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CHAPITRE II.

PREMIÈRES SÉANCES DES ÉTATS-GÉNÉRAUX; SÉANCES TENUES au JEU DE PAUME, A L'ÉGLISE DE SAINT-LOUIS DE VERSAILLES, ET SÉANCE ROYALE.

LE 6 mai 1789, conformément à une proclamation du roi, portant que les députés des trois ordres se réuniraient ce jour à neuf heures du matin, dans le local destiné à les recevoir, les députés du tiersétat ou des communes s'y rendirent ponctuellement, et, sans rien faire, jusqu'à deux heures après midi, y attendirent les députés du clergé et de la noblesse. Ces deux derniers ordres, craignant les conséquences de leur réunion à celui du tiers-état, au mépris de la proclamation royale, s'assemblèrent séparément chacun dans une salle particulière, et s'y occupèrent de la vérification des pouvoirs de leurs députés respectifs.

Le lendemain 7, et les jours suivans, les députés réunis dans la salle des états y attendirent encore les députés des deux ordres privilégiés qui ne s'y présentèrent point. Ces deux ordres voulaient que les pouvoirs de chaque député fussent vérifiés par l'ordre auquel il appartenait; le tiers-état prétendait

T. I.

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>> La dénomination d'Assemblée nationale est la >> seule qui convienne à l'assemblée dans l'état >> actuel des choses.

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>> L'assemblée ne perdra jamais l'espérance >> de réunir dans son sein tous les députés aujourd'hui absens; elle déclare qu'elle s'empres>> sera de les recevoir et de partager avec eux, après la vérification des pouvoirs, la suite des grands travaux qui doivent procurer la régé>>nération de la France. >>

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Aussitôt cette délibération prise, une adresse respectueuse au roi fut votée pour lui en faire part.

Dès-lors, les représentans du tiers-état et plusieurs représentans du clergé réunis à eux furent constitués en Assemblée nationale.

Cet acte fut suivi d'un serment solennel dont voici la formule: Vous jurez et promettez de remplir avec fidélité les fonctions dont vous êtes chargés. Tous les membres présens se soumirent à cet engagement, et il fut arrêté qu'il serait obligatoire pour tous ceux qui ne viendraient pas signer une déclaration contraire.

Dans cette même séance, l'Assemblée déclara illégales toutes les contributions parce qu'elles n'avaient pas été consenties par la nation; mais qu'elles seraient perçues comme à l'ordinaire, et ce jusqu'au jour seulement de la première séparation de cette Assemblée, de quelque cause qu'elle puisse provenir. Elle annonça des mesures sur la dette

publique et sur la disette qui affligeait la France. La Chambre de la noblesse était divisée; un parti, qu'on a nommé la minorité de la noblesse, projetait sa réunion à l'Assemblee nationale; une majorité assez forte voulait observer les formes anciennes. Le duc d'Orléans fit, dans cette Chambre, la proposition d'aller en corps faire vérifier les pouvoirs dans cette Assemblée. Cette motion, rejetée par la majorité, fut appuyée par quatre-vingts voix '.

Dans la Chambre du clergé, les partisans des arrêtés de l'Assemblée nationale étaient en majorité; les archevêques de Vienne, de Bordeaux, les évêques de Chartres, d'Autun, de Coutances, se concertèrent. L'un d'eux proposa de se rendre dans l'Assemblée nationale. Cette proposition fut repoussée par cent trente-sept membres, et adoptée par cent trente-huit : faible majorité qui se fortifia et s'éleva bientôt à cent quarante-huit.

Ces succès alarmèrent la cour. Le témoignage du marquis de Ferrières, député de la noblesse, et fort attaché à l'ancien régime, ne sera point suspect; voici ce qu'on lit à cet égard dans ses Mémoires: « La cour, ne pouvant se dissimuler que les petits » moyens employés pour diviser les ordres allaient » amener la réunion et tourner contre leurs pro

Dans les Mémoires du marquis de Ferrières, tome I, page 52 (Collection de Baudouin frères), on lit que le duc. d'Orléans avait promis, sur son honneur, au comte d'Artois, de ne point se réunir au tiers-état; mais que, pressé de se déclarer, le duc fit un effort qui lui causa une défaillance. On peut douter de cette assertion.

» pres auteurs, résolut la dissolution des états. Il » était nécessaire d'éloigner le roi de Versailles, » de le séquestrer de Necker et des ministres qui >> lui étaient attachés. On arrangea un voyage à » Marly; la mort de M. le dauphin servit de pré» texte. Là, on s'empara de l'esprit du monarque, » on lui remontra qu'il était temps d'arrêter les >> entreprises inouies du tiers; que bientôt il ne lui >> resterait plus que le nom de roi. Le cardinal de >> La Rochefoucauld et l'archevêque de Paris cou» rurent se jeter aux pieds du roi, le supplièrent » d'empêcher la ruine du clergé et de protéger la religion; le parlement envoya une députation >> secrète et proposa des moyens de se passer d'é» tats; le garde-des-sceaux parla avec force; la >> reine et le comte d'Artois se joignirent garde>> des-sceaux; on persuada au roi qu'il était aisé » de contenter le peuple; qu'il suffisait d'une dé>> claration propre à remplir le vœu des cahiers; » que la noblesse et le haut clergé l'accepteraient >> avec reconnaissance. Tout étant définitivement » arrêté, un ordre du roi annonça une séance royale et suspendit les états sous prétexte d'ar>> rangemens à faire à la salle. On imaginait empêcher le tiers de se rassembler, et prévenir les

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>> arrêtés de ses délibérations. Cette démarche imprudente ne servit qu'à hàter le triomphe du >> tiers 1. >>

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1 Mémoires du marquis de Ferrières, tome I, pages 53, 54. (Collect. de Baudouin frères.)

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