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manité qui honorent les exploits que nous allons décrire, leur appartiennent.

Ce parti se fortifia, par l'effet des circonstances, d'habitans naturellement modérés, mais effrayés des dangers que couraient leurs personnes et leurs propriétés. Il faut y joindre un grand nombre de mécontens, d'hommes frappés par la tyrannie et les iniquités ministérielles. Dans cette classe je dois placer le corps des gardes-françaises, composé de trois à quatre mille hommes, et spécialement affecté à la garde de la ville de Paris; corps qui, mécontent des rigueurs de son commandant, le duc Du Châtelet, seconda puissamment l'insurrection parisienne, et devint une pépinière de généraux qui, dans la suite, illustrèrent l'armée française.

Dans l'autre parti figuraient des intrigans de toutes les classes, qui calculaient les événemens, et peut-être les faisaient naître pour en profiter : ils paraissaient être les agens d'un chef. Le mot de liberté n'était que dans leur bouche. Ils s'opposaient à tous les actes contraires à leurs plans, et ne craignaient pas de commettre des crimes pour en assurer l'exécution. A ce parti était évidemment attachée cette troupe de brigands étrangers à la ville de Paris, que j'ai déjà signalée en parlant du pillage de la maison Réveillon. Les vols, les incendies, les meurtres dont la révolution a été souillée, sont l'ouvrage des hommes de ce parti '.

Voyez ci-dessus, Introduction, pages 34, 35.

Voyons maintenant quelles furent les magistratures insurrectionnelles de Paris. Les électeurs de cette ville, avant de se séparer, eurent, le 10 mai 1789, la précaution d'arrêter que leurs séances continueraient pendant la tenue des états-généraux, afin de correspondre avec leurs députés. En conséquence, le 25 juin suivant, ils se réunirent dans la salle du Musée de la rue Dauphine, et votèrent une adresse à l'Assemblée nationale, contenant leur adhésion à ses arrêtés, notamment à celui du 17 juin.

Le 27 de ce mois, ils obtinrent, pour y tenir leurs assemblées, la grande salle de l'Hôtel-deVille. Là ils se donnèrent une organisation, et intervinrent avec succès dans l'affaire des soldats des gardes-françaises, tirés des prisons de l'Abbaye. Dans cette assemblée on avait, dès le 26 juin, fait la motion d'établir une garde bourgeoise à Paris. Le 10 juillet suivant, le danger que présentaient les troupes nombreuses qui environnaient cette ville fit reproduire cette motion. Des commissaires, pour l'examiner et en faire un rapport, furent nommés; et le 11, ce rapport fut présenté aux électeurs. Ils allaient arrêter l'envoi d'une députation à l'Assemblée nationale, pour lui demander l'établissement de cette garde, lorsqu'un électeur vint annoncer de nouveaux dangers. Il apprenait que des troupes nouvelles renforçaient, aux environs de Paris, celles qui s'y trouvaient déjà; il présageait de grands malheurs pour les jours suivans, et le

peuple, inquiet sur son sort futur, remplissait déjà la place de Grève et les salles de l'Hôtel-de-Ville.

JOURNÉE DU DIMANCHE 12 JUILLET 1789.

Telle était la situation de Paris, lorsque le dimanche 12 juillet, M. le baron de Besenval ordonna à certains corps des troupes qui cernaient Paris et occupaient ses faubourgs de faire un mouvement en avant. Voici ce qu'il dit lui-même : « Dans la >> crainte que les différens postes de cavalerie desti» nés à maintenir la tranquillité dans les faubourgs >> ne fussent insuffisans, ou que, provoqués à cer>> tain point, ils ne s'écartassent de la consigne ex>> presse qui leur était donnée, je leur envoyai » l'ordre de se porter à la place de Louis XV. Un » fort détachement des gardes-suisses était déjà dans les Champs-Élysées avec quatre pièces de

>> canon.

>> Les hussards de Berchiny, les dragons de M. de >> Choiseul et le régiment de Salis-Samade s'y ren» dirent aussi par mes ordres..... Les troupes, en » se rendant à la place de Louis XV, furent assaillies » de propos injurieux, de coups de pierres, de » coups de pistolets. Plusieurs hommes furent bles» sés grièvement, sans qu'il échappât même un geste menaçant aux soldats, tant fut respecté » l'ordre de ne pas répandre une seule goutte du >> sang des citoyens'. »

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· Mémoires du baron de Besenval, tome II, page 462. (Collect. de Baudouin frères.)

Cet ordre ne fut pas toujours respecté.

De si puissans motifs d'inquiétude et d'indignation recurent bientôt un nouveau degré de force. Vers le milieu de ce jour, on apprit à Paris que M. Necker, le seul homme du ministère sur qui reposait la confiance publique, avait, dès la veille, été envoyé en exil; que de Versailles il s'était rendu dans sa maison de Saint-Ouen, et de-là était parti pour la Suisse ; que les autres ministres avaient donné leur démission, et qu'ils étaient remplacés par des hommes dont le caractère connu inspirait une méfiance générale. De ce nombre était le conseiller d'État, Foulon, dont j'ai déjà parlé, fameux par ses opinions anti-populaires'.

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Cette nouvelle mit les habitans de Paris dans la plus vive agitation; on ne douta plus que les troupes qui entouraient cette ville ne fussent destinées à l'exécution d'un projet désastreux. Les personnes animées du pur amour de la patrie, et celles qui épiaient les fautes du gouvernement pour en profiter, éprouvèrent le même besoin, et songèrent alors plus que jamais à se défendre. Des scènes qui eurent lieu sur la place de Louis XV augmentèrent l'effervescence. Un cavalier de royal-allemand, passant devant un soldat du régiment des gardes, le tua d'un coup de pistolet. Le prince de Lambesc, insulté par des particuliers, à la tête d'un détache

1

› Voyez ci-dessus, page 91.

T. I.

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ment de cavalerie, pénétra par le pont-tournant dans le jardin des Tuileries, y fit poursuivre ou sabrer sans distinction ceux qui s'y promenaient, vieillards, femmes, enfans: le sieur Chauvel, maître de pension, âgé de soixante-quatre ans, fut blessé d'un coup de sabre de la main du prince; et le sieur Tricot, renversé, foulé aux pieds des chevaux, eut la cuisse cassée 1.

Au jardin du Palais-Royal, foyer de l'insurrection parisienne, école de liberté, rendez-vous des nouvellistes et des intrigans, paraît, dans la galerie parallèle à la rue de Richelieu, CamilleDesmoulins en habit de visites. Il est arrêté dans le café de Foy ; il en sort suivi d'une multitude de curieux, entre dans le jardin, monte sur un des bancs qui bordent cette galerie, commence un discours mal articulé, mal entendu, qu'il termine brusquement en criant aux armes ! et montrant un pistolet.

Peu de temps après, dans le même jardin, une femme s'installe; devant elle est une vaste manne remplie de rubans verts; elle ne les vend pas, mais en distribue gratis une demi-aune que chacun place à son chapeau.

Les rues se remplissent d'une multitude de personnes de tout état, qui s'interrogent, se communiquent leur crainte, leurs espérances : les uns, envoyés à tous les théâtres, en prescrivent la ferme

1 Procès-Verbal des électeurs de Paris, tome I, page 178.

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