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829. On doit donc reconnaître, comme article de foi, que le sacrifice de la messe est tout à la fois un sacrifice de louange, sacrifice d'actions de grâces, sacrifice impétratoire, et sacrifice de propitiation. Telle est et telle a toujours été la croyance de l'Église universelle, comme on le voit par l'enseignement des Pères grecs et des Pères latins, même des temps apostoliques, ainsi que par toutes les liturgies de l'Orient et de l'Occident. Ces liturgies s'accordent toutes, de la manière la plus parfaite, sur le dogme dont il s'agit, ce qui prouve évidemment qu'il vient des apôtres et de Jésus-Christ.« Si quelqu'un, dit le concile de Trente, soutient que le « sacrifice de la messe est seulement un sacrifice de louange et « d'actions de grâces, ou une simple mémoire du sacrifice qui a été "accompli sur la croix, et qu'il n'est pas propitiatoire, ou qu'il « n'est profitable qu'à celui qui le reçoit, et qu'il ne doit point être « offert pour les vivants et pour les morts, pour les péchés, les peines, les satisfactions et autres nécessités; qu'il soit ana« thème (1). »

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830. Mais le sacrifice de la croix n'est-il donc pas d'une valeur infinie? Et s'il est d'une valeur infinie, comment le sacrifice de la messe peut-il être propitiatoire? Pour ne pas répéter ce que nous avons dit plus haut (2), nous nous contenterons de dire que le sacrifice de la croix, quoique d'une valeur infinie, se renouvelle sur nos autels par le sacrifice de la messe, et que le sacrifice de la messe, qui est aussi d'une valeur infinie, puisqu'il est substantiellement le même que le sacrifice de la croix, se renouvelle en tout lieu, et se renouveliera jusqu'à la consommation des siècles, non pour ajouter quelque chose au sacrifice de la croix, mais bien pour nous appliquer le prix de ce sacrifice, dont l'application ne se fait et ne peut se faire que d'une manière finie, et proportionnée tant aux dispositions de ceux pour qui on offre la sainte messe, qu'aux desseins de miséricorde que le Seigneur a sur les hommes en général, et sur chacun de nous en particulier.

(1) Si quis dixerit, missæ sacrificium tantum esse laudis, et gratiarum actionis, aut nudam commemorationem sacrificii in cruce peracti, non autem propitiatorium; vel soli prodesse sumenti; neque pro vivis et defunctis, pro peccatis, pœnis, satisfactionibus et aliis necessitatibus offerri debere; anathema sit. Ibidem, can. ш. — (2) Voyez, ci-dessus, le n° 821.

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CHAPITRE IV.

Du ministre du sacrifice de la messe.

831. Jésus-Christ est tout à la fois prêtre et victime dans le sacrifice eucharistique; c'est lui-même qui s'offre à Dieu sur nos autels; il est donc le ministre principal du sacrifice de la messe : mais, pour l'accomplir, il se sert du ministère des prêtres. Ce sont les prêtres seuls qui, après Jésus-Christ, sont ministres du sacrifice; c'est aux apôtres seuls, et à leurs successeurs dans le sacerdoce, que Jésus-Christ a dit : Faites ceci en mémoire de moi; comme s'il leur eût dit: Offrez le sacrifice que je viens d'offrir moi-même. Si quelqu'un dit que par ces paroles, Faites ceci en « mémoire de moi, Jésus-Christ n'a pas établi les apôtres prêtres, << ou ne leur a pas ordonné, à eux et aux autres prêtres, d'offrir « son corps et son sang; qu'il soit anathème (1). » Les liturgies les plus anciennes, les Pères apostoliques, les docteurs de tous les temps, les conciles, même celui de Nicée de l'an 325, nous représentent les évêques et les prêtres comme seuls ministres du sacrifice de la messe, conformément à cette pensée de l'Apôtre : Que l'homme nous regarde comme les ministres du Christ, et « les dispensateurs des mystères de Dieu (2). »

