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put prendre la mer. L'amiral Calder avec sept vaisseaux, s'était mis à la poursuite de l'amiral Gantheaume, et était allé le chercher en Amérique, tant on avait mis d'adresse à donner le change aux espions anglais. Effectivement des agens de l'administration de la Guadeloupe et de Saint-Domingue et grand nombre d'habitans, hommes et femmes, s'embarquèrent à Brest, comptant aller en Amérique. La frégate la Régénérée est partie de Rochefort, elle a passé le détroit le 19 février, et elle est arrivée à Alexandrie le premier mars; ce qui est une preuve matérielle que l'amiral Gantheaume, qui avait passé le détroit le 6 février, y serait arrivé avant cette époque ; et ce n'est que le premier mars, que l'amiral Keith mouilla à Aboukir et débarqua l'armée d'Abercromby. Le général Friant, qui commandait à Alexandrie, aurait donc eu 8,000 hommes pour s'opposer au débarquement. Les Anglais eussent échoué, et l'Egypte était sauvée ; l'armée et les flottes anglaises étaient divisées par la guerre que la France et l'Espagne faisaient au Portugal, et par la quadruple alliance qui exigeait une flotte dans la Baltique. Depuis que l'on avait réussi à donner le change à l'amiral Calder, il n'y avait plus rien à craindre dans la Méditerranée.

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L'amiral français, ayant donc manqué de résolution, après avoir pris une frégate et une corvette anglaise, mouilla vers la mi-février dans le port de Toulon. Le premier consul fut très-mécontent; il le fit repartir, mais il ne put appareiller que le 19 mars. Il se rencontra sur les côtes de Sardaigne avec l'escadre de l'amiral Waren, qui s'était formée à Gibraltar; elle lui était inférieure; mais comme son objet n'était pas de combattre, il manoeuvra fort habilement, et pendant la nuit fit fausse route. Waren ne le voyant plus au point du jour fit route sur Alexandrie, pour se ranger sous les ordres de l'amiral Keith. Gantheaume eût dû également faire route, reconnaître le mont Carmel ou le mont Cassins, et débarquer sa petite armée à Damiette. Il y fût arrivé en avril; nous occupions encore Damiette, il eût encore sauvé l'Egypte. Au lieu de cela, il retourna encore à Toulon; le premier consul fut encore mécontent; il le fit repartir une troisième fois avec l'ordre de débarquer sa petite armée à Damiette en allant par les côtes de Syrie, ou de débarquer à El-Baratoun en attérant sur la côte d'Afrique. El-Baratoun est un bon port, il y a beaucoup d'eau ; d'El-Baratoun à Alexandrie, on trouve tous les jours de l'eau et des pâturages; il eût débarqué, avec les

5,000 hommes, deux mois de vivres, des outres et de l'argent. En cinq ou six jours de marche, ces 5,000 hommes seraient arrivés à Alexandrie. Gantheaume atteignit cette troisième fois le parage d'Egypte, le 8 juin; ces 5,000 hommes seraient donc arrivés du 15 au 20 juin, dans le moment le plus propice; les secours venant d'Angleterre n'étaient pas encore arrivés à l'armée anglaise. En juin, le général Cool n'avait plus que 4,000 hommes au camp des Romains, vis-à-vis d'Alexandrie: Hutchinson, avec 5,000 hommes, était près de Gesch. Le général Menou, renforcé de ce secours, eût pu attaquer le général Cool avec 10,000 hommes, l'eût battu, eût dégagé Belliard au Caire, la victoire eût été assurée.Ainsi, toutes les trois fois, l'amiral français à pu sauver l'Egypte; il s'en est laissé imposer par de faux rapports; s'il eût eu la décision de Nelson, son escadre était une escadre légère, très-bonne marcheuse, très-bien équipée; il pouvait se moquer de l'escadre de Keith, non pour la combattre, mais pour lui échapper. Gantheaume connaissait parfaitement toutes les côtes de Syrie, toutes les côtes d'Egypte, et les circonstances étaient uniques. Toutes les flottes anglaises étaient nécessaires dans la Baltique. Une petite escadre, bonne marcheuse et bien équipée, peut entreprendre tout ce qu'elle veut.

Trois frégates, pendant le siége de Saint-Jean-d'Acre, sous les ordres du contre-amiral Perée, ont couru toutes les mers entre Rhodes et Acre, ont plusieurs fois communiqué à deux lieues de Sidney Smith, derrière le mont Carmel, et ont intercepté plusieurs bâtimens de l'armée de Rhodes, qui se rendaient à Acre, chargés de vivres, de canons et de munitions pour l'armée assiégée; cependant l'Alceste, la Courageuse, la Junon, ne marchaient que médiocrement. Si le contre-amiral eût eu trois frégates comme la Justice et la Diane, il eût manœuvré avec beaucoup plus de hardiesse; il eût joué aux barres avec le Tigre et le Thésée, les deux vaisseaux de 80, de Sidney Smith.

En résumé, l'expédition d'Egypte a parfaitement réussi : débarqué le 1er juillet 1798 à Alexandrie, Napoléon était le 1er août maître du Caire, et de toute la basse Egypte; au 1er janvier 1799, il était maître de toute l'Egypte; au 1er juillet 1799, il avait détruit l'armée turque de Syrie, et lui avait pris son équipage de campagne de 42 pièces, et 150 caissons. Enfin, au mois d'août, il détruisit l'élite de l'armée de la Porte, et prit à Aboukir, son équipage de campagne de 32 pièces de canon. Kléber s'en laissa imposer par le grandvisir il lui remit toutes les places fortes, et

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consentit à une convention fort étrange, celle d'El-Arisch. Cependant le colonel LatourMaubourg, étant arrivé le premier mars 1800, avec des lettres du premier consul avant que le Caire ne fut livré, Kléber battit le grandvisir, le chassa dans le désert, et reconquit l'Egypte. Au mois de mars 1801, les Anglais débarquèrent une armée de 18,000 hommes, sans attelages d'artillerie et sans chevaux de cavalerie: elle devait être détruite; mais Kléber avait été assassiné, et, par une fatalité désolante, cette brave armée avait pour chef un homme bon à beaucoup de choses, mais détestable pour la guerre. L'armée vaincue après six mois de fausses manœuvres, débarqua sur les côtes de Provence au nombre de 24,000 hommes. L'armée d'Egypte, lors de son arrivée à Malte en 1798, était de 32,000 hommes; elle y reçut un renfort de 2,000 hommes; mais elle y laissa une garnison de 4,000 hommes, et elle arriva à Alexandrie au nombre de 30,000 hommes. Elle reçut 3,000 hommes des débris de l'escadre d'Aboukir, ce qui la porta à 33,000 hommes; 24,000 hommes rentrèrent en France; 1,000 y étaient rentrés précédemment comme blessés, aveugles, sur les deux frégates la Muiron et la Carrère, qui portèrent Napoléon ; mais un

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