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pides des lumières et de l'esprit philosophique, le ministère déprédateur du contrôleur-général de Calonne; enfin l'état déplorable des finances, dont le déficit allait toujours croissant, et le besoin pressant de rétablir l'équilibre entre les recettes et les dépenses, et d'alimenter le Trésor royal épuisé.

Toutes ces causes concoururent plus ou moins à faire éclater la révolution : l'une d'elles, le désordre des finances, devint immédiate et occasionelle de l'événement; mais ces causes ne furent que secondaires : la principale consistait dans l'absence de lois justes et fondamentales.

Avant la révolution, le gouvernement était-il solidement constitué? Existait-il des garanties certaines pour les personnes et les propriétés? Tous les individus de la nation avaient-ils les mêmes droits à la justice et à la protection du gouvernement? Les priviléges n'étaient-ils pas consacrés,

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et

Quand on lit attentivement l'Histoire de France, on est frappé de cette vérité. C'est toujours par le manque de finances du gouvernement que le sort des Français s'est amélioré. C'est lui qui a obligé les rois et les seigneurs à vendre, aux habitans des villes et des bourgs, des chartes des communes ; à leur vendre une portion de liberté dont ils leur devaient l'entière restitution. C'est par le manque de finances, par le besoin d'argent où se trouvaient les seigneurs, que le peuple s'est affranchi d'une infinité de droits oppressifs, de servitudes odieuses; c'est lui qui toujours a nécessité les convocations des états-géné– raux, des assemblées des notables. Ainsi les gouvernemens qui veulent conserver leur pouvoir absolu doivent soigneusement ménager leurs finances.

ne consacraient-ils pas l'injustice? Dans quelles chartes, dans quels contrats solennels se lisaient ces garanties, ces droits et la prohibition de ces priviléges? On trouvait, à la vérité, quelques lois promulguées à diverses époques, suggérées par divers événemens, éparses dans un code barbare, dans des capitulaires, dans des coutumes, des arrêts, des édits, des ordonnances qui portaient quelques caractères de lois fondamentales; mais nulle part il n'existait un corps de lois, coordonnées entre elles, méditées, discutées et consenties.

Ces lois, ces coutumes, etc., souvent contradictoires, variaient selon les circonstances, les lieux, les classes et les personnes. Les principes du gouvernement variaient aussi à chaque changement de roi, à chaque changement de ministre; les droits, les pouvoirs, les priviléges étaient en opposition entre eux; la France présentait une grande anarchie sous une fausse apparence d'ordre.

Dans les premiers siècles de la barbarie, la nation parut divisée en deux classes, celle des vainqueurs et celle des vaincus, des oppresseurs et des opprimés : là une minorité orgueilleuse, féroce, despotique, destructive, s'honorant de braver les règles sociales et d'être supérieure aux lois; ici une grande majorité laborieuse, productrice, asservie et méprisée. Cet ordre de choses, qui entraîna de si longues et de si horribles calamités, ne pouvait être durable; l'excès du mal lui procura des améliorations successives et lentes ; il aurait dû être

entièrement réformé. Le despotisme absolu, ce gouvernement le plus facile et le plus dangereux à exercer, qui serait le meilleur des gouvernemens si ses chefs étaient constamment les meilleurs des hommes, né au sein de l'ignorance et des ténèbres de la barbarie, quoique contrarié par le despotisme des hauts barons, parvint à se soutenir.

Au commencement du quatorzième siècle, l'accroissement des domaines royaux et du nombre des propriétaires fit sentir le besoin de donner une meilleure organisation au parlement et de le rendre sédentaire. Dans le siècle suivant, ce parlement, chargé de vérifier, enregistrer et publier les édits et ordonnances, s'arrogea, comme une conséquence de cette charge, le droit de faire des remontrances sur ces actes de la puissance royale, et même d'en refuser l'enregistrement. Ce droit, consacré par l'usage, tempéra quelquefois le despotisme des rois, ou plutôt celui des ministres; mais, par ce droit, le parlement n'exerçait qu'une force morale, et ne pouvait lutter efficacement contre des Richelieu, des Louis XIV, contre des lettres de jussion, des lits de justice et des exils. Ainsi les parlemens n'offraient qu'une faible résistance à l'action du despotisme absolu.

Telle était la prétendue constitution du royaume, qui laissait aux rois ou à leurs ministres un pouvoir illimité, et livrait l'État à toutes les variations résultant du naturel et du degré d'équité et d'instruction dont étaient doués les différens maîtres; sous

chaque règne, sous chaque ministre, les principes de l'administration publique, et l'état des habitans de la France, pouvaient changer.

De plus, cet ordre de choses, quoique fort amélioré par l'influence des lumières progressives, se ressentait encore de son origine, et les traces de sa barbarie n'étaient pas entièrement effacées. Il existait beaucoup de vices dans l'administration du royaume : je ne dois pas les retracer ici. Le malaise était général, on le supportait, parce qu'on l'avait supporté, par l'empire de l'habitude; il ne pouvait être durable. D'ailleurs, ce gouvernement était arrivé à un point de caducité qui le mettait en contraste continuel avec la vigueur de l'opinion publique. Tout allait au mieux pour une classe d'hommes, pour une poignée de courtisans qui vivaient splendidement des nombreux abus; tout allait au plus mal pour la grande majorité de la nation qui en souffrait.

Quand la grande majorité d'une nation est mécontente, quand elle est parvenue à connaître les causes de son mécontentement, il ne faut, pour anéantir son gouvernement, qu'une occasion favorable ou un ambitieux.

Une constitution dictée par la raison et la justice, et fortement exécutée, aurait prévenu la révolution et ses malheurs.

Si des lois sages eussent réglé l'emploi des finances, le gouvernement n'aurait pas été réduit à la disette, n'aurait été contraint de convoquer

pas

les représentans de la nation pour en solliciter des conseils et des secours; et la révolution n'aurait pas été indispensable.

Après avoir indiqué les causes patentes de cette catastrophe politique, il convient d'exposer sommairement les faits qui en furent les précurseurs.

Il régnait dans les esprits une inquiétude, une fermentation peu ordinaires; la guerre des insurgens contre l'Angleterre inspirait un vif intérêt; les ouvrages des économistes avaient appris aux Français à discuter sur des matières administratives, autrefois dédaignées; les écrits des philosophes répandaient de vraies ou de fausses lumières, mais exerçaient le jugement de la jeunesse. Sous le règne de Louis XVI, on tournait encore en plaisanterie les abus du gouvernement, mais beaucoup moins que sous celui de son prédécesseur; on composait moins de chansons et d'épigrammes sur les fautes des chefs, mais on raisonnait davantage.

Telle était la disposition des esprits lorsque, en 1783, M. de Calonne fut appelé au contrôle-général des finances. Adroit courtisan, mais mauvais économe, ses complaisantes profusions pour les usufruitiers du pouvoir lui acquirent la réputation de ministre très-habile; il la soutint par le moyen d'emprunts successifs et ruineux. Bientôt le Trésor royal fut vide, et il fallut recourir aux expédiens et donner le signal de détresse.

Le ministre de Calonne proposa, comme unique remède à l'épuisement des finances, une assemblée

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