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torze toises de long, en quatre sections, laissent entre elles des espaces vides de quarante-six toises. Les voltigeurs de la première ligne sont, en partie, dispersés en avant du front de bataille, et en partie pelotonnés derrière leurs cohortes, près des intervalles qui les séparent: ceux de la deuxième ligne sont pelotonnés par demi-compagnie, sur les flancs de leurs colonnes.-La cavalerie se tient en réserve sur les flancs, à hauteur de la seconde ligne, et l'artillerie légionnaire forme une seule batterie à cinquante toises en avant d'une des ailes......"

Une armée romaine se campait et se rangeait en bataille, toujours dans le même ordre ; elle se renfermait dans un carré de trois à quatre cents toises de côté; elle passait quelques heures à s'y fortifier: alors elle s'y croyait inattaquable. S'agissait-il de donner bataille, elle se rangeait sur trois lignes éloignées de cinquante toises entre elles; la cavalerie sur les ailes. L'officier de l'état-major, chargé de tracer un camp, ou de ranger une armée en bataille, ne faisait qu'une opération mécanique; il n'avait besoin ni de coup-d'oeil, ni de génie, ni d'expérience. Chez les modernes, au contraire, l'art d'occuper une position, pour y camper ou pour s'y battre, est soumis à tant de considérations, qu'il exige de l'expérience, du coup-d'œil, du génie. C'est l'affaire du général en chef lui-même, parce qu'il y a plusieurs manières d'avoir un camp, ou de

prendre un ordre de bataille, dans une même position.

Sempronius fut battu à la Trebbia, et Varron à Cannes, quoiqu'ils commandassent à des armées plus nombreuses que celle de l'ennemi ; parce que, conformément à l'usage établi parmi les Romains, ils rangèrent leur armée en bataille, sur trois lignes, tandis qu'Annibal rangea la sienne en une seule ligne. La cavalerie carthaginoise était supérieure en nombre et en qualité. Les armées romaines furent, à la fois, attaquées de front, prises en flanc et à dos; elles furent défaites. Si les deux consuls romains eussent pris l'ordre de bataille le plus convenable aux circonstances, ils n'eussent point été débordés: ils eussent peut-être été vainqueurs !

Une armée doit-elle occuper un seul camp, ou doit-elle en occuper autant qu'elle a de corps ou de divisions? A quelle distance doit camper l'avant-garde et les flanqueurs? Quel front et quelle profondeur doit avoir le camp? Où doit-on placer la cavalerie, l'artillerie, et les chariots? L'armée doit-elle se ranger en bataille, sur plusieurs lignes, et quelle distance doivent-elles mettre entre elles? La cavalerie doit-elle être en réserve derrière l'infanterie ou placée sur les ailes? Doit-on mettre en action,

dès le commencement de la bataille, toute son artillerie, puisque chaque pièce a de quoi nourrir son feu pendant vingt-quatre heures, ou doit-on en tenir la moitié en réserve? La solution de toutes ces questions dépend des circonstances: 1o du nombre de troupes, de celui de l'infanterie, de l'artillerie et de la cavalerie qui composent l'armée; 2° du rapport qui existe entre les deux armées; 3° de leur moral; 4° du but qu'on se propose; 5° de la nature du champ de bataille; 6o de la position qu'occupe l'armée ennemie, et du caractère du chef qui la commande. On ne peut et on ne doit prescrire rien d'absolu.-Il n'y a point d'ordre naturel de bataille chez les modernes.

La tâche qu'a à remplir le commandant d'une armée, est plus difficile dans les armées modernes, qu'elle ne l'était dans les armées anciennes : il est vrai aussi que son influence est plus efficace sur le résultat des batailles. Dans les armées anciennes, le général en chef, à quatre-vingts ou cent toises de l'ennemi, ne courait aucun danger, et cependant il était convenablement placé pour bien diriger tous les mouvemens de son armée. Dans les armées modernes, un général en chef, placé à quatre ou cinq cents toises, se trouve au milieu du feu des batteries ennemies, il est fort exposé; et

cependant il est déjà tellement éloigné, que plusieurs mouvemens de l'ennemi lui échappent. Il n'est pas d'actions où il ne soit obligé de s'approcher à la portée des petites armes. Les armes modernes ont d'autant plus d'effet qu'elles sont convenablement placées; une batterie de canon qui prolonge, domine, bat l'ennemi en écharpe, peut décider d'une victoire. Les champs de bataille modernes sont plus étendus, ce qui oblige à étudier un plus grand champ de bataille: il faut beaucoup plus d'expérience et de génie militaire, pour diriger une armée moderne, qu'il n'en fallait pour diriger une armée ancienne.

SIXIÈME NOTE.

DE LA GUERRE défensive.

.....

(Page 479.)

"Mais, lorsqu'on veut fermer les frontières d'un empire, presque uniquement par des lignes de forteresse, sans le concours des armées, l'opinion se partage sur l'efficacité de ce moyen Imaginons, pour fixer nos idées, une frontière, en pays ouvert, de cent lieues d'étendue, qu'on entreprend de couvrir par des places fortes, contre les entreprises des ennemis. Le système actuel veut qu'on éta. blisse trois lignes successives de forteresses, espacées entre elles d'une journée de marche, ou de cinq ou six lieues:

ainsi la défense totale de la frontière exige cinquante ou soixante places fortes. Supposons-en cinquante seulement, pour avoir au plus bas, et estimons la dépense de leur construction à quinze millions, l'une dans l'autre, y compris les abris voûtés indispensables, nous verrons que l'état se trouvera obligé de faire une dépense de sept cent cinquante millions pour une seule frontière......Mais ce laby. rinthe de places contraindra-t-il les armées envahissantes à s'arrêter pour se livrer aux longueurs interminables d'une guerre de siége, ou bien les obligera-t-il à laisser en arrière des forces supérieures, à celles des garnisons? Le raisonnement, éclairé par l'expérience, prouve que non.-Nos cinquante places à 6,000 hommes de garnison, l'une dans l'autre, absorberaient 300,000 hommes pour la défense; ce qui est, à peu près, le nombre de troupes que les grands états de l'Europe tiennent ordinairement sur pied; en sorte qu'on n'aurait plus d'armée à opposer aux armées envahissantes, et les autres frontières se trouveraient absolument dégarnies. Mais la raison et l'usage réclament également contre cette disposition de forces, et l'on se borne à laisser un tiers de garnison seulement, dans ce grand nombre de places qui, d'après leur situation reculée, ou leur éloignement des dépôts et des corps d'armée de l'ennemi, ne paraissent pas menacées d'un siége prochain, et qu'il suffit, par conséquent, de mettre à l'abri d'un coup de main. On propose même quelquefois, pour économiser les troupes de ligne, d'abandonner la garde de ces places aux habitans; mais cet abandon me paraît fort dangereux......

"

(Page 482.)

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.... Nous ne pouvons donc pas nous dispenser de au moins 100,000 hommes, pour garder cinquante forteresses; et nous aurons ainsi 100,000 hommes

consacrer

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