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« pour le plan de son ouvrage; son ouvrage demeurera toujours << infiniment au-dessous de lui. Il peut descendre aussi bas qu'il lui « plaira; son ouvrage sera toujours bon, parfait, selon sa mesure, distingué du néant, au-dessus de lui, et digne de l'Étre infini.

« Dieu, choisissant entre ces degrés infinis de perfection, appelle a ou n'appelle pas le néant, ne doit rien et peut tout. Sa supériorité «< infinie au-dessus de son ouvrage fait qu'il n'en peut avoir aucun « besoin; la gloire même qu'il en tire lui est, pour ainsi dire, si « accidentelle, qu'elle se réduit à son bon plaisir, et au pur choix « de sa volonté (1).

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44. « C'est par ces divers degrés que Dieu varie son ouvrage. << Tout ce qui existe est bon et parfait dans un certain genre. Ce qui « est plus, est plus parfait ; et ce qui est moins, est moins parfait : <«< mais tout ce qui est, en quelque bas degré qu'il soit, est digne « de Dieu, puisqu'il a l'étre, et qu'il faut une sagesse toute-puis« sante pour le tirer du néant. En même temps, tout être créé, « quelque parfait qu'on le conçoive, n'a qu'un degré borné d'étre, «< où il n'a pu monter que par la sagesse toute-puissante de celui « qui l'a tiré du néant. Toute créature se trouve donc dans ce milieu, entre ces deux extrémités, dans l'infini de Dieu. Dieu ne « voit rien qui ne soit infiniment au-dessous de lui. Cette infériorité << infinie de tous les êtres créés des plus hauts et des plus bas degrés, << les met tous dans une espèce d'égalité à ses yeux. Aucun d'eux n'a « une supériorité de perfection infinie qui lui soit une raison invin« cible de le préférer. Auquel de ces divers degrés qu'il puisse s'arrêter, il s'arrête toujours nécessairement à un degré qui se <«< trouve fini, et infiniment au-dessous de lui. Cette infériorité « infinie fait qu'aucune perfection possible ne peut le nécessiter; et « sa supériorité infinie sur toute perfection possible fait la liberté << de son choix (2).

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45. Qu'on ne dise pas non plus qu'il est impossible de concilier la liberté de Dieu avec son immutabilité; que l'Éternel étant immuable, sa volonté, qui est lui-même, doit l'être également; qu'elle ne peut, par conséquent, vouloir une chose ou une autre, ou être véritablement libre dans son choix. Car, premièrement, quand nous serions dans l'impossibilité de concilier la liberté de Dieu avec son immutabilité, ce ne serait pas une raison de révoquer en doute l'un ou l'autre de ces attributs. Quand deux vérités sont démontrées, nous ne devons pas être arrêtés par les difficultés qu'elles

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nous offrent; autrement il faudrait contester même ce qu'il y a de plus incontestable dans l'ordre de la nature. Y a-t-il lieu d'être étonné que la créature ne puisse comprendre le Créateur; que notre esprit, qui est essentiellement borné, au point de ne pouvoir se comprendre lui-même, ne puisse comprendre l'infini? N'est-ce pas assez pour nous de comprendre que, Dieu étant celui qui est, ne peut être qu'immuable et souverainement libre? Secondement, quoique nous ne comprenions ni l'immutabilité ni la liberté de Dieu, nous les concevons cependant bien suffisamment pour montrer qu'elles ne se contrarient point. Ces deux attributs ne se contrarieraient, en effet, qu'autant que Dieu, comme agent libre, pourrait vouloir tantôt une chose, tantôt une autre, ou qu'il pourrait revenir sur une détermination prise, et changer de volonté. Mais il n'en est pas ainsi : Dieu est libre; par un seul et même acte il veut et fait librement tout ce qu'il produit extérieurement, tout ce qui existe hors de lui-même; il est immuable dans ses actes, car il veut toujours la même chose, il fait toujours la même chose; il ne revient ni sur le passé à raison du présent, ni sur le présent à raison de l'avenir; il n'y a ni succession, ni prétérit, ni futur, ni changement, par conséquent, dans l'Éternel. Il ne faut pas juger du Créateur par l'idée que nous avons de la créature, de l'éternité proprement dite par l'idée que nous avons du temps ou de la durée des êtres créés, de la liberté de Dieu par l'idée que nous avons de la liberté de l'homme. L'homme change de résolution, parce qu'il est essentiellement borné, nécessairement imparfait, infiniment au-dessous de l'infini; Dieu, au contraire, par cela même qu'il est souverainement parfait, qu'il sait tout, qu'il voit tout, qu'il comprend tout, qu'il peut tout, ne peut changer de résolution. L'homme change de volonté, parce qu'il lui survient avec le temps et la réflexion de nouveaux motifs, de nouvelles connaissances, de nouveaux intérêts, de nouvelles passions, des obstacles imprévus. Mais il n'en est pas de même de Dieu : de quelque maniere qu'on envisage son éternité, soit qu'on la considère comme un point indivisible, soit qu'on se la représente comme successive, il n'y a rien de nouveau, rien d'imprévu pour lui; il connaît intuitivement ce qui a été, ce qui est, et ce qui sera. Il n'y a point non plus d'obstacles à l'exécution de ses desseins; sa puissance est infinie. Non, l'on ne prouvera jamais que l'immutabilité soit incompatible avec la liberté de Dieu.

