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Le dimanche 17 juillet, dès huit heures du matin, les signataires de la pétition couvraient, au Champ-de-Mars, l'autel de la patrie. De plus, la faction avait imaginé d'indiquer une réunion sur l'emplacement de la Bastille, d'où l'on devait partir en masse nombreuse, grossie en avançant de tous ceux qu'on aurait rencontrés, et se porter ainsi par les boulevards jusqu'au Champ-de-Mars; mais ce projet ne put s'exécuter. La municipalité, qui en fut instruite, fit garnir de militaires cet emplacement; il ne put y avoir de réunion, et ceux qui s'y présentèrent se virent obligés d'aller isolément au Champ-de-Mars; ce qui fut moins théâtral.

Vers neuf heures du matin, deux hommes, l'un perruquier, l'autre invalide à jambe de bois, se trouvaient sous la charpente de l'autel de la patrie. On ne sait comment ils s'y étaient introduits. L'un d'eux faisait avec une vrille des trous aux planches d'une marche de cet autel. Une femme, placée sur cette marche, sentant l'instrument agir sous la plante de ses pieds, fit un cri qui réveilla l'attention de ceux qui l'entouraient. On enlève la planche, on pénètre dans l'intérieur de la construction en charpente, et on trouve ces deux hommes. Soup

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pas fâchée d'entretenir le désordre en France, en y laissant » allumer une guerre civile.»

M. de Bouillé ne fait pas attention qu'il semble ici accuser le gouvernement autrichien du plus grand des crimes, d'un crime qui entraîne une infinité d'autres crimes, une infinité de malheurs et de calamités.

çonnés d'être des conspirateurs, ils sont aussitôt conduits chez le commissaire du Gros - Caillou. Interrogés, ils répondent qu'ils avaient percé les planches dans l'intention indécente de considérer les femmes sous un certain point de vue. Le commissaire, ne jugeant pas le délit assez grave pour retenir ces hommes, les mit imprudemment en liberté. Aussitôt une troupe de brigands assaillit ces malheureux; l'un est frappé de plusieurs coups de couteau; l'autre, élevé à un réverbère pour y être pendu, tombe vivant sur le pavé; on lui coupe la tête; on la porte au bout d'une pique... Les scènes de la Grève se renouvellent.

M. de La Fayette, un fort détachement de la garde nationale, et trois commissaires, accourent sur le lieu de cette scène horrible. Ils sont d'abord assaillis à coups de pierres; mais ils parviennent à dissiper l'attroupement et à épargner aux habitans de Paris le spectacle hideux de têtes sanglantes promenées dans les rues.

Les auteurs de ces atrocités, d'abord arrêtés, furent ensuite arrachés des mains de la garde nationale.

Cependant le peuple, trompeur ou trompé, qui n'avait pu se réunir sur l'emplacement de la Bastille, se rendait au Champ-de-Mars. Il était environ l'heure de midi lorsqu'y arriva un envoyé des jacobins, qui annonça que la pétition de la veille n'était plus convenable, et que la société allait s'occuper d'une nouvelle rédaction. Mais la foule, qui

grossissait à vue d'oeil, ennuyée d'attendre, manifestait son impatience. Alors, on proposa de faire cette rédaction sur l'autel même de la patrie. Quatre commissaires, nommés aussitôt, rédigèrent une pétition, dont voici le début :

Représentans de la nation, vous touchez au » terme de vos travaux; bientôt des successeurs, >> tous nommés par le peuple, allaient marcher sur » vos traces, sans rencontrer les obstacles que » vous ont présentés les députés des deux ordres privilégiés, ennemis nécessaires de tous les principes de la sainte égalité.

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» Un grand crime se commet; Louis XVI fuit; >> il abandonne indignement son poste; l'empire >> est à deux doigts de l'anarchie. Des citoyens l'ar» rêtent à Varennes, et il est ramené à Paris. Le peuple de Paris vous demande instamment de ne >> rien prononcer sur le sort du coupable, sans » avoir entendu l'expression du vœu des quatre>> vingt-deux autres départemens, etc. >>

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Cette pétition, lue par Danton, à la voix de Stentor, est applaudie et puis signée.

Sur les deux heures, trois officiers municipaux en écharpe, escortés de gardes nationales, sé présentent au Champ-de-Mars. Les signataires envoient au-devant d'eux une députation, les accueillent, les invitent à monter sur l'autel, et leur donnent lecture de la pétition. Ceux-ci la trouvent dans les principes, paraissent satisfaits, et ordonnent aux troupes venues au Champ-de-Mars pour l'événe

ment du matin, de se retirer. Ces officiers municipaux consentirent même à ce qu'une députation de douze signataires se rendît avec eux à l'Hôtel-deVille.

Tout jusqu'alors était tolérable; mais le besoin de se promener le dimanche, et la curiosité, attirèrent dans ce lieu un nombre considérable d'individus. Cet accroissement de la multitude alarma le corps municipal; déjà étaient arrêtés quatre particuliers qui avaient lancé des pierres sur la garde nationale, et dont l'un d'eux fut trouvé muni d'un pistolet chargé. Quelques autres scènes de cette nature, le cruel événement du matin, les ordres de l'Assemblée nationale, ordres renouvelés dans la journée, déterminèrent la municipalité à proclamer la loi martiale sur la place de Grève, à venir ensuite s'installer dans l'édifice de l'ÉcoleMilitaire, attenant au Champ-de-Mars, à faire battre la générale, tirer le canon d'alarme, et arborer le sinistre drapeau rouge.

Vers les sept heures et demie du soir, on entend au Champ-de-Mars le bruit des tambours, annonçant l'approche de la municipalité, l'approche des bataillons qui, par trois points différens, entrent bientôt dans l'arène, escortés d'artillerie et précédés par l'épouvantable drapeau.

Les pétitionnaires, persuadés qu'aux termes de la loi martiale, on ne doit tirer sur les attroupemens qu'après trois sommations, restent immobiles sur l'autel de la patrie; des groupes d'hommes,

placés sur les talus, se portent en avant de la forcearmée et lui lancent des pierres, et de ces groupes part un coup de pistolet dirigé sur le corps municipal. La balle passe derrière le maire, et va percer la cuisse d'un dragon de la ligne, réuni à la garde nationale '.

Cette attaque subite déconcerta les officiers municipaux, ils ne purent remplir les formalités exigées par la loi martiale; les trois sommations ne furent point faites, quoi qu'en ait dit quelques écrivains. Le maire Bailly, dans sa défense, en fait l'aveu. « Tous les citoyens, dit-il, savent ce qui >> s'est passé dans cette malheureuse journée; per» sonne n'ignore que les magistrats n'eurent pas >> le temps de faire les sommations prescrites par

>> la loi 2. >>>

Cependant la conduite de la municipalité quoique blâmée, était autorisée par l'article VII de cette loi qui porte en substance que si l'attroupement, avant, pendant et après les sommations, commet quelques violences, les magistrats sont autorisés à déployer la force des armes.

Ainsi les hommes qui, placés sur les talus, avaient lancé des pierres, tiré un coup de pistolet sur la gardenationale et la municipalité, étaient légalement attaquables; mais ceux qui restaient sur l'autel

1 Ce dragon mourut des suites de cette blessure. 2 Mémoires de Bailly, t. I. Éclaircissemens historiques, p. 404. (Collect. B. F.)

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