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première, c'est le droit de faire des lois et des >> réglemens: droit essentiel à toute société. Aussi » les apôtres, en fondant des églises, leur don» nèrent des règles de discipline qui furent long>> temps conservées par la simple tradition, et >> ensuite écrites sous le nom de Canons des Apó» tres et de Constitutions apostoliques. Les con» ciles, qui se tenoient fréquemment, faisoient » aussi, de temps en temps, quelques réglemens; >> et c'est ce que nous appelons les Canons, du mot » grec, qui signifie règle ».

Dira-t-on que la discipline est une chose extérieure, et que ce qui est extérieur est du ressort du magistrat? Ce n'est là qu'un sophisme. L'Eglise n'a pas à gouverner de purs esprits,

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mais des hommes; elle est essentiellement une société extérieure et visible s'il falloit placer hors de sa compétence tout ce qui est extérieur, sa puissance toute entière se trouveroit anéantie. En effet, l'enseignement de la doctrine et des préceptes des moeurs, l'administration des sacremens, la liturgie, les cérémonies du culte, ces choses et bien d'autres semblables, ne sont pas purement spirituelles de la même manière que la pensée; elles sont extérieures, elles se manifestent aux sens sous des formes visibles et pal

pables; et toutefois qui oseroit dire, s'il est catholique, , que le prince en est l'arbitre suprême?

Qu'un objet ait quelque chose d'extérieur ou non, dès qu'il se rapporte directement à une fin spirituelle, comme la sanctification des ames, on doit le regarder comme un objet spirituel, qui est du ressort de la puissance spirituelle; il n'est pas plus donné au magistrat de régler la discipline ecclésiastique, parce qu'elle est extérieure, qu'il n'est donné au Pontife de régler les contrats civils, sous prétexte que la morale et la conscience, choses spirituelles, y sont intéressées. Bossuet n'ignoroit pas que la discipline est extérieure, et toutefois il a dit (1) : « Dans les af>> faires non-seulement de la foi, mais encore » dans tout ce qui concerne la discipline ecclé »siastique, aux princes la protection, la dé» fense, l'exécution des canons et des règles ec» clésiastiques, à l'Eglise la décision >>.

On se plaît à répéter cette maxime : que l'Eglise est dans l'Etat, et non l'Etat dans l'Eglise ; mais, ou bien ce n'est là qu'un jeu de mots; ou bien, si l'on veut y attacher un sens raisonnable, il est manifeste que l'Etat est dans l'Eglise de la

(1) Polit. sacrée, liv. VIII, art. v, prop. 11.

même manière que l'Eglise est dans l'Etat. Oui, l'Eglise est dans l'Etat, c'est-à-dire, que tous ses membres, les évêques, les prêtres, comme les simples fidèles, sont soumis au magistrat dans les choses civiles et politiques; oui, l'Etat est dans l'Eglise, en ce sens que les magistrats, comme le peuple, sont soumis à l'Eglise dans les choses de la religion. Écoutons encore Fénélon dans le discours déjà cité : « En vain quel» qu'un dira que l'Eglise est dans l'Etat. L'Eglise, » il est vrai, est dans l'Etat pour obéir au prince » dans tout ce qui est temporel; mais quoiqu'elle >> se trouve dans l'Etat, elle n'en dépend ja>> mais pour aucune fonctions spirituelles.... Le » monde, en se soumettant à l'Eglise, n'a point » acquis le droit de l'assujettir.... L'Empereur, » disoit saint Ambroise, est au dedans de l'Eglise, » mais il n'est pas au-dessus d'elle.... L'Eglise » demeura sous les empereurs convertis aussi » libre qu'elle l'avoit été sous les empereurs ido» lâtres et persécuteurs; elle continua de dire, >> au milieu de la plus profonde paix, ce que » Tertullien disoit pour elle pendant les persćcutions. Non te terremus, qui nec timemus ; » nous ne sommes point à craindre pour vous, » et nous ne vous craignons point; mais prenez

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garde, ajoutoit-il, de ne combattre pas contre » Dieu. En effet, qu'y a-t-il de plus funeste à la » puissance humaine, qui n'est que foiblesse,

que d'attaquer le Tout-puissant? Celui sur qui » cette pierre tombe, sera écrasé; et celui qui tombe » sur elle, se brisera ».

N'abusons pas de cette parole sacrée : Mon royaume n'est pas de ce monde. Il est vrai; JésusChrist n'est pas venu fonder un de ces royaumes temporels qui n'embrassent que les intérêts de la terre; son Eglise ne règne pas sur les peuples de la même manière que les princes; elle ne les domine pas par la force des armes, la terreur des peines afflictives, la distribution des dignités et des récompenses temporelles; elle ne leur donne pas des lois civiles et politiques : mais son empire, quoique spirituel, s'exerce sur des hommes; sans être de ce monde, il est dans ce monde ; il ne se borne pas au temps présent, mais enfin il est passagèrement sur la terre, et il ne peut régir des hommes que par des choses extérieures et sensibles toute spirituelle dans sa fin, l'Eglise, société d'hommes, est donc nécessairement extérieure dans ses moyens.

Dans l'Etat, il n'est rien, qui, d'une manière ou d'une autre, ne puisse influer sur le bien de

la Religion; et dans la Religion, il n'est rien qui ne puisse aussi exercer une influence quelconque sur le bien de l'Etat. De-là qu'est-il arrivé? C'est que certains jurisconsultes françois ont raisonné, par rapport aux princes, comme les canonistes ultramontains raisonnoient autrefois en faveur des papes. Ces canonistes vouloient que le souverain Pontife dominât sur l'ordre temporel, parce que celui-ci intéressoit la religion; et ces jurisconsultes ont voulu que le Prince dominât sur l'ordre spirituel, parce que celui-ci intéresse l'Etat. Marchons entre ces deux excès; n'ayons pas la témérité de confondre ce que le divin Maître a séparé, et soyons fidèles à la maxime qu'il nous a enseignée, de rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu.

Dans la suite des siècles on a vu arriver ce qui devoit naturellement avoir lieu, d'après le cours ordinaire des choses humaines : les princes ont accordé des priviléges temporels à l'Eglise, en reconnoissance des secours puissans qu'ils en tiroient pour le gouvernement des peuples; et l'Eglise, à son tour, en échange de la protection qu'elle recevoit des princes, les a rendus participans de son autorité; aussi l'histoire nous présente une foule de circonstances où le Pontife et le Prince

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