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la patrie, ces corps civils se partagèrent en deux files, qui se réunirent ensuite, et vinrent se placer sur les siéges qui leur étaient destinés dans la galerie adossée à l'École-Militaire.

Les membres de l'Assemblée remarquèrent, à cent pas au-delà de l'autel de la patrie, le bataillon des élèves militaires, qu'on nommait l'espérance de la patrie, qui les avait précédés pendant la marche. Ils durent aussi voir en arrière et à cent pas au-delà de cet autel le bataillon des vétérans qui les avait suivis.

Les fédérés, arrivés près de l'autel, y trouvèrent des poteaux et des inscriptions qui leur indiquaient la place que ceux de chaque département devaient

occuper.

La musique et les tambours occupèrent l'un et l'autre côté de l'esplanade, au bas de l'autel où devait se célébrer la messe.

La cavalerie qui fermait la marche se rangea sous la contre-allée à gauche.

Il fallut long-temps avant que chaque corps fût arrivé et rangé à sa place. On admira leur bon ordre; mais l'entrée des corps civils, des électeurs, de la municipalité de Paris et de l'Assemblée nationale, fut la plus imposante. Le ciel, sombre et calme, ajoutait son prestige à la gravité de cette marche, composée d'environ quatorze cents hommes, dont la plupart, considérés comme les soutiens de la liberté, l'espoir de la patrie, rappelait des souvenirs glorieux, des talens et des bienfaits éclatans. Le

silence du respect les accompagna pendant qu'ils parcoururent la longueur de l'arène. Cet épisode fut le plus majestueux de la fête.

Les averses se succédaient, et loin d'attrister la fête, elles semblaient y ajouter un nouveau degré de gaieté. Vingt mille fédérés se formant en cercle, tantôt divisés, tantôt réunis, dansaient les armes à la main autour de l'autel, chantaient, poussaient des cris de joie, et, bravant ainsi les ondées semblaient vouloir prouver qu'ils n'en souffraient pas, pour épargner un sentiment pénible aux spectateurs.

Ces averses produisaient un autre effet. Aussitôt qu'elles se faisaient sentir, cent mille parapluies se déployant donnaient aux masses des talus une teinte différente; alors elle se composait de points verts et rouges. Bientôt la pluie cessant faisait fermer ces parapluies, disparaître ces couleurs, et en faisait naître d'autres. Ainsi, selon les caprices de l'atmosphère, la scène changeait de décora

tion.

les

A trois heures après-midi, le roi, arrivé par bâtimens de l'École-Militaire, parut dans la galerie; la reine et la famille royale y parurent en même temps, et y prirent séance.

Laissons parler un membre de l'Assemblée nationale, qui, dans cette solennité, se trouvait à portée de bien voir les objets qu'il décrit. « La place du >> roi était préparée au centre de la galerie où sié

geait l'Assemblée. Sur une plate-forme, au milieu

>> était placé le fauteuil du trône, couvert de velours >> violet, semé de fleurs de lis d'or, avec un coussin

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pareil. Pour le président de l'Assemblée nationale,

était, à la même hauteur, sur la même ligne et à >> trois pieds de distance, un autre fauteuil, cou>> vert de velours bleu d'azur, semé aussi de fleurs » de lis d'or, avec un carreau semblable '.

» A la gauche de Sa Majesté, à pareille distance, » sur la même hauteur et sur la même ligne, » étaient des tabourets qui joignaient les banquet>> tes dressées pour les députés. Ces tabourets fu» rent dressés pour les secrétaires et autres mem>> bres de l'Assemblée, de manière que le roi était » placé au milieu d'eux tous, sans aucun intermé>> diaire et sous le même pavillon.

» Derrière le président étaient quatre huissiers » de l'Assemblée nationale, revêtus de leurs dé»corations; les quatre autres étaient en avant sur » les premières marches.

>> Le roi avait seulement avec lui deux huissiers » de sa chambre, portant leurs masses, placés de

vant avec les huissiers de l'Assemblée et quel>>ques autres officiers de sa maison, debout sur >> les premières marches ou derrière Sa Majesté.

>>

>> Un balcon, placé en arrière du roi et de l'As

Cet arrangement de fauteuils avait été ordonné par un décret que l'Assemblée nationale avait rendu le 9 juillet précédent.

T. I.

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>> semblée nationale, était occupé par la reine, le dauphin et la famille royale '.»

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Aussitôt que le roi fut placé sur son trône, le bruit du canon en avertit l'immense multitude des spectateurs, qui répondirent à cette annonce par des cris prolongés de vive le roi! vive la nation! suivis de gestes indicatifs de la joie que causait sa présence. La reine aussitôt éleva son fils, le montra au public et reçut sa part des applaudissemens. A l'instant les drapeaux des fédérés des quatre-vingttrois départemens, ceux des soixante districts de Paris, le drapeau appelé oriflamme, destiné à la troupe de ligne, et autres que le vent faisait agréablement flotter au-dessus des bataillons, furent groupés sur l'esplanade de l'autel.

M. Talleyrand-Périgord, député à l'Assemblée nationale, évêque d'Autun, chargé des principales fonctions religieuses de la fête, et assisté les par soixante aumoniers de la garde parisienne, tous vêtus d'aubes avec des ceintures tricolores "', célébra la messe, pendant que dix-huit cents instrumens de musique exécutaient des airs analogues à la cérémonie. La messe achevée, ce prélat bénit les drapeaux.

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Alors M. de La Fayette s'avança vers la galerie où le roi et l'Assemblée nationale étaient placés,

'Histoire de France depuis la révolution de 1789, tom. Ier,

pag. 221, 222.

* Le prêtre qui faisait les fonctions de diacre était l'abbé Louis, naguère ministre des finances.

descendit de cheval, monta les cinquante marches qui conduisaient au trône, et vint prendre les ordres de Sa Majesté qui lui remit la formule du serment décrété.

M. de La Fayette se rendit aussitôt à l'autel, y déposa son épée, et, monté sur le point le plus éminent, il donna le signal du serment qu'on allait prêter, en agitant un drapeau dans les airs; puis il prononça, au nom des fédérés, la formule suivante :

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« Nous jurons d'être à jamais fidèles à la nation, » à la loi et au roi; de maintenir, de tout notre pouvoir, la constitution décrétée par l'As>> semblée nationale et acceptée par le roi; de protéger, conformément aux lois, la sûreté des >> personnes et des propriétés, la circulation des grains et subsistances dans l'intérieur duroyaume, >> la perception des contributions publiques, sous >> quelques formes qu'elles existent; de demeurer » unis à tous les Français par les liens indisso» lubles de la fraternité. »

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Au même instant tous les bras se lèvent, les épées s'agitent, et des cris répétés font entendre ces mots : Je le jure. Le son des nombreux instrumens musicaux retentit, et de fortes détonnations des canons ébranlent l'air, dispersent entièrement les nuages et font cesser la pluie.

Le président de l'Assemblée nationale, placé à la droite du roi, se lève et prononce la formule

suivante :

« Je jure d'être fidèle à la nation, à la loi et au

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