Sayfadaki görseller
PDF
ePub

DES OEUVRES DE DIEU.

57. Nous avons à parler, dans cette seconde partie, des œuvres de Dieu, où nous voyons éclater sa puissance et sa sagesse, sa bonté et sa justice. Nous parlerons de la création du monde, ciel et de la terre, des anges et de l'homme.

du

CHAPITRE PREMIER.

De la création du monde.

58. Créer, à proprement parler, c'est donner l'être à ce qui n'est pas, faire exister ce qui n'existe pas; c'est faire sortir une chose du néant. Ainsi, demander si Dieu a créé le monde, c'est demander s'il a fait de rien toutes choses. Or c'est un dogme catholique, que Dieu est le créateur de l'univers : tout chrétien croit en un seul Dieu tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, de toutes les choses visibles et invisibles; il chante avec toute l'Église : Credo in unum Deum, patrem omnipotentem, creatorem cœli et terræ, visibilium et invisibilium (1). Tout catholique confesse avec les Pères du quatrième concile général de Latran, qu'il n'y a qu'un seul Dieu, « principe de toutes choses, créateur des êtres <«< invisibles et visibles, qui, par sa vertu toute-puissante, a, «< commencement du temps, fait de rien l'une et l'autre substance, « la substance spirituelle et la substance corporelle, la substance angélique et la substance matérielle (2). »

"

[ocr errors]

au

59. Telle est la croyance des chrétiens, des juifs et des pa

(1) Symboles des apôtres, de Nicée et de Constantinople. (2) Unum universorum principium, creator omnium invisibilium et visibilium, spiritualium et corporalium, qui sua omnipotenti virtute simul, ab initio temporis, utramque de nihilo condidit creaturam, spiritualem et corpoream, angelicam videlicet et mundanam, ac deinde humanam quasi communem ex spiritu et corpore constitutam. Capit. 1, de fide catholica

triarches, la croyance de tous les temps. Nous lisons dans le premier verset de la Genèse, qui est le premier livre de Moyse, le premier livre de la Bible: « Au commencement, Dieu créa le ciel • et la terre: In principio creavit Deus cœlum et terram. Il n'a pas seulement arrangé le monde, il l'a fait tout entier, en produisant même la matière première, ou les éléments primitifs qui entrent dans son organisation. Avant qu'il leur eût donné l'ètre, rien ne l'avait que lui seul. Il nous est représenté comme celui qui fait tout par sa parole: pour tirer les créatures du néant, il ne lui en coûte qu'un seul mot, c'est-à-dire qu'il ne lui en coûte que de vouloir. Il dit : « Que la lumière soit ; et la lumière fut: Fiat lux; « et facta est lux (1). » Selon le psalmiste, « le Seigneur dit, et tout « fut fait; il ordonna, et tout fut créé : ipse dixit, et facia sunt; « ipse mandavit, et creata sunt (2). » Judith s'exprime de la mème manière : « Que toutes vos créatures vous obéissent; car vous « avez dit, et tout a été fait; vous avez envoyé votre esprit, et « tout a été créé; nul ne résiste à votre voix (3). » La mère des Machabées exhortant son fils au martyre, « Je te conjure, mon fils, lui dit-elle, de regarder le ciel et la terre, et toutes les «< choses qui y sont renfermées, et de bien comprendre que Dieu «<les a faits de rien: ex nihilo fecit illa Deus (4). » Ce qui ne contredit point le livre de la Sagesse, qui fait sortir l'univers d'une matière informe, ex materia invisa (5). En parlant de la formation du monde, l'auteur sacré n'exclut point la création proprement dite de la matière première, par laquelle commence le récit de Moyse: In principio creavit Deus cœlum et terram.

a

60. Aussi, mieux instruits que les philosophes de l'antiquité, qui, la plupart, n'ont connu Dieu que comme premier moteur du monde, les Pères de l'Église professent ouvertement, dans l'occasion, le dogme de la création. Saint Justin dit que « la diffé«rence qu'il y a entre le créateur et l'ouvrier, consiste en ce que « le premier n'a besoin que de sa propre puissance pour donner « l'être à ce qui ne l'a pas, au lieu que le second a besoin de matière pour faire son ouvrage (6). Après saint Justin vient Athénagore, qui écrivait vers l'an 177 de Jésus-Christ: « Nous distin

(1) Genèse, c. 1, v. 3. · (2) Psaume CXLVIII. — - (3) Tibi serviat omnis creatura tua; quia dixisti, et facta sunt; misisti spiritum tuum, et creata sunt, et non est qui resistat voci tuæ. Judith, c. xvi, v. 17.- (4) Peto, nate, ut aspicias ad cœlum et terram, et ad omnia quæ in eis sunt; et intelligas quia ex nihilo fecit illa Deus, et hominum genus. Liv. 11, des Macchabées, c. vii, v. 28. (5) Liv. de la Sagesse, c. xi, v. 18. — (6) Exhortation aux Grecs, no xxi.

