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« Et inspiravit in faciem ejus spiraculum vitæ, et factus est homo « in animam viventem (1). Le Seigneur Dieu dit aussi : Il n'est pas bon que l'homme soit seul; faisons-lui une aide semblable à lui (2). Le Seigneur Dieu envoya donc un profond sommeil à « Adam; et lorsqu'il était endormi, il tira une de ses côtes, et mit « de la chair à la place; et de cette côte il forma le corps de la femme, qu'il donna pour compagne à Adam (3). » Il est remarquable que tous les peuples ont conservé quelque souvenir de la narration de Moyse concernant l'origine de l'homme (4); que, malgré les erreurs graves dans lesquelles les gentils sont tombés sur la nature divine et la nature humaine, les gentils s'accordent gé. néralement à reconnaître l'Être suprême comme le père et le principe des hommes et des dieux: Hominum divumque pater, hominum sator atque deorum (5).

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92. Reprenons le texte sacré : « Jusqu'ici Dieu avait tout fait << en commandant; mais quand il s'agit de produire l'homme, Moyse lui fait tenir un nouveau langage: Faisons l'homme, ditil, à notre image et ressemblance. Ce n'est plus cette parole im* périeuse et dominante; c'est une parole plus douce, quoique non « moins efficace. Dieu tient conseil en lui-même; Dieu s'excite luimême, comme pour nous faire voir que l'ouvrage qu'il va entre- prendre surpasse tous les ouvrages qu'il avait faits jusqu'alors. a Faisons l'homme..... La parole de conseil, dont Dieu se sert, marque que la créature qui va être faite est la seule qui peut agir << par conseil et par intelligence. Tout le reste n'est pas moins - extraordinaire. Jusque-là nous n'avions point vu, dans l'histoire « de la Genèse, le doigt de Dieu appliqué sur une matière corruptible. Pour former le corps de l'homme, lui-même prend de la

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* terre; et cette terre, arrangée sous une telle main, reçoit la plus belle figure qui ait encore paru dans le monde.

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« Cette attention particulière, qui paraît en Dieu quand il fait

« l'homme, nous montre qu'il a pour lui un égard particulier, quoique, d'ailleurs, tout soit conduit immédiatement par sa sa« gesse.

«Mais la manière dont il produit l'âme est beaucoup plus mer

(1) Ibid., c. II, v. 7. (2) Non est bonum esse hominem solum faciamus ei adjutorium simile sibi. Ibidem, v. 18. — (3) Immisit ergo Dominus Deus sopo. rem in Adam: cumque obdormisset, tulit unam de costis ejus, et replevit carnem pro ea. Et ædificavit Dominus Deus costam quam tulerat de Adam, in mulierem, et adduxit eam ad Adam. Ibid., v. 21, 22. — (4) Voyez le tome i de cel ouvrage, no 176.—(5) Voyez, au même tome, le n° 563.

veilleuse. Il ne la tire point de la matière, il l'inspire d'en haut; • c'est un souffle de vie qui vient de lui-même. Quand il créa les « bêtes, il dit : Que l'eau produise des poissons; et il créa de cette « sorte les monstres marins, et toute âme vivante et mouvante « qui devait remplir les eaux. Il dit encore: Que la terre pro« duise toute áme vivante, les bêtes à quatre pieds et les reptiles. « C'est ainsi que devaient naître ces âmes vivantes d'une vie brute « et bestiale, à qui Dieu ne donne pour toute action que des mou«vements dépendants du corps. Dieu les tire du sein des eaux et « de la terre. Mais cette âme, dont la vie devait être une imitation « de la sienne, qui devait vivre, comme lui, de raison et d'intelli« gence, qui lui devait être unie en le contemplant et en l'aimant, « et qui, pour cette raison, était faite à son image, ne pouvait être « tirée de la matière. Dieu, en façonnant la matière, peut bien for« mer un beau corps; mais, en quelque sorte qu'il la tourne et la façonne, jamais il n'y trouvera son image et sa ressemblance. « L'âme, faite à son image, et qui peut être heureuse en le possé« dant, doit être produite par une nouvelle création : elle doit ve« nir d'en haut; et c'est ce que signifie ce souffle de vie que Dieu «tire de sa bouche.

