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se prosternaient les gentils, en leur prostituant le culte qui n'est dû qu'à Dieu. Voilà pourquoi, après avoir dit, Tu ne te feras point d'images taillées, le Seigneur ajoute aussitôt : Tu ne les adoreras point, tu ne les serviras point; je suis le Dieu fort, le Dieu jaloux (1). Or, nous le répétons, quoique l'Église honore les images des saints, elle ne les adore point; elle n'adore pas même les saints auxquels se rapporte le culte des images; elle ne les met point à la place du Créateur, à qui seul elle rend le culte suprême que les païens rendaient à la créature. Le culte des images n'est donc point contre le premier précepte du Décalogue.

458. Direz-vous que la défense de faire des images, ayant pour objet ce qui tient à la religion, était une défense générale, absolue? Ce serait évidemment une erreur : car nous lisons, dans les livres sacrés, que Dieu lui-même ordonna de faire des figures. Le Seigneur dit à Moyse: « Vous mettrez aux deux extrémités du propitiatoire « deux chérubins d'or battu; un chérubin d'un côté, et un chérubin « de l'autre. Ils tiendront leurs ailes étendues des deux côtés du ⚫ propitiatoire, en couvrant l'oracle; et ils se regarderont l'un « l'autre, ayant le visage tourné vers le propitiatoire, qui couvrira « l'arche (2). » Les Israélites ayant été punis de leurs murmures par la morsure des serpents que Dieu avait envoyés contre eux, revinrent au Seigneur, et le prièrent de les délivrer de ce fléau. Alors le Seigneur dit à Moyse: « Faites un serpent d'airain, et élevez-le, afin qu'il serve de signe: quiconque, ayant été blessé, « le regardera, sera guéri. Moyse fit donc un serpent d'airain, et il « l'éleva pour servir de signe. Et ceux qui, ayant été blessés, le regardaient, étaient guéris (3). » Il faut donc, de toute nécessité, restreindre la défense de faire des figures aux images faites pour être adorées. Il en est de cette défense comme de celle d'élever des colonnes ou des pierres monumentales, ainsi qu'on le voit par ce texte du Lévitique : « Je suis le Seigneur votre Dieu : vous ne ⚫ vous ferez point d'idole ni d'image taillée; vous ne dresserez ⚫ point de colonnes, et vous n'érigerez point dans votre terre de < pierre monumentale pour l'adorer (4). Ce précepte est contre

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(1) Non adorabis ea, neque coles: ego sum Dominus Deus tuus fortis, zelotes. Ibidem, v. 5. — (2) Duos quoque cherubim aureos et productiles facies ex utraque parte oraculi, cherubim unus sit in latere uno, et alter in altero. Ibidem, c. xxv, v. 18 et 19. — (3) Fac serpentem æneum, et pone eum pro signo: qui percussus aspexerit eum, vivet. Fecit ergo Moyses serpentem æneum, et posuit eum pro signo: quem cum percussi aspicerent, sanabantur. Nombres, C. XXI, v. 8 et 9. — (4) Ego Dominus vester : non facietis vobis idolum et sculp

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les images et les monuments; or il ne défend que les monuments qui doivent être adorés. En effet, Josué n'a-t-il pas élevé douze grandes pierres, en mémoire du passage miraculeux du Jourdain (1)? N'en a-t-il pas encore élevé une, sur la fin de sa vie, pour perpétuer le souvenir de l'alliance contractée par son ministère entre Dieu et le peuple d'Israël (2)? Et Samuel n'a-t-il pas dressé une pierre de choix, comme monument d'une victoire remportée sur les Philistins (3)? Il est visible par ces faits que, quoiqu'il fût défendu d'ériger des colonnes et des pierres pour les adorer, il était néanmoins permis d'en élever dans des vues différentes. Il est donc vrai aussi que, quoiqu'il fût défendu de faire des images pour les adorer, il était permis d'en faire dans une autre intention.

