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» N'allez pas tel jour à Paris, les Anglais ont versé » de l'or, nous aurons du bruit '.

Il paraît que, dans les premiers mois de 1790, le roi écrivit ou fit écrire à M. de Calonne pour se plaindre de la désastreuse influence que le ministère anglais exerçait sur les habitans et sur le gouvernement de la France. Cet ex-ministre de France répondit négativement, comme il devait le faire dans une lettre ostensible : « Sire, on s'ef» force de vous persuader, dit-il, que l'Angleterre >> influe dans les troubles qui bouleversent votre >> royaume; que c'est de l'Angleterre qu'est venu >> l'argent employé à corrompre vos troupes..... » Enfin que cette nation rivale, pour se venger de » la perte de l'Amérique, s'occupe des moyens » d'accroître nos désordres, et fomente sous main » ce qui tend à l'entière destruction de la monar>> chie française, etc. »>

Il ajoute qu'il a remis au ministre Pitt une note à ce sujet, à laquelle ce ministre anglais a fait une réponse, réponse dont il garde l'original, et dont il n'envoie au roi et à la reine qu'une traduction 2. La lettre de Calonne sur laquelle Louis XVI

'Mémoires de madame Campan, t. III, p. 96(Collect. B. F.), 2 Troisième recueil des pièces trouvées dans l'armoire de fer, et imprimées par décret de la Convention nationale, tome Ier, no XXV, page 63.

Voici comment Calonne, en retenant la note originale de Pitt, et en n'adressant au roi qu'une traduction, justifie cette conduite : « Je retiens, dit-il dans son post-scriptum, l'ori

écrivit de sa main : Point répondu, ne persuad a point la cour de France, comme on va le voir.

Citons encore madame Campan : «< D'autres que » moi ont su que dans ce temps-là (en 1791), >> une des choses que la reine désirait le plus sa» voir était l'opinion du célèbre Pitt. Quelque>> fois elle me disait: Je ne prononce pas le nom » de Pitt que la petite mort ne me vienne sur le »dos. (Je répète ici ses propres expressions.) >> Cet homme est l'ennemi mortel de la France; » il prend une cruelle revanche de l'impolitique » appui que le cabinet de Versailles a donné aux >> insurgés américains. Il veut, par notre des»truction, garantir à jamais la puissance mari>> time de son pays.... Pitt a servi la révolution » dès les premiers troubles, il la servira peut-être jusqu'à son anéantissement. >>>

Madame Campan nous apprend aussi que la reine envoya à Londres un homme de confiance, intimement lié avec Pitt, et le chargea de sonder ses secrètes dispositions sur la France. Cet envoyé revint et rapporta « que tout ce qu'il avait pu >> arracher à Pitt, dans lequel il n'avait trouvé » qu'une réserve alarmante, était qu'il ne laisse

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ginal de la lettre de M. Pitt, n'étant pas assuré du sort de » celle-ci, quoique envoyée par le moyen le plus sûr que je puisse avoir. » La note originale, en langue anglaise, était moins dangereuse à envoyer au roi et plus propre à le con-vaincre que sa traduction. Il valait mieux s'abstenir d'excuse que d'en donner une aussi mauvaise.

rait pas périr la monarchie française; que ce »> serait une grande faute, pour la tranquillité de l'Europe, de laisser l'esprit révolutionnaire ame>> ner en France une république organisée.

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La reine en cette occasion dit à madame Campan : « Toutes les fois que Pitt s'est prononcé >> sur la nécessité de maintenir en France une » monarchie, il a gardé le plus absolu silence » sur ce qui concerne le monarque. Le résultat » de ses entretiens n'a rien que de sinistre '. »

Remarquons ici que la reine parle de Pitt comme d'un homme dont elle redoute les desseins, et comme de l'arbitre suprême, durégulateur le plus puissant des destinées de la France.

M. Toulongeon, dans son Histoire de France pendant la révolution, qui, plus que la plupart des historiens de cette époque, a remonté aux causes secrètes des événemens, attribue à des mains étrangères les attentats qui ensanglantèrent le berceau de la révolution. « Paris était,

dit-il, agité et par l'inquiétude des esprits et par » les émissaires de l'étranger, pour qui un peuple en >> révolution est toujours un objet de spéculation'.

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L'étranger, dit-il ailleurs, aidait alternati»vement, et souvent en même temps les deux » partis 3. »

3

1 Mémoires de madame Campan, tome II, pages 188, 189. (Collect. B. F.)

2 Histoire de France, par M. Toulongeon, tome Ier, page 70. 3 Idem, tome Ier, page 124.

« Paris.... avait à combattre la cour qui ne pou» vait se résoudre à lui accorder aucune con» fiance, et le parti de l'étranger, qui voyait en » cette ville un moyen d'ordre public contraire >> à ses desseins 1. >>

Je pourrais multiplier à l'infini les preuves et les témoignages d'une vérité peu connue, trèsutile à proclamer, puisqu'elle tend à absoudre les Français et la révolution des crimes qui lui sont journellement imputés; puisqu'elle tend à rallier les hommes de tous les partis, à effacer leurs fautes réciproques, et à diminuer la différence de leurs opinions; mais je suis contraint de rentrer dans la route des événemens, route dont je ne me suis momentanément écarté que pour y répandre des lumières nécessaires aux lecteurs.

1

Histoire de France, par M. Toulongeon, tome Ier, page 128.

2 Cependant si la prudence m'oblige à des réticences, elle me permet, je crois, de citer la pièce intitulée: Texte et nouvelle traduction des lettre et notes anglaises, trouvées dans un porte-feuille anglais, déposé au comité de salut public, et depuis aux archives nationales, par décret du dimanche 4 août 1793.Dans cette pièce, on voit que le ministère anglais avait des comités secrets dans plusieurs villes de France et un très-grand nombre d'agens largement rétribués. On y lit ces phrases: Ne faites aucun cas de l'argent ( Dont mind the money ); et ailleurs : Dites-leur de ne pas épargner les dépenses....... « Que l'argent ne soit point épargné.... Milord désire que vous ne pensiez pas ni à tenir aucun compte. envoyer Les millions étaient prodigués pour mettre la France en combustion.

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Dans la séance de la nuit du 4 août, il avait régné parmi les membres de l'Assemblée nationale un parfait accord d'intention; mais cet accord si désirable ne fut pas de longue durée. Cette Assemblée, composée d'élémens contraires, animée par des intérêts opposés, d'ailleurs observée, dirigée souvent par le génie de la faction dont je viens de parler, lequel s'immisçait dans la plupart de ses opérations, ne pouvait se maintenir dans un état d'harmonie. A un jour de calme et de bonheur devaient succéder des jours d'inquiétudes et de troubles.

Les désordres, malgré les décrets du 4 août, continuaient dans les provinces et même à Paris.

Le 6 août, des scènes tumultueuses, semblables à celles du mois de juillet, eurent aussi pour théâtre la place de Grève et l'Hôtel-de-Ville, et pour acteurs des hommes qui avaient déjà figuré dans les rôles de brigands et de meurtriers. La veille, on avait chargé au port Saint-Paul sur un bateau dix milliers de poudre de traite, pour être envoyés à Essonne, et y être échangés contre de la poudre de guerre. Les comités de la ville, inquiets sur cet envoi intempestif, ordonnèrent que le bateau serait déchargé, et la poudre reportée à l'Arsenal.

M. le marquis de La Salle avait autorisé les régisseurs des poudres et salpêtres à faire cet envoi et signé son autorisation. Dans cette conduite inconsidérée, mais innocente, les agitateurs trou

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