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« Souvenons-nous que Moyse propose aux hommes charnels, « par des images sensibles, des vérités pures et intellectuelles. Ne « croyons pas que Dieu souffle à la manière des animaux; ne « croyons pas que notre âme soit un air subtil ni une vapeur déliée: a le souffle que Dieu inspire, et qui porte en lui-même l'image de « Dieu, n'est ni air ni vapeur. Ne croyons pas que notre âme soit • une portion de la nature divine, comme l'ont rêvé quelques phia losophes. Dieu n'est pas un tout qui se partage. Quand Dieu au⚫rait des parties, elles ne seraient pas faites : car le Créateur, « l'Être incréé ne serait pas composé de créatures. L'âme est faite, et tellement faite, qu'elle n'est rien de la nature divine, mais « seulement une chose faite à l'image et ressemblance de la nature ⚫ divine, une chose qui doit toujours demeurer unie à celui qui l'a « formée ; c'est ce que veut dire ce souffle divin, c'est ce que nous - représente cet esprit de vie.

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« Voilà donc l'homme formé. Dieu forme encore de lui la com

pagne qu'il lui veut donner. Tous les hommes naissent d'un

« seul mariage, afin d'être à jamais, quelque dispersés et multipliés qu'ils soient, une seule et même famille (1). »

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(1) Discours sur l'histoire universelle, par Bossuet, part. no, no 1.

ARTICLE II.

De la nature de l'homme.

93. Ce que nous avons dit de la création de l'homme, d'après Moyse, nous fait mieux connaitre sa nature que ne peuvent le faire tous les livres et tous les discours des philosophes. La Genèse distingue, dans l'homme, le corps et l'âme: le corps, ou substance matérielle que le Créateur a formée du limon de la terre ; et l'âme, ou substance spirituelle qu'il a tirée, non de la matière, mais de lui-même, par un souffle de vie; qui distingue l'homme de la brute, et en fait une image vivante de Dieu même, en lui donnant l'intelligence Spiritus est in hominibus, et inspiratio omnipotentis dat intelligentiam (1). En effet, le domaine qu'exerce notre âme sur la portion de matière qui lui est unie nous peint, en quelque manière, l'action toute-puissante du moteur de l'univers. La variété de ses pensées, ses souvenirs du passé, ses pressentiments de l'avenir, la rapidité avec laquelle elle passe d'une chose ou d'un endroit à un autre, semblent la rapprocher de l'intelligence infinie qui embrasse d'un coup d'œil tous les temps, tous les lieux, toutes les révolutions du monde. La force qu'elle a de régler ses volontés, de réprimer ses désirs, de calmer le mouvement des passions, imite encore, quoique imparfaitement, l'empire que Dieu exerce sur ses créatures. Les regards qu'elle jette continuellement sur l'avenir, l'étendue de ses espérances, le désir de l'immortalité, dont elle ne peut se dépouiller, sont autant de signes par lesquels Dieu l'avertit qu'elle doit participer, par grâce, à l'éternité qui lui appartient à lui seul par nature. Ainsi donc l'Écriture ne nous trompe point, lorsqu'elle nous dit que Dieu a créé l'homme à son image: Et creavit Deus hominem ad imaginem suam (2).

94. Nous lisons aussi dans l'Ecclésiastique : « Dieu a créé « l'homme de terre, et l'a formé à son image... Il l'a fait craindre << de toute chair, et lui a donné l'empire sur les animaux de la « terre et sur les oiseaux du ciel. Il lui a créé de sa substance une aide semblable à lui. Il leur a donné le discernement, une langue, des yeux, des oreilles, un esprit pour penser, et il les a remplis ⚫ de la lumière de l'intelligence. Il a créé en eux la science de l'esprit, il a rempli leur cœur de sens, et il leur a fait voir les biens

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(1) Job, c. xxxII, V. 8. (2) Voyez le Traité de la religion, par Bergier, tom. III, c. vi, édit. de 1780.

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« et les maux. Il a fait luire son œil sur leurs cœurs, pour leur « faire voir la grandeur de ses œuvres, afin qu'ils révélassent par « leurs louanges la sainteté de son nom, qu'ils le glorifiassent de ⚫ ses merveilles, et qu'ils publiassent la magnificence de ses ouvrages. Il leur a encore donné des règles de conduite, et les a rendus dépositaires de la loi de vie. Il a fait avec eux une alliance « éternelle, et leur a appris les ordonnances de sa justice. Ils ont < vu de leurs yeux les merveilles de sa gloire, et il les a honorés * jusqu'à leur faire entendre sa voix. Ayez soin, leur a-t-il dit, de fuir toute iniquité (1).

