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CHAPITRE VI.

De la manière de parler du mystère de la sainte Trinité.

325. Outre les noms qui sont propres à chaque personne divine, il en est d'autres qu'on nomme appropriés, parce qu'on les attribue à une personne de préférence aux autres, quoiqu'ils expriment quelque chose de commun à toute la Trinité. Ainsi la création est attribuée au Père, la rédemption au Fils, et la sanctification de l'homme au Saint-Esprit. On dit très-bien, Gloire au Père qui nous a créés! gloire au Fiis qui nous a rachetés! gloire au Saint-Esprit qui nous a sanctifiés! encore que la création, et la rédemption, et la sanctification du genre humain, soient également l'ouvrage du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Pour ce qui regarde les expressions et les formules à employer pour parler convenablement du mystère de la sainte Trinité, dont les anges eux-mêmes ne parleraient qu'en tremblant, on ne doit point s'écarter des règles suivantes :

326. Premièrement comme le mystère de la sainte Trinité est le plus grand, le plus profond, le plus incompréhensible des mystères de la religion, il y aurait témérité à vouloir l'expliquer par des comparaisons. On bannira donc des leçons, des discours, des instructions familières ou catéchismes, comme indignes et dangereuses sous tous les rapports, les comparaisons tirées ou de l'union conjugale, ou de la constitution physique de l'homme et de la génération. On peut seulement faire remarquer, en empruntant le langage des Pères (1), que nous trouvons dans le fond de notre âme quelque image de la Trinité, sans insister toutefois sur cette comparaison, soit parce qu'elle a son côté faible, soit parce que l'homme a de la peine, nous ne disons pas à se comprendre, mais à se connaître lui-même.

327. Secondement: pour éviter toute erreur et toute inexactitude en parlant de la Trinité, on ne doit se servir que des expressions dont l'Église a consacré l'usage, dans ses décrets contre les hérétiques, dans ses symboles ou professions de foi, dans ses hymnes, ses prières, sa liturgie. D'après cette règle,

(1) Voyez, ci-dessus, le n° 290.

les mots hypostase et substance seront pris, le premier, pour exprimer la personne et non la nature divine, et le second, pour exprimer la nature divine et non la personne; comme aussi on emploiera le mot principe au lieu du mot cause, quand on parlera du Père comme engendrant le Fils, ou du Père et du Fils comme produisant le Saint-Esprit. Le Père est le principe et non la cause du Fils; le Père et le Fils sont le principe et non la cause du Saint-Esprit. Nous disons le principe, car le Saint-Esprit procède du Père et du Fils, non comme de deux principes, mais comme d'un seul principe, tanquam ab uno principio, disent le concile de Florence et le second concile général de Lyon.

328. Troisièmement: comme le mystère de la sainte Trinité consiste dans l'unité de la nature divine et la distinction des trois personnes, du Père, du Fils et du Saint-Esprit, on doit éviter avec le plus grand soin tout ce qui serait contraire ou à l'unité de nature, ou à la distinction des personnes divines. Suivant le dogme catholique, on dit : Il y a un seul Dieu en trois personnes, le Père, le Fils, et le Saint-Esprit. Il y a trois hypostases, subsistances ou personnes en Dieu; mais il n'y a qu'une essence, qu'une substance, qu'une nature divine, qui est tout entière, sans division, sans inégalité, commune au Père, au Fils et au Saint-Esprit. On ne peut donc pas dire: Il y a trois essences, trois substances, trois natures en Dieu; ce serait admettre trois Dieux. On ne peut pas dire non plus : Il n'y a qu'une hypostase, qu'une subsistance, qu'une personne en Dieu; ce serait détruire le dogme de la Trinité divine.

On dit Le Père est Dieu, le Fils est Dieu, le Saint-Esprit est Dieu; et ces trois personnes ne sont qu'un seul Dieu. Mais on ne peut pas dire, quoique l'ait dit et répété un auteur moderne : Le Père est un Dieu, le Fils est un Dieu, le Saint-Esprit est un Dieu; car en multipliant le mot un, et en l'appliquant au Père, au Fils et au Saint-Esprit, on en ferait trois Dieux. Pour la même raison, on ne doit pas dire: Il y a un Dieu le Père, un Dieu le Fils, et un Dieu le Saint-Esprit; mais on dira vrai en disant : Il y a un Dieu le Père, le Fils, et le Saint-Esprit ; alors l'unité de nature se retrouve avec la distinction des trois personnes.

329. On dit très-bien: Le Père est l'Être nécessaire, le Fils est l'Étre nécessaire, le Saint-Esprit est l'Être nécessaire; le Père est le principe de toutes choses, le Fils est le principe de toutes choses, le Saint-Esprit est le principe de toutes choses; mais on ne dira pas: Le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont trois êtres nécessaires,

trois principes de toutes choses; car les trois personnes ne sont qu'un seul Être, et hi tres unum sunt (1); qu'un seul principe de toutes choses, unum universorum principium (2). On ne peut pas même dire, d'une manière absolue, que le Père, le Fils et le SaintEsprit sont trois êtres, quoiqu'on puisse dire qu'ils sont trois êtres relatifs ou personnels: nous le répétons, ces trois personnes ne sont qu'un seul et même être, qu'une seule et même substance, et hi tres unum sunt.