459. Enfin, en supposant qu'il ait été défendu aux Juifs de rendre tout autre culte que celui qui s'adresse directement à Dieu, ou de se prosterner, soit devant les chérubins qui étaient placés sur l'arche, soit devant le serpent d'airain que Moyse avait élevé dans le désert comme une figure du Sauveur du monde qui devait être élevé sur la croix, on n'en pourrait rien conclure contre le culte que l'Église rend aux images des saints. On peut dire que cette défense n'était que pour un temps; c'était une loi cérémonielle nécessaire au peuple juif, vu son penchant pour l'idolâtrie, et l'exemple des peuples dont il était environné. « Lorsque Israël, comme le « dit Leibniz, eut été contraint par la cherté des vivres de se « rendre en Égypte, et que les Israélites se furent multipliés dans «< ce pays, de peur que leur constance ne fût ébranlée par la contagion d'une nation très-superstitieuse, Dieu jugea à propos de dé « ployer la force de son bras pour retirer de la servitude le peuple « qu'il s'était choisi, et de lui donner, par le ministère de Moyse, << de nouvelles lois, parmi lesquelles il lui interdisait tout usage « des statues, au moins dans la religion, afin de l'éloigner du culte « des idoles, qui était alors si général (4). La loi de Dieu, s'il en « existe contre les images et leur culte, en ce qu'elle n'a rien de «< contraire à l'honneur dû à la Divinité, ne doit être regardée que « comme une loi cérémonielle établie pour un temps, et retenue << quelque temps par les premiers chrétiens, peut-être pour de << graves raisons; comme celle du jour du sabbat, et encore la déa fense du sang et des chairs suffoquées, marquée bien plus expres

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tile; nec titulos erigetis, nec insiguem lapidem ponetis in terra vestra, ut adoretis eum. Lévitique, c. xxvi, v. 1. —(1) Josué, c. iv, v. 20. (2) Ibidem, C. XXIV, v. 26. — (3) Ier liv. des Rois, c. VII, v. 12. publié par M. Emery, pag. 128.

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(4) Système de théologie,

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« sément dans le Nouveau Testament, et cependant abolie pour la plus grande partie des chrétiens, lorsqu'il n'y a plus eu de raison << de la conserver (1). Lorsque le culte des démons eut été détruit << dans la plus grande partie du monde connu et civilisé, et qu'on ne parlait plus des dieux que pour en plaisanter, les hommes « graves eux-mêmes ne trouvèrent plus de raison pour exclure du «< culte divin les images, qui sont l'alphabet des gens simples, et « un puissant moyen d'exciter à la piété le peuple ignorant (2). » 460. Les auteurs de la Réforme ont prétendu que le culte des images était une idolâtrie. Mais, comme le dit encore Leibniz, qui ne peut être suspect puisqu'il était protestant, « après avoir « établi que l'on ne reconnaît d'autre vénération des images que « celle de l'original en présence de l'image, il n'y a pas plus d'ido« lâtrie dans ce culte que dans celui qu'on rend à Dieu et au Christ << en prononçant son saint nom. Car les noms sont des signes, et « même de beaucoup inférieurs aux images, puisqu'ils représen<< tent bien moins la chose. Ainsi, lorsqu'on dit que l'on honore une image, on ne doit pas l'entendre autrement que lorsqu'on dit « qu'au nom de Jésus tout genou fléchit, que le nom du Seigneur « soit béni, qu'on rend gloire à son nom; et adorer en présence « d'une image extérieure, n'est pas plus repréhensible qu'adorer l'image intérieure représentée dans notre imagination; car l'i<<mage extérieure ne sert qu'à rendre plus vive celle qui se « forme intérieurement (3). On a coutume d'objecter, continue-til, ce que disaient les païens, qu'ils n'adoraient ni le marbre ni « le bois, mais les dieux. Mais, outre qu'ils admettaient une certaine « vertu dans leurs images et qu'ils y plaçaient leur confiance, le «< culte des images, comme nous l'avons dit plus haut, n'avait pas « été interdit autrefois parce qu'il était mauvais en soi, mais parce qu'il inclinait au culte des faux dieux; car l'idolâtrie, en prenant

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<< ce mot dans son acception ordinaire, est ce qui porte à un autre objet l'honneur dû à Dieu. Mais aujourd'hui, dans l'Église, tout « l'honneur rendu aux images ne se rapporte qu'aux originaux, << par lesquels nous rendons nos hommages au Dieu unique et éter« nel, qui seul mérite les honneurs divins, et dont nous considé<< rons les bienfaits dans les autres, afin que cette vue nous anime <davantage à le regarder comme la fin dernière de notre culte (4). » 461. D'ailleurs l'idolâtrie, quel qu'en soit l'objet, n'est pas seu

(1) Ibidem, pag. 130. (2) Ibidem, pag. 132. pag. 144. — (4) Ibidem, pag. 150.

- (3) Système de théologie,

lement une imperfection, une tache, une superstition quelconque; c'est un crime, qui, aux termes des livres saints et de l'aveu de tous, exclut du royaume des cieux. « Ceux qui servent les idoles, « dit saint Paul, ne posséderont point le royaume de Dieu (1). » Cependant les protestants, les luthériens, les calvinistes et les anglicans conviennent qu'on peut faire son salut dans l'Église romaine (2); ils doivent donc, pour être conséquents avec euxmêmes, convenir également que le culte des images, autorisé de tout temps dans l'Eglise romaine, n'a rien de commun avec le culte des idoles. De plus, comment concilier le reproche des protestants avec le zèle de l'Église catholique pour la destruction de l'idolâtrie? Comment le concilier avec les promesses que lui a faites Jésus-Christ, en promettant d'être avec les apôtres et leurs successeurs, tous les jours et dans tous les siècles, jusqu'à la fin du monde? « On ne doit pas croire, dit Leibniz, que les portes de « l'enfer aient tellement prévalu contre l'Église et l'assistance que « Dieu lui a promise, qu'une idolâtrie aussi condamnable ait pré« valu pendant tant de siècles dans tout l'univers chrétien (3). »

CHAPITRE XII.

