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Lettre de S. Em. Mgr de Bonald, archevêque de Lyon:

Monsieur le Ministre,

Lyon, le 10 janvier 1865.

J'ai reçu la lettre que Votre Excellence m'a fait l'honneur de m'écrire le 1er de ce mois, pour m'informer que je ne pouvais pas publier l'Encyclique du Pape et le document annexé sous le titre de Syllabus, etc.

En même temps que je recevais la lettre de Votre Excellence, il nous arrivait une foule de brochures, de journaux de toutes les couleurs politiques possibles, qui tous nous donnaient l'Encyclique. Ce n'est pas sans surprise que je voyais d'un côté le document pontifical publié du consentement du gouvernement, et de l'autre la prohibition faite aux évêques de le reproduire dans leurs instructions aux fidèles. Nous nous sommes dit : Si l'Encyclique renferme des doctrines opposées au gouvernement, pourquoi permet-t-on de la publier? Si elle n'attaque pas le gouvernement, Pourquoi cette défense aux Évêqucs de la publier?

Voici, Monsieur le Ministre, une autre contradiction qu'il est difficile d'expliquer. Les pasteurs protestants, méthodistes, anglicans, israélites, commentent en chaire le document pontifical, chacun à sa manière, chacun suivant le degré de sa haine contre la religion catholique; et un pasteur catholique ne pourra pas en donner l'explication à son peuple, et justifier le Souverain-Pontife de toutes les accusations qu'on fait peser sur lui!

Le devoir du Chef de l'Eglise est de signaler ce qui lui paraît être une vérité, et de stigmatiser ce qui est une erreur à ses yeux. Il doit accomplir cette obligation de sa charge et pour la défense de la religion, et pour la tranquillité des États. Pie IX vient de s'acquitter de ce devoir. Voyez, Monsieur le Ministre, s'il ne prend pas la défense de la puissance civile par la condamnation des erreurs portées dans le Syllabus aux nos 56, 58, 59, 60, 61, 63, 64, 67. La condamnation de ces erreurs nous donne la raison de cet acharnement de toute la presse anarchique à attaquer l'Encyclique.

Ce n'est pas parce que le Souverain-Pontife s'élève contre un des articles organiques du Concordat qu'a lieu cette levée de

boucliers. On sait très-bien qu'on ne peut pas ajouter de nouvelles stipulations à un traité conclu, signé, sans le consentement des deux parties contractantes. Or, les articles organiques sont une addition faite au concordat entre Pie VII et Napoléon Ier, sans le consentement du Pape, qui n'a jamais voulu les reconnaître. Il y a telles dispositions dans ces articles qui auraient bouleversé toute la discipline ecclésiastique, si le gouvernement en avait exigé l'exécution.

Je crois accomplir un devoir en adressant ces observations à Votre Excellence.

Agréez, Monsieur le Ministre, l'assurance de ma haute considération.

L.-J.-M., CARD. DE BONALD,
Archevêque de Lyon.

Actes de Monseigneur l'Archevêque de Sens.

Le dimanche 22 janvier, à la messe solennelle, Monseigneur l'Archevêque de Sens est monté dans la chaire de sa cathédrale, et, après avoir lu son mandement pour le Jubilé, témoigna sa peine de n'avoir pu, comme c'était son désir d'accord avec son devoir, adresser l'Encyclique de Notre Saint-Père le Pape aux prêtres et aux fidèles de son diocèse. Sa Grandeur ajouta que, du reste, cette Encyclique était suffisamment promulguée et suffisamment connue, tout le monde, à l'exception des seuls Évêques, ayant eu la liberté de la publier et de la répandre; qu'elle obligeait donc toutes les consciences catholiques; puis le vénérable pontife déclara qu'il adhérait avec une entière soumission d'esprit et de cœur, complétement, simplement, sans. distinction ni réserve, à toutes les décisions et sentences portées par Sa Sainteté Pie IX, depuis son heureux avénement au trône pontifical jusqu'au présent jour; qu'il y adhérait en son nom, au nom de tout son clergé, dont la foi s'était manifestée par la glorieuse et unanime adresse de 1862, au nom de tous les fidèles de son diocèse, qui devaient la même soumission au

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Pasteur suprême des âmes, au Vicaire de Notre-Seigneur JésusChrist.

Les prêtres et les fidèles présents à ce grand acte de foi ont été vivement touchés de cette parole douloureusement émue, et tout à la fois pleine de force et d'énergie.

Nous rapporterons ici quelques-unes des paroles du vénéré pontife, qui ont été écoutées avec tant d'émotion et de respect :

« .... Il n'est plus possible, dit le Pontife, de demeurer dans l'indifférence : il faut se prononcer pour ou contre l'Église. On ne peut allier la vérité et le mensonge, les ténèbres et la lumière, Jésus-Christ et Bélial!

« Quant à nous, nous protestons, ainsi que nous l'avons fait en 1862, avec tous les membres de notre clergé, qui nous est uni d'esprit et de cœur, de notre attachement inviolable au SaintSiége apostolique et à la personne du Souverain-Pontife, Notre Saint-Père le Pape Pie IX.

« Nous faisons un devoir à tous les fidèles confiés à nos soins d'y adhérer d'esprit et de cœur, et d'en faire la règle de leur foi. << D'où nous viendra la lumière qui nous guidera au milieu des épaisses ténèbres qui nous enveloppent? C'est du haut de la chaire de Pierre qu'elle nous est donnée pour nous montrer la voie. Entrons dans cette voie, marchons avec l'Eglise une, sainte, catholique, apostolique et romaine, sans crainte de jamais nous égarer. Suivons-la avec confiance, elle nous conduira au salut.

