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proposition a été pour cela même condamnée par saint Pie V, Grégoire XIII et Urbain VIII (1). On ne tomberait dans l'hérésie de Pélage qu'autant qu'on soutiendrait que les païens observent la loi d'une manière surnaturelle et utile au salut, sans le secours de la grâce; ce qui est loin de la pensée des catholiques. Ils n'excluent point les gentils de la grâce, et saint Paul ne les en exclut point non plus : il ne se sert du mot naturellement que par opposition à la loi écrite, qui n'était point connue des gentils.

507. Troisièmement, l'homme pourrait encore, même sans la grâce actuelle, faire quelque bien dans l'ordre moral et naturel. Il pourrait, par ses propres forces, résister à certaines tentations moins violentes, aimer Dieu, comme auteur de la nature, d'un amour faible et imparfait. Pour nous en convaincre, il suffit de jeter un coup d'œil sur les différentes propositions qui ont été condamnées par le saint-siége et l'Église universelle. Ces propositions, entre autres, sont : « Le libre arbitre, sans le secours de la grâce, « ne peut servir qu'à pécher. Il faut rejeter la distinction par laquelle on dit qu'une action est bonne en deux façons : ou parce « qu'elle est bonne moralement, c'est-à-dire par son objet et par « toutes ses circonstances; ou parce qu'elle est méritoire du « royaume éternel et faite par un membre de Jésus-Christ, animé « de l'esprit de charité. Celui-là pense comme Pélage, qui re«< connaît que, par les seules forces de la nature, on peut faire quelque action naturellement bonne. C'est une erreur pélagienne de dire que le libre arbitre ait la force de nous faire éviter quelque péché (2). Sans la grâce du Libérateur, le pécheur

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La volonté que la grâce ne pré

pour s'égarer, d'ardeur que pour

« se précipiter, de force que pour se blesser, étant capable de tout mal, impuissante à tout bien. Sans la grâce, nous ne pouvons « rien aimer que pour notre condamnation (3). »

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(1) Cum Pelagio sentiunt, qui textum apostoli ad Romanos, Gentes quæ legem non habent, naturaliter, quæ legis sunt, faciunt, intelligunt de gentibus fidei gratiam non habentibus. Propos. xxп. — (2) Liberum arbitrium, sine gratiæ Dei adjutorio, non nisi ad peccandum valet. Constit. de Pie V, de Grégoire XIII et d'Urbain VIII ; prop. xxvii. — Illa distinctio, qua opus dicitur bifariam bonum, vel quia ex objecto, et omnibus circumstantiis rectum est et bonum (quod moraliter bonum appellare consueverunt), vel quia est meritorium regni æterni, eo quod sit a vivo Christi membro per spiritum charitatis, rejicienda est. Ibidem, prop. LXII. Pelagianus est error dicere, quod liberum arbitrium valet ad ullum peccatum vitandum. Ibidem, prop. xxvii. — (3) Peccator non est liber, nisi ad malum, sine gratia Liberatoris. Constitution UNIGE

508. Nous ne nous arrêtons point sur cette question. Pourvu qu'on reconnaisse que notre intelligence, quoique obscurcie par le péché d'Adam, n'est point éteinte, et que notre libre arbitre a été affaibli par ce même péché, sans être perdu, anéanti, il nous importe peu de savoir ce que l'homme peut, de lui-même et par ses propres forces, dans l'ordre purement moral et naturel, puisque cet ordre n'existe pas, et qu'on ne le distingue que par la pensée de l'ordre ou de l'état surnaturel dans lequel l'homme a été primitivement placé par le Créateur, et depuis rétabli par Jésus-Christ. Aussi, comme nous le verrons plus bas, les gentils eux-mêmes ontils eu, en vertu des mérites du Rédempteur, les grâces nécessaires au salut.

ARTICLE IV.

Le juste peut-il, avec les grâces ordinaires, éviter tous les péchés, même véniels ?

509. Premièrement, il est certain que le juste peut, avec les grâces ordinaires, éviter tous les péchés mortels, quoique la persévérance finale soit vraiment un don particulier de la part de Dieu. Il n'est aucun précepte qu'il ne puisse observer, aucune tentation qu'il ne puisse surmonter, aucun péché qu'il ne puisse éviter, sans autre secours que la grâce ordinaire et relativement suffisante, qui ne manque jamais au juste. Et il ne s'agit pas seulement des péchés mortels pris isolément et en particulier, mais de tous les péchés mortels pris collectivement. Il n'en est pas des péchés mortels, dont l'occasion se présente plus rarement, comme des péchés véniels qui se présentent chaque jour, et pour ainsi dire à chaque instant. Il est plus difficile pour le juste de passer un jour tout entier sans commettre aucune faute vénielle, que de passer une semaine, un mois, une année peut-être, sans commettre aucun péché mortel.