832. Le pouvoir d'offrir le sacrifice eucharistique est tellement inhérent au caractère sacerdotal, que tout prêtre, quelque pécheur qu'il soit, füt-il hérétique, excommunié, dénoncé, dégradé, apostat, peut validement dire la messe. Son sacrifice est aussi réel, aussi véritable que celui du prêtre le plus saint, pourvu toutefois qu'il emploie la matière et la forme nécessaires, et qu'il célèbre avec l'intention requise, et dans des circonstances telles qu'on puisse le regarder comme un ministre de la religion. Mais il ne peut, sans sacrilége, célébrer les saints mystères, à moins qu'il ne soit en état de grâce, ou qu'il ne croie prudemment être exempt de péché mortel. Nous ajouterons qu'il n'est pas permis aux fidèles d'assister à la messe d'un prêtre qui est notoirement hérétique ou schismatique (3).

(1) Concile de Trente, sess. xxi, can. u. · (2) Ire épître aux Corinthiens, C. IV, V. 1. (3) Voyez ce que nous avons dit dans la Théologie morale, tom. 11, no 281.

833. Il est de foi que les messes privées, c'est-à-dire les messes où personne ne communie que le célébrant, sont permises. La pratique générale et constante de l'Église ne nous laisse aucun doute à cet égard. « Si (donc) quelqu'un dit que les messes où le - prêtre seul communie sacramentellement sont illicites, qu'il « soit anathème (1). ►

834. Le prêtre doit, pour la célébration des saints mystères, se conformer en tout aux règles prescrites par l'Église. Ces règles regardent le lieu où l'on doit célébrer, l'autel et sa décoration, les vases sacrés, les ornements sacerdotaux, les rites et les prières, les cérémonies, et la manière de dire la messe (2).

835. En quelle langue doit-on célébrer les saints mystères? Les protestants prétendent qu'on ne doit les célébrer qu'en langue vulgaire, que dans la langue qui est parlée par le peuple. Les catholiques au contraire, conformément à ce qui se pratique chez tous les peuples chrétiens, ne les célèbrent que dans la langue de nos pères, encore que cette langue ait cessé d'être vulgaire. « Quoique la messe contienne un grand sujet d'instruction pour le « commun des fidèles, il n'a cependant pas été jugé à propos par les Pères qu'elle fût célébrée partout en langue vulgaire. C'est « pourquoi, sans s'écarter de l'usage ancien de chaque Église, approuvé par celle de Rome, qui est la mère et la maitresse de a toutes les Églises, et pour que le pain de la parole ne manque «point aux ouailles de Jésus-Christ, le saint concile (de Trente) <«< ordonne aux pasteurs, et à tous ceux qui ont charge d'âmes,

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d'expliquer souvent pendant la célébration de la messe, par « eux-mêmes ou par d'autres, une partie de ce qui s'y lit, et de développer quelque mystère de ce très-saint sacrifice, principa« lement les jours de dimanche et de fète (3). » Le même concile frappe d'anathème quiconque dit que la messe ne doit être célébrée qu'en langue vulgaire (4).

836. Mais, au temps des apôtres et dans les premiers siècles de l'Église, le service divin ne se faisait-il pas en langue vulgaire, en grec, par exemple, dans les pays où l'on parlait cette langue, et en latin dans l'Italie et les autres parties occidentales de l'empire

(1) Si quis dixerit missas, in quibus solus sacerdos sacramentaliter communicat, illicitas esse, ideoque abrogandas; anathema sit. Concile de Trente, sess. xxII, can. vIII. (2) Voyez ce que nous en avons dit dans le tome u de la Théologie morale. — (3) Concile de Trente, sess. xxII, c. VIII. — (4) Si quis dixerit.... lingua tantum vulgari missam celebrari debere...; anathema sit. Ibidem, can. IX.

