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projet de voyage à Saint-Cloud, et en même temps un projet de résistance à ce voyage.

à

Voilà, suivant une opinion accréditée et vraisemblable, quel était le dessein de la cour; mais cette opinion n'est pas démontrée, et il est plus simple de croire que le projet de voyage de SaintCloud fut inspiré par l'innocent désir de passer la campagne les premiers mois de la belle saison. Quels que soient les moteurs et les motifs de l'événement que je vais rapporter, il est certain qu'il avait été préparé. Le 18 avril 1791, à une heure après-midi, la famille royale monta en voiture; déjà, avant d'y être montée, le tocsin de l'église de Saint-Roch s'était fait entendre, et, en moins d'une heure, la place du Carrousel s'était couverte de peuple qui criait : Le roi ne partira pas. On répandait partout que si le roi partait, il quitterait la France, et qu'on verrait naître une guerre civile.

M. de La Fayette, sentant les fàcheux résultats de cet empêchement au départ du roi, fit de vains efforts pour le favoriser; la garde nationale prévenue ne lui obéissait pas, le peuple l'insultait, le menaçait, et des femmes de la cour, placées aux fenêtres des Tuileries, riaient de son embarras. M. de La Fayette harangua le peuple; le maire Bailly le harangua à son tour : le parti était pris d'obéir à l'impulsion donnée et de ne céder à aucune raison.

« Le roi et sa famille, dit madame Campan, fu

»rent forcés de descendre de voiture, et de ren» trer dans leurs appartemens. Ils y remontèrent

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malgré les prières de M. de La Fayette, qui les

conjurait de rester dans leur voiture, et leur pro>> mettait de leur ouvrir le passage...... Cet outrage >> ne leur fut pas intérieurement très-sensible; ils >> virent un motif de légitimer aux yeux du peuple » même, le projet qu'ils avaient de s'éloigner de >> Paris 1. »

1

M. de La Fayette, voyant son autorité méconnue par la garde nationale, donna sa démission de commandant-général. Trois jours après, cédant aux instances de la municipalité et de tous les bataillons qui lui promirent une obéissance entière, dont ils ne s'étaient écartés que cette fois, il consentit à reprendre le commandement.

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Le lendemain, le roi se rendit à l'Assemblée nationale, s'y plaignit de la résistance qu'il avait éprouvée, et dit : « Il semble qu'on cherche à inspirer au peuple des doutes sur mes sentimens >> pour la constitution dont celle du clergé fait partie.» Il fit écrire, par son ministre des affaires étrangères, à tous ses agens diplomatiques, pour les charger d'annoncer aux souverains près desquels ils se trouvaient que, sincèrement attaché à la constitution, il était résolu de la maintenir 2. Il sanctionna alors tous les décrets qui lui furent pré

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· Mémoires de madame Campan, tom. II, pag. 137, 138. (Collect. B. F.)

Quelques écrivains assurent qu'à ces lettres ostensibles

sentés, même celui qui enjoint au prince de Condé de rentrer en France, sous peine d'être mis hors la loi et d'avoir ses propriétés confisquées.

Pendant ces démonstrations la reine s'occupait des préparatifs de son départ, et, le 10 juin, le roi faisait une protestation secrète contre divers décrets qu'il avait sanctionnés ou qu'il sanctionnerait à l'avenir. Il continuait ses correspondances avec le marquis de Bouillé pour assurer le succès de sa prochaine évasion. Les irrésolutions de Louis XVI le rendaient bien malheureux.

Pendant que tout se disposait aux Tuileries pour le départ de la famille royale, le marquis de Bouillé faisait de son côté toutes les dispositions qu'il crut suffisantes pour l'escorter et la recevoir.

