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sur le siége du cocher, et l'on part. Au lieu de diriger la voiture vers la barrière Saint-Martin par les rues qui y mènent directement, le cocher novice, et ne connaissant pas assez les rues de Paris, suivit la rue Saint-Honoré jusqu'au boulevard de la Madeleine; puis, parcourut tous les autres boulevards jusqu'à la rue Saint-Martin, et de cette rue il atteignit la barrière au-delà de laquelle se trouvait la voiture de voyage toute attelée. Ce défaut de connaissance des rues causa, pour la seconde fois, un retard funeste au succès du voyage.

On descend de la voiture de remise qu'on abandonne toute attelée; on la verse même dans un fossé, et l'on monte dans la berline de voyage. Les gardes-du-corps se placent sur le siége. Un d'eux part à cheval pour aller à Bondy faire préparer le

relais.

Dans ce dernier lieu, deux dames attachées au service de la reine attendaient, depuis cinq ou six heures, l'arrivée de la famille royale; elles montèrent dans une voiture particulière qui suivit celle du roi.

M. de Fersen sert encore de cocher; les deux premiers chevaux sont conduits par son postillon. L'on part de Bondy, et, en moins de deux heures, on arrive à Claye, distant de six lieues de Paris, et second relais de poste sur la route de Châlons. Là des réparations à faire à la grande voiture causèrent encore une perte de temps.

M. de Fersen voit les chevaux de poste attelés

à la voiture réparée, la voit partir sans obstacle, retourne dans une de ses voitures à Paris, y arrive au grand jour, s'assure que le départ du roi est encore inconnu dans cette ville, et part aussitôt pour Bruxelles '.

La famille royale, voyageant avec un train fort apparent, avec deux voitures, dix voyageurs et onze chevaux, pouvait - elle, dans un temps de méfiance, ne pas attirer les regards et réveiller les soupçons? On ne pensa point à ce danger.

Pendant la même nuit du 20 au 21 juin, inspirés par des motifs semblables, Monsieur, frère du roi, et son épouse, Madame, s'échappèrent du palais du Luxembourg. Après avoir vaincu plusieurs difficultés, et calculé soigneusement les chances du voyage, ils se dirigèrent sur les PaysBas par des routes différentes; Madame prit le chemin d'Orchies, et Monsieur celui de Mons, par Soissons, Laon et Maubeuge. Ce voyage n'éprouva ni retard, ni beaucoup de difficultés, et se termina plus heureusement que celui du roi '.

Pendant que les princes, les princesses, et leur suite fuient en même temps Paris, portons nos regards sur cette ville et sur les effets qu'y produisirent les premières nouvelles de cette fuite. Ce ne fut que vers six heures du matin que M. de La

Relation de M. de Fontanges, Mémoires de Weber, t. II, p. 86, 87, 88. (Collect. B. F.)

2

Voyez Relation d'un voyage à Bruxelles et à Coblentz. (Collect. B. F. )

T. I.

Fayette apprit le départ du roi. Il en instruisíť aussitôt le maire et autres personnes. Il expédia sur diverses routes plusieurs officiers et son aide-decamp, M. Romeuf, chargés d'annoncer partout que les ennemis de la patrie avaient emmené le roi, et d'ordonner son arrestation. M. Romeuf éprouva des retards. Arrêté à l'extrémité du pont de Louis XVI par les ouvriers qui travaillaient à sa construction, conduit au district des Feuillans et de-là à l'Assemblée nationale qui approuva l'ordre de M. de La Fayette et y ajouta un ordre particulier, il partit et suivit la route de Sainte-Menehould.

Vers les huit heures du matin l'évasion du roi fut connue dans toute la ville. « Le peuple se crut » trahi. Les soupçons erraient vaguement sur les »> nobles, sur les prêtres, sur les ministres, sur » La Fayette et Bailly.... Une sombre inquiétude agitait le peuple. Il se portait en foule aux Tuileries, à l'Hôtel-de-Ville, autour de l'Assemblée >> nationale 1. »

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Quelques personnes qui lui étaient suspectes furent retenues dans leurs maisons ou au milieu des groupes. Aux premières invitations des commissaires de l'Assemblée nationale, elles furent relâchées sans difficulté; le peuple n'exerça de vengeance que sur des objets inanimés.

Le nom, l'effigie, les armoiries du roi, placés sur une multitude d'enseignes et sur des édifices

Mémoires de Ferrières, t. II, p. 330. ( Collect. B. F. )

DÉPART DE LOUIS XVI. publics, les bustes de Louis XIV, dans le cours de la journée du 21 juin, disparurent entièrement. Après ce mouvement de surprise et d'hu

meur,

les Parisiens, ainsi que la généralité des Français, prirent l'attitude du calme et de la dignité. L'Assemblée nationale déploya en cette circonstance un caractère majestueux, une fermeté, une sagesse, qui lui ont valu des éloges de tous les écrivains impartiaux, même de ceux qui ne l'étaient pas. Elle fut considérée comme le port du salut et l'espoir des Français. Elle essaya de gouverner sans roi.

Chaque député, livré à son opinion, à son caractère, se crut comptable de ses moyens, de ses forces. On ne sentit pas l'influence de la tribune. «Tout, dit M. Toulongeon, fut proposé, discuté,

adopté sans formes oratoires; il n'y eut ni ani» mosité ni crainte. Cette attitude étonna beau>> coup et contribua à déjouer les spéculations que l'on pouvait avoir faites sur la consternation

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présumée. Le départ ne causa aucune émotion; » le retour ne causa aucune joie indécente. Les » tribunes prirent aussi une contenance froide et tranquille'. »

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A neuf heures la séance s'ouvre; un des secrétaires commence la lecture du procès-verbal; elle est interrompue par l'arrivée du président qui annonce

1

Histoire de France depuis la révolution, par M. Toulongeon, t. II, p. 2.

que le maire de Paris venait de l'instruire du départ du roi.

Aussitôt il est décrété que les ministres seront appelés pour recevoir les ordres de l'Assemblée, et que le ministre de l'intérieur expédierait, à l'instant, des courriers dans tous les départemens, avec ordre, à tous les fonctionnaires publics, aux gardes nationales et aux troupes de ligne, d'arrêter ou de faire arrêter toutes personnes quelconques sortant du royaume, comme aussi d'empêcher toute sortie d'effets, armes, munitions, espèces d'or ou d'argent, chevaux et voitures; et que, dans le cas où lesdits courriers joindraient quelques individus de la famille royale, et ceux qui auraient pu concourir à leur enlèvement, lesdits fonctionnaires publics ou gardes nationales et troupes de ligne seront tenus de prendre toutes les mesures nécessaires pour arrêter les suites dudit enlèvement, etc. '.

L'Assemblée ordonne de plus que, pour la sûreté de ses délibérations, sa garde sera augmentée, et envoie des commissaires pour dégager MM. de La Fayette, Bailly, Gouvion, Cazalès, retenus dans divers groupes, comme complices de l'évasion du roi, et aussi pour délivrer M. de Montmorin dont l'hôtel était environné de peuple. Toutes ces commissions furent facilement exécutées.

1 Par ménagement pour Louis XVI ou par ignorance des circonstances de son départ, l'Assemblée nationale qualifiait alors, dans ses actes, ce départ d'enlèvement.

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