romain? C'est précisément parce que, dans les temps primitifs, les saints mystères se célébraient dans les langues qu'on parlait alors, en langue grecque chez les peuples de la Grèce, en langue latine chez les Latins, en langue syriaque chez les Syriens, qu'ils se sont toujours célébrés depuis, et qu'ils se célèbrent encore dans ces mêmes langues; quoique dans l'Église latine et l'Église grecgue, chez les Syriens et les autres peuples de l'Orient, le vulgaire ne comprenne ni le latin, ni le grec, ni le syriaque, ni les autres langues orientales, telles qu'on les parlait dans les premiers siècles du christianisme. Le mélange des peuples ayant changé ou altéré les langues et multiplié les jargons à l'infini, soit en Orient, soit en Occident, l'Église n'a pas cru devoir s'assujettir à toutes ces variations, et a gardé constamment pour l'office divin les mêmes langues dans lesquelles il avait été célébré d'abord. Il est vrai que, lorsqu'il s'agissait de la conversion d'un peuple entier à la foi, l'Église a permis quelquefois que la liturgie fût traduite dans la langue de ce peuple. Ainsi, par exemple, lorsque les Éthiopiens et les Arméniens se convertirent, on la traduisit en éthiopien et en arménien. Mais, ces langues venant à changer dans la suite, l'Église a conservé la liturgie telle qu'elle était. Elle ne pouvait faire autrement sans de graves inconvénients. En effet, l'unité de langage est nécessaire pour entretenir une communication de doctrine plus facile entre les différentes Églises du monde, et pour les rendre plus fidèlement attachées au centre de l'unité catholique ce n'est certainement pas un faible lien d'une mutuelle communion entre elles, que les nations de langues différentes soient unies par une langue commune dans l'exercice de leur religion, de même qu'elles sont unies par l'unité de foi. D'ailleurs l'unité et la stabilité, dans la langue liturgique, ne contribuent-elles pas puissamment à relever, aux yeux des peuples, la majesté du culte divin? Croit-on que les fidèles auraient une haute idée de nos saints et adorables mystères, si, pour être intelligible au vulgaire, la liturgie avait été traduite, non-seulement dans toutes les langues, mais encore dans tous les idiomes, dialectes, patois et jargons des provinces, où la plus grande partie du peuple ne comprend pas la langue nationale?

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CHAPITRE V.

Du sujet du sacrifice de la messe.

837. Premièrement, le sacrifice de la messe peut être offert pour tous les vivants. « Je vous conjure avant toutes choses, « écrivait saint Paul à Timothée, que l'on fasse des supplications, « des prières, des demandes, des actions de grâces pour tous les hommes, pour les rois et pour tous ceux qui sont élevés en dignité, afin que nous menions une vie paisible et tranquille, en « toute piété et honnêteté. Car cela est bon et agréable à Dieu « notre Sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés, et « viennent à la connaissance de la vérité (1). » L'Apôtre, comme on le voit, voulait qu'on priât même pour les rois et les magistrats qui, de son temps, n'étaient pas chrétiens, et pour les infidèles qui n'avaient pas encore connaissance de la vérité. Aussi Tertullien, auteur du deuxième et du troisième siècle, s'exprimait en ces termes : « Nous invoquons pour le salut des empereurs le Dieu éternel, le vrai Dieu, le Dieu vivant, que les empereurs souhaitent se rendre favorable, plutôt que tous les dieux ensemble..... « Nous demandons pour eux une longue vie, un règne tranquille, « la sûreté dans leurs palais, la valeur dans les armées, la fidélité dans le sénat, la vertu dans le peuple, la paix dans l'empire, « enfin tout ce qu'un homme, un empereur peut désirer (2). Saint Cyrille de Jérusalem : « Quand le sacrifice spirituel est fini, « et que le culte non sanglant qu'on rend à Dieu par le moyen de « l'hostie d'expiation est achevé, alors nous le prions pour la paix « universelle des Églises, pour la tranquillité du monde, pour les rois, pour leurs armées, pour leurs alliés, pour les malades, « pour les affligés; en un mot, pour tous ceux qui ont le besoin de « son assistance (3). » Telle est et telle a toujours été la pratique de

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(1) Obsecro igitur primum omnium fieri obsecrationes, orationes, postulationes, gratiarum actiones, pro omnibus hominibus, pro regibus, et omnibus qui in sublimitate sunt, ut quietam et tranquillam vitam agamus, in omni pietate et castitate. Hoc enim bonum est et acceptum coram Salvatore nostro Deo, qui omnes homines vult salvos fieri, et ad agnitionem veritatis venire. I épître à Timothée, c. II, v. 1, etc. (2) Apologétique, c. xxx. (3) Catéchèse xxIII. – Voyez le texte, ci-dessus, page 529, note 2.

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