[ocr errors]
[ocr errors]

«

[ocr errors]

"

guons, dit-il, Dieu de la matière ; car autre chose est la matière, « autre chose est Dieu; il y a une distance infinie de l'une à l'autre. « Dieu est incréé et éternel; la matière est créée et sujette à la corruption; Deus increatus et æternus est, materia autem creata et corruptioni obnoxia (1). » Un peu plus bas : « Nous reconnaissons « un seul Dicu, incréé et éternel, qui a créé et formé toutes choses par le Verbe: a quo omnia per ipsius Verbum creata et ornata « sunt (2). » Suivant saint Théophile d'Antioche, les hommes de Dieu, inspirés du Saint-Esprit, enseignent unanimement que Dieu « a créé de rien toutes choses, Deum ex nihilo omnia creasse (3). « Il est écrit dans le livre de Moyse: Au commencement, Dieu a créé le ciel et la terre. Ensuite l'Écriture ajoute que la terre « était invisible et informe; que les ténèbres couvraient l'abime, « et que l'esprit de Dieu était porté sur les eaux; voulant nous faire connaitre par là que la matière, dont Dieu a fait le monde, « est elle-même une chose qui a été créée de Dieu: materiam, « ex qua mundum Deus fecit, quodam modo indicans rem crea« tam esse, utpote a Deo factam (4). Platon et ceux qui le suivent « avouent que Dieu est incréé, qu'il est le père et le créateur de « toutes choses; mais ils prétendent qu'il y a deux êtres incréés, « Dieu et la matière, qu'ils regardent comme coéternelle à Dieu. Mais si la matière est incréée comme Dieu, Dieu n'est donc plus le créateur de toutes choses; il n'est plus le monarque unique. De plus, comme Dieu, étant incréé, est par là même «< immuable, de même, si la matière était incréée, elle serait immuable et égale à Dieu; car ce qui est créé est sujet au change«ment et à l'altération, tandis que ce qui est incréé ne peut ni changer ni s'altérer. Qu'y aurait-il de grand, si Dieu avait fait le « monde avec une matière éternelle? L'ouvrier, parmi nous, ayant « reçu la matière d'un autre, lui donne la forme qui lui plaît; « mais la puissance de Dieu s'est manifestée en ce qu'il a fait de << rien tout ce qu'il a voulu, quod ex nihilo faciat quæcumque voluerit; en ce qu'il produit et qu'il a produit tout ce qu'il a voulu, et comme il l'a voulu: in eo quod ex nihilo producat et " produxerit quæcumque voluit, et quo voluit modo (5). »

[ocr errors]

"

[ocr errors]
[ocr errors]

61. Nous pourrions citer Tertullien, qui réfute Hermogène, en montrant que la matière n'est point éternelle, et que tout a été fait de rien, omnia ex nihilo prolata (6); Clément d'Alexandrie, qui (1) Légation pour les chrétiens, no iv. — (2) Ibidem, n° x. (3) Liv. 11, à Autolyque, n° x. — (4) Ibidem. − (5) Ibid., no 1v. —(6) Liv. contre Hermogène,

C. XXII.

[ocr errors]