CHAPITRE X.

De la sagesse et de la sainteté de Dieu.

46. Dieu est infiniment sage et infiniment saint; tout ce que naus concevons en Dieu comme attribut, est infini comme luimême.

ARTICLE I.

De la sagesse de Dieu.

47. La sagesse consiste dans le choix des moyens proportionnés à la fin qu'on se propose. C'est d'après cette idée que nous jugeons Far analogie de la sagesse divine. Dieu est tout-puissant, souverainement intelligent, souverainement parfait; donc il ne peut rien faire qui ne soit conforme à l'ordre éternel, qui est la sagesse même. Après avoir consommé l'œuvre de la création, il vit tout ce qu'il avait fait, et tout était bien: Viditque Deus cuncta quæ fecerat ; et erant valde bona (1). Il a disposé toutes choses avec mesure, en Hombre et avec poids: omnia in mensura, et numero, et pondere disposuisti (2); conduisant sans effort, et sans rencontrer d'obstaele, chaque créature à la fin particulière qui lui est propre, et arrivant toujours, quoi qu'on fasse, à la fin dernière de toutes choses, c'est-à-dire à la manifestation de sa puissance, de ses voiontés, de sa justice ou de sa miséricorde : Allingit ergo a fine usque ad finem fortiter, et disponit omnia suaviter (3). « La force « et la sagesse sont en Dieu, dit Job; c'est lui qui possède le conseil et l'intelligence (4). Le Seigneur a fondé la terre par sa « sagesse, il a affermi les cieux par son intelligence; c'est par sa a sagesse que les abîmes ont été formés, et que les cieux distillent ❤ la rosée (5). » La sagesse elle-même s'exprime ainsi par la bouche de Salomon : « Le Seigneur m'a possédée au commencement de ses

(1) Genèse, c. 1, v. 31. — (2) Liv. de la Sagesse, c. XI, v. 21. (3) Ibidem, c. vi, v. 1. — (4) Apud ipsum est sapientia et fortitudo; ipse habet consilium ei intelligentiam. Job, c. xi, v. 13. — (5) Dominus sapientia fundavit terram, stabilivit cœlos prudentia. Sapientia ejus eruperunt abyssi, et nubes rore concrescunt. Proverb., c. m, v. 19 el 20.

