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triomphe décerné à M. Necker sous les yeux même du roi, et sur l'insulte faite à Versailles à M. l'ar¬ chevêque de Paris. Lorsque le roi vint dans cette ville, on ne cria point vive le roi, et les harangues, qu'on lui adressa ne furent remplies que d'une ironie amère.

Il retrace pour la seconde fois les événemens des 5 et 6 octobre et ceux qui ont précédé et suivi ces journées; se plaint de la place que la famille royale occupait dans la galerie du Champ-de-Mars, lors de la fédération, où cependant il déclare que le roi a passé les momens les plus doux de son séjour à Paris. Il se plaint ensuite de l'arrestation de Mesdames, tantes du roi, lors de leur voyage à Rome; de l'affaire dite des poignards; de l'opposition mise au départ du roi pour Saint-Cloud, etc. D'après tous ces motifs et l'impossibilité où » le roi se trouve d'opérer le bien et d'empêcher le >> mal qui se commet, est-il étonnant que le roi ait » cherché à recouvrer sa liberté et à se mettre en » sûreté avec sa famille? etc. »

«

Avant d'émettre cette déclaration, le roi aurait dû attendre le succès de son voyage à Montmédy; il paraît qu'il ne doutait point de ce succès.

Sa lecture fut entendue avec le plus grand calme. M. l'abbé Grégoire en demanda le renvoi au comité de constitution; demanda aussi que co comité fût chargé de rédiger une proclamation aux Français en opposition à cette déclaration. La proposition fut adoptée.

Tous les partis de l'Assemblée parurent également mécontens de ce manifeste royal, et se réunirent pour en improuver la forme et le fond : « Le » style, les expressions, la nature des plaintes, >> rien ne portait ce caractère d'élévation que l'in>> fortune ne doit jamais ôter à la grandeur. On » `peut croire, au défaut de la diction et au ton de supériorité qui y régnaient, que le roi ne le > consulta point et le dressa lui-même. A côté de >> réclamations graves sur la nouvelle forme du » gouvernement, on y lit de petites plaintes sur >> l'insuffisance de son logement, sur le traitement pécuniaire des officiers de sa maison, sur la mo>> dicité d'une somme de vingt-quatre à trente mil» lions affectés à sa liste civile. Ce mémoire sembla

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rédigé par des commensaux mécontens qui se >> servent du nom de leur maître; telle fut la sensa» tion qu'il fit dans l'Assemblée : il n'indisposa » point contre le roi '. »

M. le marquis de Ferrières, dont la franchise ne respecte pas toujours les convenances, dit à ce sujet : « On trouva les plaintes de Louis XVI sur l'incommodité de son séjour aux Tuileries, sur » l'insuffisance de sa liste civile, mesquines, indignes d'un roi qui semblait en appeler à son épée. La plupart des reproches que Louis XVI » faisait à l'Assemblée étaient fondés, mais l'ás

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3 Histoire de France, par Toulongeon, tom. II, pag. 29

30.

>> sentiment volontaire, donné tant de fois à cette >> même constitution contre laquelle il protestait

maintenant, jetait sur son caractère une teinte » de fausseté et de faiblesse bien capable d'aliéner » le peuple qui veut de grands vices ou de grandes

» vertus 1. >>

Pendant la nuit du 21 au 22 juin, l'Assemblée entendit la lecture de la Proclamation aux Français, dont je vais donner une analyse.

« Un grand attentat vient de se commettre....; le >> roi et la famille royale ont été enlevés dans la nuit » du 20 au 21 de ce mois 2.

>> Vos représentans triompheront de cet obsta>> cle; ils mesurent l'étendue des devoirs qui leur » sont imposés. La liberté publique sera mainte» nue;..... la France veut être libre, et elle sera » libre...... Si le premier des fonctionnaires publics » déserte son poste, ou est enlevé malgré lui, les >> représentans de la nation, revêtus de tous les >> pouvoirs nécessaires au salut de l'État et à l'ac>>tivité du gouvernement, ont le droit d'y suppléer. En prononçant que l'apposition du sceau » de l'État et la signature du ministre de la justice >> donneront aux décrets le caractère et l'autorité » de la loi, l'Assemblée constituante a exercé un >> droit incontestable..... >>

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'Mémoires de Ferrières, t. II, p. 338.

2 A ce mot enlevés, M. Roederer s'est écrié : C'est faux, le roi a déserté son poste. (Histoire du départ du roi, p. 113.)

La proclamation rassure ensuite les Français sur la situation intérieure et extérieure de la France, et répond à quelques passages de la déclaration du roi : « On ne craint pas, y est-il dit, d'y par>>ler de cette armée qui menaçait l'Assemblée >> nationale au mois de juillet 1789; on ose se >> faire un mérite de l'avoir éloignée. » Puis elle passe à l'affaire du 6 octobre 1790, reprochée à l'Assemblée qui cependant a ordonné la poursuite des coupables, et l'on se garde bien, dit la proclamation, de raconter les outrages qui provoquèrent ces désordres.

Elle répond à plusieurs autres articles de la déclaration royale; je ne citerai que ces phrases tendantes à rassurer les Français : « L'ordre peut >> exister partout où il existe un centre d'unité; il >> se trouve dans l'Assemblée des représentans...... >> Nous gémirons des malheurs de notre roi; nous >> appellerons la vengeance des lois sur ceux qui » l'ont entraîné loin de son poste; mais l'empire ne sera point ébranlé, l'activité de l'administra>>tion et de la justice ne sera point ralentie......... » La capitale peut servir de modèle au reste de » la France : le départ du roi n'y a point causé » d'agitations, et, ce qui fait le désespoir de nos » ennemis, elle jouit d'une tranquillité parfaite. » Cette proclamation fut adoptée et envoyée à tous les départemens.

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L'Assemblée s'occupa de quelques autres objets que j'omets pour me reporter au voyage du roi

que j'ai laissé partant de Claye et se dirigeant sur Châlons, où, vers les quatre ou cinq heures de l'après-midi du 21 juin, il arriva. Un petit accident fit perdre aux voyageurs un quart-d'heure ou une demi-heure de temps: la voiture fut accrochée à un pont avant cette ville, plusieurs traits se rompirent, il fallut les faire raccommoder.

Quelques personnes reconnurent ou crurent reconnaître le roi à Châlons; mais il n'en résulta rien de fâcheux pour les voyageurs qui, à trois lieues de cette ville, à Pont-de-Sommevelle, devaient trouver le premier des détachemens que M. de Bouillé avait placés sur le passage du roi. Ce détachement se composait de quarante hussards de Lauzun conduits par M. de Goguelat, et que M. de Choiseul, arrivant de Paris et qui avait précédé, de quelques heures, la voiture du roi, devait commander. Je dois dire ici que M. de Bouillé avait placé, avec de grandes précautions, des détachemens sur différens points de la route que le roi devait tenir, et avait donné, pour prétexte de ce mouvement militaire, le besoin d'escorter un trésor destiné à la solde des troupes. On verra dans la suite de quelle utilité furent ces détachemens.

A cinq heures et demie du soir, les voyageurs arrivent à Pont-de-Sommevelle. « Le roi comptait » y trouver sa première escorte, et se croyait sauvé....; mais, quelle cruelle surprise! la terre, » comme il l'a dit lui-même, semble s'entr'ouvrir

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