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tie en faveur des ennemis de la nation; déplacé, » parce que ce n'est pas au moment où les haines, >> l'esprit de parti commencent, où les ennemis >> sont couverts et non reconnus, qu'il faut donner un pardon général; dangereux, parce qu'il pourrait nous rendre suspects, ou de faiblesse, » ou même de connivence.... L'assemblée fit en >> cela une grande faute.... Cela nous mit le lende>> main dans un grand embarras '. »

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Novices en révolution, tous les partis firent des fautes; celle-ci fut une des moins graves.

M. Necker se retira, ainsi que M. de Saint-Priest, avec le cortége qui les avait amenés; et M. Bailly ne tarda pas à l'imiter.

Alors M. Duveyrier fit dans l'assemblée des électeurs la proposition de placer aux côtés du buste de M. de La Fayette, qui figurait dans la salle, les bustes de M. Necker et de M. Bailly, avec cette condition, que si sa proposition était agréée par l'assemblée, ces deux nouveaux bustes seraient érigés aux frais des électeurs de Paris.

tour

M. Delapoize, électeur, proposa à son qu'une médaille füt frappée en l'honneur de M. Moreau de Saint-Méry, comme un témoignage de la reconnaissance de l'assemblée et du public, pour la constante assiduité de ce président, pour le courage froid et la prudence courageuse qu'il avait montrés dans les instans les plus périlleux de la ré

Mémoires de Bailly, tome II, page 176 (Collect. B. F.).

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volution. M. Delavigne, le premier des deux présidens, mit la motion aux voix; elle fut unanimement adoptée.

« M. Moreau de Saint-Méry méritait cet honneur, >> dit M. Bailly; mais le patriotisme et la probité >> franche et loyale de M. Delavigne ne méritaient )) pas le silence et l'exception '. »

Les électeurs, dans la suite, réparèrent cette omission et plusieurs autres. Dans leur séance du 19 mars 1790, ils décernèrent solennellement une épée à M. Elie, une recommandation honorable à M. le marquis de La Salle et à M. de Saudray. Dans la même séance, on arrêta qu'il serait frappé une médaille en mémoire des services rendus par M. le président Delavigne, comme à M. Moreau de SaintMéry; mais, dans la séance du 24 mars, on revint sur cet arrêté, et il fut décidé qu'on ne frapperait qu'une seule médaille pour ces deux présidens, portant sur le même côté les effigies de MM. Moreau de Saint-Méry et Delavigne.

On arrêta aussi que le portrait de M. Duveyrier serait gravé et mis à la tête des procès-verbaux dont il était le principal rédacteur. Toutes ces gratifications furent aux frais des électeurs.

C'est ainsi que finirent les séances des électeurs. Ils se réunirent encore avec les représentans de la commune; mais ils ne prirent aucune autre délibération en leurs noms.

Mémoires de Bailly, t. II, p. 178, 179 (Collect B. F.).

CHAPITRE VI.

Séance de la nuit du 4 aout 1789.

DANS plusieurs cantons de la France, et notamment dans les environs de Paris, éclataient des troubles, des émeutes; on n'entendait parler que d'actes de violence et de meurtres; la cherté des grains en était la cause ou le prétexte '; tandis qu'ailleurs, pour détruire les titres seigneuriaux et anéantir les restes du régime féodal, on incendiait les châteaux, et l'on mettait leurs habitans en fuite ou en danger de mort. L'Assemblée nationale, instruite de ces excès, de ces désordres, sans cesse renouvelés, avait nommé un comité spécial, chargé de proposer des moyens propres à ramener le calme et le respect pour les propriétés et pour la vie des citoyens. Dans la séance du 3 août, un membre de ce comité vint proposer une proclamation dont l'Assemblée ne fut pas satisfaite; elle

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A Poissy, un marchand de grains, appelé Sauvage, fut l'objet d'une émeute violente, dans cette ville. Le 18 juillet il fut pris et décapité. Thomassin, pour le même sujet, fut sur le point de l'être à Saint-Germain-en-Laye. Châtel, lieutenant du maire à Saint-Denis, victime innocente d'une multitude conduite par trois soldats du régiment de Provence, fut mis à mort le 1er août, etc.

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chargea son comité de rédaction de lui en présenter une autre, basée sur les mêmes principes.

Le mardi 4 août, on continua la discussion, depuis plusieurs jours entamée, sur la question de savoir si l'acte constitutionnel serait précédé par la déclaration des droits de l'homme. Pendant cette discussion, une lettre du roi annonça à l'Assemblée qu'il venait de nommer garde-des-sceaux M. Champion de Cicé, archevêque de Bordeaux; de confier la feuille des bénéfices à l'archevêque de Vienne, et le ministère de la guerre à M. de La Tour-du-Pin. « Le choix que je fais dans votre Assemblée même, » dit le roi, vous annonce le désir que j'ai d'entre>>> tenir avec elle la plus constante et la plus amicale >>> harmonie. »>

La séance du soir de la même journée fut remarquable par des scènes d'un bien plus haut intérêt. A huit heures, M. Target soumit à l'Assemblée le projet de proclamation que le jour précédent elle avait renvoyé à son comité de rédaction. Voici ce projet.

«L'Assemblée nationale, considérant que, tandis » qu'elle est uniquement occupée d'affermir le >> bonheur du peuple sur les bases d'une consti>>tution libre, les troubles et les violences qui

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affligent différentes provinces, répandent l'a>> larme dans les esprits et portent l'atteinte la plus funeste au droit sacré de la propriété et de » la sûreté des personnes;

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>> Que ces désordres ne peuvent que ralentir les

» travaux de l'Assemblée nationale, et servir les » projets criminels des ennemis du bien public;

» Déclare que les lois anciennes subsistent et » doivent être exécutées jusqu'à ce que l'autorité » de la nation les ait abrogées ou modifiées;

» Que les impôts, tels qu'ils étaient, doivent con» tinuer d'être perçus aux termes de l'arrêté de l'As>> semblée nationale du 17 juin dernier, jusqu'à ce qu'elle ait établi des contributions et des formes >> moins onéreuses au peuple;

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>> Que toutes les redevances et prestations ac>> coutumées doivent être payées comme par le passé, jusqu'à ce qu'il en ait été autrement or» donné par l'Assemblée ;

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» Qu'enfin les lois, établies pour la sûreté des >> personnes et pour celle des propriétés, doivent » être universellement respectées, etc. »

Cette proclamation, mise à la discussion, produisit une explosion de sentimens généreux, une émulation de désintéressement qui, sans contrainte, sans efforts, causèrent une révolution beaucoup plus efficace, plus durable que celle de la prise de la Bastille.

M. le vicomte de Noailles demande la parole et dit :

« Le but de la proclamation que vous venez » d'entendre, est d'arrêter l'effervescence des pro» vinces, d'assurer la liberté publique, et de con» firmer les propriétaires dans leurs véritables >> droits. Mais comment peut-on espérer d'y par

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