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Fontanes, dont je voudrais citer toutes les beautés; je me borne à celles-ci :

Chantons, et qu'à nos chants tous les peuples répondent;
L'univers applaudit et les cieux nous secondent.
Souvent Dieu repoussa de son trône outragé
Cet encens eriminel offert par la victoire;
Mais ce nouveau triomphe est par lui protégé :
La voix d'un peuple libre est un hymne à sa gloire.

O peuple magnanime, imite en tout les cieux!
Pardonne, et souviens-toi des complots homicides
Où la Ligue autrefois entraîna tes aïeux :
Tremble de t'égarer sous d'infidèles guides,
Redoute un zèle factjeux :

Français, oublions tous notre injure commune !
Plus de cris insultans, plus d'aveugle fureur;
Forts de notre union, faisons grâce à l'erreur,
Et n'outrageons pas l'infortune.

M. de Fontanes peint ensuite l'état du sombre despotisme à la vue de la fédération.

Il entend ces cris d'alégresse,

Il s'indigne, et, pour un moment,

Se dissimule sa faiblesse,

Et contre un peuple libre accourt en blasphemant.

Il voit le peuple qui le brave,
Couvert de ses mille étendards;
Et c'est en vain que ses regards

Dans ces lieux cherchent un esclave.

Des nobles et des grands il perdit le soutien;
Son œil, avec fureur, trouve un roi citoyen.
Alors au fanatisme il demande vengeance,
Et veut renouveler leur antique alliance;

Mais les temps sont changés, tout son effort est vain,
Et son sceptre de fer se brise dans sa main.
Il succombe, il rugit. Par un dernier outrage
Il insulte le peuple, et le monarque et Dieu;
Fuit et court se cacher, en frémissant de rage,
Dans le tombeau de Richelieu.

Quatre comédies, le Diner des patriotes, la double Intrigue, le Journaliste des ombres, la Fa-` mille patriote, jouées à différens théâtres de la capitale, célébrèrent la fête de la fédération et l'amour de la liberté. Je dois dire que, dans toutes les communes de France, le même jour, à la même heure, le même serment fut prêté, la même fête célébrée, sans doute avec moins de magnificence et d'éclat, mais certainement avec un pareil enthousiasme.

La liberté est un des liens qui réunissent les nations que la politique sépare. Des peuples étrangers, le 14 juillet, fêtèrent la fédération française; elle fut solennisée à Hambourg, et des couplets patriotiques, composés pour la cérémonie, prouvèrent que les patriotes Hambourgeois étaient dignes d'être libres '.

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Voici la traduction du refrain de cette pièce : « Germains libres, chantons l'heure fortunée où nos frères en France » brisèrent les fers de l'esclavage; unissons nos vœux aux leurs; que nos cœurs soient des autels en l'honneur de la

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liberté; chantons les superbes exploits de la liberté recon

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quise; célébrons-la avec des cœurs purs et dignes d'elle. » (Confédération nationale, pag. 196.)

A Londres, le club des amis de la liberté fit sa fédération, et le lord Stanhope, président de ce club, en informa l'Assemblée nationale. Un opéra en trois actes, retraçant les principales scènes de la fédération française, fut joué avec un grand succès dans cette capitale de l'Angleterre.

Dans les journées des 24 et 25 juillet, les fédérés, rassasiés de fêtes, ayant l'ame remplie de grands et agréables souvenirs, munis de leurs certificats, de leurs médailles et de leurs drapeaux, quittèrent Paris et s'acheminèrent vers leurs départemens respectifs, Les bataillons de plusieurs districts les accompagnèrent à quelque distance de cette ville; leur séparation fut célébrée par des repas champêtres, par des témoignages d'un attachement sincère et par des regrets. Le bataillon de l'Oratoire se distingua en conduisant ainsi les fédérés de Lyon.

Tout présageait un avenir prospère, tout semblait garantir la soumission absolue aux lois de l'État, la continuité de cette harmonie d'intention, de ce zèle patriotique, si énergiquement manifestés pendant la solennité de la confédération des Français.

Quelques jours après le départ des fédérés, l'Assemblée nationale offrit une nouvelle preuve de ce zèle généreux, de ce noble dévouement qui caractérisent les Français, et dont ils ont donné tant d'exemples, en proclamant l'état des dons patriotiques, depuis le 22 septembre 1789 jusqu'au 31

juillet 1790. Ils se montaient à sept cent trenteneuf marcs d'or et à deux cent dix-neuf mille quatre cent vingt-huit marcs d'argent, évalués à la somme d'environ douze millions cinq cent mille francs.

Ce résultat de dons volontaires, dans l'intervalle de dix mois, sembla faible à quelques personnes qui ne considéraient pas que les Français les plus dévoués à leur patrie n'étaient pas les plus riches; il devait, d'après cette considération, paraître trèssatisfaisant et propre à justifier l'espérance d'un bonheur futur; mais le génie du mal qui dirigeait la plupart des événemens de la révolution, jaloux de quelques jours de calme et de félicité dont la France venait de jouir, souleva bientôt contre elle les tempêtes politiques.

27

T. I.

CHAPITRE IX.

DIVERS ÉVÉNEMENS, TROUBLES, INSURRECTIONS; AFFAIRE DE LA GARNISON DE NANCI; RETRAITE DE M. NECKER, SUPPRESSION DU PARLEMENT; TENTATIVES DE DÉMOLIR LE CHATEAU DE VINCENNES; Journée dite des poignards, mort de mirA—

BEAU.

IL semble que les suprêmes et secrets directeurs des troubles voulussent réparer le temps que leur avait fait perdre la fédération française, et se venger du calme momentané dont la France avait joui pendant la célébration de cette grande fête, puisque bientôt après, dans les derniers mois de l'année 1790 et les premiers de la suivante, parurent des scènes très-multipliées de troubles, de soulèvemens et de massacres. Dans les villes manufacturières, les ouvriers étaient mis en mouvement. Dans les ports de mer l'intérêt des matelots servait de prétexte aux agitateurs, et, comme le dit M. Toulongeon, l'influence anglaise s'y faisait reconnaítre'. Dans les villes où siégeaient encore des par

1 Histoire de France, tome Ier, p. 253.

Je reviens et je reviendrai encore sur cette influence anglaise, dont l'existence est attestée par tant de preuves et de témoignages; influence si nécessaire à connaître pour juger sainement de la révolution. Dans la séance du 12 mai 1790, M. de La Fayette prononça un discours sur les troubles de Marseille; il attribua ces troubles et plusieurs autres à des

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