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la mort s'est formé avec l'iniquité. Personne ne naît, qu'il n'en• traîne avec lui sa peine et la cause de sa peine. Job dit aussi à « Dieu : Il n'y a personne qui soit pur devant vos yeux, pas méme

« l'enfant qui n'a vécu qu'un jour sur la terre (1). »

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126. Le même docteur prouve le dogme catholique par ce passage de saint Paul: Le péché est entré dans le monde par un seul homme, et la mort y est entrée par le péché; elle est passée à tous les hommes, tous ayant péché dans un seul; il montre, contre les pélagiens, que ce péché n'est point un péché que nous ayons commis par imitation, mais le péché que nous tirons d'Adam par la voie de la génération, qui nous fait descendre de lui comme du chef du genre humain (2). Il le prouve aussi par le baptême des enfants, par les exorcismes en usage dans l'Église, et par les misères de cette vie communes à tous les hommes. Nous lisons dans son explication du psaume cinquantième : « Nous savons que le bap« tême a la vertu de remettre les péchés. Si donc les enfants sont * exempts de tout péché, pourquoi, lorsqu'ils sont malades, leurs mères se hâtent-elles de les porter à l'église? Quel péché le bap

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« tême efface-t-il alors? Quelle rémission ce sacrement opère-t-il? Je vois cet innocent pleurer, mais je ne le vois point en colère. Que lave donc l'eau surnaturelle? Quel péché délie la grâce? Elle « le délivre du péché originel; car si cet enfant pouvait vous parler, s'il avait la même intelligence que David, il vous répondrait : Pourquoi me considérez-vous, moi qui ne suis qu'un enfant? A « la vérité, vous ne voyez point de crime en moi; mais j'ai été en« gendré dans l'iniquité, et ma mère m'a conçu dans le péché (3). Les sacrements de la sainte Église, qu'on célèbre sous l'autorité « d'une tradition si ancienne que les ennemis de la foi n'osent les rejeter ouvertement, quoique, à l'égard des enfants, ils pensent

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(1) Ecce enim in iniquitatibus conceptus sum.... Suscepit personam generis humani David, et adtendit omnium vincula, propaginem mortis consideravit, originem iniquitatis advertit, et ait, Ecce enim in iniquitatibus conceptus sum. Numquid David de adulterio natus erat, de Jesse viro justo et conjuge ipsius? Quid est quod se dicit in iniquitate conceptum, nisi quia trahitur iniquitas ex Adam? Etiam ipsum vinculum mortis cum ipsa iniquitate concretum est. Nemo nascitur nisi trahens pœnam, traliens meritum pœnæ. Dicit et in alio loco propheta, Nemo mundus in conspectu tuo, nec infans cujus est unius diei vita super terram. In psalm. L. - (2) Serm. ccxcv. — (3) Si loqui tibi posset ille infans, diceret, et si jam intellectum haberet quem habebat David, responderet tibi: Quid me attendis infantem? Non quidem vides facinora mea; sed ego in iniquitate conceptus sum, et in peccatis mater mea me in utero aluit. In psalm. L.

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« que cette pratique ait lieu plutôt par feinte que selon la vérité; « ces sacrements, dis-je, montrent assez que ceux qui viennent de naître sont délivrés de la servitude du démon par la grâce de Jé«sus-Christ. Outre qu'ils sont baptisés pour la rémission des péchés « par un vrai mystère fondé sur la foi, la puissance ennemie y est « aussi d'abord exorcisée et mise en fuite par le ministère de l'Église. « Les enfants eux-mêmes répondent, par la bouche de ceux qui les « représentent, qu'ils renoncent à cette puissance. Tous ces signes « sacrés et sensibles, qui expriment des choses invisibles, font voir « que les enfants passent, de celui qui les tenait tyranniquement captifs, au pouvoir de celui qui les a rachetés dans sa bonté (1). « Mais lors même, ajoute ce Père, qu'on ne pourrait expliquer « comment le péché remis au père et à la mère par le baptême passe à leurs enfants, il faut néanmoins tenir pour certain ce que toute l'Église croit et enseigne, suivant l'ancienne foi catholique. « L'Église n'exorciserait pas les enfants des fidèles, elle ne souffle<< rait point sur eux, si elle n'avait dessein de les arracher à la puis«sance des ténèbres et au prince de la mort. C'est, dit-il à Julien, « ce que j'ai mis dans mon livre que tu prétends réfuter; mais tu « n'as pas osé attaquer cet endroit, comme si tu avais craint d'être sifflé dans tout l'univers en entreprenant de contredire l'Église, qui ordonne qu'on souffle sur les enfants avant leur baptême, « pour en chasser le prince du monde (2). »

