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que

bles d'avoir obéi à leurs maîtres, supportèrent tout le long de la route le poids de l'indignation publique placés sur le siége, ils n'y furent point attachés, comme on l'a dit; mais ils se trouvèrent exposés aux injures, aux menaces et même aux coups d'une foule effrénée '.

Dès le matin, l'Assemblée avait décrété qu'il serait donné au roi, à la reine et au dauphin une garde particulière. On nomma trois commissaires pour recevoir les déclarations du roi et de la reine. « Le pouvoir exécutif se trouva suspendu entre >> les mains du roi, et sa personne en arrestation : tel était l'état des choses, quoique l'Assemblée >> semblât ne pas en convenir; mais les formes avaient » été sauvées, les rédactions mesurées dans leurs expressions, et c'était tout ce que la modé>> ration pouvait se permettre dans les circons

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>> tances 2.

Le 15 août, après une longue et solennelle discussion, l'Assemblée nationale rendit un décret où, rejetant tout l'odieux de l'évasion du roi sur le marquis de Bouillé, sur ses complices et adhérens, elle déclare qu'il y a lieu à accusation contre eux; que leur procès sera fait pardevant la haute cour nationale provisoire, séante à Orléans; et que

1

Voyez à ce sujet le Précis historique de M. le comte de Valory; Mémoires sur l'affaire de Varennes, page 315 et suiv, (Collect. B. F.), et la relation de M. Du Moustier.

Histoire de France depuis la révolution, par M. Toulongeon, t. II, p. 40.

MM. Heymann, Klinglin et d'Hofflise, maréchauxde-camp, Desotteux, adjudant-général, Bouillé fils, major d'hussards, Goguelat, aide-de-camp, de Choiseul-Stainville, Mandel, colonel, Fersen, colonel, de Valory, de Malden et Du Moustier, seront arrêtés et traduits devant la haute cour d'Orléans;

Que les sieurs de Damas, Dandoins, Vallecourt, Marassin, Talon, Floirac, Remy, Lacour, lieutenant, Petrondy, Bridge, madame de Tourzel, resteront en état d'arrestation jusqu'à plus amples informations; que les dames Brunier et Neuville seront mises en liberté.

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« On consulta moins, dit le marquis de Ferrières, » si, dans les principes de l'Assemblée, le roi » était ou n'était pas coupable, que les avantages >> ou les inconvéniens qui devaient résulter de sa >> mise en jugement. Personne ne doutait que >> Louis XVI n'eût eu des intentions hostiles, qu'il ne se fût coalisé avec M. de Bouillé et les » puissances étrangères : sa déclaration était une pièce de conviction à laquelle il n'y avait pas » à répondre. Cependant la constitution n'éta» blissait pas la démarche de Louis XVI comme » un délit, parce que cette démarche, rendue >> nulle par son arrestation à Varennes, ne pouvait >> qu'être présumée tendant à un délit '. »

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L'état de dépendance où se trouvait la famille

1 Mémoires du marquis de Ferrières, t. II, p. 406. (Collect. B. F.)

royale, ne cessa qu'au 3 septembre suivant, époque où la constitution étant terminée, l'Assemblée la présenta à l'acceptation du roi; ce prince alors fut entièrement rendu à la liberté. J'en parlerai ainsi que de cette acceptation; mais l'ordre chronologique m'oblige à passer à d'autres matières.

CHAPITRE XI.

APOTHÉOSE DE VOLTAIRE; LOI MARTIALE, SON EXÉCUTION AU CHAMP-DE-MARS; ACCEPTATION DE LA CONSTITution et cLOTURE DE L'ASSEMBLÉE CONSTITUANTE.

VARIONS la scène; écartons pour un instant les tableaux sévères de la politique, et portons nos regards sur l'apothéose du héros de la litté– rature et de la philosophie du dix-huitième siècle.

La nouvelle basilique de Sainte-Geneviève, érigée en Panthéon', n'avait encore reçu que les cendres de Mirabeau, lorsque, le 30 mai 1791, l'Assemblée nationale reconnut que celles de Voltaire étaient dignes du même honneur'.

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Les cendres de Voltaire reposaient à l'entrée de l'église de l'abbaye deScellières, département de l'Aube.Cette abbaye allait être vendue. M. de Villette, époux de la nièce de Voltaire, écrivit le 15 mars 1791, au maire de Paris pour qu'il les réclamât; le 8 mai suivant une pétition fut à ce sujet présentée à l'Assemblée nationale qui décréta que le corps de Marie-François Arrouet de Voltaire serait transféré, de l'église de l'abbaye de Scellières, dans celle de Romilly, et qu'il y resterait jusqu'à ce que cette assembléeeût statué sur le surplus de la pétition. Le 30 mai suivant, d'après le rapport du comité de constitution, l'Assemblée décréta que Voltaire était digne de recevoir les honneurs décernés aux grands hommes et que ses cendres se

L'époque de cette solennité, fixée au 4 juillet, fut, à cause des agitations qui suivirent le départ de Louis XVI pour Montmédy, renvoyée au 11 de

ce mois.

Le dimanche 10 juillet, un char de forme antique, orné de feuillages et chargé du cercueil de Voltaire, partit de Romilly suivi d'une nombreuse escorte, arriva le soir à Paris, et fut déposé sur l'emplacement de la Bastille, au milieu d'un bosquet factice où abondaient les myrtes, les roses et les lauriers, symboles des productions de l'illustre écrivain '.

Son cercueil fut déposé sur l'emplacement même qu'avait occupé la tour où fut la prison de Voltaire. Avec les pierres provenant de la démolition de la Bastille, on avait formé un rocher sur le

raient transférées de l'église de Romilly dans celle de SainteGeneviève à Paris.

1 Sur le devant du char qui porta le cercueil de Romilly à Paris, on lisait cette inscription :

AUX MANES DE VOLTAIRE.

Et sur les côtés ces deux vers de cet écrivain :

Si l'homme est créé libre, il doit se gouverner.

Si l'homme a des tyrans, il doit les détrôner.

Ces opinions étaient en harmonie avec celles de l'époque. Dans l'espace de quarante lieues que parcourut ce char, il fut constamment escorté par les officiers municipaux et les gardes nationales de chaque commune située sur son passage, et l'on voyait de loin en loin des groupes de jeunes filles, vêtues en blanc, venir poser sur le cercueil des couronnes de fleurs.

T. I.

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