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ture; d'autres, plus audacieux, se portent dans les boutiques des armuriers et en enlèvent toutes les

armes.

La place de Grève, les salles de l'Hôtel-de-Ville ne peuvent contenir tous ceux qui demandent la permission de sonner le tocsin, et qui demandent des armes. Les électeurs ordonnent au concierge de délivrer celles qui peuvent se trouver dans l'Hôtel. On n'attend pas l'exécution régulière de cet ordre, on découvre un dépôt des armes de la Ville; on enfonce les portes, et les armes sont enlevées. « Un instant après on vit un homme en chemise, jambes nues et sans souliers, le fusil sur l'épaule, prendre la place d'un garde de la Ville désarmé, et monter fièrement la garde à la porte » de la grande salle '. »

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Pendant ce mouvement général, un attroupoment d'hommes à peu près vêtus comme celui dont on vient de parler, après avoir enlevé du cabinet de Curtius les bustes en cire du duc d'Orléans qu'on disait exilé, et de l'ex-ministre Necker qui l'était réellement, ils les couvrirent de crêpes et

1

Procès-Verbal des électeurs de Paris, tome I, page 180. 'J'ai vu cette troupe, et j'atteste que les hommes qui la composaient ressemblaient à des échappés des galères. Des gens de cette espèce attaquèrent même des bourgeois, comme on le voit dans le Journal de Jean-Baptiste Humbert, p. 4.

3 Le cabinet de Curtius offrait les figures en cire des personnages les plus célèbres du temps: le public y était admis en payant.

les promenèrent dans les rues de Paris en criant chapeau bas! Leur nombre pouvait s'évaluer de trois à quatre cents.

Vers les neuf heures du soir le prince de Lambesc, à la tête de son régiment dit royal-allemand, le ramenait à la caserne. En passant sur la chaussée d'Antin, vis-à-vis le dépôt des gardes-françaises, quelques soldats de ce dépôt sortirent, firent feu sur les cavaliers de royal-allemand, en tuèrent trois et en blessèrent plusieurs autres. Le prince de Lambesc ordonna la retraite et se replia sur SaintCloud'.

Voici une autre relation de cet événement : « Un » détachement de royal-allemand s'étant avancé » le long du boulevard, les gardes-françaises ont >> fait feu, les dragons ont riposté par une décharge; >> mais un coup de canon tiré du dépôt des gardes, » et secondé d'un feu roulant, a forcé ces étrangers » de fuir précipitamment, en laissant onze des leurs » tués ou blessés sur le lieu du combat; on a rapporté leurs armes et leurs dépouilles, que l'on a regardées comme les premiers gages de la vic

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>> toire 2. >>>

Dès que les électeurs réunis à l'Hôtel-de-Ville purent jouir d'un instant de calme, ils arrêtèrent, vers les onze heures du soir, la convocation des

Mémoires de Weber, tome I, page 369. (Collect. de Baudouin frères.)

2 Révolutions de Paris du 12 au 17 juillet, page 4.

soixante districts de Paris, et puis ils se rendirent dans tous les postes de citoyens armés, pour leur recommander d'éviter les attroupemens et les voies de fait. On eut des craintes pour la nuit; mais elle fut assez calme, si ce n'est que des troupes de deux à trois cents hommes parcoururent les rues, et qu'une d'elles moins nombreuse, en partie composée d'hommes ivres, incendia la barrière de Clichy.

LUNDI 13 JUILLET.

Dès qu'il fut jour, presque tous les clochers de Paris firent entendre les sons alarmans du tocsin, les boutiques restèrent fermées, les tambours battirent la générale, et la foule se porta sur la place de Grève et dans les salles de l'Hôtel-de-Ville.

Des électeurs furent envoyés pour convoquer les habitans de chaque district dans l'édifice où, quelques mois avant, ils avaient procédé aux élections. Ces habitans, ayant à protéger leurs personnes et leurs propriétés contre les troupes qui cernaient Paris, et contre les brigands qui l'infestaient, s'y rendirent avec empressement.

Cependant une foule immense se porte à l'Hôtelde-Ville, demande à grands cris des armes; les électeurs parvinrent à faire entendre à cette foule tumultueuse, qu'étant novices dans l'administration de la ville, ils ignoraient s'il existait des dépôts d'armes, qu'il fallait s'adresser au prévôt des marchands, le sieur de Flesselles. Deux échevins pré

sens écrivirent sur-le-champ à ce magistrat qui, tenant à l'étiquette ou voulant gagner du temps, répondit qu'il ne viendrait pas sur la lettre de deux échevins, qu'il désirait une invitation plus solennelle. Alors trois électeurs sont partis sur-le-champ, et ont amené le prévôt des marchands. Cependant les échevins et les électeurs improvisaient une municipalité, improvisaient un comité permanent et une milice parisienne. Il fallait un chef à cette milice, on en offrit le commandement général au duc d'Aumont; il demanda vingt-quatre heures pour se décider: alors les heures valaient des mois. On nomma sur-le-champ commandant en second le marquis de La Salle'. Le tumulte, l'embarras, le désordre, étaient parvenus à un tel excès, qu'il était impossible de méditer aucune délibération; le tocsin sonnait de nouveau, on enlevait les drapeaux de la ville, et de déplorables nouvelles arrivaient.

On apprenait que quelques barrières livrées au pillage devenaient la proie des flammes; que les commis en étaient mis en fuite; que la maison de Saint-Lazare, dévastée, pillée par une foule de brigands, était en partie incendiée, et que de bons

1 Mémoires de Dusaulx, page 280. (Collect. de Baudouin frères.)

2 Madame Campan, dans ses Mémoires (t. II, p. 50, Collect. de Baudouin frères), dit : « J'ai vu un écu de six francs qui » avait sûrement servi de paiement à quelque misérable, la » nuit du 12 juillet. On y lisait ces mots gravés assez profondément: Minuit, 12 juillet, trois pistolets.

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citoyens avaient sauvé de cette dévastation une assez grande quantité de grains; qu'on avait pillé le garde-meuble; on apprenait enfin que les dragons et les hussards s'avançaient vers la barrière du Trône, et se disposaient à s'en emparer.

L'Hôtel-de-Ville retentissait de réclamations de la part de personnes dont les voitures avaient été arrêtées aux barrières lorsqu'elles sortaient de Paris, voitures qui remplissaient la place de Grève et augmentaient l'embarras et le tumulte; retentissait aussi des instances réitérées des districts qui demandaient des armes et des munitions.

Le prévôt des marchands déclara que le sieur de Pressolles, intéressé dans la manufacture de Charleville, lui avait promis douze mille fusils qui devaient être apportés d'un moment à l'autre, et qu'il lui avait fait espérer trente mille autres fusils dans trois ou quatre jours '. Vaines promesses!

Pendant que tout était dans la confusion à l'Hôtelde-Ville, voyons ce qui se passait ailleurs.

Le baron de Besenval nous peint son embarras sur la conduite qu'il avait à tenir : il n'était guère disposé à faire entrer ses troupes dans Paris. Il craignait, dit-il, qu'elles ne fussent séduites, il craignait aussi de faire répandre un sang précieux et d'allumer la guerre civile 2.

· Procès-Verbal des électeurs, tome I, page 191 et suiv. 2 Mémoires de Besenval, tome II, page 363. (Collect. de Baudouin frères.)

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