énumère un grand nombre; il affirme qu'ils peuvent se transporter en un instant d'un lieu à l'autre et connaître ce qui se passe à une distance immense; qu'ils sont répandus dans l'air, portés sur les nuées, voisins des astres, et ont ainsi la facilité de prédire les changements de temps; qu'ils peuvent causer des maladies et des guérisons, etc.; et que tous ces prodiges ont pour but d'attirer à ces malins esprits les adorations des hommes (Apol., ch. xx11, xxIII). Minucius Félix dit que ce sont les démons qui opèrent les prodiges des magiciens, qui donnent de l'efficacité à leurs enchantements, qui font qu'on voit ce qu'on ne voit pas et qu'on ne voit pas ce qu'on voit, qui troublent la vie, tourmentent le monde, qui font parler les statues, qui dictent les oracles parmi lesquels il s'en trouve de véridiques (Octavius, ch. xxv). Lactance, dans ses Institutions divines (liv. II), ne fait aucune difficulté d'admettre comme vrais les récits des miracles opérés par les dieux grecs et romains, et il les explique aussi par le pouvoir des démons; selon lui, c'étaient des diables qui se cachaient dans les statues de dieux et proféraient les oracles: quand le grand dragon amené d'Épidaure délivra Rome de la peste, ce n'était rien moins que Satan en personne et sous sa forme naturelle (liv. II, ch. xv11) (1).

(1) Suivant Lactance (Instit. div.), les miracles de Jésus n'ont de valeur

Saint Irénée (Adv. Hæres., liv. II, ch. LV1), saint Justin (Ad orthodox. quæst. 100 in append.), Origène (Homil. xIII in Numeros), saint Augustin (De civitate Dei, liv. XX, ch. xvI; Quæst. 21 in Exod.), reconnaissent positivement aux gentils et aux hérétiques la faculté de faire, comme les chrétiens orthodoxes, toute espèce de miracles (1).

Quant aux Talmudistes, ils partageaient la crédulité superstitieuse de leur nation en y ajoutant les rêveries de la Kabbale, et croyaient par exemple à la possibilité d'opérer de grands prodiges en prononçant le nom de Dieu d'une certaine manière. Qu'y a-t-il d'étonnant que des gens imbus de tels préjugés et persuadés que le pouvoir miraculeux pouvait appartenir aussi bien aux pervers qu'aux gens de bien, aient répété sans examen une partie des récits chrétiens? Les Juifs qui les ont accueillis (2), écrivaient à une époque déjà éloignée de la mort de Jésus; ce n'était point un témoignage qu'ils venaient apporter sur des faits qui leur étaient inconnus; ils se faisaient inconsidérément l'écho de traditions dont ils ne se donnaient pas la peine de peser la valeur, et par conséquent leur déclaration ou plutôt leur enregistrement des miracles de Jésus n'en prouve aucunement la vérité et ne donne aucune force aux récits évangéliques. Ce qui prouve que les Juifs des premiers siècles étaient bien loin de reconnaître la vérité de ces faits, c'est que, d'après saint Justin qui vivait vers le milieu du e siècle, les Juifs auraient dépêché des émissaires chez leurs compatriotes disséminés de tous côtés, pour les mettre en garde contre les récits mensongers qui se débitaient sur un certain Jésus (3).

Les apologistes nous disent que les ennemis du christianisme n'ont pas nié les miracles parce qu'ils n'ont pu le faire; nous leur

que parce qu'ils ont été prédits, de sorte que, d'après ce Père, la vérité du christianisme dépend uniquement des prophéties. Le lecteur a pu juger, d'après l'examen que nous en avons fait (ch. vi), de la solidité de cette base.

(1) Voir DOM CALMET, Dissertation sur les miracles, Bible d'Avignon,

t. II.

(2) Dans le Toldos-Jeschu, recueil de contes ineptes.

(3) Dialogue de Tryphon, ch. cvil.

répondons que les uns les ont niés, tels que Celse, que d'autres n'en ont pas discuté la réalité, parce qu'une telle discussion n'entrait pas dans leur plan, et qu'en tous cas l'aveu même complet de ces ennemis ne pourrait faire preuve par lui-même, parce qu'il ne serait qu'une répétition des récits chrétiens, faite par des gens hors d'état d'en vérifier l'exactitude.

§ 5.