M. de Bouillé, par ses opinions, son dévouement, sa bravoure, avait mérité la confiance du roi; et comme ce général commandait les départemens de la Meurthe, de la Meuse, de la Moselle et de la Marne, ce prince choisit pour le lieu de sa retraite une des places de son commandement, et les préféra à celles de la Flandre, moins éloignées de Paris. Il désigna lui-même,

étaient jointes des lettres confidentielles qui démentaient le contenu des premières. Je ne dois pas attester ce fait.

• Revue chronologique de l'Histoire de France, page 73. Suivant les Mémoires de M. de Bouillé, comte Louis, le roi avait, dès le 6 octobre, envoyé au roi d'Espagne une protestation contre tout ce qu'il pourrait sanctionner dans la suite. (Page 26. — Collect. B. F.)

ou M. de Bouillé l'engagea à choisir la place forte de Montmédy, de laquelle, si les dangers le pressaient, il pouvait facilement se rendre à Luxembourg, une des forteresses de l'Europe les plus inexpugnables, et où l'empereur, admis dans le secret de l'évasion projetée, avait promis d'envoyer vingt-cinq mille hommes.

M. de Bouillé fit plusieurs dispositions pour favoriser cette évasion; mais il ne pouvait en faire de définitives sans être assuré de l'époque précise du départ du roi qui, après avoir hésité entre le 12 et le 17 juin, sembla se déterminer pour le 19 de ce mois; encore ce terme n'était-il pas fixé irrévocablement, puisque, dans la lettre qu'à ce sujet il adressa à M. de Bouillé, il se borne à dire qu'il espérait partir ce jour '.

Cette expression incertaine mit M.de Bouillé dans une grande inquiétude. Il fit partir le duc de Choiseul pour Paris, le chargea de déclarer au roi «que >> tout serait prêt pour le dimanche 19 juin; que, » dans le cas d'un empêchement réel, le voyage pourrait encore avoir lieu le 20 juin; que, passé »le 20, tout serait rompu 2. »

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1

Dans la lettre du roi, écrite en chiffre par M. de Fersen, il manquait le point de remarque qui désignait la page du chiffre convenu. Le comte Louis de Bouillé se donna des peines infinies pour essayer le haut de chaque page du livre de la Grandeur et la Décadence des Romains, et y trouver, dans une première ligne, les élémens d'un chiffre propre à former un sens. Il n'y parvint qu'après un travail de huit heures.

2 Mémoires du duc de Choiseul, pag. 41. (Collect. B. F.)

M. de Bouillé, en mettant en mouvement plusieurs détachemens de troupes pour cette expédition, avait à craindre les soupçons publics et les interpellations du ministre de la guerre, qui n'était point dans le secret. Ainsi, le moindre retard vait devenir très-préjudiciable au voyage.

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Pendant que M. de Choiseul se rendait en toute hâte à Paris, le roi adressait une nouvelle lettre à

M. de Bouillé pour l'informer que son départ était définitivement fixé au 19 juin. Cette époque convenait parfaitement aux dispositions faites par M. de Bouillé; mais bientôt elle fut changée. Le roi et la reine, se méfiant d'une femme attachée à M. le dauphin, et dont le service finissait le 20 juin, voulurent attendre ce jour. M. de Choiseul, alarmé de ce changement, fit d'inutiles représentations pour l'empêcher; il dit même que si le roi ne partait pas dans la nuit du 20, les postes devant être relevés, l'entreprise serait manquée. Alors il fut arrêté que la famille royale partirait le 20 à minuit.

Voici comment la cour fit ses arrangemens pour ce départ. Il fallait une voiture commode, disposée pour des voyageurs qui ne devaient pas s'arrêter en route; il la fallait vaste, puisqu'elle devait conenir six personnes : le roi, la reine, madame Élisabeth, Madame, le dauphin et leur gouvernante madame de Tourzel'. M. le comte de Fersen se

M. de Bouillé avait désiré que, dans cette voiture, fût placé un homme de tête, de courage, qui pût, en cas d'événement, se présenter avec l'autorité du maître; il avait désigné,

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