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tuit; nous ne devons notre salut qu'à la miséricorde de Dieu : Secundum suam misericordiam salvos nos fecit (1); nous avons été justifiés gratuitement par sa grâce: Justificati gratis per gratiam ipsius (2). Mais il était bien conforme a la bonté de Dieu, bien digne de celui qui se plaît à manifester sa miséricorde à l'égard des pécheurs, de ne point abandonner les coupables à euxmêmes, et de leur donner les moyens de se rapprocher de lui, en se rapprochant lui-même de nous par l'incarnation de son Fils; c'est pourquoi il est dit : « Dieu a tellement aimé le monde, qu'il « a envoyé son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne « périsse point, et qu'il ait la vie éternelle : Sic enim Deus dilexit « mundum, ut Filium suum unigenitum daret; ut omnis qui « credit in eum non pereat, sed habeat vitam æternam (3). ·

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341. Il se présente une autre question, toujours dans l'hypothèse de la chute de l'homme : Dieu ayant résolu, dans sa miséricorde, de sauver les hommes, aurait-il pu le faire sans le mystère de l'Incarnation? La plupart des théologiens pensent qu'il l'aurait pu les uns, en soutenant qu'il pouvait renoncer aux droits de sa justice, et faire gratuitement la remise de la dette du péché, sans exiger aucune satisfaction; les autres, en disant qu'avec des secours ou des moyens extraordinaires que Dieu aurait puisés dans les trésors de sa sagesse, l'homme aurait pu offrir à la justice divine une satisfaction plus ou moins parfaite, mais suffisante pour obtenir sa grâce. Mais on croit assez généralement que l'homme n'aurait pu offrir à Dieu une satisfaction parfaite ou proportionnée à l'injure du péché, sans l'intervention d'un médiateur qui fût Dieu lui-même. Il n'y a pas de proportion entre une satisfaction dont la valeur se tire de la dignité d'une simple créature, et l'injure dont la gravité se tire de la majesté du Créateur, pas plus qu'entre le fini et l'infini. « Si l'homme, dit saint Irénée, n'eût été uni à Dieu par l'Incarnation, il n'aurait pu participer « à l'immortalité (4). » Suivant saint Augustin, « le genre humain « n'eût pas été délivré, si le Verbe de Dieu n'eût daigné se faire « homme (5). » C'est aussi la pensée de saint Athanase (6), de saint Cyrille d'Alexandrie (7), de saint Léon le Grand (8) et de saint

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(1) Epitre de saint Paul à Tite, c. m, v. 5. ·(2) Épître aux Romains, c. III, v. 24. (3) Saint Jean, c. III, v. 16. — (4) Nisi homo conjunctus fuisset Deo, non potuisset particeps fieri incorruptibilitatis. Liv. in, contre les hérésics, C. XVIII. - (5) Non liberaretur humanum genus, nisi Sermo Dei dignaretur esse humanus. Sermon CLXXIV. – (6) Discours m, contre les ariens. — (7) Dialogue sur l'Incarnation. - (8) Sermon 1, sur la passion de Notre-Seigneur,

Anselme (1). Nous reconnaîtrons donc, dans l'hypothèse d'une satisfaction parfaite pour le péché, la nécessité de l'Incarnation, de ce mystère ineffable, où se manifestent tout à la fois la miséricorde et la justice de Dieu : sa miséricorde, en ce qu'il a envoyé son Fils par amour pour nous: Sic Deus dilexit mundum, ut Filium suun Unigenitum daret (2); sa justice, en ce qu'il l'a envoyé pour en faire une victime de propitiation pour nos péchés : Misit Filium suum propitiationem pro peccatis (3). C'est dans ce mystère que la miséricorde et la justice se sont rencontrées, que la justice et la paix se sont embrassées, et que tout est rentré dans l'ordre Misericordia et veritas obviaverunt sibi; justitia et pax osculatæ sunt (4).