Du silence des auteurs contemporains sur Jésus.

C'est chez les auteurs contemporains de Jésus, qu'on devrait s'attendre à trouver des témoignages ou au moins des renseignements sur les faits si importants racontés par les évangélistes. D'après ces derniers, la renommée de Jésus aurait jeté le plus vif éclat : ils nous le représentent semant les prodiges sur ses pas, guérissant miraculeusement une foule de malades, dissipant d'un mot, et sans emploi d'aucun moyen naturel, les infirmités les plus rebelles aux efforts de l'art, créant des aliments pour nourrir la multitude, enfin ressuscitant les morts, et attirant sur lui, par des actions aussi extraordinaires, l'attention générale. Et ce n'est pas en secret qu'il opère la plupart de ces merveilles, c'est dans toute l'étendue de la Palestine, depuis Jérusalem jusqu'aux frontières de la Galilée, et jusque dans le voisinage de Tyr et de Sidon. Dès le commencement de sa prédication, sa réputation se répand par toute la terre (MAT., iv, 24); la foule accourt de toutes parts pour entendre sa voix et pour participer aux bienfaits de son action miraculeuse. Plusieurs de ses œuvres ont un retentissement qui se répand au loin. Les Grecs eux-mêmes, frappés de tout ce qu'ils entendent dire de lui, sont avides de contempler ce personnage extraordinaire (JEAN, XII, 20 et suiv.). Les habitants de la capitale se pressent autour de lui et l'accueillent par des cris d'allégresse; des voix célestes proclament son caractère divin (id., XII, 28-30). Tout le parti sacerdotal, jaloux de sa popularité et inquiet des progrès d'une doctrine qui menace d'anéantir l'ancienne constitution religieuse, forme le dessein de le perdre. Jérusalem tout entière s'émeut de ce grand procès (Luc, XXIV, 18). Celui que de nombreux disciples saluaient comme prophète et comme messie, périt victime

de la haine des hommes puissants; le procurateur romain confesse son innocence et pourtant le livre aux bourreaux. Mais sa mort est signalée par des prodiges effrayants: la terre tremble, le soleil perd sa lumière, le voile du temple se déchire, les morts apparaissent; et, quelques jours après, le Juste sort victorieux du tombeau. Pour que tant de miracles accumulés n'aient pas seulement pour témoin la population de Jérusalem, ces événements extraordinaires se passent aux fêtes de Pâques qui attirent de toutes les contrées une quantité innombrable d'étrangers. Tous ces hommes n'auront pas manqué d'aller propager partout la nouvelle de tant de merveilles, et le nom de l'homme qui a parlé en maître à la nature, aura sans doute volé de bouche en bouche par toute la terre. Comme il s'annonçait pour rédempteur du genre humain, il n'est pas une nation qui ne doive aussitôt savoir que le sauveur du monde a accompli son sacrifice volontaire et apporté à tous les hommes la loi divine. On va sans doute trouver chez tous les peuples des traces nombreuses et manifestes de ces événements: il n'est pas un auteur contemporain qui ne doive parler de Jésus, de sa vie, de sa mort et de sa résurrection.... Hélas! bien loin que les choses se soient passées ainsi, il n'est pas un seul écrivain contemporain qui fasse de lui la moindre mention, ni qui ait même soupçonné son existence. Ce n'est qu'environ quatre-vingts ans après sa mort, que Tacite dit quelques mots d'un certain Christus mis à mort sous Pilate et qui avait donné son nom à la secte chrétienne (Annal. xv, 44); et encore il n'en parle que comme d'un homme obscur, dont il ne sait rien, si ce n'est que le supplice infligé sous Néron à quelques chrétiens avait révélé au public romain le nom de celui que cette secte reconnaissait comme son fondateur.

Mais si Jésus avait réellement fait tout ce que les évangélistes lui attribuent, si même de son vivant il s'était fait une si grande réputation, son nom et ses œuvres auraient été parfaitement connus des Romains, ce n'est qu'avec respect que dans tout l'empire on se serait entretenu d'un personnage aussi prodigieux. Tacite, qui précisément raconte la guerre de Judée et fait mention de Moïse, d'après les vagues notions qu'il avait recueillies (Hist., liv. V, ch. 111 et seq.), n'eût pas manqué de parler d'un homme bien plus grand que Moïse

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