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127. Enfin, saint Augustin, qui reconnaissait que notre premier père avait reçu de Dieu des dons surnaturels qui le rendaient et qui devaient le rendre pour toujours, lui et ses descendants, exempts de la concupiscence. de la douleur et de la mort. n'a pu regarder les infirmités du corps et de l'âme, les maux en tout genre auxquels sont sujets tous les hommes, sans distinction d'âge, que comme les suites du péché et de la dégradation du père du genre humain. « Sous un Dieu créateur très-bon et très-juste, celui « qu'il a fait à son image ne souffrirait pas en cette vie d'aussi

(1) Ipsa Ecclesiæ sacramenta quæ tam priscæ traditionis auctoritate concelebrat, ut ea isti, quamvis in parvulis existiment simulatorie potius quam veraciter fieri, non tamen audeant aperta improbatione respuere : ipsa, inquam, sanctæ Ecclesiæ sacramenta satis indicant parvulos a partu etiam recentissimos per gratiam Christi de diaboli servitio liberari. De peccato originali, contra Pelagium, no XLV. — - (2) Sed etsi nulla ratione indagetur, nullo sermone explicetur, verum tamen est quod antiquitus veraci fide catholica prædicatur et creditur per Ecclesiam totam, quæ filios fidelium nec exorcizaret, nec exsufflaret, si non eos de potestate tenebrarum et a principe mortis erueret. Lib. vi, contra Julianum, c. v.

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grands maux, s'il n'y avait pas de péché originel (1). C'est donc << par un effet de la colère de Dieu que nous sommes sujets à la « mort; c'est par un effet de sa colère que nous mangeons notre « pain à la sueur de notre front dans cette terre maudite. C'est la « sentence qu'entendit prononcer Adam après son péché. Et nous « étions tous cet Adam, et nous mourons tous en Adam; nous • avons été enveloppés dans l'arrêt qui a été porté contre lui. Nous n'existions pas encore, mais nous étions alors en Adam. C'est pourquoi tout ce qui est arrivé à Adam nous est arrivé de même : • nous mourons tous, parce que nous étions tous en lui quand il a • péché (2). »

128. On voit que le docteur de la grâce ne se contente pas d'enseigner que nous sommes tous, sans distinction d'âge, entachés du péché d'Adam; il le prouve par l'Écriture, et par la croyance et les pratiques de l'Église, qui sont aussi anciennes que le christianisme. Il présente cette vérité, non comme un système de son invention, mais comme un dogme fondé sur la foi catholique des premiers siècles: Non ego finxi originale peccatum (3). Une autre preuve que ce n'était point une doctrine nouvelle, c'est que Pélage et Célestius, ayant attaqué le péché originel au commencement du cinquième siècle, on vit aussitôt l'Orient et l'Occident se soulever contre eux, en criant à l'anathème. Dans l'espace de quelques années ils furent condamnés par plusieurs papes et vingt-quatre conciles, notamment par le concile général d'Ephèse, de l'an 431. Et il est remarquable qu'un de ces conciles, celui de Milève, de l'an 416, en invoquant le texte de saint Paul, Le péché est entré dans le monde par un seul homme, invoque en même temps l'interprétation qu'en a donnée constamment l'Église catholique répandue partout: Non aliter intelligendum est, dit-il, nisi quemadmodum Ecclesia catholica ubique diffusa semper intellexit (4).

129. Aussi saint Augustin lui-même confond les pélagiens par le témoignage des Pères antérieurs à Pélage : il cite entre autres

(1) Sub Deo creatore optimo atque justissimo, nullo modo imago ejus in illa ætate tanta mala pateretur, si non esset originale peccatum. Lib. v, contra Julianum, c. I. — - (2) De ira enim Dei mortales sumus, et de ira Dei in ista terra in egestate et labore vultus nostri manducamus panem. Hoc enim audivit Adamn, quando peccavit. Et Adam ille omnes nos eramus, quia in Adam omnes momuntur, quod ille audivit secutum est et nos. Non enim eramus jam nos, sed eramus in Adam. Ideo quidquid evenit ipsi Adam secutum est et nos, ut moreremur: omnes quippe in illo fuimus. In psalm. LXXXIV. — (3) Lib. 11, de nuptiis et concupiscentia, c. xi. (4) Labbe, Concil., tom. 11, col. 1538.