342. Nous pensons même, contrairement à l'opinion de certains scolastiques, que Dieu ne pouvait absolument sauver les hommes sans exiger une satisfaction quelconque. En effet, Dieu est juste, essentiellement et souverainement juste; et c'est parce qu'il est essentiellement juste, quoique libre dans la manière d'exercer sa justice, qu'il exige nécessairement ou que l'injure du péché soit réparée par le sacrifice de l'amour, ou qu'elle soit expiée par la pénitence, ou qu'elle soit punie. Il est nécessaire, comme le dit saint Anselme, que tout péché soit suivi ou d'une satisfaction ou du châtiment Necesse est ut omne peccatum satisfactio aut pœna sequatur (5). Dieu peut bien, parce qu'il est aussi infiniment miséricordieux, donner au pécheur le moyen de réparer ses fautes et de satisfaire à la justice divine, d'une manière ou d'une autre ; mais il ne peut le dispenser de toute réparation, comme il ne peut se dispenser lui-même de récompenser la vertu (6).

ARTICLE IV.

Le mystère de l'Incarnation future a-t-il été connu des Juifs et des gentils avant la prédication de l'Évangile ?

343. La tradition primitive touchant la chute de l'homme et la promesse d'un rédempteur s'est conservée chez tous les peuples; partout on en trouve quelques vestiges, quelques souvenirs plus ou moins altérés par les superstitions du paganisme (7). Mais il y a

(1) Cur Deus homo, liv. 11, c. vII. —(2) Saint Jean, c. ш, v. 16. — (3) lre épître de saint Jean, c. iv, v. 10. (4) Psaume LXXXIV, V. 11. — (5) Cur Deus homo, liv. 1, c. XV. — - (6) Voyez, ci-dessus, le n° 51 et le n° 55. tom. I, no 584, etc.

(7) Voyez le

loin de là à la connaissance du mystère de l'Incarnation, qui a été caché, dit l'Apôtre, dans tous les siècles et tous les âges, et qui maintenant est découvert aux saints: Mysterium quod absconditum fuit a sæculis et generationibus; nunc autem manifestatum est sanctis ejus (1). Cependant les patriarches, les prophètes et les docteurs de la loi chez les Juifs ont connu, plus ou moins parfaitement, l'incarnation future du Fils de Dieu; David, Isaïe et autres prophètes ont décrit par avance les principales circonstances de la vie de Jésus-Christ. Quelques justes, même parmi les gentils, ont eu une connaissance particulière de ce mystère : « Je « sais, disait Job, Iduméen, que mon rédempteur est vivant, et qu'à la fin des temps il me ressuscitera de la poussière du tom« beau. Et je serai revêtu de nouveau de ma peau, et je verrai « Dieu dans ma chair; je le verrai moi-même de mes propres « yeux, et non un autre. Je porte cette espérance dans mon sein (2). » Quant aux philosophes de l'antiquité, rien n'annonce qu'ils aient réellement connu distinctement l'Incarnation, quoique plusieurs d'entre eux aient pu lire les prophètes.

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ARTICLE V.

Peut-on prouver le mystère de l'Incarnation par la raison?

344. On ne peut prouver l'incarnation du Verbe par la raison; c'est un mystère qui n'est pas moins incompréhensible que le mystère de la sainte Trinité. On prouve par le fait qu'il est possible, puisqu'on prouve qu'il existe; mais on ne peut en prouver, philosophiquement, ni l'existence ni même la possibilité. Mais si la raison de l'homme ne peut démontrer que ce mystère est possible, elle ne peut non plus, par cela même que c'est un mystère, démontrer qu'il soit impossible. La distinction de la nature divine et de la nature humaine dans une même personne, dans un seul et même sujet, dans un seul et même Christ, vrai Dieu et vrai homme, est un dogme que nous ne connaissons que par la révélation: c'est un mystère que nous devons adorer, en soumettant notre entendement à la parole de Dieu, qui ne peut ni se tromper ni tromper les hommes.

345. Cependant, instruits par la foi, nous trouvons, dans l'union de notre âme avec le corps, une image de l'Incarnation, comme

(1) Ire épître aux Colossiens, c. 1, v. 26. — (2) Job, c. XIX, V. 25.