<< Puisse cette bénédiction donnée avec effusion de cœur par notre Père bien-aimé Pie IX, et que nous allons vous transmettre, en être le gage! >>

Lettre de Monseigneur l'Archevêque de Tours.

Tours, le 9 janvier 1865

Monsieur le Ministre,

Avant de répondre à la lettre que Votre Excellence m'a adressée le 1er janvier, j'ai voulu attendre la décision du conseil d'État relativement à la publication de l'Encyclique du Pape. J'avais

pensé que le conseil d'État se déclarerait incompétent au sujet d'un acte pontifical qui se rapporte exclusivement à l'ordre spirituel, ou du moins qu'il ne croirait pas possible de mutiler un document apostolique destiné à être promulgué dans toutes les églises. Ma prévision a été trompée.

Dans une telle situation, j'examinerai si je dois permettre la célébration du Jubilé. Mais, s'il ne me paraît pas convenable de priver les fidèles d'un si grand bienfait, je me bornerai à donner dans un mandement toutes les instructions nécessaires, sans permettre qu'on lise du haut de la chaire chrétienne un lambeau d'une lettre pontificale déchirée par une autre main que celle qui l'a écrite.

Si Votre Excellence avait laissé les choses suivre le cours ordinaire, l'Encyclique et les propositions condamnées auraient été commentées et expliquées non plus par des journaux irréligieux, qui ne comprennent rien aux doctrines de l'Eglise, mais par les évêques qui ont reçu la mission divine d'enseigner les peuples chrétiens. Nos explications, fondées sur les notions de la saine théologie, auraient fait voir que l'Encyclique ne contient rien qui ne soit conforme à l'enseignement évangélique et à la tradition de tous les siècles. Nous aurions montré que ces doctrines, loin d'être contraires aux principes sur lesquels repose l'ordre social, sont seules capables d'affermir ce qu'on appelle la société moderne, qui, si elle est abandonnée à elle-même, aboutira inévitablement à l'anarchie et à une prompte dissolution.

Vous n'avez pas jugé à propos, Monsieur le Ministre, de nous laisser cette liberté qui nous aurait permis d'apaiser l'agitation des esprits en les éclairant. Ainsi, on peut attaquer impunément la religion, ses dogmes, les droits de l'Église, les règles de la morale chrétienne, les enseignements du Vicaire de Jésus-Christ; les évêques sont les seuls à qui le silence est imposé. Il leur est interdit de défendre toutes ces choses saintes du haut de la tribune sacrée, d'où ne descendent jamais sur les peuples que des enseignements pleins de calme et de gravité.

Nous sommes bien loin, Monsieur le Ministre, du temps où l'Empereur, en ouvrant la session du Corps législatif de 1858, prononçait ces belles et solennelles paroles: «La volonté du gouvernement est que le principe de la liberté des cultes soit sincèrement

appliqué, sans oublier que la religion catholique est celle de la grande majorité des Français. Aussi cette religion n'a jamais été plus respectée ni plus libre. Ses conciles provinciaux s'assemblent sans entraves, et les évêques jouissent de toute la plénitude de l'exercice de leur sacré ministère. »

Pourquoi faut-il que les ministres, dans ces dernières années, ne se soient pas toujours inspirés de ces nobles et sages pensées du prince, et qu'ils aient fait revivre les vieilles et étroites maximes des parlements auxquelles on semblait avoir renoncés?

On nous répète sans cesse que ces maximes étaient en vigueur sous l'ancienne monarchie, et que le clergé les subissait alors sans se plaindre. Ce raisonnement n'a pas la moindre valeur aujourd'hui. Autrefois la religion catholique avait des droits bien établis, qui garantissaient son indépendance spirituelle. Elle était la religion de l'État; la dignité du clergé était sauvegardée par la propriété, et au lieu de recevoir un traitement de l'État, il donnait lui-même bien souvent des subventiens à l'État dans les besoins urgents du pays. Il formait le premier ordre de la nation et avait une large part dans les affaires publiques. Tous ces avantages nous ont été enlevés, nous avons été dépouillés de tout; sommesnous trop exigeants en demandant qu'au moins on ne laisse pas peser sur nous les chaînes de l'ancien régime, et que l'Église ait sa part dans la liberté commune ?

Je ne pousse pas plus loin, Monsieur le Ministre, ces réflexions, de peur de fatiguer Votre Excellence; je me sens moi-même peu disposé à de longues discussions. C'est plutôt l'heure pour un évêque de gémir devant Dieu, de gémir au pied des autels sur les maux de l'Église, et de prier Dieu qu'il daigne inspirer l'amour de l'ordre et de la paix aux peuples, et à ceux qui sont appelés à les gouverner son esprit d'intelligence et de sagesse.

Quoi qu'il arrive, Monsieur le Ministre, les enseignements du vicaire de Jésus-Christ seront toujours pour nous une règle sacrée et inviolable. Le clergé comprend que cette fidélité à l'autorité du Saint-Siége est commandée non-seulement par la conscience, mais par le sentiment de l'honneur sacerdotal. L'histoire nous montre assez ce que sont devenues les Églises particulières qui ont laissé se relâcher le lien de l'unité qui les attachait à l'Église maîtresse de toutes les autres. Au lieu de recevoir la lé

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