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assure et cela est très-vraisemblable, qu'il y a eu 6000 souscripteurs. Voyez le prospectus, pag. 1, article premier, Mai 1789.

4 MAI.

I paroît un Ouvrage intitulé Histoire du naufrage et de la captivité de M. Bris Son Officier de l'administration des colonies, in-8°. de 200 pages.

Les souffrances qu'à essuyées M. de Erisson dans la captivité parmi les braves du désert, sont telles que le plus hardi Romancier n'auroit osé les imaginer, et rendent la lecture de ses mémoires intéressante et touchante à-la-fois.

Le Journal de Paris termine ainsi l'extrait qu'il en donne..

« Il ne rencontrait plus dans les champs ses infortunés compagnons, il regret» toit sur-tout la société du capitaine.. Un soir il le trouve étendu sur le sable »et a peine à le reconnoître autrement que par la couleur de son corps. Il avoit dans la bouche une de ses mains que » son extrême foiblesse l'avoit empêché » de dévorer. La faim l'avoit tellement

» changé, qu'il ne présentoit plus à l'œil qu'un cadavre hideux ». Peu de jours après, le second capitaine, tombé d'épuisement sous un gommier, reste en proie aux attaques d'un serpent monstrueux. Des corbeaux affamés épouvantent par leur cris l'animal venimeux, et se jettent sur le mourant qu'ils déchirent par morceaux. Quatre sauvages, monstres plus cruels encore que le reptile furieux, témoins de cette scène, laissoient le pauvre malheu reux se débatre en vain. M. de Brisson veut courir pour tâcher de le sauver, s'il en est temps encore. Les barbares l'arrêtent et l'insultent. Egaré, il s'éloigne de ce lieu d'horreur, ne sachant de quel côté tourner ses pas. Successivement presque tous les prisonniers succombent, et il n'avoit plus personne avec qui s'entretenir de ses chagrins la soif le jettoit dans des accès de fureur inconcevables; les Arabes eux-mêmes mou roient de faim et de soif. On conservoit avec un soin ticulier l'eau déposée dans l'estomac des chameaux, et on faisoit cuire la viande avec cette eau verdâtre. Enfin ce beau

par

frère de son maître l'achete moyennant cinq chameaux. Ses affaires le conduisent à la cour de l'Empereur de Maroc, et il l'emmène avec lui, par bonheur ce prince étoit satisfait du nouveau Consul de France et des présens qu'il en avoit reçus : il accorde la liberté à tous les prisonniers, et M. de Brisson est du nombre.

:

C'est sur-tout en lisant sa relation que l'on sent la justesse de l'adage de Boileau le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable, la vérité surpasse ici trèsréellement les bornes de l'imagination. Nous avons actuellement à Paris deux hommes bien extraordinaires par leur courage dans l'excès de l'infortune, M. le Baron de Trenck et M. de Brisson, mais ce qu'il a peut-être de plus étonnant enc'est qu'ils aient eu la possibilité de résister à tant de tourmens; il faut que leur constitution soit aussi forte que leur ame. L'histoire de M. de Brisson est écrite d'un ton simple et naturel; elle n'en intéresse que d'avantage; de tels faits n'ont pas besoin du faste de

core

l'éloquence pour attacher les lecteurs. Ce voyageur décrit à la fin de sa relation, la cour du Roi de Maroc et les mœurs des Afriquains, il ne flatte ni le prince, ni les sujets. A l'égard de l'Empereur, » que pensera-t-on, dit-il, d'un prince qui, sur l'idée qu'on lui avoit suggérée, que j'étois sans doute un chrétien plus distingné que les autres, parce que j'étois plus proprement habillé, et que le Consul me marquoit des égards, oublie tout ce qu'il a promis, et envoie à Mogador des ordres de m'arrêter, et de me ramener à Maroc ? Heureusement les vents m'avoient déja porté loin quand le courier vint signifier au gouverneur les ordres de son maître ». Les Arabes du désert sont si ignorans, que non-seulement ils s'estiment le premier peuple du monde, mais qu'ils ont encore la sotte présomption de croire que le soleil ne se lève que pour eux. Plusieurs d'entre eux disoient à M. de Brisson : << Contemple cet astre qui est inconnu dans ton pays. Pendant la nuit, vous n'êtes point. éclairés comme nous par cette lumière

qui règle nos jours et nos jeûnes. Ses enfans [c'est ainsi qu'ils appellent les étoiles], nous indignent les heures de nos prières. Vous n'avez ni arbres, ni cha

nous;

meaux, ni moutons, ni sable, ni chèvres, ni chiens. Vos femmes sont-elles faites comme les notres? Combien es-tu resté de temps dans le sein de ta mère, lui disoit l'un d'eux? Autant, répondoit-il, que toi dans celui de la tienne. En effet, reprit un second, en lui comptant les doigts des pieds et des mains, est fait comme il ne différe que par la couleur et le langage, il m'étonne. Semez-vous de l'orge dans vos maisons? [Nom qu'ils donnent à nos navires], non, lui dit-il, nous ensemençons nos terres à-peu-près dans la même saison que vous préparez les vôtres. Comment s'écrièrent plusieurs d'entr'eux, vous habitez donc la terre! Nous avions cru que vous naissiez et viviez sur la Mer ». En lisant le récit des cruautés de ces hommes stupides, on ne peut s'empêcher de douter que J. J. Rousseau eut persisté à faire le panégyrique de l'ignorance des sauvages.

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