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respectueuse attention; les applaudissemens de toute l'assemblée les suivirent; on trouva le langage de Louis XVI digne d'un grand roi parlant aux élus d'un grand peuple. Toutefois quelques personnes espéraient que le monarque ferait pressentir son opinion et ses désirs sur le mode de délibération des états, et sur la nature des institutions que le peuple en attendait. Louis, ou plutôt les auteurs de son discours ne crurent pas devoir aborder ces importantes questions.

Le garde-des-sceaux prononça d'une voix faible et tremblante un discours qui fut mal entendu, et qui ne méritait pas l'attention de l'auditoire. L'éloge de la conduite du roi composait une grande partie de la harangue de Barentin; mais il oubliait de signaler les véritables adversaires des intentions bienfaisantes de Louis, dont on cherchait déjà à surprendre la religion. La question du vote par tête ou par ordre ne fut abordée par le garde-dessceaux que d'une manière faible et détournée. « Le >> roi, dit-il, s'en rapporte au vou des états pour » la manière de recueillir les voix, quoique celle » par tête, en ne présentant qu'un seul résultat, >> paraisse avoir l'avantage de faire mieux con»> naître le désir général. » C'était montrer une difficulté et en abandonner la solution aux len-teurs ou aux orages d'une discussion. Ce discours, dont les raisonnemens ne portaient sur aucune base solide, caractérisait parfaitement l'époque,

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et décelait parfaitement la décrépitude du pouvoir monarchique.

Necker ne parla que de finances. Sans doute, le désordre qui régnait dans l'administration de la fortune publique, était devenu la cause immédiate de la convocation des états; mais la nation ne voyait plus, dans cet état de choses, que l'occasion et non le but unique de cette grande mesure. Elle sentait qu'il n'est point de bonne administration financière sans institutions fortes, et réclamait celles-ci comme des moyens d'arriver à celle-là. Aussi le discours de Necker, quelque lumineux qu'il parût aux financiers, ne produisit-il qu'une faible sensation. Il parlait avec affectation des grands services financiers qu'il avait rendus, et lorsqu'il en vint à la question politique du moment, il s'en remit, comme Barentin, aux lumières des états-généraux, et se borna à présenter cette phrase qui parut inconvenante parce qu'elle ressemblait à une leçon: Ne soyez pas envieux du temps. Enfin Necker présentait l'état des finances sous un aspect consolant. Selon ses calculs, le déficit ne s'élevait plus qu'à cinquante-six millions cent cinquante mille francs.

Le discours de Necker terminé, le roi leva la séance et sortit au milieu des acclamations.

Le jour de l'ouverture des états-généraux fut, comme nous l'avons dit, un jour d'espérance. Tous les cœurs étaient pénétrés de joie; on lisait sur tous

les visages l'attendrissement et la reconnaissance. Un peuple entier entourait avec amour un prince qui adressait à son peuple le langage dun père. Dépouillons cette séance du voile brillant qui la couvre, voyons si lorsque l'enthousiasme fut calmé la France dut être satisfaite de ses résultats.

Le peuple était affamé d'institutions libres, et le discours du trône l'accusait d'un désir effréné d'innovations: deux grandes questions divisaient les esprits, le vote par tête ou le vote par ordre. Le doublement du tiers entraînait nécessairement le vote par tête. Pourquoi le prince et ses ministres ne voulurent-ils point émettre leur opinion sur ce grave sujet? Craignaient-ils de compromettre leur pouvoir? Dans leur position politique, ils devaient laisser aux trois ordres la tâche périlleuse d'une décision.

Cette réticence du gouvernement fut le premier brandon de discorde jeté parmi les trois ordres, qui bientôt, divisés en deux partis ennemis, ne se réconcilièrent jamais.

Dès le soir même du jour de l'ouverture des états, le tiers, doutant de la protection du ministère, débute par un coup d'autorité : il s'empare de la suprématie qu'on lui refuse, et décide que les députés du clergé et de la noblesse se réuniront à lui, dans la salle commune, pour procéder à la vérification des pouvoirs respectifs. Voilà le gant jeté. A dater de ce jour il fallut que le tiers fût vaincu par la force, ou devint assemblée nationale.

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T. I.

Les débats multipliés, les longues discussions, les conférences, plus d'une fois interrompues et reprises, à la suite desquels le tiers-état conquit ce noble titre, portent un caractère d'uniformité qui nous fait un devoir d'en abréger le récit.

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