«

nous trouvons dans les facultés de notre âme une image de la sainte Trinité (1). « Notre âme, d'une nature spirituelle et incor«ruptible, a un corps corruptible qui lui est uni; et, de l'union « de l'un et de l'autre, résulte un tout qui est l'homme, esprit et corps tout ensemble, incorruptible et corruptible, intelligent et « purement brute. Ces attributs conviennent au tout, par rapport « à chacune de ses deux parties. Ainsi le Verbe divin, dont la • vertu soutient tout, s'unit d'une façon particulière; ou plutôt il « devient lui-même, par une parfaite union, ce Jésus-Christ, Fils « de Marie; ce qui fait qu'il est Dieu et homme tout ensemble, engendré dans l'éternité et engendré dans le temps, toujours vi« vant dans le sein du Père, et mort sur la croix pour nous sauver. « Mais où Dieu se trouve mêlé, jamais les comparaisons tirées « des choses humaines ne sont qu'imparfaites. Notre âme n'est pas ⚫ devant notre corps, et quelque chose lui manque lorsqu'elle en « est séparée. Le Verbe, parfait en lui-même dès l'éternité, ne « s'unit à notre nature que pour l'honorer. Cette âme qui préside « au corps, et y fait divers changements, elle-même en souffre à « son tour. Si le corps est mû au commandement et selon la volonté « de l'âme, l'âme est troublée, l'âme est affligée, et agitée en << mille manières ou fâcheuses, ou agréables, suivant les disposi«tions du corps; en sorte que, comme l'âme élève le corps à elle « en le gouvernant, elle est abaissée au-dessous de lui par les cho«ses qu'elle en souffre. Mais, en Jésus-Christ, le Verbe préside à << tout, le Verbe tient tout sous sa main. Ainsi l'homme est élevé, « et le Verbe ne se rabaisse par aucun endroit : immuable et inal⚫ térable, il domine, en tout et partout, la nature qui lui est unie.

. De là vient qu'en Jésus-Christ, l'homme, absolument soumis « à la direction intime du Verbe qui l'élève à soi, n'a que des pen« sées et des mouvements divins. Tout ce qu'il pense, tout ce qu'il « veut, tout ce qu'il dit, tout ce qu'il cache au dedans, tout ce « qu'il montre au dehors, est animé par le Verbe, conduit par le « Verbe, digne du Verbe, c'est-à-dire digne de la Raison même, « de la Sagesse même, et de la Vérité même. C'est pourquoi tout <«< est lumière en Jésus-Christ; sa conduite est une règle, ses mira«cles sont des instructions, ses paroles sont esprit et vie.

« Il n'est pas donné à tous de bien entendre ces vérités, ni de « voir parfaitement en nous-mêmes cette merveilleuse image des choses divines, que saint Augustin et les autres Pères ont crue

(1) Voyez, ci-dessus, le no 290.

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« si certaine. Les sens nous gouvernent trop; et notre imagination, « qui veut se mêler dans toutes nos pensées, ne nous permet pas toujours de nous arrêter sur une lumière si pure. Nous ne nous « connaissons pas nous-mêmes; nous ignorons les richesses que << nous portons dans le fond de notre nature, et il n'y a que les << yeux les plus épurés qui les puissent apercevoir. Mais, si peu que << nous entrions dans ce secret, et que nous sachions remarquer en « nous l'image des mystères (de la Trinité et de l'Incarnation), qui sont le fondement de notre foi, c'en est assez pour nous éle« ver au-dessus de tout, et rien de mortel ne nous pourra plus toucher. Aussi Jésus-Christ nous appelle-t-il à une gloire immortelle; et c'est le fruit de la foi que nous avons pour les mys« tères (1). »

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CHAPITRE II.

De l'existence du mystère de l'Incarnation.

346. Comme l'Incarnation consiste dans l'union hypostatique du Verbe ou Fils de Dieu avec la nature humaine, et que, par suite de cette union, il n'y a en Jésus-Christ qu'une seule personne, la personne divine, quoiqu'il y ait vraiment en lui deux natures entières et distinctes, sans mélange et sans confusion, nous établirons le dogme catholique contre Nestorius, qui niait l'unité de personne, et contre Eutychès, qui, en défendant l'unité de personne, rejetait la distinction des deux natures.

SI. Preuve du mystère de l'Incarnation par

l'Écriture.

347. On lit, dans le premier chapitre de saint Jean : « Au com« mencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe « était Dieu... Toutes choses ont été faites par lui, et rien de ce qui « a été fait n'a été fait sans lui... Et le Verbe s'est fait chair, et il a « habité parmi nous, plein de grâce et de vérité, et nous avons vu « sa gloire, la gloire du Fils unique du Père (2). » Nous l'avons

(1) Bossuet, Discours sur l'histoire universelle, 11o partie, no v1. — (2) In principio erat Verbum, et Verbum erat apud Deum, et Deus erat Verbum.......... Omnia per ipsum facta sunt: et sine ipso factum est nihil, quod factum est...

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