saint Jean Chrysostome, saint Ambroise, saint Basile, saint Grégoire de Nazianze, saint Hilaire de Poitiers, Olympius, Réticius d'Autun, saint Cyprien et saint Irénée (1). Il aurait pu ajouter saint Philastre de Brescia (2), saint Pacien (3), saint Optat (4), saint Athanase (5), Eusèbe de Césarée (6), Origène (7), Clément d'Alexandrie (8), Tertullien (9), Tatien (10), et saint Justin (11). Ainsi donc, encore une fois, le dogme du péché originel n'est point un dogme inventé par l'évêque d'Hippone; ce n'est point ainsi qu'on invente dans l'Église catholique, qui n'a pas plus varié sur ce point que sur les autres points de la doctrine chrétienne. « Non, dit Vin« cent de Lérins, personne, avant Célestius, disciple de Pélage, n'a« vait nié que le genre humain fût enveloppé dans la prévarication « d'Adam (12). » La croyance de l'Église, sur la dégradation de l'homme, vient donc des apôtres, de Jésus-Christ, des prophètes, des patriarches, de Dieu même. Elle est fondée tout ensemble sur la révélation évangélique, sur la révélation mosaïque et la révélation primitive; elle remonte à la chute d'Adam ; et c'est ce qui nous explique comment les anciens peuples, quoique séparés du peuple juif, en ont conservé le souvenir même dans les superstitions du paganisme. « Ce dogme fondamental n'était point ignoré dans les « anciens temps, dit l'abbé Foucher. Les peuples plus voisins que << nous de l'origine du monde savaient, par une tradition uniforme « et constante, que le premier homme avait prévariqué, et que ce crime avait attiré la malédiction de Dieu sur toute sa postérité (13). Voltaire en a fait l'aveu: La chute de l'homme dégénéré,

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« dit-il, est le fondement de la théologie des anciennes nations (14). »

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ARTICLE II.

Comment peut-on concilier le péché originel avec la justice divine?

130. Ce n'est point à nous à juger les jugements de Dieu; il ne convient point à l'homme d'entrer en contestation avec le souve

(1) Voyez le liv. 1 de saint Augustin contre Julien, dans le tome x de ses œuvres, édit. des Bénédictins. (2) Hérésie LXIX. (3) Liv. du Baptême. — (4) Liv. Iv, du schisme des donatistes. — (5) Sur le psaume L. (6) Comment. sur les psaumes L et LVI. - (7) Liv. rv contre Celse; homél. vi sur le Lévitique, etc. (8) Liv. m des Stromates, et Exhortation aux gentils. — (9) Liv. du témoignage de l'âme, c. nr. —(10) Discours contre les Grecs. — (11) Dialogue avec Tryphon. (12) Commonit., c. CXXXIV. - (13) Mémoires de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, tom. LXXV. - (14) Voyez ce que nous avons dit sur cette question, au tom. 1, no 580, etc.

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rain juge. Dieu est juste, et sa justice est infinie : nous ne devons point la mesurer d'après les règles de la justice humaine. Cependant nous trouvons dans celle-ci une image de la justice divine. « Un père dégradé perd sa noblesse et pour lui et pour ses enfants, « surtout pour ceux qui sont à naître ; ils perdent en lui tous leurs « biens, lorsqu'il mérite de les perdre. S'il est banni et exclu de la « société de ses concitoyens, et comme exclu du sein maternel de « sa terre natale, ils sont bannis avec lui à jamais. Pleurons, malheureux enfants proscrits d'un père justement proscrit, race dégradée et déshéritée par la loi suprême de Dieu, et bannis éter« nellement aussi bien que justement de la cité sainte qui nous était « destinée dans notre origine (1). » D'ailleurs, si la punition du premier homme dans ses descendants, dans tout le genre humain, est bien propre à nous inspirer la crainte des jugements de Dieu, nous ne devons pas perdre de vue sa miséricorde, qui est infinie comme sa justice; car, ainsi que le dit l'Apôtre, où le péché avait «abondé, la grâce a été surabondante: » Ubi abundavit delictum, superabundavit gratia (2).

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131. On dira peut-être qu'il est contraire à toutes les notions de la justice que les enfants soient punis pour les fautes de leurs parents; que l'Écriture elle-même reconnaît que le fils ne doit point porter l'iniquité du père; qu'on ne peut nous imputer le péché d'Adam, puisqu'il ne dépendait pas de nous de l'éviter ; que ce péché n'est pas plus libre par rapport à nous que l'acte qui nous a donné le jour. Mais ces difficultés ont beaucoup plus d'apparence que de réalité. Elles n'auraient de fondement qu'autant qu'il en serait du péché originel comme du péché actuel, avec lequel on affecte de le confondre. Le péché actuel est personnel à celui qui fait l'acte par lequel on le commet; il ne peut, si on le considère comme tel, être puni que dans celui qui en est l'auteur. Ce serait certainement violer les règles de la justice, que de punir un enfant comme un meurtrier pour le meurtre commis par son père. C'est dans ce sens que l'on doit entendre le prophète Ézéchiel, lorsqu'il dit que le fils ne portera point l'iniquité du père: Filius non portabit iniquitatem patris (3). Aussi, comme le péché de nos premiers parents leur était aussi personnel que l'acte par lequel ils ont transgressé la loi de Dieu, ils ont été punis personnellement, et méritaient de l'être beaucoup plus sévèrement que leurs descen

(1) Bossnet, Élévations sur les saints mystères, vie semaine. aux Romains, c. v, v. 20. — (3) Ezéchiel, c. XVIII, V. 20.

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