510. Secondement, le juste peut encore, sans privilége, mais avec une grâce plus ou moins spéciale, plus ou moins forte, se préserver de tout péché même véniel, pendant un certain temps plus ou moins considérable. Cela dépend du degré de ferveur et

NITUS de Clément XI; prop. XXXVIII. - Voluntas, quam gratia non prævenit, nihil habet luminis, nisi ad aberrandum; ardoris, nisi ad se præcipitandum; virium, nisi ad se vulnerandum. Est capax omni mali et incapax ad omne bonum. Ibidem, prop. xxxix. Sine gratia nihil amare possumus, nisi ad nostram condemnationem. Ibidem, prop. XL.

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de perfection auquel il est parvenu, en répondant aux desseins particuliers que Dieu a sur lui.

511. Troisièmement, sans un privilége spécial de Dieu, le juste ne peut, durant toute sa vic, éviter tous les péchés même véniels. Cette proposition est de foi. Si quelqu'un dit que l'homme une « fois justifié.... peut, pendant toute sa vie, éviter tous les péchés « même véniels, si ce n'est pas par un privilége spécial de Dieu, « comme l'Église le croit de la bienheureuse Vierge, qu'il soit ana<< thème (1). » Ainsi s'exprime le concile de Trente, dont la décision s'accorde parfaitement avec ce que les livres saints nous disent de la fragilité humaine et de la facilité avec laquelle le juste même tombe dans le péché. « Il n'y a pas d'homme qui ne pè«< che (2). Qui peut dire : Mon cœur est pur, je suis net de tout péché (3)? Le juste tombera sept fois, et il se relèvera (4). Il n'y « a pas d'homme juste sur la terre qui fasse le bien et qui ne pèche « pas (5). Nous péchons tous en plusieurs choses (6). Si nous disons « que nous n'avons point de péché, nous nous trompons nousmêmes, et la vérité n'est point en nous (7). » Sur quoi le Docteur de la grâce ajoute : « La sainte Vierge Marie exceptée, si nous pouvions rassembler ici tous les saints et toutes les saintes qui ◄ ont vécu en ce monde, et leur demander s'ils ont été sans péché, quelle réponse pensez-vous qu'ils donneraient? celle de Pélage, ou de l'apôtre saint Jean? Quelle qu'ait été ici-bas l'excellence « de leur sainteté, tous s'écrieraient d'une voix unanime: Si nous « disons que nous n'avons point de péché, nous nous trompons « nous-mêmes, et la vérité n'est point en nous (8). »

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512. Mais le juste qui, dans le principe, éviterait tout péché même véniel en répondant aux grâces ordinaires, n'obtiendrait-il pas des grâces particulières ? Et en répondant à ces grâces particulières par une fidélité parfaite à s'éloigner de tout péché, ne fini

(1) Si quis hominem semel justificatum dixerit.... posse in tota vita peccata omnia, etiam venialia, vitare, nisi ex speciali Dei privilegio, quemadmodum de beata Virgine tenet Ecclesia; anathema sit. Sess. vio, can. xxш. — (2) Neque enim est homo qui non peccet. Liv. 11, des Paralipomènes, c. vi, v. 36. (3) Quis potest dicere: Mundum est cor meum, purus sum a peccato? Proverbes, c. xx, v. 9. − (4) Septies enim cadet justus, et resurget. Ibidem, C. XXIV, v. 16. —(5) Non est enim homo justus in terra, qui faciat bonum, et non peccat. Ecclésiaste, c. vii, v. 21. — (6) In multis enim offendimus omnes. Épitre de saint Jacques, c. 1, v. 2. — (7) Si dixerimus quoniam peccatum non habemus, ipsi nos seducimus, et veritas in nobis non est. I1 épître de saint Jean, c. 1, v. 8. (8) De la Nature et de la grâce, contre Pélage, c. xxxvI. — Voyez le texte, ci-dessus, page 329, note 3

rait-il pas par obtenir le privilége qui a été accordé à Marie? Nous ne le croyons pas; Dieu ne l'a point promis, et cela ne nous paraît point entrer dans le cours ordinaire de sa providence. Mais il n'y a rien, dans les décisions de l'Église, qui soit contraire à l'opinion de quelques théologiens qui pensent qu'on peut absolument obtenir ce privilége, sans toutefois le mériter aucunement.