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« voies; j'étais avant tous les ouvrages. J'ai été établie dès l'éternité « et dès le commencement, avant que la terre fût créée. J'ai été conçue lorsque les abîmes n'étaient point, et avant que les fon«taines fussent sorties de la terre. La pesante masse des monta« gnes n'existait pas encore; j'étais engendrée avant les collines: ▪ Dieu n'avait point encore créé la terre, ni les fleuves, ni affermi ⚫ le monde sur ses pôles. Lorsqu'il préparait les cieux, j'étais pré"sente; lorsqu'il environnait les abîmes de leurs bornes, et qu'il leur prescrivait une loi inviolable; lorsqu'il affermissait l'air, » qu'il suspendait les nuées au-dessus de la terre, et qu'il dispen« sait dans leur équilibre les eaux des fontaines; lorsqu'il renfer« mait la mer dans ses limites, et qu'il imposait une loi aux eaux, « en leur défendant de passer leurs bornes; lorsqu'il posait les « fondements de la terre, j'étais avec lui, réglant toutes choses « avec lui; j'étais chaque jour dans ses délices, me jouant sous a ses yeux en tout temps (1). » Aussi, avec quel éclat cette sagesse ne brille-t-elle pas dans l'œuvre de la création? « Les cieux racon<< tent la gloire de Dieu, et le firmament publie l'ouvrage de ses « mains. Le jour qui succède au jour annonce la même chose, et « la nuit qui succède à la nuit en donne connaissance à tout l'uni« vers. Il n'y a point de peuple, quelque langue qu'il parle, où « leur langage ne se fasse entendre. Leur voix retentit dans toute « la terre, et leurs paroles arrivent jusqu'aux extrémités du « monde (2). » Partout l'homme qui réfléchit est frappé des merveilles de la nature, et reconnaît qu'une sagesse infinie préside au gouvernement du monde.

(1) Dominus possedit me ab initio viarum suarum, antequam quidquam faceret a principio. Ab æterno ordinata sum, et ex antiquis antequam terra fieret. Nondum erant abyssi, et ego jam concepta eram : necdum fontes aquarum eruperant: necdum montes gravi mole constiterant: ante colles ego parturiebar : adhuc terram non fecerat, et flumina, et cardines orbis terræ. Quando præparabat cœlos, aderam: quando certa lege et gyro vallabat abyssos: quando æthera firmabat sursum, et librabat fontes aquarum : quando circumdabat mari terminum suum, et legem ponebat aquis, ne transirent fines suos : quando appendebat fundamenta terræ. Cum eo eram cuncta componens : et delectabar per singulos dies, ludens coram eo omni tempore Ibidem, c. vш, v. 22, etc.(2) Corli enarrant gloriam Dei, et opera manuum ejus annuntiat firmamentum. Dies diei eructat verbum, et nox nocti indicat scientiam. Non sunt loquelæ, neque sermones, quorum non audiantur voces corum. In omnem terram exivit sonus eorum, et in fines orbis terræ verba eorum. Psaume XVII, v. 1, etc.

ARTICLE II.

De la sainteté de Dieu.

48. Dieu est souverainement sage et souverainement parfait; donc il est souverainement saint; il ne peut ni rien faire ni rien approuver qui soit contraire à l'ordre moral. Il ne peut être indifférent sur la distinction du juste et de l'injuste, sur nos bonnes et nos mauvaises actions; il approuve nécessairement les unes et condamne nécessairement les autres ; il hait le mensonge et l'iniquité: le mensonge comme étant essentiellement contraire à la vérité; l'iniquité, le péché quel qu'il soit, comme étant contraire à la loi naturelle ou positive, qui est l'expression des rapports de la créature avec le Créateur, et de l'homme avec ses semblables. « Il est • écrit: Vous serez saints, parce que je suis saint: Sancti eritis, quia sanctus sum (1). Nul n'est saint comme le Seigneur : non est • sanctus ut est Dominus (2). Le Seigneur notre Dieu est droit, et « il n'y a point d'iniquité en lui : rectus Dominus Deus noster, et « non est iniquilas in co (3); il est fidèle dans toutes ses paroles, « il est saint dans toutes ses œuvres : fidelis Dominus in omnibus « verbis suis, et sanctus in omnibus operibus suis (4). Il est le • saint des saints, sanctus sanctorum (5), le Dieu trois fois saint, sanctus, sanctus, sanctus (6). »

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CHAPITRE XI.

De la justice, de la bonté et de la miséricorde de Dieu.

49. Dieu est souverainement parfait; donc il est souverainement juste, souverainement bon et souverainement miséricordieux; la justice, la bonté, la miséricorde, sont autant de perfections que Dieu possède au plus haut degré possible.

(2) Liv. 1 des Rois, c. 11, (4) Psaume CXLIV. — - (5) Daniel, c. 1x, v. 24.

(1) Ire épitre de saint Pierre, c. 1, v. 16; et alibi. V. 2.- (3) Psaume XCI.

(6) Isaïe, c. iv, v. 3.

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