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rétablit le crédit; ses soins éloignèrent la famine dont la France était menacée, et dont Paris sentait les atteintes. En faisant rappeler les parlemens de leur exil, mettre en liberté les députés bretons, et révoquer l'édit sur les paiemens en billets à intérêt, en défaisant tout ce que les ministres ses prédécesseurs avaient fait, il ramena le calme et l'espérance dans le royaume et le numéraire dans le Trésor royal épuisé.

Ainsi le gouvernement changea encore de plan et de principes. Il avait, avec trop d'assurance, marché vers le despotisme absolu; il fut contraint à des pas rétrogrades : c'était avouer ses fautes et déceler le secret de sa faiblesse. Par cette conduite incertaine et variable s'évanouissait le prestige de la puissance.

Cette disposition des esprits, les exemples d'insubordination et même d'insurrection qu'avaient donnés quelques villes de province, et sans doute l'impulsion de quelques moteurs secrets, firent pour la première fois, depuis ces dissensions civiles, éclater des troubles dans Paris.

Le 27 août, quelques jeunes gens du barreau, suivis de beaucoup d'autres, instruisirent une sorte de procédure contre l'ex-ministre de Brienne, prononcèrent sa sentence de condamnation, et brûlèrent son effigie auprès de la statue de Henri IV.

Le lendemain, la cérémonie fut continuée. Sur la place voisine, appelée place Dauphine, il se forma un attroupement qui n'avait rien de menaçant. Le

commandant du guet, à la tête de vingt cavaliers et de cinquante fantassins, fit sans précaution charger cet attroupement. Plusieurs personnes furent blessées, même tuées; l'indignation s'empare des esprits; des hommes sans armes se précipitent sur la troupe armée, la mettent en fuite, puis, encouragés par ce succès, ils attaquent le corps-de-garde placé près de la statue de Henri IV, s'emparent des armes qui s'y trouvent, brûlent quelques vêtemens militaires, et puis vont faire de pareilles expéditions dans quelques autres corps-de-garde isolés. Le soir, un attroupement se porte sur la place de Grève; des troupes que l'obscurité dérobait aux yeux font sur ces hommes réunis une décharge redoublée. Plusieurs tombent blessés à mort, et leurs corps pendant la nuit sont jetés dans la Seine. La sévérité du châtiment fit oublier la gravité du délit, et cet exemple fut peu profitable.

La chute du ministre de Brienne, bientôt suivie de celle du garde-des-sceaux Lamoignon, fut adoucie, comme l'avait été celle du premier, par les gratifications de la cour qui, pour le récompenser de ses fautes et payer ses dettes, lui donna quatre cent mille livres. Quelque temps après sa démission, retiré à la campagne, il fut trouvé mort dans son parc, un fusil de chasse auprès de lui.

Ce fut après la démission et avant la mort de Lamoignon, que des jeunes gens se réunirent et brûlèrent l'effigie de cet ex-ministre. Des hommes

soudoyés, dit-on, se mêlèrent dans la foule, et l'excitèrent à se porter aux hôtels de Brienne, de Lamoignon et du commandant du guet, et à les incendier.

On prit, pour prévenir ces projets désastreux, les moyens les plus courts et les plus cruels. «< Deux >> corps de troupes entrent par les deux extrémités » de la rue Saint-Dominique, chargent à coups de >> baïonnettes tout ce qui se trouve entre eux, sans » aucune distinction; font une horrible boucherie » de ces malheureux qui, bien loin d'attaquer et » de chercher à se défendre, levaient les mains au » ciel et demandaient grâce avec les cris déchirans » du désespoir. La même scène se répétait dans la rue Meslée où demeurait le chevalier Dubois, » commandant du guet; et deux rues de Paris furent » inondées de sang '. »

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Cependant on s'occupait des états-généraux : l'archevêque de Brienne avait autorisé la publication des écrits politiques propres à éclairer les esprits sur cette matière; on usait amplement de cette permission. Les parlemens, la noblesse, le clergé et même les ministres qui avaient sollicité la convocation de ces états, en redoutèrent bientôt les résultats.

L'édit du roi sur cet objet fut envoyé au parlement qui, le 25 septembre, l'enregistra avec cette

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Histoire de la Révolution de 1789, par deux amis de la liberté; tome II, page 66.

restriction expresse, que ces états - généraux seraient assemblés selon la forme observée en 1614.

Le contrôleur-général Necker, ne voulant pas prendre sur sa responsabilité la détermination de cette forme, convoqua pour cet objet une seconde assemblée des notables.

Cette assemblée de notables, qui s'ouvrit à Versailles le 6 novembre 1788, était, comme la précédente, divisée en sept bureaux présidés par autant de princes. On y ajouta cette question qui occupait alors tous les esprits : Quelle proportion existerait entre le nombre des députés du tiersétat et celui des deux premiers ordres? Plusieurs écrits avaient déjà résolu cette question. On doit, entre autres, citer la célèbre brochure de l'abbé Sieyes, intitulée : Qu'est-ce que le tiers

état?

Les états du Dauphiné, assemblés à Romans arrêtèrent, dans leur séance du 1er décembre, que le nombre des députés serait fixé d'après la seule considération de la population, et que la députation de cette province serait de trente membres, cinq du clergé, dix de la noblesse et quinze du tiers. Les états de Bretagne en décidèrent autrement, et s'en tinrent aux formes anciennes.

Le parlement, réuni aux pairs, dans son arrêt du 25 décembre ne prit point de résolution. « C'est » à la sagesse du roi, dit-il, à prononcer à cet » égard. »

L'assemblée des notables, après avoir discuté la

question, ferma sa session le 8 décembre 1788. Par le résultat de leur délibération, cinq bureaux rejetèrent la proposition d'admettre aux états-généraux un nombre de députés du tiers-état égal à celui des deux autres ordres. Deux bureaux, celui que présidait Monsieur, frère du roi (aujourd'hui Louis XVIII), et celui dont le duc d'Orléans était président, votèrent la double représentation du tiers-état.

Le 27 décembre, une ordonnance du roi mit fin à cette discussion. Elle porte que les députés aux prochains états-généraux seront au moins au nombre de mille; que le nombre sera composé en raison de la population et des contributions de chaque bailliage, et que le nombre des députés du tiers-état sera égal à celui des deux autres ordres réunis.

Toutes les classes de la société désiraient un changement, mais chacune d'elles le voulait à son profit. La noblesse de Bretagne, naguère si menaçante contre la tyrannie des ministres, voulait placer le tiers-état breton sous la sienne; et son opposition à ce que le nombre des députés de ce dernier ordre fût double de celui des deux autres, causa dans la ville de Rennes des rixes sanglantes entre les individus de cette noblesse et les bourgeois de cette ville.

Les parlemens qui, tout récemment, venaient de proclamer si haut les principes de la liberté pu~ blique, lorsqu'ils luttaient contre le ministère,

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