On dit, avec toute l'Église : « Le Père est immense, le Fils est immense, le Saint-Esprit est immense; le Père est éternel, le Fils est éternel, le Saint-Esprit est éternel; le Père est tout-puissant, le Fils est tout-puissant, le Saint-Esprit est tout-puissant; mais on ne dit pas Le Père est un être immense, éternel, tout-puissant; le Fils est un être immense, éternel, tout-puissant; le SaintEsprit est un être immense, éternel, tout-puissant; car il n'y a pas trois êtres immenses, trois êtres éternels, trois êtres tout-puissants; il n'y a qu'un être immense, unus immensus, qu'un être éternel, unus æternus, qu'un être tout-puissant, unus omnipotens (3).

330. En traduisant ces deux textes de l'Écriture, Tres sunt qui testimonium dant in cœlo, Pater, Verbum, et Spiritus Sanctus; et hi tres unum sunt; ego et Pater unum sumus, on ne dira pas: Et ces trois ne sont qu'un; mon Père et moi, nous ne sommes qu'un; il y aurait contradiction à dire que trois sont un, que deux sont un. Aussi le texte sacré ne dit pas : Et hi tres unus sunt; ego et Pater unus sumus; mais bien: Et hi tres UNUM sunt; ego et Pater UNUM sumus. Il faudra donc dire: Et ces trois PERSONNES ne sont qu'un, qu'un être, qu'une substance. Mon Père et moi nous ne sommes qu'un étre, qu'une substance. Nous ajouterons que, pour bien exprimer que le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne sont qu'un seul Dieu, il ne suffit pas de dire que la chose est ainsi, parce que ces trois personnes ont la même nature et la même divinité; car trois hommes ont la même nature et la même humanité, sans être une seule substance, sans être consubstantiels. Il faudra donc dire que les trois personnes ne sont qu'un seul Dieu, parce qu'elles n'ont qu'une seule et même nature, qu'une seule et même divinité.

331. Pour ce qui regarde la distinction des personnes, on dit : Les trois personnes divines sont distinctes, mais on ne dit pas dif

(1) 1 épître de saint Jean, c. v, v. 7. (2) Concile général de Latran, de 1215, capit. 1. -- - (3) Symbole de saint Athanase.

férentes; car elles sont égales en toutes choses. Elles sont distincles: le Père est autre que le Fils et le Saint-Esprit; le Fils est autre que le Père et le Saint-Esprit; le Saint-Esprit est autre que le Père et le Fils: en latin, alius Pater, alius Filius, alius Spiritus Sanctus; et non aliud Pater, aliud Filius, aliud Spiritus Sanctus; car alius ne tombe que sur la personne, tandis que aliud tombe sur la substance, qui n'est pas autre dans le Père, autre dans le Fils, et autre dans le Saint-Esprit; ce sont trois personnes en une seule et même substance. On dit encore: Le Père n'est pas le Fils ni le Saint-Esprit, le Fils n'est pas le Père ni le Saint-Esprit, le Saint-Esprit n'est pas le Père ni le Fils.

332. En parlant de l'origine des personnes divines, on dira: Le Père n'est d'aucun autre, il n'est ni créé, ni fait, ni engendré, ni procédant; le Fils est du Père seul, non fait, ni créé, mais engendré; le Saint-Esprit est du Père et du Fils, non fait, ni créé, ni engendré, mais procédant; il procède du Père et du Fils. Cependant le Père et le Fils ne sont pas deux principes, mais un seul principe, d'où procède le Saint-Esprit. Cette proposition, qu'on rencontre quelquefois, Le Fils procède du Père, n'est exacte qu'autant qu'on ajoute ces mots : par voie de génération. Encore est-il plus conforme au langage de l'Écriture, des Pères et des conciles, de ne se servir du verbe procéder que pour exprimer l'origine du Saint-Esprit : Pater generans, Filius NASCENS, et Spiritus Sanctus PROCEDENS; Filius GIGNITUR, et Spiritus Sanctus PROCEDIT (1). Il vaut donc mieux dire simplement que le Fils est né ou engendré du Père seul, et que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils. Mais on évitera soigneusement de dire que le Fils dépend du Père, et que le Saint-Esprit dépend du Père et du Fils, même en ajoutant, quant à l'origine; car il ne dépend pas du Père que le Fils soit ou ne soit pas engendré, ni du Père et du Fils que le SaintEsprit procède ou ne procède pas.

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333. Nous finissons en rappelant cet avis que saint Paul donnait à son disciple bien-aimé, l'évêque d'Éphèse : « O Timothée, « gardez le dépôt de la foi qui vous a été confié, fuyant les profanes « nouveautés de paroles, et tout ce qu'oppose à la vérité une doctrine qui porte faussement le nom de science; quelques-uns, voulant en faire profession, se sont égarés de la foi (2).

» Nous

(2) O Timothee, de

(1) Concile général de Latran, de 1215, capit. 1 et п. positum custodi, devitans profanas vocum novitates, et oppositiones falsi nominis scientiæ, quam quidam promittentes, circa fidem exciderunt. Ire épître à Timothée, c. vi, v. 20 et 21.

éviterons cet écueil, si, au lieu de sonder les profondeurs du mystère ineffable de la très-sainte Trinité, nous adorons celui qui est trois fois saint, sans chercher à le comprendre; si, au lieu de consacrer notre temps à des discussions qui n'édifient pas, nous l'employons à bénir, à louer et à glorifier le Père, et le Fils, et le Saint-Esprit, à qui appartiennent toute bénédiction, toute louange et toute gloire, maintenant et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

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