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95. On voit encore ici la distinction entre le corps et l'âme dans l'homme, à qui Dieu donne l'empire sur les animaux, et avec qui il traite comme avec un semblable, en faisant avec lui une alliance éternelle. L'auteur sacré nous représente l'homme comme étant fait à la ressemblance du Créateur, comme un être intelligent, capable de discerner entre le bien et le mal, d'admirer les merveilles du Tout-Puissant, de glorifier son saint nom, d'observer ou de violer les lois de la justice : ce qui, évidemment, ne peut convenir qu'à une créature intelligente et libre, qui, étant composée, pour ainsi dire, de l'élément terrestre et de l'élément divin, doit rendre son corps à la terre d'où il a été tiré, et son esprit à celui qui le lui a donné: Revertatur pulvis in terram suam unde erat, et spiritus redeat ad Deum qui dedit illum (2). Ainsi, comme l'enseigne le quatrième concile général de Latran, la créature humaine, tenant tout à la fois de la créature spirituelle et de la créature corporelle, se compose d'un esprit et d'un corps: ex spiritu et corpore constitutam (3), qui sont deux substances essentiellement distinctes: l'esprit, ou l'âme, n'est point le corps, et le corps n'est point l'esprit ou l'âme de l'homme. On peut donc

(1) Deus creavit de terra hominem, et secundum imaginem suam fecit illum... Posuit timorem illius super omnem carnem, et dominatus est bestiarum et vo. latilium. Creavit ex ipso adjutorium simile sibi; consilium, et linguam, et oculos, et aures, et cor dedit illis excogitandi ; et disciplina intellectus replevit illos. Creavit illis scientiam spiritus, sensu implevit cor illorum, et mala et bona ostendit illis. Posuit oculum suum super corda illorum, ostendere illis magnalia operum suorum, ut nomen sanctificationis collaudent; et gloriari in mirabilibus illius, ut magnalia enarrent operum ejus. Addidit illis disciplinam, et legem vitæ hæreditavit illos. Testamentum æternum constituit cum illis, et justitiam et judicia sua ostendit illis. Et magnalia honoris ejus vidit oculus illorum, et honorem vocis audierunt aures illorum, et dixit illis : Attendite ab omni iniquo. Ecclésiastique, c. xvii, v. 1, etc. (2) Ecclésiaste, c. XII, v. 17.- (3) Capit. 1, de fide catholica.

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dire que l'homme est une intelligence si étroitement unie à un corps, qu'elle forme, conjointement avec ce corps qui lui sert d'instrument, une seule et même personne.

96. On voit, par ce qui vient d'être dit, que notre âme est distincte de la matière, et qu'elle est immortelle. Si elle était corporelle, et qu'elle dût finir avec le corps, elle serait plutôt faite à l'image de la brule qu'à l'image de Dieu. Cependant « l'homme, « comme le dit Buffon, est d'une nature si supérieure à celle des bêtes, qu'il faudrait être aussi peu éclairé qu'elles le sont pour pouvoir les confondre. »

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ARTICLE III.

De la spiritualité de l'âme.

97. Le dogme de la spiritualité de l'âme n'est pas seulement fondé sur l'Écriture et sur l'enseignement de l'Église, mais encore sur la doctrine des Pères, sur la croyance de tous les peuples, et sur la raison, qui démontre, jusqu'à l'évidence, que la faculté de penser, de vouloir et d'agir, dans l'homme, est incompatible avec les propriétés de la matière.

D'abord, indépendamment des passages des livres saints et de la décision du quatrième concile général de Latran, que nous avons rapportés dans les articles précédents, tout, dans l'Écriture et dans les enseignements de l'Église, prouve la spiritualité de l'âme. Les auteurs sacrés, il est vrai, ni les conciles, ni les papes, n'ont point disserté, comme le font les philosophes, sur la nature de notre àme; mais ils enseignent ou supposent tous, comme un dogme constamment reçu dans la religion chrétienne avant comme après la venue de Jésus-Christ, que, dans l'homme, l'âme est essentiellement distincte du corps; qu'elle est, de sa nature, spirituelle et non matérielle, simple, et non composée de parties comme la matière.

98. Secondement, les saints Pères, sur la doctrine desquels la philosophie du dix-huitième siècle a cherché à faire prendre le change, proclament d'une voix unanime la distinction du corps et de l'âme, avec la spiritualité de notre intelligence. Nous pourrions citer saint Irénée, Origène, Arnobe, Lactance, Eusèbe de Césarée, l'auteur des constitutions apostoliques, saint Hilaire de Poitiers, saint Basile, saint Grégoire de Nysse, saint Ambroise, saint Jean Chrysostome, saint Jérôme, saint Augustin, Némésius, Théodoret, Claudien Mammert, saint Grégoire le Grand, et généralement

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