enseigne que la volonté seule de Dieu est la cause efficiente du monde créé; Origène, qui affirme que la matière a été créée de Dieu, traitant d'impies ceux qui prétendent qu'elle est éternelle. De tous les docteurs de l'Église qui ont parlé de l'origine des choses, il n'en est aucun qui n'ait confessé le dogme de la création, aucun qui n'ait pensé comme saint Augustin. Qu'il suffise donc de rapporter ici les paroles de ce grand évêque, l'un des plus profonds philosophes du christianisme : « Voilà le ciel et la terre ; « ils sont, et crient qu'ils ont été faits, car ils changent et varient: << ce qui est sans avoir été créé n'a rien en soi qui, précédemment, « n'ait point été ; rien qui change et varie. Ils ne se sont pas faits; « leur voix nous crie: Nous sommes, parce que nous avons été « faits. Nous n'étions donc pas avant d'être, pour nous faire nous« mêmes. L'évidence est leur voix. Vous les avez donc créés, Seigneur; vous êtes beau, car ils sont beaux; vous êtes bon, « car ils sont bons; vous êtes, car ils sont (1). L'ouvrier façonne « une matière préexistante, ayant en soi de quoi devenir ce qu'on « l'a fait, comme la terre, le bois, l'or, ou autre matière. Mais d'où « ces choses tiennent-elles leur être, si vous n'en êtes le créateur? « C'est vous qui avez crééle corps de l'ouvrier, et l'esprit qui commande à ses organes; vous êtes l'auteur de la matière qu'il travaille, de cette intelligence qui conçoit l'art, et voit en elle ce qu'elle veut produire en dehors; de ces sens, interprètes fidèles, « qui font passer dans l'ouvrage les conceptions de l'âme, et rap<< portent à l'âme ce qui s'est accompli, afin qu'elle consulte la « vérité, juge intérieur de la valeur de l'ouvrage. Toutes ces créa«tures vous glorifient, Seigneur, et vous proclament le créateur de « toutes choses. Mais vous, comment les avez-vous faites? Com« ment avez-vous fait le ciel et la terre? Ce n'est ni sur la terre, ni « dans le ciel, que vous avez fait le ciel et la terre; ni dans les airs, « ni dans les eaux, qui appartiennent au ciel et à la terre. Ce n'est " pas dans l'univers que vous avez créé l'univers, car il n'était pas " avant d'être créé. Vous n'aviez rien entre les mains dont vous pussiez vous servir pour créer le ciel et la terre. D'où vous serait « venue cette matière que vous n'eussiez pas créée, pour en former votre ouvrage? Que dire enfin, sinon que cela est, parce que ^ vous êtes? Vous avez parlé, et cela fut; vous avez tout fait par votre parole (2). »

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

62. La raison s'accorde avec la tradition, l'Écriture et l'ensei

(1) Confessions, liv. xt, C. IV. — (2) Ibidem, c. v.

gnement de l'Église; elle réclame l'intervention du Tout-Puissant pour la création de la matière comme pour la formation du monde. En effet, ou la matière a été créée, ou elle existe nécessairement, en vertu d'une nécessité absolue. Or on ne peut dire que la matière existe nécessairement; elle n'est ni l'être nécessaire, ni une modification de l'être nécessaire; elle est, au contraire, essentiellement contingente, ou indifférente de sa nature, à l'existence et à la nonexistence; on peut concevoir ce qui tient à la matière, comme existant ou n'existant pas. D'ailleurs, l'être nécessaire est nécessairement tout ce qu'il est et tout ce qu'il peut être, tant pour le fond de l'être que pour la manière d'être; ayant l'existence de luimême sans se l'être donnée, et sans l'avoir reçue d'un autre, il est absolument indépendant, immuable, souverainement un, souverainement simple, exempt de parties, sans division par conséquent; il est, en un mot, souverainement parfait, l'infini. Or, comment soutenir que la matière soit nécessairement tout ce qu'elle est et tout ce qu'elle peut être, qu'elle soit indépendante et immuable, quand on voit les changements, les variations et les vicissitudes auxquelles elle est sujette; quand on voit que de toutes les manières d'être en elle, il n'en est aucune qui ne soit contingente, aucune qui ne puisse être aussitôt remplacée par une autre, aucune qui soit nécessaire? Comment prétendre que la matière soit souverainement une et souverainement simple, elle qui, étant essentiellement étendue, est par là même essentiellement composée de parties, et divisible à l'infini? Comment oser dire que la matière est l'être souverainement parfait, tandis qu'étant bornée, inerte, impuissante de sa nature, elle est incapable, non-seulement de penser et d'agir, mais encore de se mouvoir elle-même ? Elle n'est point non plus l'infini. Quelque grand que l'on suppose le monde matériel, on pourra toujours en concevoir un plus grand; comme, quelque nombreux que l'on suppose les mondes existants, on pourra toujours en augmenter le nombre par la pensée. Ainsi donc la matière n'est ni l'être nécessaire, ni une modification de l'être nécessaire. Celui qui est de lui-même, qui existe nécessairement, n'a rien dans le fond de son être, ni dans sa manière d'être, qui ne soit absolument nécessaire, rien qui ne soit infini comme lui-même. Donc la matière est contingente; donc elle n'existe que parce qu'elle a été tirée du néant par celui qui est, comme nous l'enseigne d'ailleurs la foi catholique: In principio creavit Deus cœlum

et terram.

« ÖncekiDevam »