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ajoutait-on, avait quelque notification à faire au parlement, il écrivait au président de cette Cour. Ensuite plusieurs motions, tendantes à des partis extrêmes, furent faites: on parlait notamment de transférer l'Assemblée à Paris. Alors un membre proposa une formule de serment qui, après une courte discussion, fut généralement adoptée, et l'Assemblée prit l'arrêté suivant:

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« L'Assemblée nationale, considérant qu'appe» lée à fixer la constitution du royaume, opérer la régénération de l'ordre public, et maintenir les >> vrais principes de la monarchie, rien ne peut » ́empêcher qu'elle ne continue ses délibérations, » dans quelque lieu qu'elle soit forcée de s'éta» blir, et qu'enfin, partout où ses membres sont » réunis, là est l'Assemblée nationale;

» Arrête que tous les membres de cette Assem» blée prêteront, à l'instant, le serment solennel » de ne jamais se séparer et de se rassembler par» tout où les circonstances l'exigeront, jusqu'à ce >> que la constitution du royaume soit établie et » affermie sur des fondemens solides, et que ledit » serment étant prêté, tous les membres, et cha»cun d'eux en particulier, confirmeront, par leurs signatures, cette résolution inébranlable. »

Aussitôt le président (Bailly) prêta le serment. « J'en prononçai, dit-il, la formule à voix si » haute et si intelligible, que mes paroles furent

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» entendues de tout le peuple qui était dans la » rue; et, sur-le-champ, au milieu des applau、 >> dissemens, il partit de l'Assemblée et de la foule >> des citoyens qui étaient en dehors, des cris réi>> térés et universels de vive le roi!1»

1

Le serment fut ensuite prononcé par les secrétaires, puis chaque membre le prêta à son tour, et vint en signer la formule. Sur environ six cents membres présens, un seul, le sieur Martin d'Auch, ajouta à sa signature le mot opposant. Un grand tumulte éclata aussitôt dans l'Assemblée; on voyait, avec douleur, cette défection à l'unanimité de la délibération. Le président, monté sur la table pour dominer et être entendu, écouta Martin d'Auch, lui répondit, et, pour le préserver d'accidens, le fit évader par une porte de derrière. On convint de mettre en tête de l'arrêté qu'il avait été pris à l'unanimité des voix, moins une.

Les députés de Saint-Domingue, les députés dont les pouvoirs n'étaient pas encore jugés, et les suppléans, vinrent solliciter, comme une faveur, la faculté de signer ce serment qui rendait presque impossible la séparation des membres de l'Assemblée nationale, et, très-difficile leur arrestation.

Cependant la Chambre de la noblesse vint adresser au roi un discours dont le contenu fut désavoué par une protestation de quarante-quatre membres de cette même Chambre.

1 Mémoires de Bailly, tome I, page 190 (Collect. de Baudouin frères).

A deux heures du matin du lundi 22 juin, le président de l'Assemblée nationale fut réveillé par un héraut d'armes qui lui portait une lettre du roi, conçue en ces termes: « Je vous préviens, Mon» sieur, que la séance que j'avais indiquée pour » demain lundi, n'aura lieu que mardi à dix heures » du matin, et que la salle ne sera ouverte que » pour ce moment.

» Je charge le grand-maître des cérémonies de » vous faire tenir ma lettre. Signé Louis. » Au dos était écrit: A Monsieur Bailly, président de l'ordre du tiers-état.

Voici ce que rapporte le marquis de Ferrières sur ce retard de la séance royale et sur ses suites: « Necker offrit un nouveau plan; Necker n'était » plus le maître du conseil; on y avait appelé le >> comte d'Artois, les princes de Condé, de Conti; >> on s'en tint à la déclaration du garde-des-sceaux.

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>> Tout annonçait la chute de ce ministre; il » chercha à la prévenir.... Il fallait retarder la >> séance royale, se ménager des ressources: Necker » y réussit. Il allait, dit-il, travailler à un second plan qui réunirait tous les suffrages. Necker ga» gna un jour, et sut s'en servir avec beaucoup » d'habileté. Ce retard fit chercher un moyen » d'empêcher messieurs du tiers de s'assembler. On » crut qu'il suffirait de leur fermer l'entrée du jeu » de paume de la rue Saint-François. Le comte » d'Artois envoya dire au maître du jeu qu'il >> jouerait à la paume le lendemain. Cet homme,

>> intimidé, et à qui on avait durement reproché sa » condescendance, prévint messieurs du tiers qu'il » ne pourrait leur prêter sa salle pour tenir leur » séance. Cette petite niche d'écolier tourna en»core à la confusion de ceux qui l'employèrent '.>> Les membres ne savaient où tenir leur séance du lundi 22, séance à laquelle ils attachaient un grand prix, puisqu'ils avaient l'espérance d'y voir la majorité du clergé se réunir à eux. On leur proposa l'église des Récollets; ils s'y rendirent. Elle était trop circonscrite; ils furent occuper celle de la paroisse Saint-Louis, s'établirent dans la nef, et tout fut à peu près disposé comme dans la salle ordinaire. Des députés, qui n'avaient pas assisté à la séance du jeu de paume, vinrent y prêter serment et signer la délibération.

Bientôt la majorité du clergé, rassemblée dans le choeur de la même église, après l'appel nominal, se trouvant au nombre de cent quarante-huit, députa auprès de l'Assemblée nationale 2.

L'évêque de Chartres porta la parole et dit : «<Mes>>sieurs, la majorité de l'ordre du clergé, ayant pris >> la délibération de se réunir pour la vérification >> des pouvoirs, nous venons vous en prévenir et >> vous demander sa place dans l'Assemblée. »

Mémoires de Ferrières, tome I, pages 55, 56 (Collect. de Baudouin frères).

2 Cette majorité se composait de cent trente-quatre curés, cinq évêques ou archevêques, deux grands-vicaires, six chanoines, et un seul abbé commandataire.

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