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Bouillé crurent que celles de Nanci les avaient attirées dans cette ville, sous les apparences de la paix, afin de leur tendre un piége. Cette opinion accrut leur fureur: on se battit de part et d'autre avec un acharnement sans égal.

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« Ce combat extraordinaire s'engagea à quatre » heures et demie du soir, dit M. de Bouilllé ; je fus » jusqu'à sept heures et demie pour parvenir aux principales places, où aboutissaient les casernes » du régiment du roi et celles des Suisses, situées >>> aux deux extrémités de la ville. J'avais déjà perdu >> quarante officiers et près de quatre cents soldats, » tués ou blessés. Un des bataillons allemands, ainsi » que les gardes nationales de Metz, s'étaient >> retirés après avoir perdu beaucoup de monde... » Il est vrai que nous avions pris douze pièces de >> canon, tué beaucoup de monde aux rebelles, » fait plus de cinq cents prisonniers de la gar>> nison ou du peuple qui nous combattaient; que >> les régimens révoltés étaient retirés devant leurs casernes avec leurs canons, et que le peuple était >> rentré dans les maisons ou avait quitté la ville; » mais il ne me restait plus qu'environ quinze >> cents combattans, répartis sur plusieurs points.

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Le régiment du roi qui, après être sorti de la ville et revenu sur ses pas, s'était retiré dans les casernes, témoigna le désir de se soumettre. M. de Bouillé vint à eux, ordonna aux soldats de partir sur-le-champ pour aller tenir garnison à vingt lieues de Nanci, à Verdun.

Le régiment suisse, instruit de ce départ, obéit à l'ordre qui lui fut donné par M. de Bouillé de se rendre à Marsal; la cavalerie suivit le même exemple, et Moyenvic lui fut assigné pour lieu de retraite. « A neuf heures du soir toute la garnison » était partie, et en marche; le peuple de Nanci » était dispersé, les étrangers s'étaient retirés, et » la ville était dans le plus grand calme 1. »

M. de Bouillé, tout entier à ses opérations militaires, ne pense qu'à réprimer la rébellion, sans se mettre en peine d'en rechercher les auteurs; il indique seulement des étrangers qui participèrent à ces troubles. M. le marquis de Ferrières parle d'émissaires chargés de corrompre la troupe, et de brigands d'émeute réunis avec les soldats à la porte de Stanislas . M. Toulongeon les a fait mieux connaître. « Nanci, dit-il, outre la gar» nison révoltée, contenait beaucoup d'étrangers qui, sous l'habit de garde nationale, s'y étaient introduits, prenaient part aux troubles et les augmentaient 3. »

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Madame Campan parle de cette affaire de Nanci, et ce qu'elle en dit fait croire que la rébellion des militaires fut l'effet de secrètes instigations. « On n'en a connu, dit-elle, que le motif appa» rent. Il y en avait un dont j'aurais pu être bien

'Mémoires de Bouillé, chap. IX, pag. 158. (Collect. B. F.) • Mémoires de Ferrières, t. II, p. 140, 141.

3 Histoire de France depuis la révolution, par Toulongeon, tom. Ier, pag. 289.

» informée, si le trouble extrême que j'éprouvai » à ce sujet ne m'eût pas ôté la faculté d'y faire >> attention '. »

Quel était cet autre motif? Madame Campan ne le dit pas et le laisse soupçonner. A minuit, et secrètement, elle remplit auprès du roi les fonctions de secrétaire, et c'est là qu'elle apprit que le motif de cette malheureuse affaire n'était pas le motif apparent.

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Ainsi se termina cette révolte sanglante, excipar des agens de l'étranger ou de l'intérieur, et qui coûta la vie à près de onze cents hommes.

Les Parisiens témoignèrent leur regret de la perte de leurs frères d'armes, par une cérémonie funèbre qui fut, le 20 septembre suivant, célébrée au Champ-de-Mars. L'arc de triomphe, la galerie en amphithéâtre, située à l'autre extrémité du cirque, et la bordure des talus furent tendus en noir. L'autel était converti en tombeau antique, entouré de cyprès et chargé d'inscriptions en lettres d'or, analogues à cette pompe qui attira une grande partie des habitans de Paris.

Les Suisses du régiment de Château-Vieux furent livrés à la justice militaire de leur nation: dix-sept furent condamnés à être pendus, et subirent leur jugement; vingt-huit furent envoyés aux galères, d'où on les délivra dans la suite par décret de la première assemblée législative.

1 Mémoires de madame Campan, t. II, p. 122, (Collect. B.F.)

Les régimens français subirent une peine moins sévère.

Parmi les événemens et les troubles de cette époque, je ne dois pas omettre la formation du fameux camp de Jalès, où, dit-on, sous prétexte d'une fédération particulière, trente mille hommes des Cévennes ou d'ailleurs furent réunis pour être employés contre la révolution. C'est le premier acte ouvertement hostile que firent les partisans des anciens priviléges.

Paris dut se ressentir de cette perturbation presque générale. Voici l'exposé succinct des principaux événemens et troubles dont cette capitale fut le théâtre dans les derniers mois de 1790, et dans les premiers de 1791.

Le 4 septembre, M. Necker se retire du ministère des finances et termine sa carrière politique.

Le 6 du même mois, un décret supprime tous les anciens tribunaux et en établit de nouveaux. Il statue que le parlement de Paris cessera ses fonctions le 15 octobre 1790, et que ceux des autres villes du royaume les cesseront le 30 septembre.

Le 12 novembre 1790, la différence des opinions de deux députés, MM. Charles Lameth et de Castries, amène entre eux une querelle qui se termine par un duel. M. Lameth est blessé. Le lendemain une multitude d'hommes se porte à l'hôtel de Castries, y brise et dévaste tous les meubles, les jette par les fenêtres et ne pille rien.

Le 16 janvier 1791, plusieurs ecclésiastiques prêtent, à Paris, le serment exigé par la constitution civile du clergé. Beaucoup d'autres se refusent à ce serment: ils furent qualifiés de prétres réfractaires. Ceux-ci donnèrent à leurs confrères qui avaient prêté ce serment, l'épithète, plus injurieuse que spirituelle, de prétres jureurs.

Le 19 février, Mesdames, tantes du roi, partent de Paris pour se retirer à Rome: elles sont arrêtées à Moret. Les chasseurs de Lorraine viennent les délivrer. Elles furent encore arrêtées à Arnay-leDuc, et il fallut un décret de l'Assemblée nationale pour qu'il leur fût permis de continuer leur

voyage.

«Je savais par la reine, dit madame Campan, » que le départ de Mesdames avait été jugé néces>> saire pour laisser le roi libre dans ses démar>>ches, lorsqu'il serait contraint de s'éloigner >> avec sa famille '. >>

Le 22 février, une multitude se porte au Luxembourg, et veut s'assurer de la vérité du bruit du départ prochain de Monsieur, frère du roi. Ce prince rassure la foule en promettant qu'il ne quittera jamais son frère Louis XVI. Il fut prié de se rendre aux Tuileries, pour aller lui-même faire cette promesse au roi : il s'y rendit.

Le 28 février 1791 fut nommé la journée des poignards. Elle est signalée par deux événe

· Mémoires de madame Campan, t. II, p: 133.(Collect. B. F.)

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