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du décret de l'Assemblée nationale, et ordonna au général Bouillé de lui prêter main-forte. M. de Malseigne arrive à Nanci le 25 août; le lendemain il y proclame le décret et visite les casernes. Quand il a parcouru celle des Suisses, un obstacle s'oppose à sa sortie. Suivant les journaux du temps, un factionnaire refusa le passage à M. de Malseigne, et celui-ci, tirant son épée, la lui plongea dans le Suivant le marquis de Ferrières, quatre grenadiers s'opposèrent à sa sortie, en lui présentant la baïonnette. Cet officier met aussitôt l'épée à la main, et blesse deux grenadiers : « Son épée, dit-il, s'étant » brisée dans ses mains, il saisit celle du prévôtgénéral; se faisant jour à travers cette solda» tesque, il se rendit chez M. de Noue, com>> mandant de Nanci..... On l'avertit que sa vie » n'était pas en sûreté, qu'il fallait, sans perdre » de temps, quitter Nanci. Malseigne sortit sous » l'escorte de quelques officiers, et prit le chemin » de Lunéville 1. »

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Bientôt on sut à Nanci l'évasion de M. de Malseigne. Cent cavaliers du régiment de mestre-decamp montent à cheval, et courent, mais trop tard, à sa poursuite. Malseigne parvient dans Lunéville, et, prévoyant ce qui arrivait, il ordonne à un fort détachement de carabiniers d'aller audevant des troupes de Nanci, et de les empêcher d'approcher de Lunéville. Les deux troupes se

Mémoires de Ferrières, t. II, p. 137, 138. (Collect. B. F.)

rencontrent, se combattent; plusieurs blessés, plusieurs morts de part et d'autre. Neuf cavaliers de mestre-de-camp sont tués, un plus grand nombre faits prisonniers. Ce qui en reste revient à Nanci et y répand l'alarme. Les troupes s'y mettent en défense, arrêtent, traduisent en prison M. de Noue, commandant de la place, et marchent à Lunéville, dans le dessein d'attaquer les carabiniers et d'avoir M. de Malseigne mort ou vif.

Elles trouvèrent les carabiniers rangés en bataille sur la place de Lunéville; les deux armées, au lieu de se battre, s'envoyèrent réciproquement des députés. Il résulta de leurs négociations que les carabiniers consentirent à livrer M. de Malseigne à la garnison de Nanci, et même se chargèrent de le conduire dans cette ville.

Cependant M. de Bouillé avait réuni les gardes. nationales de Metz, quelques régimens et de l'artillerie; le 28 août il vint camper sur les bords de la Seille, puis à Frouard, à deux lieues et demie de Nanci. Sentant son armée trop faible pour attaquer cette ville et soumettre trois régimens en révolte et renforcés par beaucoup d'étrangers, le 30 août, il prit le parti d'envoyer à la ville de Nanci une sommation par laquelle il renouvelait l'ordre au peuple et aux troupes de rentrer dans le devoir, de livrer les chefs des factieux, et d'obéir aux décrets de l'Assemblée nationale dans l'espace de vingt-quatre heures.

Deux députations de la garnison et une des ma

gistrats de cette ville vinrent à lui, exposèrent leurs raisons et montrèrent des intentions pacifiques. M. de Bouillé leur répondit constamment qu'il n'entendrait aucune proposition de paix qu'aux conditions suivantes: 1° « Que la garnison sorte » de la ville, ayant à sa tête MM. de Malseigne et » de Noue, ou qu'elle se range paisiblement dans » ses quartiers, après avoir remis ces deux gé» néraux entre les mains du détachement qui doit » reconduire les députés; 2° que quatre hommes » des plus mutins par régiment et reconnus pour >> chefs de la discorde, soient à l'instant envoyés » à l'Assemblée nationale, pour y être jugés >> suivant la rigueur des lois. »