513. Nous ajouterons que la décision du concile de Trente ne s'applique ni aux enfants qui, ayant reçu le baptême, meurent presque aussitôt après avoir acquis l'usage de la raison, ni à ceux des adultes qui ne vivent que peu de temps après avoir été justifiés par la pénitence. A partir du moment de leur justification jusqu'à la mort, ils ont pu, les uns et les autres, se préserver de tout péché, sans le secours d'un privilége spécial de la part de Dieu.

ARTICLE V.

Le juste peut-il, sans la grâce, persévérer jusqu'à la fin ?

514. On appelle persévérance finale le bonheur de celui qui meurt en état de grâce. On envisage la persévérance de deux manières : l'une, en tant qu'elle est active; et l'autre, en tant qu'elle est passive. La persévérance active consiste dans la fidélité de celui qui est justifié à répondre à la grâce, et à s'abstenir de tout péché mortel jusqu'à la mort. La persévérance passive consiste dans la coïncidence de la mort avec l'état de grâce. Qu'un enfant, par exemple, ou qu'un adulte meure immédiatement après avoir reçu la grâce de la justification, c'est la persévérance passive.

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515. Or, il est de foi que l'homme ne peut, sans une grâce spéciale, persévérer jusqu'à la fin; ou, ce qui revient au même, que la persévérance finale est un don particulier de Dieu. « Si quelqu'un dit que l'homme justifié peut persévérer dans la justice qu'il a reçue sans un secours particulier de Dieu, ou qu'avec ce a secours même il ne peut persévérer, qu'il soit anathème (1). Que l'homme persévère ou évite le péché mortel jusqu'au moment de la mort, ce n'est point précisément une grâce spéciale, car il peut observer la loi avec des grâces communes ou ordinaires; mais que Dieu le retire de ce monde au moment où il est en état de

(1) Si quis dixerit, justificatum, vel sine speciali auxilio Dei, in accepta justitia perseverare posse, vel cum eo non posse; anathema sit. Concile de Trente,

sess. VI, can. xxII.

grâce, afin de le soustraire aux dangers d'une rechute, comme cela dépend de Dieu seul, alors la persévérance devient non-seulement une grâce, mais une grâce spéciale, un grand don, magnum perseverantiæ donum, comme l'appelle le concile de Trente (1). C'est la persévérance finale en tant qu'elle est tout à la fois active ct passive, ou, en d'autres termes, c'est la mort du juste, mort précieuse, qui est une grâce particulière. « Comme le juste a plu à « Dieu, il en a été aimé, et Dieu l'a transféré d'entre les pécheurs parmi lesquels il vivait. Il l'a enlevé, de peur que son esprit ne « fut corrompu par la malice, et que les apparences trompeuses ne « séduisissent son âme (2). Il était agréable à Dieu; c'est pourquoi Dieu s'est hâté de le retirer du milieu des iniquités. Les « peuples voient cela sans le comprendre, et il ne leur vient point « dans la pensée que la miséricorde de Dieu est sur ses saints, et « que ses regards sont sur ses élus (3). »

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CHAPITRE III.

De l'efficacité de la grâce.

516. On distingue la grâce efficace et la grâce suffisante. La première est celle avec laquelle on fait le bien; la seconde, celle avec laquelle on peut faire le bien, mais avec laquelle on ne le fait pas ainsi que nous l'avons déjà fait remarquer, on l'appelle simplement suffisante, parce qu'elle n'est pas suivie de son effet. Les prédestinatiens admettent la grâce efficace, mais ils nient que l'homme soit libre sous l'empire de cette grâce, et rejettent la grâce suffisante.

(1) Ibidem, can. XVI. — - (2) Placens Deo factus est dilectus, et vivens inter peccatores translatus est. Raptus est ne malitia mutaret intellectum ejus, aut ne fictio deciperet animam illius. Sagesse, c. IV, v. 10 et 11. — (3) Placita enim erat Deo anima illius: propter hoc properavit educere illum de medio iniquita tum. Populi autem videntes et non intelligentes, nec ponentes in præcordiis talia: quoniam gratia Dei, et misericordia est in sanctos ejus, et respectus in electos illius. Ibidem, v. 14 et 15.

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