Du culte des reliques.

462. Le mot reliques, en latin reliquiæ, signifie ce qui reste d'un saint après sa mort. Or, c'est un dogme catholique qu'on doit honorer les reliques des saints. Suivant le concile de Trente, « les « fidèles doivent vénérer les corps des martyrs et des autres saints « qui vivent avec Jésus-Christ; ces corps ayant été autrefois les « membres vivants de Jésus-Christ et le temple du Saint-Esprit, et « devant être un jour ressuscités pour la vie éternelle et revêtus • de la gloire, Dieu accordant par eux un grand nombre de bien<< faits aux hommes. Ceux qui soutiennent qu'on ne doit ni véné<< ration ni honneur aux reliques des saints, ou que ces reliques et « les autres monuments sacrés sont inutilement honorés par les « fidèles, et que c'est en vain que l'on fréquente les lieux consacrés

(1) Neque idolis servientes.... regnum Dei possidebunt. Ire épilre aux Corinthiens, c. vi, v. 9 et 10. (2) Voyez ce que nous avons dit au tome I,

n° 860.—(3) Système de théologie, pag. 154.

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« à leur mémoire, pour en obtenir du secours, doivent être abso« lument condamnés, comme l'Église les a déjà autrefois condamnés, et comme elle les condamne encore maintenant (1). » Il en est du culte des reliques comme du culte des images: c'est un culte relatif; en honorant les tombeaux des saints, nous honorons les saints eux-mêmes.

463. Ce culte n'est point nouveau; il est aussi ancien que le christianisme. Les papes et les conciles, les Pères et les docteurs de tous les temps, les historiens ecclésiastiques, tout, dans l'antiquité chrétienne, dépose en faveur de la croyance générale et constante de l'Église touchant l'honneur et le respect qui sont dus aux corps des martyrs et des autres saints (2). Les protestants, ceux même qui ont attaqué ce culte avec le plus d'acharnement, confessent qu'il était reçu dans toute l'Église dès le quatrième siècle. Or, revient ici ce que nous avons dit du culte des saints en général, et du culte des images. Ce que l'Église croyait, du temps des Augustin, des Paulin, des Jérôme, des Chrysostome, des Ambroise, des Grégoire de Nysse et des Grégoire de Nazianze, des Basile et des Hilaire, elle l'avait cru dans les premiers siècles. Les promesses qu'elle a de son divin fondateur ne lui ont point permis d'innover en matière de dogme. Comment, d'ailleurs, supposer que tous les chrétiens dispersés dans l'Orient et l'Occident, toujours prêts à sacrifier leur vie plutôt que de sacrifier aux idoles ou de pratiquer aucune des superstitions du paganisme, aient néanmoins tout à coup emprunté des païens l'usage d'honorer les reliques, comme le prétendent les protestants? Croira-t-on que tous les évêques du monde chrétien, également complaisants pour les peuples, ou plutôt également lâches et prévaricateurs, aient laissé introduire partout ce nouveau culte, sans qu'aucun ait réclamé contre un tel abus? Non; l'on ne peut admettre que la vénération pour les tom

(1) Mandat sancta synodus omnibus episcopis et cæteris docendi munus cu. ramque sustinentibus, ut, juxta catholicæ et apostolicæ Ecclesiæ usum, a primævis christianæ religionis temporibus receptum........ de reliquiarum honore.... fideles diligenter instruant, docentes eos.... sanctorum martyrum et aliorum cum Christo viventium sancta corpora, quæ viva membra fuerunt Christi et templum Spiritus Sancti, ab ipso ad æternam vitam suscitanda et glorificanda, a fidelibus veneranda esse: per quæ multa beneficia a Deo hominibus præstantur: ita ut affirmantes, sanctorum reliquiis venerationem atque honorem non deberi; vel eas aliaque sacra monumenta a fidelibus inutiliter honorari; atque eorum opis impetrandæ causa sanctorum memorias frustra frequentari; omnino damnandos esse, prout eos damnavit, et nunc etiam damnat Ecclesia. Sess. xxv, de l'Invocation des saints, etc.—(2) Voyez, ci-dessus, le n° 432, etc.

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