M. de Bouillé, à la tête de sa petite armée, s'avançait sur Nanci. Une nouvelle députation de cette ville vint lui annoncer que ses ordres allaient être exécutés : « « Effectivement, dit-il lui-même » dans ses Mémoires, je vis bientôt après la tête » de la colonne du régiment du roi qui débouchait » de la ville, et les généraux Malseigne et de Noue » vinrent me joindre. Regardant cette affaire » comme finie, d'après l'assurance que m'en avaient » donnée les députés de la ville et des troupes, j'avais suspendu la marche des miennes..... Je » causais avec les deux officiers-généraux et les

principaux bourgeois, à peu de distance de la » porte de Stanislas auprès de laquelle était la » tête d'une de mes colonnes, lorsque le peuple » et la populace armée, avec lesquels était resté

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» un grand nombre de soldats qui n'avaient pas >> suivi leurs drapeaux, se prennent de querelle >> avec mon avant-garde, composée de Suisses. Ils >> veulent faire feu sur elle avec plusieurs pièces » de canon chargées à cartouches, qu'ils avaient placées à l'entrée de la porte. » Suivant une autre relation, « le détachement qui gardait la porte de » Stanislas n'a point tiré le premier sur l'avantgarde de l'armée; ce sont au contraire les hus»sards de Lauzun qui ont fait une décharge de mousqueterie à laquelle on a riposté par un coup » de canon. »

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« Un jeune officier du régiment du roi, continue » M. de Bouillé, les arrête quelque temps. Il se >> met devant la bouche du canon, ils l'en arrachent; il s'assied sur la lumière d'un canon de » vingt-quatre, ils le massacrent.'; les canons » partent et jettent par terre cinquante à soixante » hommes de l'avant-garde; le reste, suivi des » grenadiers français, se précipite avec furie sur » les canons; ils s'en emparent, ainsi que de la

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D'après ce récit de M. de Bouillé, il semblerait que M. Désilles fut tué, ce qui n'est pas exact. Ce brave militaire se plaça à la bouche du canon, en représentant aux soldats révoltés qu'ils allaient se battre contre leurs amis, contre leurs frères; qu'ils allaient se rendre coupables du crime de lèsenation. Les membres de la députation envoyée auprès du général de Bouillé imitèrent ce généreux exemple, présentèrent leurs corps aux canons, en disant Tirez, malheureux, voulez votre perte et celle de vos frères.... Ces membres, ainsi que M. Désilles, arrachés avec violence d'auprès de ce canon,

qui

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» porte de Stanislas que ces canons défendaient, et ils entrent dans la ville par une grande place » où ils sont assaillis d'une grêle de coups de fusil qui partent des caves, des fenêtres et des toits, >> sans apercevoir aucun ennemi ‘. »

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Au bruit de cette artillerie, M. de Bouillé entre dans la ville, à la tête de deux colonnes; celle qui déjà y avait pénétré, était dans le plus grand désordre et prête à fuir; il s'avance avec peine dans les principales rues.

Les troupes de la garnison, qui, suivant les ordres de M. de Bouillé, étaient déjà sorties, au bruit de ces décharges d'artillerie crurent que ce général avait profité de leur absence pour attaquer le peuple et leurs camarades; elles rentrent avec précipitation dans Nanci pour les défendre; mais le régiment du roi, rentré avec les autres, ne les défendit pas: persuadé par ses officiers de se retirer dans sa caserne, il s'y rendit et s'y rangea en bataille.

D'autre part, les troupes que commandait M. de

furent conduits comme des criminels à la municipalité. Telle est la substance du procès-verbal de la municipalité de Nanci, pièce plus croyable que les Mémoires de M. de Bouillé, royaliste très-passionné. On dit que M. Désilles fut frappé de quatre coups de fusil. L'Assemblée nationale, en envoyant son décret du 3 septembre, écrivit à M. Désilles, lui parla de son dévouement héroïque, du danger auquel il s'était exposé, et ne dit rien de ses blessures. ( Mémoires de Bouillé, pièces justificatives, pag. 404, 409. Collect. B. F.)

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